AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782847363999
400 pages
Nouveau Monde (19/02/2009)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Voici les mémoires d'un des plus surprenants et mystérieux espions de l’histoire. Hussein Gaafar (alias John Eppler), fils d’une allemande et d’un chef bédouin, élevé en Égypte, illustre à merveille les liaisons sulfureuses entre nationalistes arabes, nazis et dignitaires musulmans pendant la Seconde Guerre mondiale. Recruté en 1937 par l’Abwehr, « Condor » va de la Turquie à l’Iran, de l’Afghanistan à l’Égypte, devenir l’agent de Berlin pour le Moyen-Orient.
... >Voir plus
Que lire après Condor : L'espion égyptien de RommelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai lu Condor, l'espion égyptien de Rommel en souvenir d'un roman de Ken Follet intitulé Le Code Rebecca dans lequel un espion nazi, Johannes Eppler, né de père libanais et de mère allemande, adopté par le second mari de sa mère, un haut dignitaire égyptien, renseignait l'Abwehr sur le Moyen-Orient.
Hussein Gaafar alias « Condor », alias Eppler, fit paraître ses mémoires dans les années 60. Il y raconte sa jeunesse dorée et insouciante au Moyen-Orient, son recrutement par les services de renseignement allemand. Son trilinguisme, et sa parfaite connaissance de cette région du globe étaient des atouts indéniables. Ses mémoires, bien troussés, et riches d'aventures, correspondent bien à l'idée que l'on se fait du Caire, nid d'espions. "On me dit le plus grand bien des harengs pommes à l'huile ? Le patron vous en apportera un ramequin, vous vous ferez une idée. »
Parmi les nombreux évènements narrés par le Condor dans ses Mémoires, on retiendra ceux consacrés au Grand Mufti de Jérusalem. Mohammed Amin al-Husseini, instigateur en 1936 de la révolte contre les autorités britanniques qui misa sur une alliance avec l'Allemagne nazie, ainsi que les lignes sur Antoun Saadé l' homme politique nationaliste pan-syrien. Hitler, désireux de surveiller le Foyer National Juif, voulait par dessus tout connaître les positions de l'opposition arabe dans la région.
On lira également avec attention les chapitres consacrés à l'opération Salaam qui consista à infiltrer en Égypte en mai 1942 deux agents allemands de l'Abwehr , Eppler et Sandstede, afin de recueillir des renseignements sur les forces britanniques et préparer ainsi le terrain pour les manoeuvres offensives de l'Afrika Korps de Rommel vers le canal de Suez. Pour transmettre les mouvements des troupes britanniques, le code était basé sur le roman de Daphné du Maurier, Rebecca. Le « Gorge Profonde » de Gaafar était une sculpturale danseuse du ventre qui officiait au Kit-Kat Club et recueillait des informations des sujets de sa gracieuse majesté sur l'oreiller.
Les mémoires de Eppler se lisent comme un bon roman d'espionnage, dans lesquels l'auteur emballe autant que l'Agent 007. « Par ses yeux fendus en amande, son nez rectiligne aligné dans le plan du front, ses lèvres sensuelles, était une fille de Pharaon ou la reine Néfertiti, ressuscitée par un caprice de l'histoire, d'où l'impact produit sur les gens cultivés qui rêvaient d'étreindre ce fantôme sorti d'un temple de la Vallée des Rois, mais bien vivant et porteur d'un gage d'éternité! (…) Sans rien avoir demandé ni mérité par mon physique ou ma situation, la fille des Pharaons m'accorda tout ce que les grands de ce monde en guerre sollicitaient d'elle sans rien obtenir ».
El Condor passe donc, et nous offre un tableau plus que vivant de l'Egypte pendant la seconde guerre mondiale, qui est au moins aussi palpitant que le Code Rebecca de Ken Follet.
Commenter  J’apprécie          529
"Condor. L'espion égyptien de Rommel" est une autobiographie écrite donc par l'espion lui-même, Hussein Gaafar. Cela signifie d'abord que même s'il fut arrêté il ne fut pas fusillé... puisqu'il a écrit ses Mémoires.
Cette biographie se lit facilement comme un roman d'espionnage, le style aidant. L'auteur se décrit comme un mélange entre James Bond et l'OSS 117 incarné par Dujardin : il réussit toutes ses missions, est supérieur intellectuellement à tous les autres espions, toutes les femmes se précipitent dans son lit et le fait d'être marié ne le freine pas pour les y honorer.
Autre détail qui fait penser à un roman d'espionnage anglo-saxon, il est écrit avec un certain humour britannique qui paraît étrange sous la plume d'un libano-allemand né à Alexandrie et élevé au sein d'une famille bourgeoise égyptienne.

