AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 2173 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre avec ce roman la SF contemporaine que je n'ai pas l'habitude de lire.
2041 : les villes sont privatisées par Orange and co, les habitants bagués, l'espace urbain quadrillé par les multinationales. Dans les marges de cet univers vivent des rebelles qui luttent pour une société alternative où le citoyen retrouverait sa liberté d'être vivant. Et au-delà, dans les ombres et les recoins, les "furtifs"...( on est proche alors de la littérature fantastique).
L'intrigue : Lorca a perdu sa petite fille de 4 ans, a-t-elle été enlevée par les Furtifs ? et comment communiquer avec eux ?
J'ai bien aimé la critique sociale et politique qui montre les dérives du libéralisme et de la technologie moderne ; plus encore j'ai apprécié le travail sur le langage. Chaque personnage utilise une langue particulière avec son vocabulaire, son rythme et même ses signes typographiques. Particulièrement inventif et drôle.

Commenter  J’apprécie          60
Dans les villes de 2041, nul ne peut plus prétendre à l'anonymat. Réalité augmentée, publicités ciblées, “expériences premium” destinées aux plus aisés : tout y est fondé sur la reconnaissance de l'identité de chacun, à chaque instant. Dans cet univers de surveillance continue, une légende urbaine commence à prendre de l'importance : il existerait une espèce inconnue, capable d'échapper au regard humain et à toutes les technologies en se déplaçant à grande vitesse et en s'adaptant par des mutations quasi-instantanées à son environnement. Ces mystérieux Furtifs sont au coeur des recherches d'une unité militaire secrète, le Récif, où vient d'entrer Lorca Varèse, convaincu que la disparition de sa fille de quatre ans a un rapport avec l'existence de ces créatures insaisissables. Récit polyphonique à six narrateurs, Les Furtifs est une aventure du langage autant qu'une épopée de science-fiction. Au travers de ces six voix bien distinctes, Alain Damasio déploie toute l'étendue de sa virtuosité stylistique, forgeant une langue mouvante, instable, en proie à des mutations poétiques qui reflètent le rapport sensible au monde des furtifs et de cette poignée de personnages qui, en les approchant, s'imprègnent de leurs capacités. Autour de ce passionnant exercice d'équilibriste, Damasio construit un récit riche en rebondissements et d'une puissance visuelle fulgurante, où s'entremêlent un univers SF fortement politique, qui interroge la privatisation galopante de tous les espaces publics, et une forme de merveilleux héritée du conte, propre à réenchanter notre rapport au monde et à remettre en question la place que s'y est octroyée l'humanité.
Commenter  J’apprécie          80
D'abord une certaine adaptation est requise dès les premières pages : un langage truffé de néologismes technos, mâtiné d'argot français et de verlan, de brusques changements de narrateur dont l'identification repose de prime abord sur des signes typologiques et un début plutôt déroutant. Ensuite, la force de ce roman d'anticipation repose sur sa grande originalité et l'inventivité de son auteur, Alain Damasio.
L'intrigue paraît simple : un père, Lorca Varèse, recherche sa fillette de quatre ans, Tishka, disparue sans laisser de traces il y a deux ans. Séparé de la mère Sahar, il traîne son obsession de retrouvailles, persuadé qu'elle se cache parmi les êtres furtifs qui peuplent le monde.
Mais derrière cette quête de parents éperdus, Alain Damasio nous dépeint avec génie un monde futur (2040) dans lequel les villes sont rachetées par des intérêts privés, hyperconnectées du trottoir au mobilier urbain, où les citoyens, bague au doigt, ne peuvent échapper à la « visibilité féroce de la ville », et dont les habitations dans de hautes tours sont régulées par la domotique. Cependant, une frange de la société tente de briser ce cercle insidieux de la connexion et souhaite « sortir des radars, devenir invisible ». D'où l'intérêt grandissant pour ces « furtifs », une espèce mi-animale, mi-végétale, que l'armée étudie en secret mais qu'un concours de circonstances dévoilera au monde entier.
Damasio joue brillamment avec les mots, les fait pirouetter et virevolter dans un récit où la musique et les sons sont omniprésents, en plus d'imposer une sérieuse réflexion sur la qualité des rapports humains dans nos sociétés de plus en plus branchées.
Le seul élément qui m'ait fait tiqué, c'est la tournure utopiste babacool hippie, à la limite naïve, prise par les opposants en réponse à l'hyperconnexion de leurs cités. Mais dans l'ensemble, ça demeure un énorme roman de science-fiction rédigé en français qu'il faut lire absolument!
Commenter  J’apprécie          210
La dernière fois que je me suis autant emballée avec un récit Sf, c'était avec "La horde du contre-vent " du même Alain Damasio... Ici le récit n'est pas outre-monde mais bien dystopiquement proche et se déroule dans une France ultra-privatisée et terriblement connectée. Dans cet univers de vraies-fausses réalités, vivraient des furtifs créatures vivaces et polymorphes impossibles à saisir et suicidaires sous le regard humain. C'est parmi eux que Lorca Varèse, ex-sociologue devenu militaire est prêt à chercher Tishka, sa fille adorée et disparue, contre l'avis de on épouse Sahar, proferante dans les cités.
Un vrai roman d'aventures (un poil long tout de même) passionnant où l'auteur utilise à nouveau des signes diacritiques pour différencier la parole des ses protagonistes, ce qui permet des changements de point de vue rapides et des voix multiples et variées.
