A voir sur la couverture d'Ecumes amères, ce fier marin sur le pont de son bateau, on s'imagine qu'en ouvrant ce livre, on va partir sur des mers lointaines, braver la houle, les tempêtes, et pourquoi pas échouer sur les rives d'îles enchanteresses.
Et bien non. Il ne s'agit pas du voyage d'Ulysse. On reste au port. Ceux de Boulogne et d'Etaples. On fait un petit détour par la Bretagne, mais juste sur l'estran. On va un moment de l'autre côté du Channel, mais sans évoquer la traversée.
En fait, les voyages de ces nombreux personnages fréquentant
Le Lieu, la pension de famille de la jeune Louisette, sont principalement ceux de leur enfance, et les fêlures qui vont avec. Et les secrets aussi, que chacun devine plus ou moins sans jamais les révéler, les dissimulant derrière le vernis de la rudesse, de la pudeur, de l'éducation.
Le titre Ecumes amères correspond bien au vécu de ces personnages qu'on adopte rapidement, malgré tous leurs défauts, leurs faiblesses. Ils nous font sourire parfois, pleurer souvent. Ecumes amères est un roman sombre, où les drames se succèdent mais toujours surmontés avec la dignité qui caractérise si bien le marin. Et à une époque, les années 50 à 70, qui résonne en ces temps incertains comme une petite musique nostalgique. Un livre à l'écriture sincère, tranchante.
A découvrir.
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On a tous...où presque...des fantômes dans nos armoires...la vie passe et le besoin de se souvenir, d'apprendre, de comprendre ce "qu'ils furent " grandit avec le temps. Et l'auteur nous emmène dans ce dédale des années passées quand l'insouciance des jeunes années aveuglait,ici " " "Au Lieu ",on y plonge.Les personnages bien que fictifs deviennent vite familiers,et vite l'envie nous prend de naviguer au fil des pages avec eux...
J'ai ri,souri,pleuré...
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Quand j'ai commencé ce livre, j'étais tout de suite happée dans l'histoire.
Pas de mots inutiles ou superflus, une belle écriture.
Ce qui amène non seulement de la subtilité dans les tournures de phrases, mais de la fluidité dans le récit.
Il y a aussi une certaine poésie, une certaine tendresse pour les personnages, si durs soient-ils,
et de la pudeur qui se dégagent dans un beau phrasé.
Je suis prête à lire un prochain roman, s'il y en avait un autre en vue.
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C'est donc cela la mort pour celui qui survit ?...
... Il avait cru qu'on criait jusqu'à lacérer la nuit, qu'on pleurait jusqu'à humilier l'orage, qu'on s'écroulait jusqu'à creuser le sol de la seule puissance de son desespoir.
Lui ne songe à rien.C'est donc ça le chagrin. Ce dénuement qui ne pèse rien. Ou qui pèse si lourd mais qu'on ne ressent pas. Un corps déporté. Un corps vidé. Un horizon qui s'étire et au-delà duquel il n'y a rien.