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sur 1408 notes
Si vous n'avez pas encore choisi la destination de vos vacances estivales, il est encore temps de vous y préparer et si vous manquez d'idées, je vous suggère une petite escapade en Corée du Nord, à Pyongyang, sa capitale précisément. Ah ! Vous me direz, ça manque un peu d'exotisme... Et je vous répondrai que ça manque aussi de beaucoup d'autres choses là-bas, à commencer par la liberté !
Pour ma part, je me suis laissé entraîner dans ce voyage insolite par les mots et le dessin de Guy Delisle, qui y fit un séjour de deux mois en 2003 à la faveur d'un projet professionnel avec un studio coréen. Auteur de bandes dessinées parfois autobiographiques, cet auteur nomade aime nous plonger dans la réalité des pays dont il s'imprègne, parfois sans sas de décompression.
Dans un humour pince-sans-rire, l'auteur nous décrit ses premiers étonnements dans la rencontre avec la capitale, ainsi que ses habitants, les rues propres, aseptisées, le silence glacial qui y règne. C'est une déambulation à la manière de Candide, dans le meilleur des mondes... On n'échappe pas bien sûr au culte du grand fondateur éternel, Kim Il-sung, et des tonnes de granit dressées un peu partout dans le pays pour célébrer sa mémoire, ainsi que de son fils Kim Jong-il qui prit la relève, bénéficiant de la même popularité auprès de ses sujets, pardon concitoyens, j'oubliais qu'il s'agit d'une république. Depuis lors, Kim Jong-un, mioche pignouf de la descendance, n'est pas venu démentir ce succès familial... Paraît que la frangine qui piaffe d'impatience dans les coulisses est encore pire, d'une cruauté sans égale !
Ici, avec moultes anecdotes et scènes de la vie quotidienne, nous suivons l'auteur accompagné de ses fidèles compagnons locaux, un guide et un traducteur, deux véritables marionnettes lobotomisées, mais peut-on le leur rapprocher ? L'auteur ne ménage pourtant pas sa peine pour gratter le vernis, tenter de discerner la pensée réelle de ce peuple fidèle, idolâtre, muselé, à genoux, osant jusqu'à prêter son livre de chevet, 1984 de George Orwell à son compagnon traducteur, en mal de lecture occidentale.
Nous assistons parfois à des scènes surréalistes comme ces deux serveuses chassant une mouche dans la salle du restaurant du grand hôtel, offrant une scène digne d'un ballet d'opérette.
On pourrait se contenter d'en rire, - et il ne faut pas s'en priver -, s'il n'y avait cette tragédie en filigrane de ce pays le plus fermé au monde : la propagande, la terreur omniprésente, les actes « volontaires », les dénonciations, les disparitions aussi...
Comment expliquer la "docilité" d'un peuple totalement asservi, vidé de consciences individuelles ?
Une scène, en particulier, révèle à elle seule le malaise palpable qui règne dans l'ambiance du pays, lorsque l'auteur s'étonne un jour devant son compagnon traducteur : « Une chose qui frappe quand on se promène depuis des semaines dans les très propres rues de Pyongyang, c'est l'absence totale d'handicapés ». Beaucoup plus étonnant est la réponse à laquelle il a eu droit quand il s'est inquiété de leur sort : « Il n'y en a pas... Nous sommes une nation très homogène et tous les nord-coréens naissent forts, intelligents et en santé ». Et l'auteur de conclure : « Et au ton de sa voix, je crois qu'il le pensait réellement. Jusqu'à quel point peut-on manipuler le cerveau d'un individu ? On risque d'en apprendre un rayon sur le sujet quand le pays s'ouvrira ou s'effondrera ».
Antoine de la Boétie ne disait-il pas : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » ?
C'est un carnet de voyage sidérant, passionnant, qui nous ouvre les yeux, résonne comme une claque, fait froid dans le dos...
Je remercie Caroline qui m'a suggéré cette lecture, à propos de l'humour des auteurs de bandes dessinées et de leur crayon, parfois comme seules armes pour dénoncer la barbarie humaine dans toute son horreur.
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C'est un témoignage du vide et du silence qui plombe l'ambiance dans une ville, surveillée. La misère, totalement absente des rues, est un signe apparent de bonne santé de la capitale et donc du pays.
Tous est sous contrôle: des hôtels uniquement pour les étrangers, des sorties restreintes et surveillées avec un guide qui montre les belles concrétisations du régime.
Le "1984" de Georges Orwell, le livre de chevet de notre serviteur, est un bien meilleur guide, tout y est: réécriture de l'histoire, surveillance de la population, pas d'esprit critique, pas de religion, pas d'opposition.
Un symbole: Kim Il-Sung, le fondateur de la Corée du Nord est le président éternel mais il est mort depuis 1994.
Il faudra à notre camarade Guy, déposer un bouquet de fleurs et s'incliner aux pieds de l'immense statue de ce bienfaiteur de la nation en haut d'une des collines de Pyongyang.
Delisle enfile un costume de journaliste bien ajusté. Ce sont des informations qu'il propose: montrer la non vie, avec des sourires de façade pour les touristes, dans une capitale communiste.

