AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 522 notes
A mi-chemin entre évocation historique et polar, l'intrigue plonge dans les heures sombres de notre histoire en revenant sur la déportation des juifs durant l'occupation puis l'élimination des opposants par les barbouzes gaullistes au début des années soixante.
A Paris puis à Toulouse, un professeur d'histoire puis son fils sont assassinés à vingt ans d'intervalle : quel lien relie ces deux affaires ?
Cette première enquête de l'inspecteur Cadin progresse grâce à une succession de hasards providentiels. La chance remplace la méthode et le respect de strictes procédures judiciaires. La vengeance remplace la justice.
A contrario, les Thiraud, sont au mauvais endroit, au mauvais moment, et pire, ils se mêlent de ce qui « ne les regarde pas ».
Un bon roman, mais j'avoue préférer « le crime de Sainte Adresse » du même auteur.
Commenter  J’apprécie          793
Meurtres pour mémoire porte bien son titre. Plus qu'un roman policier, j'ai eu l'impression que Didier Daeninckx voulait surtout évoquer deux épisodes peu reluisants de notre histoire française récente au travers de ce roman : la collaboration de l'administration française dans la déportation de juifs, voire le zèle de certains fonctionnaires aboutissant à la mort d'enfants, de familles juives après leur regroupement à Drancy, et la répression de la manifestation du soir du 17 octobre 1961 à Paris où de nombreux algériens ont été torturés et assassinés. Les évoquer pour que les morts ne tombent pas dans l'oubli, pour que cela ne se reproduise plus, pour que ces petites âmes restent dans notre mémoire. J'ai lu ce roman comme un devoir de mémoire et j'ai été touchée. Pas tellement par la plume, presque journalistique, mais parce que j'ai ressenti le malaise, profond, de l'auteur face à la bêtise humaine, face à l'incompréhensible. Comme si l'auteur en écrivant ce livre espérait trouver des réponses en posant les faits avec des mots. Mais je crains que cela ne soit suffisant. En revanche, ce roman a pu permettre à l'écrivain de progresser dans son questionnement. Personnellement, ses mots ont permis de relancer ma machine à questions et je ne trouverais sans doute pas de réponse à toutes ces betises, passées et ...à venir, malheureusement. La mémoire et Meurtres pour mémoire, devraient permettre de ne pas reproduire les erreurs du passé. C'est à cela que ça sert, non ? Une trace contre l'oubli. Merci pour ce roman, piqure de rappel.
Commenter  J’apprécie          430
Paris, le 17 octobre 1961. Une horloge placée dans la devanture d'une bijouterie marque dix-neuf heures vingt-cinq. Soudain, un coup de sifflet strident retentit. Aussitôt, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants originaires d'Algérie se rassemblent pour protester contre le couvre-feu qui leur est imposé. La manifestation organisée par le FLN est réprimée brutalement par la police. Les victimes se comptent par dizaines. le soir même, Thiraud, un professeur d'Histoire, est abattu au pied de son immeuble. Son assassinat passe inaperçu au milieu de ce massacre. Vingt ans plus tard, c'est son fils qui est tué dans une rue de Toulouse. L'inspecteur Cadin est chargé de cette enquête qui va le conduire dans les eaux troubles de notre Histoire.