L'auteur propose aussi un magnifique travail linguistique sur les modifications de mots, de sonorités pour un texte multiple et des interprétations quasi physiques des phonèmes. Les furtifs seraient-ils musique?
Dans ce titre Alain Damasio aussi revient sur les dérives du tout-numérique et de l'ultraprivatisation (des milieux scolaires, des forces de l'ordre, des voies publiques, etc.) mais il n'est pas vieux bougon sans solution, au contraire il prône un usage raisonné de la technologie avec un vrai retour à la connexion humaine, à l'écoute de la nature, au lien social en citant Deleuze et en illustrant des petites actions du quotidien. A la fois récit endiablé et manifeste politique, "Les furtifs" séduit par son intelligence et sa multiplicité, car comme un Fif jamais il ne se fige...
Commenter  J’apprécie          160
15 ans d'attente depuis La horde du Contrevent, c'est avec fébrilité que le lecteur amateur de la plume de Damasio attaque ces 'furtifs'. le voyage au sein de cet ouvrage volumineux est tour à tour passionnant, surprenant, émouvant, engagé... La prose de Damasio est à nul autre pareil avec ses inventions linguistiques, ses références philosophiques et, nouveauté ici, son invention d'une nouvelle ponctuation. L'univers dystopique que nous propose ici Damasio n'est pas sans rappeler le cadre de la zone du Dehors son premier roman. Adepte de la volte, l'ouvrage tisse ici des ponts entre la révolte artistique et la lutte armée, la quête d'aventure et l'amour parental. Ce roman est souvent éblouissant ! Toutefois, l'ouvrage aurait peut être mérité, comme certains films, un montage plus serré car il y a quelques répétitions / longueurs. L'auteur se laisse parfois emporter par sa verve et nous perd en route. A ne pas manquer toutefois.
Commenter  J’apprécie          50
Ce qui me reste à l'issue de cette longue lecture est une impression ambivalente, des souvenirs et des émotions car ce roman est un monde à lui tout seul. Je vais commencé par le mauvais, car il y en a surtout sur le premier 1/4, sachant que Damasio l'a écrit sur une longue période, ceci expliquerait peut-être cela ? Des descriptions trop longues et encore alourdies par un style haché, un vocabulaire compris par l'auteur seulement, et du raturage qui aggrave encore la situation. Damasio semble avoir cédé à la pensée "artistique" en cherchant à créer son propre paradigme littéraire, c'est très narcissique, surtout pour quelqu'un dénonçant "l'égocentre...". L'histoire est très intéressante, elle est portée par de la philosophie politique, de la poésie, de l'amour, une grande vitalité, la lutte et la solidarité. Ce que Damasio propose dans sa vision du futur proche dans une société aux rapports sociaux interfaçés, et à la surveillance de masse ayant réussi a acheté le consentement (presque) général, est tout à fait crédible. Il véhicule l'idée que le retour à la nature et la vie en communauté limitée en nombre seraient la clé d'un société débarrassée du capitalisme, des rapports de domination et d'exploitation. C'est pour moi la plus grosse limite de l'orientation politique de ce roman, car ce modèle nature/communauté n'a jamais épargné de ce que Damasio invite à combattre. Entrons dans la lutte.
Commenter  J’apprécie          50
Les Furtifs est une oeuvre très intéressante, riche, prenante et ambitieuse. Ambitieuse par le nombre d'éléments traités, par la masse d'idées et d'informations que l'auteur essaie de faire passer, par le fond comme par la forme de son récit, qu'il relie de façon intrinsèque. Peut-être à mon goût trop ambitieuse pour pouvoir s'exprimer pleinement, avec jusqu'au-boutisme et l'exigeante recherche de l'absolu en 689 pages.
Lien : http://lesnotesdanouchka.com..
Commenter  J’apprécie          00
Lecture dans la catégorie « un roman de science-fiction ». Ce roman d'Alain Damasio est un pavé de 700 pages présentant un futur proche, celui de la France dans 30 ans. Toutes les grandes villes auront été privatisées et donc achetées par les grandes boîtes. Les habitants, bague au doigt, disposeront ainsi d'un badge qui leur donnera accès à différents endroits de la ville. le badge standard, le moins coûteux donne accès à 70% de la ville alors que le badge premium permet de traverser les centres villes à heure de pointe par exemple. Les sans-bagues, quant à eux, sont les rebelles de la société, refusant d'être gouvernés par une intelligence artificielle. La technologie domine, l'argent également, même pour l'éducation nationale, soumise elle aussi à une boîte privée. Alors, de la « proferrance » se met en place afin de lutter contre cette politique éducative. On l'aura compris, l'auteur se situe clairement à gauche ! Et au milieu de tous ces gens, la légende dit que des furtifs évoluent. Ce sont des êtres hybrides qui peuvent prendre l'apparence de tous les animaux ou végétaux qu'ils croisent. Ils ont cependant un talon d'Achille : un regard humain peut les tuer : ils se cachent alors de la société et l'armée est là pour les chasser. Voici en gros la thématique dominante de ce roman.
L'intrigue est basée sur la quête épique d'un père, qui cherche sa fille disparue, et c'est ainsi que l'on découvre les méandres de cette société. le thème est alléchant mais le style peut rebuter. Je m'explique : on alterne les différents points de vue des personnages et on « subit » complétement leur façon de penser ou de parler. L'argot domine certains personnages et c'est franchement laborieux de suivre. le paradoxe est que cela dévoile l'immense richesse lexicale et stylistique de l'auteur ! Il m'est donc difficile de porter un regard objectif sur ce roman car j'aurais apprécié profiter un peu plus de ce style.
Commenter  J’apprécie          20
La lecture des "Furtifs" a été plutôt longue, fructueuse et un gros travail.

