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sur 4179 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avoue qu'en tant que mâle blanc H2O (hétéro, occidental et oppresseur), la perspective de lire Virginie Despentes me donnait des sueurs froides. Mais à la suite d'une déambulation aléatoire dans ma librairie de quartier et attiré par la rutilante couverture ainsi que par la taille très courte de l'opuscule (je croyais que c'était un roman, c'est en fait un essai), je me suis laissé tenter.

Eh ben franchement c'est pas mal. Je dois dire d'emblée que j'ai un point commun avec Despentes qui est plus fort qu'il n'y parait, c'est notre origine classe moyenne (du genre moyenne moyenne). le mérite de Despentes est qu'elle ne s'exprime pas de sa tour d'ivoire de théoricienne bourgeoise, mais bien de son expérience personnelle de fille de la rue. Elle parle du viol, de la prostitution, de la pornographie, avec une force et une franchise renversantes en mode "tiens prends ça dans ta gueule".

Ce qui était nouveau pour moi, qui ai vécu dans des pays anglo-saxons et qui connais le féminisme par ce prisme-là, c'est le trait d'union que fait Despentes entre lutte contre le patriarcat et lutte contre le capitalisme. Rien de vraiment nouveau bien sûr, et on comprend bien l'idée sous-jacente : capitalisme = organisation de mâles blancs = patriarcat. Despentes nous parle comme si le féminisme c'était la lutte de la nature contre la société, contre la culture. J'aurais plutôt dit l'inverse (il me semble que c'est bien la modernité qui rend le féminisme possible, plutôt qu'un retour à un état naturel non identifié) et la position de l'auteure a eu au moins le mérite de me faire réfléchir.

Je passe sur l'interprétation de King Kong un peu tirée par les cheveux, King Kong en monstre non binaire, sérieusement ? Je l'aurais plutôt vu comme un symbole de virilité grotesque. Mais ce doit être ma masculinité que je projette sur le primate. Virilité, parlons-en, car Despentes se revendique tout au long de son essai comme une femme 'virile' : la virilité ne doit pas être l'apanage des hommes, les femmes peuvent aussi l'être. Certes.

On a ainsi droit sur la fin à une liste à la Prévert d'hommes virils pour nous montrer que la virilité chez les hommes c'est bandant aussi (allant de Joeystarr à Hemingway, pour moi des beaufs plutôt que des exemples de virilité, mais bon chacun ses fantasmes). Despentes est assez maligne pour se défendre de vouloir faire des femmes des garçons manqués : elle parle aussi pour les hommes pas virils, et puis aussi pour les femmes "féminines", qui aiment se faire belles et plaire à l'autre sexe. Elle les inclut dans son propos, elle sait bien que sinon son argumentation sans cela s'effondrerait, mais on sent quand même qu'elle ne les aime pas trop ces femmes-là, ou disons qu'elle s'en méfie, qu'elle ne les comprend pas. Fascinante limite théorique : il est impossible de définir ce que devrait être une femme, car ce serait là l'anti-thèse du féminisme. On est donc condamné(e)s à dire ce qu'elle ne devrait pas être, mais en n'étant jamais trop précise.

