AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 4054 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Virginie Despentes ose les mots pour le dire. Dire quoi au fait ? La King Kong théorie, c'est-à-dire la réalité des rapports hommes-femmes directement liés au formatage, dès le plus jeune âge, des uns et des autres par une société fondamentalement patriarcale. Ainsi l'homme se doit d'être viril et dominer la femme qui ne connaît qu'une posture : la soumission.

Ceux ou celles qui tentent d'agir autrement, par exemple une femme qui veut être libre doit prendre le risque d'être violée, et si viol il y a, elle doit prouver qu'elle n'était pas d'accord. le viol est donc perçu par la société, et souvent par la femme elle-même, comme un mal inévitable parce que lié à la virilité masculine.

Prenant son expérience personnelle de la prostitution, Virginie Despentes estime aussi que comme la pornographie, celle-ci ne doit plus être organisée par et pour les mâles. Elle revendique pour les femmes le droit de disposer de leur corps pour gagner de l'argent si c'est leur volonté, et ce sans être ostracisées et mises au ban de la société.

Un discours féministe qui peut paraître radical, la forme l'est souvent, qui est une réflexion argumentée, sensible et bien formulée de la condition féminine (et masculine) et de sa nécessaire évolution.
Commenter  J’apprécie          1529
D'où vient la force de ce texte? Tout en déconstruisant l'image glamour et fallacieuse de la féminité, Despentes réinvente la figure de l'intellectuel(le). Telle Rousseau, elle part de ce qu'elle a sous la main - elle-même - et tire de sa propre expérience une vision neuve de la société. Je suppose que nous avons toutes déjà eu affaire au mansplaining, quand un type nous explique ce que nous savons mieux que lui. Ce discours paternaliste entonné par l'homme blanc et son acolyte la bourgeoise concernée, Despentes lui rive le clou: ce n'est pas à elle qu'on va expliquer ce qu'est la fâme et sa sexualité, parce qu'elle-même est une femme, qu'elle a été violée, qu'elle s'est prostituée et qu'en plus elle a lu des livres. Alors même si Naulleau s'est étranglé d'effroi méprisant à la sortie de ce court essai, qui est légitime sur ce coup? Ben elle.
Comme Rousseau explique la société à partir d'une situation originelle fondatrice (l'état de nature), Despentes explique l'ordre patriarcal par le viol. Intuition que Metoo a confirmée: toute femme n'a-t-elle pas un jour ou l'autre consenti, par peur, par amour, par lassitude, apprenant ainsi un peu plus son rôle de soumission ?
Mais comme c'est un rôle, nul besoin de l'apprendre: une femme peut survivre sans abonnement à Body minute, rire grassement ou bien gagner sa vie. Elle peut même survivre à un viol, à des tombereaux d'insultes. D'ailleurs être une femme c'est comme avoir de gros mollets ou aimer le maquereau, c'est un fait, qui peut avoir son importance, mais qui ne définit que très médiocrement un individu.
Pauvre Jean-Jacques. Encore un dont les désirs et le moi social ne collaient pas vraiment. Affamé d'amour et de reconnaissance, pas très à l'aise dans son rôle de mec. Prolo que ce grand bourgeois de Voltaire jamais n'adouba. Virginie Despentes, c'est Rousseau plus la punkitude, c'est un Jean-Jacques qui a réussi.
Commenter  J’apprécie          495
Le double langage du jeu social, la double contrainte pesant sur les femmes comme sur les hommes, la binarité commode, homme/ femme, à laquelle on tente de renvoyer tout, et qui ne résout rien, Virginie Despentes les balaie d'un grand revers de perfecto clouté…

Place à l'hybride d'avant le chaos!

Place à King Kong, bienheureuse créature d'avant la généralisation de la pensée générique! Et vive le rock punk qui célèbre ce chaos à sa façon!

Soyons sérieux, et revenons à nos moutons..

Son essai – ou plutôt son autobiographie élargie aux concepts d'une condition féminine revisitée par l'expérience- je l'ai dévoré en quelques jours : il m'a fait rire, réfléchir, bondir aussi, mais plus par empathie que par désaccord !

Dans sa langue simple, crue, parfois trash- toujours percutante, souvent caustique et même réjouissante - Virginie Despentes revisite les étapes marquantes de sa propre expérience et même si elle interroge, au passage, les grandes penseuses de la condition féminine- Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Lydia Lunch, Camille Paglia, etc…- ce sont ces étapes qui impriment à l'essai sa structure , déterminent ses chapitres : le viol, la prostitution, le métier de hardeuse, la « conversion » homosexuelle.

