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EAN : 9782080298119
320 pages
Flammarion (30/08/2023)
4.41/5   91 notes
Résumé :
À l'heure des démissions en cascade des enseignants, William Lafleur tente de comprendre comment on en est arrivé là. Il décrit un système sur le point de s'effondrer et qui ne tient plus que par la bonne volonté de professeurs sacrifiant trop souvent leur bien-être au profit d'une institution qui les maltraite. Loin de l'image du fonctionnaire capricieux présentée dans les médias, il passe en revue les réformes néfastes des ministres successifs, la formation hors-s... >Voir plus
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J'ai reçu ce livre le 30 août, en me disant avec un poil de mauvais esprit que j'allais me le garder pour l'interminable grand-messe de prérentrée. le 31 août, vers 4h30 du matin, j'achevais une nuit d'insomnie sur la dernière page. Et je refermais le livre avec un sentiment étrange, comme un noeud dans la gorge, des genres de fourmis d'impatience sous le sternum.
Je suis prof depuis 20 ans, tout pile, alors l'éducation nationale, je connais un peu, pas tout, mais suffisamment pour comprendre presque tous les sigles et être capable de calculer seul mon barème de mut' (oui, trop fort !). J'ai pourtant dévoré cet ouvrage de la 1re à la dernière ligne.
Tout est là.
Dans ces pages, il y a un style, un prof que je suis depuis des années sur le net, c'est vrai, mais surtout… il y a les discussions animées des réunions de début d'année, les espoirs de ceux qui arrivent, le cynisme parfois de ceux qui les voient débarquer, ces « p'tits jeunes » encore pleins de naïveté ; il y a les fous rires de salles des profs, parce qu'on en rit pour ne pas péter un câble, et puis les colères, les cris, la frustration, la douleur, la violence, continuelle, insidieuse. Il y a ce malaise presque palpable, étouffant, qu'on ressent tous quand arrive le Xième PAI qu'on ne pourra pas gérer, quand on se sent moins que rien, quand on sort d'une inspection avec un clou dans le coeur, quand on va en cours la boule au ventre. Il y a cette solidarité que je n'ai connue nulle part ailleurs ou presque, parce qu'on n'a presque plus besoin d'expliquer, mes collègues savent, et je sais pour eux, je sais que le groupe de langue est à 35 élèves pour 30 tables, que le matos entassé dans les casiers a été acheté avec nos maigres payes, que la psy-EN est partie en burn-out, que la petite E. n'a pas eu de place en IMP, que le stagiaire d'histoire géo a été menacé de mort, que la chef en peut plus, qu'il manque 3 AED, qu'il y a 3 gamins de 5e qui sont à la rue. On manque de tout. On le sait tous. On bricole, on s'entraide, on éponge des larmes, on prend des nouvelles du collègue qu'on a vu partir les yeux bien rouges hier. On écope.
Il y a les larmes qu'on laisse couler à 18h, vous savez, quand le dernier élève est parti et que c'est trop, c'est trop dur, j'en peux plus, je veux pas revenir, j'ai peur, mais je suis bloqué, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire d'autre ?, je suis nul, ils le disent à la télé, je suis minable, remplaçable, une feignasse, sois prof et tais-toi, ou casse-toi, on me l'a si souvent dit sur les réseaux sociaux et en vrai…
Dans ces lignes, il y a des chiffres indiscutables, des sources vérifiées, des constats amers, des fakenews rectifiées, des scandales dénoncés, et puis des histoires, des anecdotes, des ressentis. J'y ai reconnu des collègues, des amis, je m'y suis reconnu aussi, et j'ai appris des choses, je me suis indigné, ulcéré. Cette lecture, c'est un cri, un concentré de toutes les salles de profs, de tout ce qu'on pleure dans le vide depuis des années, un cri, que dis-je, un hurlement, entre la vocation et la désillusion, entre le « c'était mieux avant » et le « se reconvertir quand on est prof – 233000 résultats ». Il n'y a qu'un auteur en couverture, mais 800000 voix derrière lui. 800000 profs face à une poignée de ministres, entre autres : on pourrait se dire que le jeu est en notre faveur, mais la partie est truquée, et tout le monde le sait. Alors on baisse la tête. On baisse les bras ?
Je ne saurais définir ou classer cet ouvrage. Un plaidoyer ? Un observatoire ? … un requiem ?
Je ne sais qu'une chose : il doit être lu, mais surtout, il doit être le point de départ d'un grand changement. Je suis de ceux qui sont encore persuadés que les livres peuvent changer le monde.
Vers 4 heures du matin, je me suis demandé si devant cet implacable constat sur près de 440 pages, je n'allais pas finir par quitter le Titanic, moi aussi. Parce que devant l'immensité et la justesse du constat énoncé dans ce livre rassemblant enfin tout ce qui fait qu'on est de plus en plus nombreux à vouloir fuir, j'ai commencé à penser à demain, après-demain, et j'ai eu mal au ventre. Mais loin d'un fatalisme mortifère, l'auteur explique, suggère, sous-entend des solutions parfois évidentes pour qui est passé de l'autre côté du bureau. Alors je vais rester, encore un peu. Déjà parce que j'aime ce travail. Ensuite parce que j'espère que le nouveau ministre va prendre quelques heures de son temps pour lire ce livre, et, soyons fous, nous écouter, enfin… Je suis un grand naïf, que voulez-vous… C'est peut-être aussi pour ça que je reste encore un peu. Jusqu'à quand ?