Tout me plaisait : le speech, retrouver l'écriture de Damasio et l'histoire d'un père qui cherche sa fille qui est peut-être devenue une sorte d'hybride nouvelle génération.

Mais j'ai eu du mal à avancer dans ce roman. J'ai pris le temps, car l'écriture de Damasio, aussi belle soit-elle, reste lourde et compliquée, on ne lit pas un Damasio comme on pourrait lire n'importe quel autre roman.

J'ai apprécié l'histoire et les différents personnages, qui finissent par former un groupe particulier, mais qui fonctionne et ils arrivent toujours à tirer le meilleur de chacun dans toutes les situations : ils travaillent en harmonie et en s'écoutant les uns les autres.

Les furtifs, c'est un gros morceau aussi. Si on a beaucoup d'informations, petit à petit, sur leur moyen de communiquer, de se déplacer et surtout de se cacher, impossible d'obtenir une description précise de ce à quoi ressemble un furtif. du coup, on imagine, on crée dans notre esprit une image, une espèce animale/végétale qui peut se déplacer très vite et qui vit dans les angles morts.


L'histoire est superbe, l'engagement de l'auteur est honorable et bien défendu et cette force qu'à Lorca du début jusqu'à la fin est incroyable. Mais le seul obstacle, c'est la construction du récit que j'ai parfois trouvé trop difficile à suivre, on passe d'un endroit à un autre sans transition et il nous manque beaucoup d'informations sur le monde et l'époque dans lesquels évoluent nos personnages. du coup, quand on se retrouve complètement perdu sur plusieurs, j'avoue que ça freine un peu ma lecture.

