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sur 371 notes
Viviane Elisabeth Fauville en mille morceaux.

«Vous êtes Viviane Elisabeth Fauville, épouse Hermant. Vous avez quarante-deux ans et, le 23 août, vous avez donné naissance à votre premier enfant, qui restera sans doute l'unique.»

Viviane Elisabeth Fauville a un bébé âgé de seulement douze semaines, son mari l'a quittée quelques semaines plus tôt et elle a emménagé dans un appartement dans lequel les cartons de déménagement sont encore presque tous intacts. Désorientée, perdue, elle a appelé son psychanalyste à l'aide qui a eu pour seule réponse sa neutralité froide et sa démarche psychanalytique au long cours. Alors, dans un moment de rage, elle l'a tué en le poignardant avec un couteau de cuisine de luxe, cadeau de mariage de sa mère qui se trouvait opportunément dans son sac au moment de la séance. Là, elle a perdu la mémoire et la raison, à moins qu'elle n'ait été complètement fêlée depuis toujours ?

«Vous n'êtes pas tout à fait sûre, mais il vous semble que, quatre ou cinq heures plus tôt, vous avez fait quelque chose que vous n'auriez pas dû. Vous tâchez de vous remémorer l'enchaînement de vos gestes, d'en reconstituer le fil, mais chaque fois que vous en tenez un, au lieu d'attirer mécaniquement le souvenir du suivant, il retombe à plat dans le trou qu'est devenue votre mémoire.»

La police, logiquement, enquête sur le meurtre. Bourgeoise quadragénaire avec un bébé en bas âge, cadre d'entreprise bien installée dans son poste de responsable de la communication pour les Bétons Biron, Viviane Elisabeth Fauville n'a rien d'une coupable, et les enquêteurs portent leur attention sur des suspects plus prometteurs. Viviane Elisabeth Fauville se pense invisible, et mène dans Paris une enquête parallèle aux buts obscurs et fous. On suit sa dérive intérieure et ses errements dans des rues et des lieux de Paris décrits avec une précision d'enquêteur, tandis qu'elle suit et aborde les suspects pour connaître leur vie.

Empruntant les ingrédients d'une intrigue policière, ce premier roman très réussi de Julia Deck (éditions de Minuit, 2012) emporte le lecteur dans une enquête psychanalytique, dans les brumes mentales de cette femme à l'identité fracturée, dont les seuls points d'ancrage sont sa fille, chose immobile et sage dans son berceau, et l'appartement de sa mère décédée qu'elle refuse de vendre en dépit du bon sens.

Derrière l'histoire individuelle de cette femme en morceaux affleurent avec beaucoup d'humour des messages grinçants sur la bourgeoisie et le déclassement social, la violence des relations professionnelles, et les dictats plus ou moins impératifs adressés aux femmes.