« Meurtres pour mémoire » enchevêtre la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et le Massacre du 17 octobre 1961. L'ombre d'un même homme plane sur ces deux événements : André Veillut, un fonctionnaire exemplaire oeuvrant dans les Préfectures. En 1942, il exécute consciencieusement les directives de Vichy ; vingt ans plus tard, il organise la liquidation des indépendantistes algériens. Le tout au nom de l'ordre public et de la raison d'Etat. On devine que ce personnage est le double fictif de Maurice Papon, tant leurs parcours sont proches. Si aujourd'hui la responsabilité de l'Etat français dans les rafles et déportations de Juifs a été débattue et mise au jour, si la répression meurtrière du 17 octobre 1961 est désormais connue, ce n'était pas le cas au moment de la publication de ce roman en 1983. Le livre rappelle ces faits au nom du devoir de mémoire répondant ainsi à son exergue : « en oubliant le passé, on se condamne à le revivre. » Malheureusement, l'auteur n'échappe pas à l'écueil du polar politique ; au lieu de suggérer, il démontre et fait dire à ses personnages de longues tirades idéologiques. Le roman n'en reste pas moins une excellente introduction à ces périodes sombres de notre histoire.
Commenter  J’apprécie          420
En rentrant chez lui à Paris, Roger Thiraud n'a qu'une idée en tête, retrouver sa femme enceinte, presque à terme et passer avec elle une belle soirée. Il a acheté des gâteaux à la boulangerie et un bouquet de fleurs. Mais dejà, en sortant du metro Bonne-Nouvelle, il a remarqué des manifestants envahir les rues pacifiquement, des Algériens demandant de meilleurs conditions de travail, mais très vite la police se met à poursuivre cetains d'entre eux, déclenchant un bain de sang, nous sommes le 17 octobre 1961, et Roger Thiraud est abattu d'une balle dans la tête au milieu de dizaines de manifestants. Vingt ans plus tard, son fils Bernard, qui n'a pas connu son père, voyage avec Claudine sa fiancée, direction le Maroc, avec un petit détour à la préfecture de Toulouse pour y continuer des recherches que son père avait commencées. En sortant de la préfecture, passant par les petites rues, un homme le suit et dès qu'il se retourne pour lui faire face, l'homme lui tire deux balles dans le corps et l'abat.

L'inspecteur Cadin est saisi du meurtre de Bernard Thiraud et se rend assez vite compte que le passé du père, assassiné pendant les manifestations d'octobre 1961, et soupçonné d'être sympathisant du FLN, est probablement en lien avec la mort du fils. A vingt d'écart, père et fils sont abattus par balles, dans deux villes différentes certes, mais les deux événements ne peuvent être le résultat d'un simple hasard. L'inspecteur va remonter le temps et réveiller les tensions politiques nées de l'indépendance de l'Algerie...
Meurtres pour mémoire est un roman policier politique dans lequel Didier Daeninckx évoque le contexte historique qui a provoqué les massacres d'Algériens qui manifestaient pacifiquement et que la répression policière a précipité dans un bain de sang. Dans la premiere partie du roman, il décrit extrêmement bien le milieu ouvrier qui se prépare à manifester en montant de la banlieue vers Paris pour faire entendre des revendication sociales.
Meurtres pour mémoire remet à jour un événement traumatisant, un massacre sciemment minimisé par la police, et qui va servir de terreau pour un deuxième meurtre.
Un polar politique qui plonge dans les années soixante et le racisme quotidien de l'époque envers les Algériens. Efficace et bien mené.
Commenter  J’apprécie          340
Livre courageux, largement précurseur (en 80 on ne parle pas (encore) du 17 octobre 1961), nourri de recherches historiques, dénonçant les dérives policières couvertes et mandatées par un état colonialiste et raciste, plutôt pamphlet politique que roman policier classique, Meurtres pour mémoire est habilement construit sur un double meurtre, à 20 ans d'intervalle, d'un père et de son fils, tous deux historiens, tous deux sur la trace des mêmes pages honteuses de notre histoire.

L'enquête de Cadin, flic modèle- ça existe, surtout dans les romans-va remonter cette piste et nous ouvrir cruellement les yeux.

J'ai été très sensible au prologue de cette histoire qui met en lumière (noire) la grande manifestation, en plein Paris, du FLN contre le couvre-feu et la guerre en Algerie, réprimée avec sauvagerie comme on le sait à présent. Une ratonnade policière d'envergure, un massacre de centaines d'Algériens tués et jetés à la Seine. Une horreur dont parle aussi dès 1973 Claire Etcherelli dans Élise ou la vraie vie.

Le préfet de police qui a orchestré et couvert cette répression porte un nom connu: Maurice Papon. On comprend dès lors le choix de cette ouverture sur laquelle, hélas, on ne s'attardera pas: la piste remonte par lui, au camp de Drancy, l'antichambre français d'Auschwitz, et à la collaboration active des forces de police commandées par l'état français du Maréchal Petain dans la déportation des juifs de France.

J'ai apprécié le sérieux des enquêtes historiques, le choix de ces deux pages honteuses de notre histoire qui rappellent que même les démocraties (à supposer que l'Etat français de Pétain et la 5eme République barbouzarde de 1958 en fussent chacune une...) doivent exercer une particulière vigilance à l'endroit de leurs forces de l'ordre si elles veulent vraiment être démocratiques...