Qu'on ne se méprenne pas, cependant : pas la moindre complaisance à la confidence scandaleuse. Ce récit d'une vie est filtré par une réflexion ferme, argumentée, convaincante qui lève un à un les faux-semblants de l'auto-proclamée « révolution sexuelle ».

Merci à Canel qui m'en a recommandé la lecture…même si j'avais déjà dévoré les trois Vernon Subutex et avais une petite idée de ce qui m'attendait. Mais dans son essai, VD m'a mis les points sur pas mal de « i » .

Et dans viol, prostitution, pornographie, féminisme…il y en a, des « i » , si on compte !
Commenter  J’apprécie          4711
Même quand on n'est pas forcément fan de la plume souvent trash de Virginie Despentes,son King Kong Théorie dépote.

Dans ce texte écrit en 2006 le trash est certes là, bel et bien là, mais comme un moyen et non une fin, c'est un outil de dénonciation, c'est un poing que l'on brandit, c'est une voix que l'on hausse pour être entendu.

Un texte fort qui interroge sur ce qu'est le féminisme : est-ce l'émancipation de la femme sur l'homme ? La conquête de l'égalité des sexes ? La volonté de sortir de carcans devenus "normaux" ? Être féministe, pour Virginie Despentes, c'est aussi s'assumer en tant que femme, revendiquer sa place dans la société, sa liberté, comme celle, de parler et d'user de son corps sans en rougir, sans la crainte de se faire traiter de putain, de salope, de traînée.


On a un mal fou à se dire que ce texte a été écrit en 2006, tellement il résonne encore aujourd'hui, dans cette époque où le #MeToo se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et s'épanche dans la nouvelle littérature, où les cas de harcèlement sexuel sont légion, dans cette société où le machisme et le sexisme sont rentrés dans les moeurs. Alors, on peut se demander, quand est-ce que tout ça va changer ?
En finissant ce King Kong Théorie on a bon espoir de se dire qu'avec des mots, on peut continuer à la mener, cette rébellion féministe.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          381
King Kong Théorie de Virginie Despentes est un essai percutant et audacieux qui explore les liens entre la sexualité, le féminisme et la société patriarcale. En s'appuyant sur son expérience personnelle et sur une analyse acerbe de la culture populaire, Despentes déconstruit les notions de genre et de domination, remettant en question les discours dominants sur le viol, la prostitution et la pornographie.

Despentes n'hésite pas à se mettre à nu et à partager ses expériences douloureuses, créant une connexion intime avec le lecteur. Elle décrypte avec brio les mécanismes de domination qui structurent la société patriarcale et montre comment ils impactent la vie des femmes et des hommes. Son écriture est crue, directe et souvent provocatrice, mais toujours empreinte d'une grande intelligence et d'une sensibilité rare.

Néanmoins, la radicalité de certaines positions peut prêter à débat et l'absence de solutions concrètes peut laisser le lecteur frustré.

King Kong Théorie est un essai incontournable pour quiconque souhaite réfléchir à la place des femmes dans la société et aux rapports de domination entre les sexes. C'est un livre qui bouscule les idées reçues et ouvre la voie à de nouvelles réflexions sur la sexualité, le féminisme et l'avenir de nos société.
Commenter  J’apprécie          340
Je connaissais Virginie Despentes de nom, mais je n'avais jamais lu d'oeuvres d'elle jusqu'à ce jour. Ce fut un peu par hasard que je me suis retrouvée avec "King King Théorie" dans les mains. La couverture ne m'attirait pas vraiment, ni le titre, mais mon père a réussi à bien me le vendre et à me donner envie de le lire.

Virginie Despentes a un langage brutal. Cru, souvent. Et pour être honnête, je n'ai pas trop accroché à son style d'écriture.
Néanmoins... Sa manière de s'exprimer est frappante. Marquante. Elle bouscule. Elle a un style qui ne laisse pas indifférent.e. Je n'en suis pas fan mais je ne peux nier que son récit est percutant ; elle a sa personnalité, elle dit ce qu'elle a envie de dire et avec ses mots, parfois durs, c'est vrai, mais qui font réfléchir... Quelque part, je ne peux qu'en être admirative.