PS : Despentes remarque très pertinemment que malgré la prolifération de littérature féministe depuis près d'un siècle, le premier grand livre sur la masculinité se fait encore attendre. J'en prends bonne note.
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Vive les femmes qui ne se forcent pas être belles, éternellement jeunes et désirables, comme si leur seul salut était de plaire à des hommes dominants, comme si elles n'avaient pas d'autre valeur ou intérêt que d'être prise et possédée. Vive les femmes de 50 ans qui se fichent qu'un Yann Moix ne les désirent pas car elles ne se rabaissent pas à croire qu'il faut séduire à tout prix (même un mec qui ne leur plait pas, en plus !), ni à croire qu'elles ne sont que des objets sexuels avec de beaux fessiers à exhiber sur instagram en noir et blanc... L'émancipation ne viendra que quand les femmes elles-mêmes ne se verront plus comme des jolies choses, ne seront plus complices de la domination machiste.
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Un livre percutant sur le féminisme, qui a le mérite de faire réfléchir et comme le dit si bien Virginie Despentes : le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes et pour les autres.
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Que dire de plus sur King Kong Théorie. La première fois que j'ai lu ce livre j'avais ADORE ! Seconde lecture, 10 ans après et verdict: les premiers paragraphes du livre sont toujours aussi forts et cet ouvrage de Virginie Despentes reste un incontournable. Je ne suis pas vraiment d'accord avec deux chapitres de l'essai, où l'auteure parle de la pornographie et de la prostitution. Néanmoins, on retire forcément de cette lecture des réflexions, des idées fortes sur ce que c'est que d'être une femme qu'on soit en accord ou non avec le livre. King Kong Théorie, parle de sexe, de domination masculine, de rapport homme /femme et pourtant l'auteure se défend elle-même d'avoir été plus jeune une féministe. C'est en ce sens sans doute qu'il faut aborder cette lecture, au delà des opinions de chacun, au delà d'un livre qui a parfois un peu vieilli ( le traitement de la pornographie avant internet) c'est un livre écrit par une femme, qui s'adresse aux femmes et questionne les notions de féminité, de désir et de rapport que les femmes entretiennent avec les autres femmes et le sexe opposé. Quoi de mieux pour conclure que de citer la fin du livre:
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Dans cet essai, Virginie Despentes nous livre son avis sur les femmes et leur place dans notre société. C'est un essai féministe, coup de poing, qui ne laisse pas indifférent.
Le style est direct, parfois choquant, l'auteure n'y va pas par quatre chemins et tente de heurter son lecteur pour le faire réfléchir.
C'était une lecture très intéressante : même je ne suis pas toujours d'accord avec son point de vue, cela m'a fait réfléchir à des sujets auxquels je n'aurais pas forcément pensé, sous un nouvel angle. Sans cautionner ce qu'elle dit, ses propos nous ouvrent un peu l'esprit et amènent à REFLECHIR. Et pour cela, c'est une lecture que je conseille, qui amène au débat et donc peut faire avancer les esprits.
Lien : https://www.leslecturesdevi...
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Même quand on n'est pas forcément fan de la plume souvent trash de Virginie Despentes,son King Kong Théorie dépote.

Dans ce texte écrit en 2006 le trash est certes là, bel et bien là, mais comme un moyen et non une fin, c'est un outil de dénonciation, c'est un poing que l'on brandit, c'est une voix que l'on hausse pour être entendu.

Un texte fort qui interroge sur ce qu'est le féminisme : est-ce l'émancipation de la femme sur l'homme ? La conquête de l'égalité des sexes ? La volonté de sortir de carcans devenus "normaux" ? Être féministe, pour Virginie Despentes, c'est aussi s'assumer en tant que femme, revendiquer sa place dans la société, sa liberté, comme celle, de parler et d'user de son corps sans en rougir, sans la crainte de se faire traiter de putain, de salope, de traînée.


On a un mal fou à se dire que ce texte a été écrit en 2006, tellement il résonne encore aujourd'hui, dans cette époque où le #MeToo se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et s'épanche dans la nouvelle littérature, où les cas de harcèlement sexuel sont légion, dans cette société où le machisme et le sexisme sont rentrés dans les moeurs. Alors, on peut se demander, quand est-ce que tout ça va changer ?
En finissant ce King Kong Théorie on a bon espoir de se dire qu'avec des mots, on peut continuer à la mener, cette rébellion féministe.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une écriture franche et percutante souvent crue. On sent la colère derrière les mots. La colère d'être traitée avec condescendance, mépris, paternalisme, violence... parce qu'on est une femme. Nous sommes nombreuses à avoir ressenti cette colère. Ses mots Virginee Despentes ne les mâche pas. On est d'accord ou pas mais au-delà du coup de gueule et du ton vindicatif il y a une argumentation construite et réfléchie. Il faut du cran pour s'exposer ainsi d'autant que c'est fait sans misérabilisme. Elle n'a rien à faire de notre compassion, ce n'est pas l'objectif, ce qui compte c'est le propos. Être écoutée, entendue, pas plainte. Donc sur la forme j'adhère complètement.

