Elle danse en mourant, comme autour d'un roseau,
D'une flûte où le vent triste de Weber joue ;
Le ruban de ses pas s'entortille et se noue,
Son corps s'affaisse et tombe en un geste d'oiseau.
Sifflent les violons. Fraiche, du bleu de l'eau,
Sylvana vient, et là, curieuse s'ébroue,
Le bonheur de revivre et l'amour pur se joue
Sur ses yeux, sur ses seins, sur tout l'être nouveau.
Et ses pieds de satin brodent, comme à l'aiguille
Des dessins de plaisir. La capricante fille
Use mes pauvres yeux, à la suivre peinant.
Mais d'un signe toujours, cesse le beau mystère :
Elle retire trop les jambes en sautant.
C'est un saut de grenouille aux mares de Cythère.
La
DANSEUSE
Danse, gamin ailé, sur les gazons de bois.
Ton bras maigre, placé dans la ligne suivie
Équilibre, balance et ton vol et ton poids.
Je te veux, moi qui sais, une célèbre vie.
Nymphes, Grâces, venez des cimes d’autrefois ;
Taglioni, venez, princesse d’Arcadie,
Ennoblir et former, souriant de mon choix,
Ce petit être neuf, à la mine hardie.
Si Montmartre a donné l’esprit et les aïeux,
Roxelane le nez et la Chine les yeux,
À ton tour, Ariel, donne à cette recrue
Tes pas légers de jour, tes pas légers de nuit…
Mais pour mon goût connu qu’elle garde son fruit
Et garde aux palais d’or la race de sa rue.
Yak Rivais (1987) by Gérard Courant - Cinématon
Gérard Courant