S'entrevoir !
Il s'en faut de quoi ?
La courbure d'un instant
A peine un peu plus tendre !
On se frôle,
On laisse entrebâillé.
Une vibration
Un rien trop incertaine !
On s'effarouche
On fronce un peu le voile ;
La lumière se repent.
S'entrevoir !
Il s'en faut de quoi ?
On se croise
Le regard se défausse.
On se dit :
La fois prochaine…
On accable les fées,
On croit qu'on oubliera.
p.63
Quand elle viendra
Il me faudra la reconnaître ;
La distinguer d'entre les aubes
Qui l'auront précédée.
Sans doute
J'hésiterai un moment.
Déjà les petits matins
Ont l'haleine bleutée
De son parfum de sauge.
Surtout
La nuit qui l'aura précédée,
Pas plus que les autres
Ne saura rien
De ce qu'elle emporte.
Comme toutes les autres nuits,
Elle prendra
Le juste temps qu'il faut
Pour se dissoudre.
J'aimerai tant
Alors
Ne plus avoir de doute.
Et je dirai :
Voici
Goûtez donc !
Lisez !
p.76-77
La lune au pis aride
Les portes claquemurées
Du noviciat païen ;
Sans pierre sans quolibet,
Les pas qui se détournent
L'enjambée qui s'allonge,
Un regard qui louvoie ;
On me reconduisait
Aux marches des forêts.
Nomade,
Vous dites !
Impie !
Pas de houe, pas d'enclos,
Je rancirais la terre,
Les graines y pourriraient !
Nomade,
Vous dites !
Sorcier !
Allons donc pour la bure
Les mains tièdes et douces
Le cal sous les pieds.
La lune au pis aride
Les portes claquemurées
Du noviciat païen ;
On me reconduisait
Aux marches des forêts.
C'est là que je l'ai vue
Flânant au bord de l'eau.
À mon passage
Elle s'est retournée ;
Un panier de narcisses
Au bout de son bras blanc.
p.38-39