J'ai vécu avec le dernier roman de
Grégoire DELACOURT une expérience pour moi inédite et qui n'a pas fini de me faire réfléchir...
C'est la première fois que j'ai assisté à une rencontre littéraire alors que je n'avais pas encore lu le livre. le 12 mai,
Grégoire DELACOURT était venu le présenter à la librairie LE MONDE D'ARTHUR qu'au moins aux meldois on ne présente plus. Je vous en avais d'ailleurs parlé sur notre page Fb.
DANSER AU BORD DE L'ABIME c'est l'histoire d'Emma qui, alors qu'elle ne manque de rien et est parfaitement heureuse dans son boulot, avec son mari et ses trois enfants, croise un jour le regard d'un homme dans une brasserie, et sait tout de suite que rien ne sera jamais plus comme avant.
Sur ce coup-là, c'est moi qui me suis précipitée dans l'abîme... Au sortir de la recontre littéraire, j'étais repartie curieuse mais surtout en prévoyant déjà que je n'aimerais pas trop ce personnage d'Emma. J'imaginais le "topo" : tout plaquer, tout remettre en cause, abandonner homme et enfants pour un coup de foudre avec un parfait inconnu, faire un caprice pour une histoire éphémère de désir et de passion que cette femme ne trouve plus avec son mari. Elle m'énervait déjà, Emma, avec son égoïsme.
Alors en réalité,
DANSER AU BORD DE L'ABIME ce n'est pas cela, en tout cas pas seulement, et c'est surtout beaucoup plus que cela.
Quand je m'en suis rendue compte, quand m'a explosé à la figure ce passage du livre que je n'aurais pas imaginé une seconde... Lors de la rencontre, ni l'auteur, ni les libraires qui animaient la recontre, ni les lecteurs déjà au fait n'ont fait à aucun moment la plus petite référence à cette claque digne d'un thriller... même pas une allusion... ils m'ont bluffée.
Du coup, je me suis retrouvée bien bête, parce que j'ai jugé Emma avant même de la connaître alors qu'il y avait derrière ce tableau binaire une histoire tellement plus complexe, tellemement plus profonde, tellement plus belle. En fait, c'était mal connaître
Grégoire DELACOURT que de penser que les choses pouvaient être simples.
Je sais, vous n'y comprenez rien, mais à mon tour il n'est absolument pas question de vous dévoiler quoi que ce soit.
Sachez que l'écriture de
Grégoire DELACOURT est sublime. On ressent véritablement l'urgence des sentiments d'Emma grâce à l'intensité de l'écriture de l'auteur, et il est étonnant de constater à quel point
Grégoire DELACOURT a su se glisser dans la peau de femme d'Emma pour décrire des ressentis et des préoccupations typiquement féminins qui échappent généralement aux hommes.
L'histoire est cruelle aussi. Sans rien dévoiler pour autant (croyez-moi), Emma finira par tout perdre, sans possibilité de retour en arrière, elle aura tout sacrifié en vain... M. DELACOURT ne serait sûrement pas d'accord avec cette dernière expression; Blanquette, la chèvre de M. SEGUIN, n'a-t-elle rien vécu avant de se faire dévorer par le loup?
C'est là que repose le centre névralgique de cette histoire, et c'est là qu'on peut se laisser aller à juger Emma : courageuse et entière pour les uns, égoïste et inconséquente pour les autres, selon qu'on ose ou pas l'envier... selon qu'on ose ou pas s'imaginer à sa place... selon qu'on ose ou non s'approcher de l'abîme.
Cruelle, l'histoire est pourtant tendre et belle aussi.
Grégoire DELACOURT nous parle de l'amour sous toutes ses formes, et notamment de ce qui peut à jamais exister entre deux êtres qui se sont aimés.
Une très belle lecture, qui m'a remise à ma place et m'a rappelée qu'il faut toujours voir plus loin que les apparences.
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