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L'ex plus beau métier du monde @flammarionlivres de William Lafleur n'est pas un roman mais le témoignage d'un professeur d'anglais qui a « rendu son tablier » ou plutôt ses clés, au terme de 12 années au service de l'Éduc Nat.
Il sait donc de quoi il parle.

En 2022 M'sieur Lafleur a fait sa dernière rentrée ; l'ouvrage est paru à la rentrée de septembre 2023. le tableau est donc « d'actualité » ; il ne s'agit pas d'un recueil de « poncifs éculés » lus maintes fois.

En 450 pages, 10 parties et 41 chapitres intitulés « En cas de violence #PasDeVague », « L'inspection, ou le dégommage dans les règles de l'art » ou encore « Manuel d'autodéfense à l'usage des enseignants », l'auteur décrit le quotidien des enseignants, qui se dégrade d'année en année.
Le « ravin » entre la théorie et le terrain.
Le manque de moyens, de reconnaissance.
Les valeurs prônées envers les élèves : bienveillance, valorisation, accompagnement.
Le ressenti des enseignants, de la part du Ministère et de leur hiérarchie (inspecteurs et chefs d'établissements) : autoritarisme, infantilisation, mépris.

Le ton est juste, pas larmoyant. le récit, ponctué d'anecdotes et de (nombreux) témoignages d' « acteurs de la communauté éducative », livre un compte-rendu édifiant et (n'ayons pas peur des mots) effarant.
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Je ne suis pas prof mais tout ce qui est relaté dans ce livre, je l'ai malheureusement entendu raconté par des proches, enseignants à l'Education nationale.
Tout, pas tout à fait, j'ai fait quelques découvertes édifiantes comme les salles de classe et les cours mis en scène pour la venue de ministres, l'état de délabrement de certains établissements, le manque de matériel tel des chaises, les PC obsolètes…
Je découvre également la gestion des élèves avec des besoins spécifiques largement accueillis dans des classes déjà surchargées et par la même la situation plus que précaire des AESH.
Lire tous ces témoignages m'a bouleversé. Je ne referme pas ce livre indemne, d'autant plus qu'il fait écho à la situation dans le médico-social dont je fais partie.
L'une des choses qui me semble le plus délétère et insupportable est le regard et les avis de tout un chacun sur le métier de professeur. Des opinions négatives qui sont largement alimentées par des médias tout aussi désinformées ou volontairement orientées à arranger la vérité et à discriminer.
Merci à vous William Lafleur et à tous ceux qui vous ont confié leur souffrance et leurs difficultés. J'espère que ce livre ouvrira une petite brèche.
Bonne reconversion et bonne chance à ce très beau livre.
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A la base, William Lafleur (alias "Monsieur le prof") est un prof d'anglais que je suis depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux pour ses anecdotes amusantes sur son travail, ses élèves, son quotidien qui ressemble à celui qu'on vit tous en tant que profs. Ce fut une grosse surprise quand il a annoncé vouloir quitter l'EN ! Et pourtant, il relayait depuis un moment les dérives du système, l'écoeurement face à la réforme du lycée, le ras-le-bol généralisé des collègues. Il est ainsi devenu un porte-parole pour tous ceux qui se sentent museler par notre devoir de réserve.

