Mon Avis :
Boudicca est le deuxième roman de Jean-Laurent del Socorro, et s'installe non pas à Marseille comme l'avait été l'excellent
Royaume de Vent et de Colères, mais dans une Angleterre vieille de deux mille ans. On y retrouve le peuple celte et plus précisément l'histoire méconnue de la reine
Boudicca. L'auteur s'est basé sur la légende de cette reine celte en y insufflant un soupçon de merveilleux par le biais des rêves mystiques qu'ont les personnages.
J'ai ouvert le livre pour ne plus le refermer tant le récit m'a happé de la première à la dernière page.
Se découpant en trois grandes volutes, qui correspondent autant à des tranches de vie de l'héroïne, le roman se dessine du point de vue de
Boudicca elle-même. Habillement tissée par l'auteur, la vie de
Boudicca se forge principalement dans le sang et l'apprentissage de la soumission, et c'est ce récit qui nous est conté.
Elle grandit au sein de son peuple, apprenant autant à manier la lance et le bouclier que la langue. C'est ce dernier point qui m'a le plus captivé. le langage revêt dans ce récit des atours tenant du sacré. Et c'est par l'éducation dispensée par le druide Prydain que la jeune reine apprend la force des mots, qu'ils soient dits ou non. Elle connaîtra des échecs et des victoires qui la feront grandir, évoluer et finalement rayonner d'une aura telle, que son nom sera murmuré sur son passage par le peuple celte tout entier.
Outre la guerrière, la galerie de personnages permet l'évolution du personnage, apparaissant et disparaissant au gré des batailles ou des maladies. En plus de Prydain, des personnages comme Antedios, le propre père de
Boudicca, Ysbal la femme aux trois maris et garde du corps de la reine dès sa naissance ou encore Caractacos, fils de Cunobelin (un ennemi d'Antedios), trophée du peuple des Icènes et finalement brater de
Boudicca ; sont autant d'éléments qui vont permettre la maturité de la jeune fille par des enseignements tenants surtout de l'affect. Antedios ne lui montrera jamais à quel point il l'aime, Caractacos avec qui elle grandit, ne sera qu'un opposant durant son adolescence et Ysbal sera finalement la seule figure maternelle que la jeune femme aura eue dans sa vie. Enfin Pratsutagos et
Jousse, un mari et une amante, seront les seuls êtres à lui donner l'affection que son père n'aura pas su lui prodiguer.
J'ai trouvé le récit moins haché dans sa forme que le premier roman de l'auteur et bien plus empli d'actions. Cela dit, aller à l'essentiel semble une caractéristique qui colle parfaitement au style de l'auteur et l'univers reste immersif et prenant malgré cette épuration. le rythme est soutenu, bien que la vie de
Boudicca soit parsemée de nombreux moments de répit.
Au final, la seule chose qui m'ait perdu est la nouvelle présente après le roman, une nouvelle qui n'a rien à voir avec celui-ci (du moins je n'ai pas réussi à relever le lien), mais qui ne manque cependant pas d'intérêt.
En bref :
Jean-Laurent del Socorro signe un deuxième roman des plus marquants, bel hommage à une reine celte méconnue. Cette biographie romancée mène le lecteur sur les traces d'une enfant, devenue femme puis mère et qui n'a jamais cessé d'être guerrière. La galerie de personnages foisonnante permet de faire grandir l'héroïne dans un univers ciselé avec soin. J-L del Socorro : un auteur à suivre !
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