«Au bout de la rue Louis Blanc, les Sri-Lankais cèdent la place à une population plus cosmopolite, proposant des cigarettes de contrebande ou plantée au milieu du boulevard avec des caddies de marrons chauds, et vous songez qu'il y a loin de ces marrons-ci à ceux qu'on vous offrait devant les vitrines animées du boulevard Haussmann lorsque vous étiez encore une vraie bourgeoise, circulant du 5e au 16e arrondissement entre les appartements de votre mère et de vos grands-parents, dans la bienheureuse ignorance de cet est parisien où logent les classes sociales intermédiaires et sévissent les tueurs en série.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/04/05/note-de-lecture-viviane-elisabeth-fauville-julia-deck/
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Passionnant et intrigant. le système narratif rappelle (un peu) celui de "La modification" de Butor, mais il s'agit sans doute ici plutôt de construire une distance entre le personnage de Vivianne et ses agissements. Sa personnalité est multiple et elle-même se perd dans les méandres de son identité (Viviane ou Elisabeth?). C'est un roman très bien écrit. Une belle surprise.
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Viviane a la quarantaine, elle est maman depuis quelques semaines et a tué son psychanalyste. Pour son crime, elle a récupéré dans l'appartement de son mari les couteaux que sa mère leur a offerts pour leur mariage. Lorsqu'elle va se livrer aux policiers, leur première réaction est de na pas la croire. Désemparée, elle part à la rencontre de toutes les connaissance du mort, sa femme, sa maîtresse, un jeune homme qu'il a soigné. Un excellent roman qui emmène le lecteur à enquêter avec la principale suspecte et l'emmène vers une fin à laquelle il ne s'attend pas. A lire.
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Étrange histoire d'une femme de 42 ans ,ayant un bébé de trois mois,abondonné par son mari et qui tue son psy?Quelle histoire!A-t-elle ou non tué son psy?Les troubles de la mémoire peuvent-elles être aussi grave?pas mal.
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J'ai lu Viviane Elisabeth Fauville et le triangle d'hiver de Julia Deck (Ed de Minuit). Ses héroïnes sont de douces frappadingues à l'identité troublée, à la mémoire bizarre, et c'est un peu comme si Lol V. Stein de Duras se retrouvait dans un roman policier, parce que l'auteur arrive à mettre dans ses histoires à la fois une dose de fantaisie originale, et du suspens (ce sont des intrigues "à chute")... La première, après une séparation douloureuse, cherche à cacher qu'elle a tué son psychanalyste et la deuxième usurpe l'identité d'une romancière rohmérienne: "Bérénice Beaurivage", cachant sous sa capuche une chevelure qui fait d'elle la sosie imparfaite d'Arielle Dombasle... Ces jeunes femmes sont attachantes, parce qu'elles font de leur mieux, ces filles seules, paumées, veulent reconstruire à partir de débris quelque chose qui ressemble à une identité. Et pourquoi pas une identité de voyou ou de criminelle. Il y a de la beauté et de la poésie en elles, un vertige lié à la possibilité du vide. Bref, j'ai trouvé la lecture de ces deux romans hautement agréable, pas prise de tête, les phrases sont vraiment belles, et j'ai été attirée par la profondeur et la singularité de son univers marqué par une empreinte très féminine. On sourit à plusieurs reprises, on est un peu effrayé, on est finalement assez surpris.
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Une narration intelligente qui vous plonge au coeur de l'histoire servie par une très belle écriture. Un roman efficace. J'ai été happée.
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un premier roman surprenant par son style et l'emploi de la 2ème personne du pluriel qui nous met dans la peau de l'héroïne du roman. C'est un roman court mais intense où l'on vit les pérégrinations de Viviane "Elisabeth" Fauville qui a tué son psy...Alors tout s'enchaîne on file vers une fin qui parait entendue d'avance... Et bien non pas si évident que cela!
Un auteur très prometteur!
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Viviane Elisabeth Fauville est séparée de son mari. Femme fragile, elle vit seule avec son bébé et tente de garder la tête hors de l'eau. Mais tout bascule le jour où son psychiatre est retrouvé assassiné. Tous les indices conduisent à Viviane.
Ce livre étonnant nous emmène dans les méandres d'une folie douce où vrai et faux s'entremêlent. Haletant !
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Je n'ai pas bien compris où l'auteur voulait nous emmener avec cette femme désespérée et dépressive. L'histoire est confuse et embrouillée comme dans l'esprit de Viviane d'ailleurs. Viviane enquête dans la propre enquête où elle est supposée coupable mais je trouve que les interactions entre elle et les personnages secondaires ne sont pas très limpides. Les personnages arrivent dans l'histoire, sans lien, ne sont pas développés, pire on ne comprend pas toujours pourquoi ils y sont.
Finalement le but est peut être de nous perdre en elle et en nous-mêmes.
Je ne peux vous dire si j'ai aimé ce livre ou pas, il m'attirait beaucoup (je l'ai commandé ne le trouvant plus en librairie) mais me déconcerte aussi. Une relecture s'imposera peut être un jour. le texte a été très travaillé par cette jeune auteur dont c'est le premier roman. Attendons le second…. Ceci dit je l'ai toujours en tête 15 jours après la lecture, il me hante…
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Personnage prenant. Adresse au lecteur. Deus ex Machina à la fin du livre.
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