"Condor. L'espion égyptien de
Rommel" est une autobiographie écrite donc par l'espion lui-même,
Hussein Gaafar. Cela signifie d'abord que même s'il fut arrêté il ne fut pas fusillé... puisqu'il a écrit ses Mémoires.
Cette biographie se lit facilement comme un roman d'espionnage, le style aidant. L'auteur se décrit comme un mélange entre James Bond et l'OSS 117 incarné par Dujardin : il réussit toutes ses missions, est supérieur intellectuellement à tous les autres espions, toutes les femmes se précipitent dans son lit et le fait d'être marié ne le freine pas pour les y honorer.
Autre détail qui fait penser à un roman d'espionnage anglo-saxon, il est écrit avec un certain humour britannique qui paraît étrange sous la plume d'un libano-allemand né à Alexandrie et élevé au sein d'une famille bourgeoise égyptienne.
Gaafar retrace son parcours depuis ses 19 ans et sa soif d'aventures au début des années 30. Ne souhaitant ni devenir un bourgeois que l'oisiveté aura rendu obèse comme ses cousins, ni un farouche bédouin du désert comme un de ses oncles, il part à l'aventure en devenant chercheur d'or sur les rives du lac Victoria. Ensuite, se liant d'amitié avec d'authentiques aventuriers-explorateurs, il devient leur guide dans la traversée de déserts d'Afrique et du Moyen-Orient.
Comme il fréquente les différentes mouvances indépendantistes égyptiennes, selon le principe l'ennemi (Allemagne) de mon ennemi (Angleterre) est mon ami, il rejoint l'Abwehr, les services secrets de l'armée allemande, non par idéologie mais pour chasser les Anglais d'Egypte.
Ses première missions consistent en prises de contact avec toutes les mouvances, tribus indépendantistes au Moyen-Orient, susceptibles de se soulever contre les Anglais. Parmi tous ces personnages se trouve le mufti de Jérusalem, qu'il décrit comme un personnage comploteur mais inutile, mais qu'il mènera jusque dans le bureau d'Hitler.
Les deux derniers chapitres, qui occupent un quart du livre, retracent les opérations Salaam et Condor, les plus célèbres de Gaafar et qui seront reprises dans le roman "
Le code Rebecca" de
Ken Follett. Elles consistaient à contourner les armées anglaises par les déserts libyen et égyptien, puis à infiltrer un émetteur radio et un opérateur au Caire afin de signaler à l'Afrika Korps de
Rommel tous les mouvements anglais. Comme on le sait, cela se terminera mal pour Gaafar, malgré lui.
Tout au long du livre, l'auteur précise qu'il n'a pas adhéré à l'Abwehr par goût pour le nazisme, et que, dès le début de la guerre, il est sûr que l'Allemagne va la perdre. Il parsème ses Mémoires de remarques désobligeantes sur un peu toutes les personnalités rencontrées quelle que soit leur nationalité, du mufti de Jérusalem en passant par
Anouar El-Sadate, sauf Canaris et
Rommel.
Je tiens à signaler que cette version sortie chez Nouveau monde éditions ne comporte aucune mention de la version originale , ni nom de traducteur (je ne pense pas que
Hussein Gaafar a écrit ses Mémoires en français !)
Comme souvent dans ce type de document, le manque de cartes est criant.