Comment sur les 567 titres de la rentrée littéraire 2018 dont 95 premiers romans, ce livre a-t-il pu être sélectionné en première sélection du Goncourt et Médicis et, surtout à la deuxième sélection du prix Goncourt 2018?
Mystère!
Bernard Pivot et consort (Constant,
Assouline, Chandernagor, Decoin, Claudel, Rambaud,
Ben Jelloun, Despentes et
Schmitt.) avaient ils bu et par conséquent été submergés d'émotion par le sujet? Un petit geste pour la condition féminine sous la pression de Virginie. Allez savoir!
Bon primo romancière, d'accord. de part son statut personnel elle pose des questions de société d'accord, son personnage se meurt d'une terrible maladie certes et c'est dur mais est-ce suffisant pour primer cette fiction voire autofiction, ancrée partiellement dans le réel, empreinte d'un pathétisme très fort, surfait qui va être forcement analysé par le lecteur, par le seul ressenti, (sentiment très mode d'ailleurs même en météo on préfère parler de ressenti qui n'a aucune valeur scientifique s'il fait zéro degré et que vous avez chaud vous pouvez vous balader en boxer c'est vous qui voyez!)? La raison littéraire face a ce ressenti ne pèse pas lourd.
Un livre n'est pas qu'un ressenti et les zoïles de service des éditeurs devraient le savoir mais face à la charge affective dégagée par le livre et les potentiels achats par des lecteurs émotifs, des lecteurs de ressentis que pèse la raison littéraire? Mais rien dirions nous!
Donc le contenu:
Molto moderato quasi lento
Une petite vie bourgeoise bien normalisée, le conjoint et père fantasque a mis les bouts, le bulgare, une fille et «profession de la mère»: enseignante: la norme quoi dans un arrondissement conservateur
Lento con molto sentimento
Et puis «L'Amour Fou» qui lui tombe dessus sous forme d'une tornade violoniste qui boit qui rit qui danse qui pouffe, qui hurle de rire et rehurle de rire, repouffe, redanse, reboit, rerit et joue dans le monde entier: un personnage très carboné. Innovation (presque) c'est une femme! Mais cela n'empêche, on prend plaisir à se pétrir les fesses, douces et blanches. le regard porté sur la femme lui reste normatif comme celui d'un homme: les seins et le cul ça change pas!
Allegro non troppo ma con fuoco
Bref c'est tellement torride, on baise contre le lavabo, dans le train qui n'est pas un TGV, dans les cabines d'essayage, on se doigte dans le taxi, si torride que Pauline insère quels apartés didactiques sur un quartier de Paris, sur les quatuors, quintettes et octuors célèbres, avec des traductions de titres de
Goldoni, de termes musicaux comme pizzicato (qui n'est pas una pizza vite faite). Donc tout pour tempérer cette passion dévorante mais un peu degueu quand on y regarde bien car en effet on se croque, on se mange, on se dévore, on se mordille, on s'aspire mais on ne se sucre pas (comme le dit Palmade il y a un R de trop!)
On comprend avec ce style si poétique et précieux, à ce stade, l'émotion de
Bernard Pivot et donc les deux sélections Goncourt. Toutefois Pauline nous lâche des rafales de «putains et de «mon cul» et quelques onomatopées bien senties: chhhhh, zip zip, boumboum, choubam choubam.
Pivot a sans doute aimé la description de Sarah: sourire de vampire chafouin, yeux de serpent coruscants et crâne cireux on hésite entre le basilic et la fée Mélusine ou bien a-t-il été émotionné par les états physiques de l'héroïne bleu cerise : chaleur du ventre, des joues, des oreilles et larmes brûlantes ou son goût prononcé pour les sachets kraft.
On tient jusqu'à la moitié du livre et là horreur, les baffes pleuvent comme des cordes comme quoi la femme est vraiment l'égale de l'homme pour ceux qui n'auraient pas compris. D'ailleurs Pauline nous dit qu'elles «laissent des traces rouges» sur «la peau blanche» Encore un livre de «femelle blanche»! C'est vrai que sur une peau colorée l'effet est moins saisissant et donc tactiquement on ne peut pas reprocher à Pauline d'avoir, encore, pris deux personnages blanc.che.s. Et puis si c'est une autofiction!
Des tornades de larme brûlantes qui coulent jusqu'aux seins, des hurlements à la lune à n'en plus finir et dire que certains se plaignent des chiens qui aboient.
Bref le decrescendo
En chemin on a perdu le bulgare et la fillette c'est vrai que quand on aime on va s'emmerder avec une chiard et un immigré.
Subito
La maladie; grave et ça rigole plus
Aparté sur le vocabulaire. J'ai buté sur le mot boumboum, pas trouvé dans le dico ni dans les dictées de Pivot sans doute un néologisme de Despentes et je suis resté perplexe sur le quintette de Franck joué par un quatuor*
Donc la maladie! Tout ce qui a été vécu dans la joie le sera aussi dans la douleur donc je ne reviens pas dessus
Après ça les malheurs de «Gervaise» c'est de la rigolade!
Alors pour le prochain «moderato» va falloir essayer de faire une vraie fiction sans excès et le génie de Pauline va sans doute éclater «
qui sait» ? chhhhh
Extrait:
J'entends sa voix. Elle dit allô. Elle dit allô.**
... Je regarde mes pieds et puis le ciel...
* le cinquième élément c'est sans doute le piano!
** l'Académie française recommande la graphie allo, sans accent circonflexe mais pour les poétesse…