Les trois fileuses

Adaptation annoncée d'un conte des frères Grimm, cette version bénéficie d'une véritable écriture de conte : la qualité littéraire du texte mais aussi le choix des tournures de phrases donnent rythmes et sonorités pour le lire/dire à voix haute. Sylvie Delom est conteuse et ça s'entend à la lecture.
Les refrains et formulettes apportent du relief au texte originel et sont efficacement mis en valeur par le jeu des typographies, tailles, graisses… Quant aux illustrations de Géraldine Alibeu, elles donnent une dimension supplémentaire au texte en ajoutant à l'étrangeté des personnages et en soulignant l'humour subtil du texte.

Le motif de départ est celui de Grigrigredinmenufretin (Paul Zelinsky) autrement nommé Outroupistache et Rumpelstilskin et il peut être intéressant de proposer ces deux textes en parallèle.
La variation principale consiste à taire la raison des caractéristiques physiques des trois fileuses pour mieux préserver la surprise finale par l'explicitation des prénoms respectifs camouflés en anagramme dans un premier temps. L'autre variation essentielle consiste bien sûr à « pervertir » la morale du texte des frères Grimm pour faire de la paresse une qualité nécessaire. Une bien jolie réponse à certain slogan économique trop bien relayé…

Un album hors collection passionnant à mettre entre toutes les mains.

J'aime beaucoup cette collection éditée par Didier Jeunesse. Elle me permet de redécouvrir des contes que je ne connaissais pas. Ici, il s'agit d'une réédition sans illustration de l'album éponyme paru en 2008.

Sylvie Delom conte avec délice la terreur de cette future princesse face à l'ouvrage qui l'attend. Les trois fileuses qui viennent l'aider portent leur difformité comme un trophée et permettent à la jeune feignante de se sortir d'un mauvais pas. J'ai aimé que la jeune femme tienne sa promesse et remercie comme il se doit ses bienfaitrices. La chute est drôle surtout quand on connaît la valeur du travail de nos jours…
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