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EAN : 9782072860874
96 pages
Gallimard (06/01/2022)
3.75/5   4 notes
Résumé :
« Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l’immensité, l’intensité et l’angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés. »

Inspiré par ces diables gardiens de l’enfance, l’artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d’improvisation où de l’image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces tre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Diables gardiensErri de Luca / Alessandro Mendini (Gallimard 90P)
Un étrange et bel objet qu'on a entre les mains. L'explication de sa genèse est assez confuse dans l'introduction, où il est question d'un enfant dyslexique (?) qui a dessiné non pas ses anges gardiens, mais ses monstres intérieurs. L'architecte Alessandro Mendini a repris ces dessins, les a visiblement recomposés (et donc ce sont ses diables gardiens à lui), les a transmis à son ami Erri de Luca qui a réagi à chacun d'entre eux par un texte personnel sur la page en vis-à-vis.
Les dessins (une bonne trentaine) sont souvent impressionnants, très variés, à la plume ou au crayon, très colorés ou noirs, psychédéliques, surréalistes ou terrifiants, torturés ou joyeux, dessins robots ou très humains. le lien avec le texte correspondant d'Erri de Luca est parfois clair, parfois pas du tout évident, mais l'écho intime qu'un dessin éveille ne peut guère être toujours explicite, ou transmissible, on peut donc prendre chaque page écrite comme elle vient.
Et comme souvent chez l'écrivain napolitain, c'est très sensible, humain, en échos aux drames de l'actualité. Réflexions successives sur l'écriture, le sens du labeur et du travail manuel, la soumission à l'autorité, le droit à la révolte, y compris parfois violente quand elle est collective, en même temps que le refus radical de toute forme de terrorisme aveugle, la solidarité inexpugnable avec les victimes des guerres et de l'exploitation partout dans le monde, on retrouve avec un grand plaisir la chaleur et la poésie permanentes d'Erri de Luca.
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Un bel échange entre le dessin et l'écriture. Au départ, c'est Erri de Luca qui réagit au dessin d'Alessandro Mendini, mais petit à petit une connivence s'installe entre eux et il y a un vrai dialogue entre les deux artistes.
Les dessins d'Alessandro Mendini sont de factures très diverses, parfois proches d'un gribouillage, d'autres fois très construits. Certains sont accompagnés d'un court texte ou d'un titre. Les yeux et les visages y sont souvent présents. Mes préférés sont le petit autel, l'Altarino, de la page 38 et le village de la page 50.
Les textes d'Erri de Luca sont des réponses à ces dessins, mais il est parfois ardu de comprendre comment. Erri de Luca y aborde des thèmes courants chez lui : Naples et l'Italie, la littérature, des souvenirs de ses parents ou du temps où il était travailleur manuel, des réflexions sur la Bible ou l'Evangile. Il nous offre aussi deux poèmes de Kadia Molodowsky.
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critiques presse (1)
Inspiré par ces diables gardiens de l’enfance, l’artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d’improvisation où de l’image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces trente-cinq planches autant de textes qui leur répondent. Il réconcilie ainsi l'image, qui prétend que l'écriture n'est que sous-titre, avec l'écriture, qui prétend que l'image n'est qu'illustration.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
A vingt ans, je n'ai pas été envoyé dans une guerre. Grandi sur les ruines encore tièdes des destructions, j'ai sauté le service obligatoire des générations précédentes. Pour la première fois en Europe, un jeune de vingt ans échappait au massacre rituel, au sacrifice fumant sur les champs de bataille. Je devais forcément me rendre compte de la différence entre moi, mon père et mon grand-père, et encore plus loin en remontant.
La variante étrennée par ma condition d'indemne a comporté un sentiment de gratitude et de dette. L'Europe avait cessé de s'entre-déchirer. Ce que je considère, avec le traité de l'Union, comme le plus grand acquis politique du siècle.
C'est la raison qui m'a incité à me mêler de la guerre revenue en Europe dans les années 1990.
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Il est courant chez les écrivains d'adopter un deuxième nom pour signer leurs livres. J'en utilise un pour moi, Erri, inexistant à l'état-civil mais employé par mes parents. En écrivant, je reste leur fils.
L'auteur d'"Alice au pays des merveilles", Lewis Caroll, s'appelait Charles Ludwige Dodgson. Il fut un très bon mathématicien, puis un photographe d'avant-garde, enfin écrivain. Il était bègue. Il publia sous son vrai nom des traités de logique et un système d'écriture qui permet d'écrire dans le noir. Dans les jeux d'énigme, il préféra les devinettes et les charades, en théologie, il repoussa la théorie du péché originel, en la remplaçant par la divinité innée de chaque être humain.
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L'indifférence est une astuce pour tromper les sens, elle les étourdit le temps nécessaire pour ne pas intervenir. L'antidote a été écrit il y a très longtemps : aimer son prochain comme soi-même. Dans le lévitique et ensuite dans l'héritage chrétien c'est un impératif. Aimer, ce n'est pas avoir de l'affection, veiller sur quelqu'un. C'est plus fort, le verbe demande de libérer la plus grande énergie du corps humain. Aucune circonstance atténuante ni épargne : c'est l'extrémisme de l'amour qui est prescrit. Sans profit, sans attendre d'être payé en retour, aimer ton prochain comme toi-même.
Alors, le monde entier doit-il retomber sur les épaules d'un seul ? Non,c'est pour ça qu'il est écrit : le prochain. C'est le superlatif de proche, c'est le plus proche, celui qui tombe dans le cercle immédiat des sens d'un autre. C'est de lui qu'il est tenu responsable.
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Des voix dans un fin silence : l'expérience fut réalisée pour la première fois par le prophète Elie qui entendit parler la divinité dans une "voix de fin silence."
Un trouble spécial arrive à percevoir l'ultrason du silence. L'ouïe humaine est faible. Mais dans la ferveur d'approche de la personne aimée, la horge serrée comme un étau qui ne parvient pas à parler, alors l'ouïe se dilate et perçoit le silence chanteur, adjectif qui associe chant et enchantement. Elie, prophète en fuite, pourchassé et caché dans un endroit désert, entend des coups de tonnerre, le vent, des éclats de flammes autour de lui, et il n'y trouve pas la voix tant espérée de la divinité. Il la reçoit en revanche dans un infime bruissement, comme de la poudre, dans un paroxysme de tension, ses nerfs acoustiques dressés comme des antennes.
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L'image et l'écriture s'affrontent quand elles sont mises ensemble. L'image, qui a le public le plus large, utilise l'écriture comme sa propre légende. L'écriture, de son côté, veut que l'image soit son illustration.
En l'occurrence, les hostilités sont suspendues. Ici, l'image a la priorité et c'est elle qui est à l'origine de la page de droite qui suit.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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