J'ai regretté que la première de ces deux pages ne soit qu'une ouverture, un décor, un prétexte à une remontée dans les archives atroces mais plus connues de la collaboration.

Cette lecture m'a surtout donné l'envie de relire Élise ou la vraie vie, roman presque autobiographique, plus intimiste, féministe, encore plus courageux puisqu'il raconte dès 1973, l'amour interdit, en pleine guerre d'Algérie, entre une Française et un Algérien, tous deux ouvriers sur la chaîne des usines Renault à Boulogne-Billancourt, que la répression du 17 octobre séparera à jamais, et violemment.
Commenter  J’apprécie          342
Un roman qui, sous la couverture policière, évoque frontalement deux épisodes peu glorieux de l'administration intérieure française, la guerre en Algérie par les exactions policières à l'encontre de manifestants en février 1962, et les déportations massives de la régio de juifs français vers les camps de concentration nazis via Drancy durant la seconde guerre mondiale.
Pour en faire un véritable polar, l'auteur relié ces deux évènements historiques fort astucieusement, et si le fil de l'enquête n'est pas très fin, ce court roman à l'écriture plaisante, directe et fluide, fait de petits chapitres rythmés et bien ciselés, se lit avec plaisir. Roman d'autant plus interessant que ces sombres périodes politiques francaises sont rarement et aussi crûment traités dans une oeuvre de fiction, à replacer à l'époque de sa parution , les années 80.
Commenter  J’apprécie          260
Un père et un fils sont assassinés à 20 ans d'intervalle. Une enquête s'engage alors pour déterrer de sombres secrets enfouis dans les méandres administrative.

J'ai été agréablement surprise de voir démarrer cette histoire dans un contexte que je connaissais peu voire pas. Les flics fouineurs et les hauts pontes véreux sont campés avec un style particulièrement juste et le suspense reste entier jusqu'au dénouement qui, malheureusement, ne reste pas, comme je l'avais espéré dans ce contexte peu courant mais prend place dans une époque rebattue par la littérature. Peu d'originalité dans ce sens.

Une belle enquête malgré tout et un auteur à découvrir pour son allant verbal, son joli phrasé et ses personnages justement dosés.
Commenter  J’apprécie          230
J'avais envie de lire ce classique de la littérature policière depuis longtemps, notamment parce que je trouvais son titre formidable et évocateur. Et effectivement, Meurtres pour mémoire a été tout à fait à la hauteur de mes attentes.
J'ai beaucoup aimé le fait que ce roman policier s'appuie sur un contexte historique extrêmement bien documenté.
J'ai également beaucoup aimé le style de l'auteur, tellement différent des page-turners américains , et pourtant tout aussi efficace pour créer une atmosphère et rendre une intrigue passionnante.
Les meurtres de Roger et Bernard Thiraud resteront en tout cas dans ma mémoire.
Commenter  J’apprécie          200
Roman politico- policier qui tourne autour de l'affaire du métro Charonne le 8 février 1962 à Paris , manifestation contre l'OAS et la guerre d'Algérie.
Deux meurtres celui d'un père et de son fils à plusieurs années d'intervalle, qui impliquent les services secrets français . Un policier fait le lien entre les 2 meurtres…

17 octobre 1961- le FLN – Front de Libération National -, parti politique algérien créé pour engager la lutte visant à obtenir l'indépendance de l'Algérie alors française, organise une manifestation à Paris.
Plusieurs buts :
- montrer par l'ampleur des participants Nord-Africains le pouvoir de cette organisation,
- obtenir du gouvernement français que le couvre-feu imposé uniquement aux Magrébins soit annulé,
-accélérer les négociations en vue de l'Indépendance du pays.
Les consignes des dirigeants du parti sont strictes : tous doivent participer en masse , enfants, femmes, hommes, c'est une manifestation pacifique, personne ne devra porter d'arme. Mais la répression va être terrible. Les CRS (Corps Républicain de Sécurité) vont s'opposer avec violence à la foule. Il y aura de nombreux morts et blessés. .
Un homme, a priori étranger à cette manifestation, va être abattu alors qu'il rentrait chez lui. C'est un professeur d'histoire Roger Thiraud. Sa jeune femme veuve donnera naissance à leur fils Bernard, mais restera lourdement traumatisée par cet assassinat auquel elle a assisté de son balcon. Cet enseignent a priori sans histoire aidait-il le FLN comme porteur de valises ? Est-ce pour cela qu'il a été abattu pendant cette manifestation ?
21 ans après, en juillet 1982, son fils, étudiant en histoire, va être lui aussi assassiné mystérieusement à Toulouse alors qu'il était en vacance avec son amie Claudine. Il avait décidé de s'arrêter dans la capitale du Languedoc pour consulter des archives départementales avant de partir visiter le Maroc.
L'inspecteur Cadin est chargé de l'enquête.
Petit à petit il va découvrir la vérité.