Sur le fond, je ne suis pas d'accord avec toutes les positions prises par l'auteur mais dans tous les cas les arguments de Virginie Despentes poussent à la réflexion et à la remise en question. J'ai parfois eu un peu de mal avec le manque de nuance, on frôle la caricature quand elle parle des femmes mariées. Cependant je pense que c'est voulu par l'auteure : provoquer pour inciter le lecteur à réagir, à s'indigner, s'opposer ou adhérer, mais ne pas laisser indifférente.
A contrario j'ai aussi complètement adhéré à certains propos. Quand l'auteure nous dit que pour une femme exercer son droit à circuler librement va de paire avec prendre le risque d'être violée c'est malheureusement vrai. On doit parfois choisir entre liberté et sécurité, je ne me l'étais jamais formulé ainsi et dit comme ça, j'ai trouvé cet état de fait encore plus injuste.

On sent que Virgine Despentes a une envie folle de faire bouger les choses de briser ce carcan imposé par la société. Elle a jeté ses mots avec hargne sur le papier et ça fonctionne, je me suis sentie concernée.
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Je connaissais Virginie Despentes pour son film Baise-moi, ainsi que son image sulfureuse, tant pour sa verve que pour les sujets qu'elle évoque.

Ce côté vulgaire et sans fard se retrouve du début à l'autre de cet essai, mais ne le rend que plus percutant. Au-delà du langage cru et de propos provocateurs, la plupart des assertions de l'auteur sont éclatantes de pertinence et de bon sens dont on semble totalement dépourvu dès lors qu'il s'agit de traiter l'épineuse question de l'égalité entre hommes et femmes qui semble toujours bien loin d'atteindre un équilibre.

On retrouvera des passages biographiques et des réflexions sur le viol qu'a subi l'auteur, mais aussi sur son expérience de la prostitution et son approche de l'industrie pornographique, ainsi que des prises de positions politiques et sociologiques propres aux réactions des femmes face aux hommes. Lorsqu'on lit ce petit condensé de fureur justifiée, on ne peut s'empêcher de songer que ce récit s'inscrit parfaitement dans la succession des scandales et l'apparition du #metoo. Puis l'on regarde la date de parution...2006. Petit électrochoc puisque douze années nous sépare de la publication de ce petit ouvrage à lire de toute urgence, qui ne laisse pas indifférent, que l'on soit d'accord ou non avec ses propos.
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Essai coup de poing sur le féminisme. Entre témoignage et théorie car Virginie Despentes part de son expérience personnelle, notamment du viol qu'elle a subi à l'âge de 17 ans. Elle réfléchit sur les rapports hommes femmes si bien que cela concerne aussi bien les uns que les autres. Passage très intéressant où elle démontre les inconvénients pour les hommes au modèle de l'homme dominateur, viril, à la société patriarcale. Après son viol, elle s'aperçoit que les livres ne l'aideront pas, qu'elle devra s'en sortir seule sans jouer la victime permanente. Néanmoins, une féministe Camille Paglia lui fait découvrir que le viol, l'agression est pour les femmes "un risque à prendre" plutôt que de rester enfermées. le viol concrétise toutes les croyances sur la masculinité.
Elle analyse tout ce qui dans les rapports homme femme relève de la construction sociale, l'essentiel en fait. Elle se reconstruit par la prostitution (eh oui...), écrit que les femmes ont une tendance au masochisme, que la féminité est gage de soumission, docilité, qu'elle est destinée à rassurer les hommes sur leur virilité. La femme vulgaire, brutale choque. Analyse du porno également. Bref un texte assez trash. Là où je ne suis pas d'accord, c'est que la féminité (dans le plaisir de s'habiller, se maquiller en particulier) n'est pas seulement destinée à séduire les hommes, elle est aussi plaisir, manière d'être bien avec soi-même.
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Livre coup de poing ! A mettre dans toute les mains ! Malgré il est vrai la redondance de la base "punk-rock" des idées de Despentes, j'ai particulièrement aimé le rapport entre lutte féministe et lutte des classes. le fait que derrière l'injonction à la "virilité" on veut faire de nous (les mecs) de bons petits soldats. Si ce qu'elle nous dit fini par être intégré par les masses, ce qu'il reste de machos finira par réaliser ce qu'ils sont; des dinosaures, en voie d'extinction sans même le savoir...
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