Le titre ”
du dimanche”, sans majuscule à aucun des deux d, a arrêté mon regard alors que je consultais la longue liste proposée par l'équipe de Babelio pour une Masse Critique. Les quelques lignes résumant le livre y parlaient d'écriture. Quel rapport avec le dimanche ? La curiosité me gagnant, j'ai coché le livre et l'ai reçu quelques jours plus tard.
Malgré la quinzaine d'ouvrages à son actif,
Patrick Da Silva m'était totalement inconnu, tout comme les éditions Sous le Sceau du Tabellion (tiens, partout des majuscules).
Le bandeau du livre sur lequel figurent une photo d'une sculpture dénommée ”empreinte” et les vers ”L'étoffe du silence, le fil affûté de l'oreille, dans l'oeil la balafre de la beauté”, ce bandeau tout comme le titre (toujours bien en minuscules) attisent ma curiosité et me poussent jusqu'à la table des matières où je trouve l'intitulé des cinq chapitres : OMBILIC, OMBREUX, OUVRIER, ORDONNANCE, ORDINAIRE, ORPHÉE PLUS JAMAIS. Étonnamment ces mots, en majuscules eux, commencent tous par la lettre O. le mystère s'épaissit. Il ne reste plus qu'à plonger dans la lecture.
Lecture qui débute par un premier préalable de
Patrick Da Silva : ”Il sera question de livre ; en l'espèce de littérature et strictement”. Quelle chance, je suis bien tombée. Puis un second préalable : ”Je parlerai à la première personne du singulier et, sur cette question qu'ici j'aborde, je confesse d'emblée ma totale illégitimité”. J'apprécie cette franchise et cette humilité qui mettent dans de bonnes conditions pour aborder la suite. Et là quel régal ! de façon personnelle, avec verve, humour et passion,
Patrick Da Silva, s'épanche sur ce que sont pour lui la littérature, l'écriture, la vocation d'écrivain, examine les maillons de la chaîne d'un livre : auteur, éditeur, oeuvre, lecteur, critique. Il confie pourquoi et comment il écrit, avoue être un écrivain
du dimanche (ah, nous y voilà !) bien que n'écrivant jamais le dimanche.
Il fut aussi un lecteur
du dimanche puisque, enfant de choeur, c'est par la Bible et en lisant à la messe les textes de l'Écriture (avec une majuscule) qu'il a pris goût de la lecture, de l'écriture (sans majuscule) et de la littérature. Devenu un lecteur accro et assidu, ses propos sur les lecteurs sonnent juste et trouvent résonance.
Que ce soit sous le ton de la confidence ou du plaidoyer,
Patrick Da Silva touche par son authenticité. Son amour pour la littérature, la vraie, est contagieux et se partage pleinement.
Patrick Da Silva ravit par la langue, la ”Sainte axe”, le riche vocabulaire, dont les expressions parfois argotiques côtoient si naturellement des imparfaits du subjonctif.
Et apothéose :
Patrick Da Silva termine par un vibrant hommage à la
poésie, à l'âme du poète, avec un long poème de son cru, sorti de derrière les fagots, dont la gouaille savoureuse fait penser à un certain
François Villon. C'est truculent, surprenant, réjouissant, phénoménal, essentiel. le lecteur est comblé.
J'espère que l'auteur, qui récrimine cette dénomination et qui a un avis pointu sur les critiques, acceptera la mienne (à ma décharge elle m'était imposée par Babelio), j'espère surtout qu'elle ne le trahira pas. Elle se veut un moyen de favoriser le bouche à oreille pour faire circuler l'écrit afin de le faire entrer dans l'héritage.
Un grand MERCI (en majuscules) aux éditions Sous le Sceau du Tabellion et à Babelio pour l'envoi de ce livre qui n'a de minuscule que son titre et le nombre de pages. J'ai découvert un Écrivain qui fait honneur à la Littérature.