Dans le gris des pages, dans le morne de la vie quotidienne à Pyongyang, la moindre transgression, comme écouter une radio débridée, est une joie peu avouable.
La Corée du Nord est toujours un état totalitaire qui fait peur aux étrangers. Les rires provoqués par certaines situations sont un peu crispés, mais libérateurs du point de vue du lecteur loin de cette dictature.
On ne peut que remercier Guy Delisle pour ce témoignage où transparaît beaucoup, malgré tout ce qui lui est caché.
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La Corée du Nord, le pays le plus fermé du monde sur lequel on sait si peu et qui fait peur malgré tout. Un monde orwellien dans lequel la plupart d'entre nous n'a aucune envie de vivre. Pourtant qu'on le veuille ou non son existence nous fascine, éveille notre curiosité.

Guy Delisle aura l'occasion d'y vivre deux mois pour son travail. Un parcours balisé, surveillé, mais dans les interstices duquel on peut parfois apercevoir un peu de la réalité pour la population locale. Des contradictions et des non-sens permanents, un culte au leader extrême au possible, chaque pas de travers même involontaire est un risque, et si ce n'était pour ça on se demande vraiment si la population croit à toutes ces balivernes.
Mais toujours occupés, si ce n'est par leur travail par le volontariat, ils n'ont pas le temps de réfléchir à grand chose, c'est le but.

Le regard d'un occidental sur ce monde de science-fiction pourtant bien réel porte parfois à sourire, parfois à être choqués. le peu que l'on perçoit est très parlant, on en apprend sans le vouloir et même si je n'adhère pas toujours à l'humour de l'auteur je ne peux que conseiller cette lecture, suffisement objective pour que malgré les péripéties de quelqu'un qui retrouvera bientôt sa vie confortable et la curiosité ne permette pas d'oublier l'oppression et la vie misérable que subissent les nord-coréens.