Daeninckx a écrit un roman policier, mais il se sert de cette intrigue pour pouvoir reparler d'événements dramatiques qui se sont produits à différentes époques :
D'abord pendant la Seconde guerre mondiale :
Drancy, en Seine-Saint-Denis, principal lieu de déportation des Juifs vers les camps d'extermination nazis.
Daeninckx s'est certainement inspiré de Maurice Papon qui sévissait pas loin de Toulouse, à Bordeaux, comme secrétaire général de la préfecture de la Gironde.
Puis Daeninckx évoque un autre drame :
La répression suite à la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 alors que la guerre d'Algérie touche à sa fin, le FLN appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris, elle rassemble environ 30 000 personnes ; il s'en suit une répression sanglante. Il y aura 11.730 arrestations, et peut-être beaucoup plus de 200 morts, noyés ou exécutés, parmi les Algériens pour dénoncer le couvre-feu imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins (obligation d'être sans cesse isolé, et interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des musulmans doivent fermer à 19h.
Maurice Papon (encore lui !) est aux commandes.
Enfin Daeninckx évoque aussi d'autres faits d'actualité des années 1980 comme le « situationnisme » un mouvement contestataire philosophique, esthétique et politique incarné par l'Internationale situationniste, "plate-forme collective", fondée par huit artistes en 1957.
Enfin, il décrit la vie dans un commissariat, l'actualité quotidienne comme une grève des fossoyeurs…
Commenter  J’apprécie          170
Plus qu'une toile de fond l'histoire constitue la matière même de ce roman policier. Et quelle histoire ! Celle peu glorieuse de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le FLN à Paris. Celle qui s'est terminée dans un bain de sang. L'histoire également, plus connue mais pas plus glorieuse, de la responsabilité de l'administration française dans les déportations juives de 1941/44.
Quel lien entre ces 2 pans de notre trouble passé ? C'est tout l'objet de l'intrigue. Un paisible professeur d'histoire est exécuté froidement lors de la manifestation de 1961. 20 ans plus tard son fils est également supprimé à Toulouse sans raison apparente. L'inspecteur Cadin enquête à Toulouse et à Paris.
L'auteur connaît son sujet et nous ouvre les yeux sur des pans cachés et oubliés de notre histoire. Des événements sur lesquels un couvercle a été posé pendant longtemps.
Plus que les victimes, on s'intéresse à la police. La police d'hier qui était aux manoeuvres lors de la manifestation, et qui est toujours dans les rouages de l'administration centrale. Et puis celle d'aujourd'hui - enfin celle d'il y a 35 ans - peinte sous des traits plus débonnaires, préoccupée par de ses congés ou ses hobbies. Une police où on sent aussi la pression d'une hiérarchie aux aguets.
Le contexte est angoissant. Il ne fait pas bon exhumer les cadavres encore chauds du placard. Pourtant on prend plaisir à lire ce texte. Didier Daeninckx a un humour caustique et l'on sourit bien souvent. Il n'a pas son pareil pour pointer les travers de notre société. Il aime à nous promener dans les rues de Paris ou de banlieue et on se laisse volontiers porter. 
Un roman policier mais avant tout un livre engagé.On reconnaîtra sous André Veillut le triste préfet Papon.

Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (1249) Voir plus



Quiz Voir plus

La mort n'oublie personne

En quelle année se passe l’histoire ?

1963
1953
1958

9 questions
118 lecteurs ont répondu
Thème : La mort n'oublie personne de Didier DaeninckxCréer un quiz sur ce livre

{* *}