Catherine Cusset a osé entreprendre la « biographie romancée » du peintre
David Hockney sans l'avoir jamais rencontré…
Il fallait une audace qui rejoignit celle de l'homme et de l'artiste qu'elle dépeint dans ce court livre d'une lecture aisée.
Ses mots du début et la bibliographie nous font comprendre les chemins utilisés pour donner vie à des pensées supposées, des sensations créatives, des moments personnels et intimes de celui qu'elle conte avec empathie.
Les pages se succèdent parsemées des sentiments, des doutes, du vouloir de l'homme et de l'obsession, de la recherche, des couleurs et de l'évolution picturale.
De l'Europe aux États-Unis, une expression qui suit les mouvements de la vie dans une liberté assumée.
Une vie qui brûle et se brûle entre amours de passage et amour destructeur.
Des lieux qui se dévorent, se déclinent dans les lignes inversées et les teintes colorées de ses oeuvres.
Peintures à l'huile, aquarelles, fusains, photomontages… tout s'expérimente, s'exploite jusqu'à l'épuisement.
Une vie qui se déroule avec toutes les facilités qu'offre le succès. Les excès, joies et malheurs des époques successives et typées, un milieu où le matériel semble secondaire, où l'on prend l'avion comme un taxi, où l'on se retrouve entre gays sur une île, où alcool et drogues se consomment facilement, où le couple qu'il forme l' est dans une liberté mutuelle accordée, etc…
David Hockney défenseur de la cause homosexuelle en ces temps trop puritains prend position et assume.
Puis la cassure, le sida.
La mort qui brise les amitiés, les amours, la famille.
Émotions et humanité dans ces passages.
Il a le verbe franc et ne cache ni idées ni avis tranchés notamment sur certaine peinture abstraite dont il dénonce une forme de supercherie.
Les critiques ne se privent pas de juger ses oeuvres mais rien ne l'arrête, il doit aller au bout de ce qu'il a entrepris et en quoi il croit.
Le public suit.
Le personnage est extravagant et traverse avec optimisme, combativité une célébrité avec ses lumières et ses ombres.
Plusieurs « moi » se faufilent à travers le livre de
Catherine Cusset.
Cette dernière n'hésite pas : le langage peut être cru dans sa réalité.
Le peintre exulte, l'homme avance.
Le peintre exprime en paysages, en portraits, etc… et communique sa vision d'un homme au regard acéré, aux regards multiples
Catherine Cusset s'est plongée dans l'univers personnel de cet artiste particulier.
A nous de poursuivre en compulsant les oeuvres évoquées.
Qu'a-t-il pensé de ce livre?
Livre gageure où l'hommage se confronte à une réalité reconstruite.