33Le jaillir
Mais viens donc rire ! Viens, on va jaillir ! Je te pousse et tu me pousses, galoper mon vieux, galoper ! Et pas parce que y aurait le danger derrière, non que nenni, tout le contraire ! C'est pile là et devant nous, "là" et "devant" inséparables je te dis, c'est le jaillissement mon vieux, le galop, tu galopais toi aussi, tu te rappelles quand même ?! Alors, qu'est-ce que tu attends ? Je t'attends. T'inquiète pas mon vieux, l'aura des montagnes, la clarté de l'air vif, la force de la fraîcheur, la lumière en mouvement dans le ciel toujours mais toujours immensément présent et le scintillement de la brume sur une terre couvée de rosée et de jour naissant, c'est pas parce que pour l'heure tu les vois pas qu'ils sont pas là ! Tiens, ça me rappelle les mots d’une vieille dame sur son lit de mort à l'enfant qui lui demandait ce que c'était que ça : " Quand tu ne vois plus au loin le bateau que tu as regardé partir, ce n'est pas qu'il n’existe plus, c'est juste qu'il a dépassé l'horizon ! "
Tu me fais rire ; tu me fais tendre ; ça l'emporte sur l'inquiétude car dans le fond, je le sais bien que t’as pas oublié ; toutes ces choses ... Toutes ces choses, dis ! Données ! A l’origine ! Données, oui ... Alors, allez hop hop ! Et qui courra verra ! Et qui verra vivra.
Et je tourne en silence
Vrille aux forces motrices
Origine
La terre sous mes ongles,
Les herbes gardiennes,
Leur baume-caresse a tracé le silence sur nos lèvres
Et le vent, compagnon du toujours
Je tourne sur moi-même
Danse-accueil-recueil,
Je réponds présent
Elles me portent,
Je danse avec elles
Moi l'errante
S'il n'y avait leur amour
Ecouter la nuit, juste cela, rien de plus
Elle est là,
Et moi en elle
Celle de mes ancêtres,
Celle de mes jeunes frères aux regards de chats jouant des arabesques,
Celle des regards absents,
Celle de l’inconnu