Certains chez nous les envient par anti-capitalisme primaire en en oubliant le coût. Ne pas vouloir subir un système comme celui que nous avons est compréhensible et je dirai même sain, vouloir soutenir son contraire à l'extrême dénote juste d'un manque de réflexion et d'empathie.
La Corée du Nord, c'est 1984 en vrai. Difficile de se soustraire au visage des "big brothers", deux mois sur place ont l'air d'avoir été marquants, oppressants, qu'en est-il de quelqu'un qui naît là-bas, qui ne connait que ça? J'aurai aussi été curieuse de connaître sa réaction à son retour, notre civilisation bruyante et aveuglante le refrappant de plein fouet.
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Guy Delisle n'a pas son pareil pour nous plonger dans des réalités inaccessibles à la plupart d'entre nous, dans ce pays hors du temps qu'est la Corée du Nord, à travers une plume sobre, juste teintée d'une ironie nécessaire pour nous faire comprendre cette réalité.
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Pyongyang la capitale de la Corée du Nord, un endroit du monde les plus difficiles à pénétrer. C'est encore dans le cadre de son travail que Guy Delisle est envoyé deux mois à Pyongyang pour superviser la sous traitance d'une série de dessins animés. Il raconte avec humour son séjour, son quotidien et ses réflexions personnelles. Même préparé à ce voyage, Guy Delisle est souvent surpris par ce ce pays si différent au niveau culturel, politique, social... Il souligne également les contradictions du pays.
Les étrangers ne peuvent pas se déplacer sans un interprète ou un guide, ils sont logés dans des hôtels réservés aux étrangers, ils ne sont jamais vraiment libres de leurs mouvements, et ne peuvent visiter que ce que l'on veut bien leur montrer comme les bâtiments et les constructions à la gloire du régime (la statue de Kim Il-Sung, le métro de Pyongyang, l'Arc de triomphe, le Musée de l'Occupation Impériale...)
Il raconte également la ferveur omniprésente quasi-religieuse et obligatoire des Coréens vis à vis de Kim Il-Sung, le « père de la nation », et son fils Kim Jong-Il. Tout Coréen porte le badge de l'un et/ou l'autre des deux communistes. Les Coréens travaillent 6 jours sur 7 et le septième jour est un jour de volontariat offert au régime (pour repeindre un pont, entretenir les espaces verts...).
La propagande et le « lavage de cerveau » est flagrante en particulier lorsque Guy Delisle s'étonne auprès de son guide de l'absence d'handicapés à Pyongyang, et celui-ci lui répond avec une sincérité confondante qu'il n'y en a pas en Corée du Nord car les enfants de « race coréenne » naissent toujours sans déficience physique, forts et intelligents...
Guy Delisle dénonce également la délocalisation en Asie des métiers des films d'animation et les difficultés rencontrées.
Un témoignage personnel sur Pyongyang très instructive et d'actualité même s'il date des années 2000...
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Même si le personnage visite peu, on découvre la ville et le pays à travers son regard. Très intéressant je trouve. Et toujours rigolo... comme les autres livres du même auteur.
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J'ai passé un très agréable moment à la lecture de cette BD un peu atypique. L'idée de faire un "reportage-BD" dans un pays où il n'était à l'époque ni possible de filmer, ni de prendre des photos, de la vie courante est assez séduisante.

Je trouve que l'auteur montre bien la dissonance cognitive du régime et de certains nord-coréens. le tout est traité sans aucune condescendance ou moralisation comme on sait si bien le faire d'ordinaire en occident, et avec humour. J'ai beaucoup aimé et serais ravi de lire une version actualisée de cette aventure, avec toutes les évolutions qu'a connu ce petit pays depuis la rédaction de cette BD.

Je recommande.
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Je ne suis pas lectrice régulière de BD ni de roman graphique, celui-ci ne m'a attirée que par son sujet, le récit du séjour de l'auteur à Pyongyang en 2003, dans le cadre de son travail d'animation (dessins animés), industrie délocalisée où la main-d'oeuvre nord-coréenne exécute le travail non-qualifié des boîtes européennes.
C'est très réussi ! Les dessins de Guy Delisle sont assez minimalistes, mais son message passe par l'angle d'approche, ce qu'il choisit de mettre en vignette, les émotions réduites à une très simple et très éloquente expression, l'humour, tout cela tape dans le mille, du moins selon mes critères !
On découvre avec stupéfaction les aberrations de ce régime totalitaire, le manque de ressources et la distribution erratique de celles-ci telle que l'électricité absente presque partout mais illuminant quelques lieux et monuments à la gloire des dictateurs… Également l'absence totale de liberté d'expression, aucun Nord-Coréen rencontré ne se risquant à la moindre critique ou véritable communication avec les étrangers… Très intéressant, instructif, et malgré le sujet on se surprend à sourire souvent.
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Tout ce qui vient de Corée du Nord est rare et donc attise ma curiosité. J'éprouve un intérêt très particulier pour ce pays si mystérieux. Guy DELISLE a eu l'idée géniale de dessiner ce qu'il y a vu puisque les photos y sont quasiment interdites. Ce qu'on découvre dépasse les limites d'un état humain, il l'exprime si bien en le comparant à la vieille série "le prisonnier". L'état a eu la bonne idée de concentrer les rares étrangers dans un périmètre limité et ultra surveillé, ils y restent accompagnés en permanence par leur guide traducteur. Son livre fourmille d'anecdotes uniques sur ce régime extra terrestre.
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Malgré un manque de profondeur certain (mais qui se comprend), ça me paraît être un bon documentaire initiatique à la Corée du Nord.
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