J'ai suivi les étapes de l'écriture de son livre et attendais impatiemment sa sortie en librairie. C'est un livre qui s'adresse vraiment à tous, qu'on soit enseignants ou non. En tant que prof, je connais les dysfonctionnements, les réductions budgétaires à tous les niveaux, le burn-out qui nous guette à cause de la charge toujours plus grande de travail et nos conditions qui se dégradent, le "prof-bashing" qui s'amplifie, les relations parfois compliquées avec les familles, les élèves dont a de plus en plus de mal à capter l'attention dans des classes à 30 en collège, avec des élèves à profils particuliers de plus en plus nombreux. Je m'arrête là, la liste est longue !

William Lafleur en fait le tour dans cet essai de plus de 400 pages (mais qui se dévore !). le but n'est pas de casser gratuitement l'éducation nationale, mais bien de montrer à quel point le métier a changé en peu de temps et n'attire plus. Au contraire, en plus du manque de candidats au CAPES, il y a un nombre assez inquiétant de profs qui démissionnent...

Bien que dans le milieu depuis 14 ans, il y a des points que je méconnaissais comme ce qui se passe dans le primaire ou avec les réformes des lycées et lycées pros, ou encore le statut des TZR et des contractuels et les tensions-jalousies entre collègues qui peuvent en découler. J'ai trouvé ce livre très complet, aussi bien pour mieux comprendre ce qui se joue en ce moment dans l'EN, à tous les niveaux, que pour y trouver une forme de soutien à travers tous ces témoignages.

A lire et faire lire à nos entourages !
Lien : http://ocalypso.canalblog.co..
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Je suis partagée après la lecture de ce livre.
Tout ce qui y est décrit, je le connais et l'admet. C'est mon métier, et mon quotidien, et c'est souvent bien triste.
William Lafleur dresse ici un constat très réel, très juste de ce qu'est le métier de professeur aujourd'hui, mais surtout de l'état dans lequel se trouve l'Education Nationale, en tant que système. C'est un constat qui peut sembler exagéré, et qui est assez désespérant, surtout pour ceux qui ne font pas partie de l'EN de près ou de loin. Ce sont pourtant des situations vécues chaque année par des collègues.
Si je suis partagée, c'est parce que la manière dont ce livre est écrit ne m'a pas toujours parue la meilleure. Je n'ai rien lu de plus que ce que je vois tous les jours sur les groupes d'enseignants sur les réseaux sociaux, et pour un livre édité, il m'a semblé manquer d'un travail d'édition plus approfondi.
Je suis fatiguée des situations rocambolesques dans lesquelles nous met le système et notre métier aujourd'hui, mais je le suis aussi par des prises de position d'enseignants qui se plaignent comme si leur avis était effectivement partagé par la totalité de la profession et de la société.

Ce livre manque d'analyse selon moi, et les raccourcis qui accusent le gouvernement (que je ne dédouane en rien des responsabilités qu'il a dans le désastre que l'on connaît et vit) me semblent un peu trop faciles.

C'est un livre qu'il reste intéressant d'ouvrir pour autant, si on n'a pas peur des petites bouffés d'angoisse que certains témoignages nous causent en tant que profs, parce que trop proche d'expériences vécues.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le fait que certains se fassent exploiter avec le sourire doit apparemment empêcher d'autres de se battre pour améliorer leurs conditions de travail et de vie.
Avec un tel état d'esprit, on ne peut jamais améliorer ses conditions de travail, simplement les voir se dégrader avec le temps. C'est ainsi que l'on observe un véritable nivellement par le bas.
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L'objet de cet ouvrage est donc de dresser un état des lieux de l'éducation en France, vu de l'intérieur, par des milliers de paires d'yeux. Oubliez les grands discours des experts en communication qui ne cessent de répéter à l'envie que « tout va bien ». Un livre de ce genre fera, je l'espère, plus de bruit que mes publications en ligne. Il est encore temps de redresser la barre, avant que tout le monde ne quitte le navire. Avant le naufrage de notre système éducatif.
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