1879 : Première architecture naïve
Palais du Facteur Cheval, Hauterives, France
Le Palais idéal de Joseph Ferdinand Cheval, facteur à Hauterives (Drôme), échappe à toutes les catégories de l'architecture pour devenir un inhabitable « palais » , pionnier d'une architecture naïve dont il reste le plus prestigieux exemple. Un palais qui relève de l'utopie, les rêves nocturnes du facteur inspiré étant seuls, à partir de 1879, à en dessiner les formes au gré d'un prodigieux cycle de métamorphoses. « La façade est mesure 26 mètres de longueur, la façade ouest également 26 mètres, celle du nord 14 et celle du sud 12... la hauteur varie suivant les endroits de 8 à 12 mètres. » Ces précisions, Ferdinand Cheval les a consignées par écrit, en 1911. Elles rappellent que ce visionnaire avait conscience du caractère démesuré de son édifice et des motifs irrationnels animant son entreprise chimérique. « Je construisais en rêve un palais féérique », écrira Ferdinand Cheval, rappelant qu'il a lancé son chantier à quarante-trois ans, un âge qui n'est plus « celui des folles entreprises et des châteaux en Espagne » ! Évoluant constamment dans ses projets, gagné par une fièvre qui le conduit à opérer par prolifération des formes et des volumes, il agrège au palais de ses mirages le « temple égyptien », le « temple hindou », les trois géants « César, Vercingétorix, Archimède », le « Chalet suisse », la « Maison blanche » et la « Maison carrée » d'Alger, etc. souvenirs transfigurés de l'enfant ayant découvert sur les bancs de l'école communale le monde et ses lointains mirages.