Cependant, "Les Furtifs" restent un grand roman, qui est unique et qui parvient à mettre en avant énormément de sujets, tout en proclamant haut et fort des revendications et en dénonçant des pratiques courantes qui ne devraient pas être utilisées ainsi. Alain Damasio, écrit, construit et utilise ses livres autant pour nous divertir que pour nous réveiller sur le monde qui nous entoure et sur notre manière de penser et de vivre, qui devrait changer, pour notre bonheur et survie à tous.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai été bouleversée par ma lecture de la Horde de Contrevent à ma première lecture, mais aussi à toutes mes relectures. J'étais donc émerveillée d'avance par ce nouveau roman d'Alain Damasio, mais j'ai finalement été tout à la fois agacée et renversée.
Des défauts voire des problèmes, oui. Une difficulté pour rentrer dans le récit d'abord, car le style " actions échevelées de façon cinématographique "ne me plaisait pas : l'auteur vaut mieux que des tirs de militaires façon super-héros américains. Mais je me doutais qu'il y aurait plus que ça. Autre problème, le gadget typographique. Dans la Horde, l'écriture et les signes sur la page avaient un sens, retranscrire le vent. Ici, je le qualifie de gadget, car cela ne sert pas directement l'intrigue, et on identifie vite les personnages. Et j'en viens à un autre problème : ces personnages ressemblent énormément à certains de la Horde. Sahar a la grâce physique et l'intelligence d'Oroshi, Agüero a en lui la hargne de Golgoth, Toni la fougue de Caracole moins sa poésie - et avec un langage "banlieue" parfois exaspérant, Ner ressemble à Erg à une lettre près, Arshavin a la noblesse de Pietro... Tous ressemblent donc trop à leurs aînés littéraires.
Enfin, autre problème pour moi, l'aspect politique. Les convictions personnelles de l'auteur prennent trop de place, puisqu'elles ne sont pas au coeur de l'intrigue. Certes, c'est de l'anticipation, mais les idées sur le contrôle omniprésent, la reconnaissance faciale, l'usage commercial de nos données, la marchandisation des relations humaines... ne sont pas si originales : Black Mirror et le gouvernement chinois sont passés par-là. Elles permettent d'établir le cadre, mais auraient pu rester un cadre. Cependant, les passages sur le politicien prêt à tout, à n'importe quelle manoeuvre électorale avec son storytelling, étaient plus convaincants. La fin est peut-être trop longue, trop optimiste et positive d'ailleurs, et aurait pu arriver plus tôt dans le récit.
Mais finalement, pourquoi ai-je trouvé ce roman si fort, et si bouleversant ? Pour l'écriture de Damasio, ses trouvailles, ses slogans qui claquent, ses scènes d'amour et de sexe qui sont à la fois poétiques et expressives, les chants de Saskia. Ses furtifs aussi et surtout, qui, s'ils ressemblent aux Chrones de la Horde, se révèlent si riches et mystérieux.
Et surtout, surtout, pour tous les passages sur les relations parentales, l'amour paternel et l'amour maternel. J'ai plusieurs fois eu les larmes aux yeux, j'ai pleuré aussi, reposant le livre pour souffler avant de pouvoir continuer. Quiconque a connu un deuil peut se reconnaître dans ses douleurs. Victor Hugo a élevé les Contemplations comme tombeau pour sa fille Léopoldine, Lorca et Sahar sont prêts à tout pour Tishka. C'est un roman d'amour, un cri d'amour polyphonique. Retrouvons l'enfant qui est en nous, pour être plus vif et plus heureux. Tiskha, son père et sa mère, m'accompagneront longtemps, et sont bien plus importants que les défauts du livre.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (5752) Voir plus



Quiz Voir plus

La horde du contrevent

La horde est composée de combien de personnages?

21
22
23
24

10 questions
513 lecteurs ont répondu
Thème : La Horde du Contrevent de Alain DamasioCréer un quiz sur ce livre

{* *}