Charles Maurras. Le maître et l'action

Biographie intéressante et fouillée d'un maître à penser qui exerça une grande influence intellectuelle, politique sur toute une génération fin XIXème siècle et début XXème siècle, devenu personnage sulfureux. Gloire et décadence.
Né en 1868 à Martigues dans une relative pauvreté, atteint de surdité, il monte à Paris en 1885 et s'intéresse à la littérature avant d'entrer en politique.
Il fréquente Daudet, Roumanille, Mistral et le Félibrige provençal. Il apprécie Anatole France sans partager ses idées politiques.
C'est à partir des années 1890 qu'il développe ses idées politiques et fréquente Barrès, Bainville. Il prône un retour à la monarchie, des idées contre révolutionnaires, dénonce la modernité, la République et partisan du "nationalisme intégral". Il dénonce les Républicains, les Protestants, les Francs-maçons, les Catholiques sociaux, les métèques et les Juifs. Il s'engage dans le combat antidreyfusard. Peu importante l'innocence ou la culpabilité de Dreyfus, sa judéité en fait de toute façon un coupable contre l'unité du pays, contre la France éternelle. Il faut qu'il soit coupable car l'ordre est plus important que les libertés individuelles (surtout celles d'un Juif). Ainsi Maurras, non croyant défend l'Eglise et les Catholiques traditionnels comme garants de l'unité française. En outre et cela l'auteur ne le dit pas, pour l'extrême droite d'alors citoyen juif et français sont incompatibles.
L'auteur est plutôt indulgent je trouve (il le développe trop peu alors que c'est essentiel dans ses idées) vis à vis de l'antisémitisme de Maurras qui serait idéologique plutôt que racial notamment sous Vichy. Quelle différence dans ses conséquences ?
En 1899, il crée l'Action Française qui ne cesse de dénoncer l'"Anti France".
Après la Première guerre mondiale, son influence reste forte mais diminue néanmoins. L'Action Française est décimée par les morts de la guerre, Maurras vieillit et on lui reproche son inaction politique, son manque de stratégie et surtout la condamnation du mouvement par le Vatican en 1929 porte un coup très dur à l'Action Française (condamnation levée en 1939) d'autant que le mouvement social de Marc Sangnier combattu par Maurras fait des émules chez une partie des Catholiques.
Le 6 février1934, l'Action Française associée aux ligues et Maurras participent à la manifestation qui dénonce la corruption de la République.
L'arrivée du maréchal Pétain en 1940 est une "divine surprise" et il lui reste fidèle jusqu'au bout même si selon l'auteur, Maurras était antinazi car anti germanique. Arrêté en septembre 1944, il est accusé d'intelligence avec l'ennemi. Il meurt en 1952 et sa mort physique s'accompagne du déclin de ses idées même si certains conservateurs européens (Salazar au Portugal) se sont réclamés de lui.

Un livre qui permet de bien comprendre les principes derrière le Maurrassisme; certains sont bien connus, comme le royalisme, d'autres comme le régionalisme ou la profonde germanophobie, le sont beaucoup moins.