Gaafar retrace son parcours depuis ses 19 ans et sa soif d'aventures au début des années 30. Ne souhaitant ni devenir un bourgeois que l'oisiveté aura rendu obèse comme ses cousins, ni un farouche bédouin du désert comme un de ses oncles, il part à l'aventure en devenant chercheur d'or sur les rives du lac Victoria. Ensuite, se liant d'amitié avec d'authentiques aventuriers-explorateurs, il devient leur guide dans la traversée de déserts d'Afrique et du Moyen-Orient.
Comme il fréquente les différentes mouvances indépendantistes égyptiennes, selon le principe l'ennemi (Allemagne) de mon ennemi (Angleterre) est mon ami, il rejoint l'Abwehr, les services secrets de l'armée allemande, non par idéologie mais pour chasser les Anglais d'Egypte.
Ses première missions consistent en prises de contact avec toutes les mouvances, tribus indépendantistes au Moyen-Orient, susceptibles de se soulever contre les Anglais. Parmi tous ces personnages se trouve le mufti de Jérusalem, qu'il décrit comme un personnage comploteur mais inutile, mais qu'il mènera jusque dans le bureau d'Hitler.
Les deux derniers chapitres, qui occupent un quart du livre, retracent les opérations Salaam et Condor, les plus célèbres de Gaafar et qui seront reprises dans le roman "Le code Rebecca" de Ken Follett. Elles consistaient à contourner les armées anglaises par les déserts libyen et égyptien, puis à infiltrer un émetteur radio et un opérateur au Caire afin de signaler à l'Afrika Korps de Rommel tous les mouvements anglais. Comme on le sait, cela se terminera mal pour Gaafar, malgré lui.

Tout au long du livre, l'auteur précise qu'il n'a pas adhéré à l'Abwehr par goût pour le nazisme, et que, dès le début de la guerre, il est sûr que l'Allemagne va la perdre. Il parsème ses Mémoires de remarques désobligeantes sur un peu toutes les personnalités rencontrées quelle que soit leur nationalité, du mufti de Jérusalem en passant par Anouar El-Sadate, sauf Canaris et Rommel.

Je tiens à signaler que cette version sortie chez Nouveau monde éditions ne comporte aucune mention de la version originale , ni nom de traducteur (je ne pense pas que Hussein Gaafar a écrit ses Mémoires en français !)
Comme souvent dans ce type de document, le manque de cartes est criant.
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Professionnellement, votre adversaire principal s'appelle Secret Intelligence service. Son organisation, ses ramifications, ses activités vous donneront la migraine comme à nous tous et vous empêcheront bien souvent de dormir, même pendant votre apprentissage! Vous allez vous heurter par priorité à la Navale Intelligence division en général, à la Geographic Section South III, en particulier. Elle couvre Turquie, Egypte, Syrie, Arabie, Irak, Perse, tous pays dans lesquels vous débuterez. Les hommes du Military Intelligence V vous donneront la chasse. Ces "durs-a-cuire" n'abandonnent pas facilement la partie lorsqu'ils découvrent une piste. Cependant, personne n'est infaillible et, pas plus que nous, ils ne représentent des surhommes. J'ajoute que peu d'Anglais sont capables de s'intégrer au monde physique et moral du Proche-Orient aussi bien que vous. Cette faculté représente votre meilleur outil de travail, votre cuirasse la plus difficile à percer. Aussi, lorsqu'à Berlin, les professeurs de stage donneront des cours sur la manière de s'intégrer au monde arabe, vous les écouterez poliment sans leur rappeler que, vivant là-bas depuis vingt-trois ans, vous en savez beaucoup plus long qu'eux. Le reste apparaît important: radio, codes, chimie, micro-photos, même cet embryon de formation militaire qui vous répugne mais vous servira si vous avez un jour à vous effacer sous un tir de fusil-mitrailleur.
Il se tut. Ses yeux paraissaient caresser des perspectives aimables quand il reprit:
-Pour un homme sûr de lui et affamé d'aventures comme vous, ce travail présente un intérêt tout à fait exceptionnel. Un bon agent reste son maître, dirige sa vie en marge du grand troupeau humain. Enfin, c'est mon avis!
Commenter  J’apprécie          240
C’est à la Mission laïque française du Caire qu’un vieux professeur lyonnais et radical-socialiste exerça une profonde influence sur ma vie. Il s’appelait Bousson. Chaque matin, il faisait lever tous les élèves et ordonnait :
- Maintenant, mes enfants, nous allons chanter la Marseillaise !
Puis il se tournait vers moi et, sans haine, mais avec une sorte d’inflexibilité qui venait de loin, il me clouait sur mon banc :
- Toi, le Boche, reste assis ! tu n’as pas le droit de chanter la Marseillaise !
Toute la classe, sauf moi, levait alors l’étendard sanglant contre la tyrannie, abreuvait les sillons, écoutait rugir les féroces soldats et trucidait maints rois ivres de sang et d’orgueil. Cela ne me gênait pas du tout. J’y voyais un rituel logiquement fermé à un enfant venant à la fois de la Souabe et de l’école Coranique.
Commenter  J’apprécie          20
C’est en flânant sur les bords du Gange que j’achevai de rejeter l’Inde. Des familles brûlaient leurs morts sur la rive et le parfum du bois de santal n’arrivait pas à dominer celui de la graisse en train de fondre. Des hommes, des femmes, buvaient à longs traits l’eau du fleuve, ou se baignaient sans complexe, tandis que d’autres urinaient paisiblement en amont, ou dispersaient dans le courant les cendres de leurs morts bien cuits.
Commenter  J’apprécie          30
Le mufti trône dans son fauteuil, superbe, en vrai prince oriental ; J’ai pourtant l’impression que Hitler pense : mais que fait ce bougnoule dans mon cabinet ? […] Pour ce raciste, que sommes-nous sinon des bougnoules ?
Commenter  J’apprécie          40
Je pense que l’espionnage pratiqué dans l’un ou l’autre des camps représente une activité aussi coûteuse que peu sérieuse. Il n’existe d’espion efficace que dans la littérature spécialisée.
Commenter  J’apprécie          40

Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Autres livres de John Eppler (1) Voir plus

Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}