Ce n'est pas un coup de coeur... mais j'ai aimé. J'ai aimé des choses qu'elle a pu dire et me voilà contente d'avoir pu découvrir une de ses oeuvres !
Commenter  J’apprécie          310
Un pamphlet qui brûle, s'enflamme et...laisse à nu quelques vérités pas toujours bonnes à dire et encore moins à entendre.
Bien sûr qu'elle est en rage et il y a de quoi mais, c'est une colère saine.
Un coup de pied et de poing dans un concept de la féminité qui date et perdure.
Une bonne analyse de la façon dont notre société aliène en douceur aussi et en sous-main. Certes on s'en rend compte mais le rapprochement avec l'éducation féminine, les diktats auxquels nous nous soumettons, nous intégrons, est révélateur. Et le rapprochement avec l'organisation de la société qui infantilise.
Ce qui m' a le plus interpellé c'est cette façon de s'effacer, d'accepter, d'attendre que celui qui a le pouvoir reconnaisse et récompense les compétences de celle(s) qui s'échine(nt) sous son pouvoir. Et Virginie Despentes en parle bien, soulignant comme il est quasiment impossible a une femme d'utiliser ses armes en cas de danger, les vraies, celles qui ne relèvent pas du charme.
Quant à la masculinité, c'est un concept difficile à définir. Je repense encore à un café BD dont le thème était le masculin : pas facile ! Ni pour moi, ni pour mes compères. Anecdote certes mais significative.
La prostitution et le porno : bien vu et analysé aussi Madame Despentes.
Eh oui, le porno c'est du cinéma ! et la prostitution un métier qu'il est difficile d'accepter et de respecter. Il me revient en mémoire ce film sur une étudiante brillante et sans vrais besoins financiers qui se prostitue. Perturbant !

J'ai été touchée par le ton (le tonitruant et l'autre plus calme, plus serein),et par la pensée claire et structurée de Virginie Despentes.

Des redites bien sûr, mais c'est le reflet du besoin de l'auteure de faire tomber les oeillères, de convaincre que chacun peut changer le monde dans ce qu'il a de rebutant en élargissant nos vues, en changeant nos a prioris et attitudes. C'est pas facile et c'est pas gagné !
Commenter  J’apprécie          231
Un essai sur le feminisme de gauche vu par Virginie Despentes est toujours vitalisant. L'auteure aborde en vrac la soumission des femmes, le viol (dont le sien), la prostitution, sa place d'écrivaine puis de cinéaste avec son livre Baise-moi, et d'autres sujets, avec vitalité et conviction.
Certaines de ces idées ont fait mouche chez moi, d'autres non, mais dans l'ensemble j'ai bien aimé son approche et son style.
(aller voir les citations où 90% de ce petit livre doivent être présents...).
A lire, qu'on soit homme ou femme, et si la verdeur du ton en choque certain(e)s, elle donne un dynamisme et une sincérité bienvenus à cet essai.
Commenter  J’apprécie          222
J'ai quitté Virginie Despentes avec la fabuleuse trilogie de Vernon Subutex et je la retrouve avec cet essai en forme de coup de poing. Ce n'est pas forcément facile de parler, de chroniquer un essai féministe quand on est un homme, tout simplement. Comme le dit Virginie Despentes notre civilisation ne nous formate pas de la même façon, il est difficile de s'extraire autant pour les femmes que pour les hommes d'un système de pensée. Pour autant, même sans être d'accord avec tout, cette lecture est salutaire pour tout homme.

King Kong théorie commence par un premier paragraphe iconique « J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles,… » Puis Virginie Despentes développe cet essai en termes crus sur la féminité et la masculinité. Elle aborde son style punk, et son passé dans la pornographie et la prostitution. Pourtant, elle ne subit rien et choisit délibérément des voies marginales. Des chemins qui la mènent à des réflexions sur la condition féminine.

Virginie Despentes cite Virginia Woolf, Angela Davis, Gail Pheterson, et Simone de Beauvoir dans le deuxième sexe « En effet, l'homme représente aujourd'hui le positif et le neutre, c'est-à-dire le mâle et l'être humain, tandis que la femme est seulement le négatif ». Elle porte un regard aigue sur notre société qui a certes évolué depuis les années 70 / 80 mais dont les schémas restent tout de même encore similaires, car King Kong théorie semble toujours d'actualité.

❓Un autre essai à me conseiller sur ce thème ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
Commenter  J’apprécie          204
Ce court texte relève à la fois de l'essai féministe, du témoignage et du cri de frustration (celui qu'on a toutes eu envie de pousser un jour ou l'autre ou qu'on aura envie de pousser à l'avenir). King Kong Théorie et son autrice ont suscité la polémique du fait des thèmes abordés et de la crudité du langage employé. Parce que c'est une femme qui ose aborder ces thèmes et parce qu'elle ose employer ce langage.

(...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (9150) Voir plus



Quiz Voir plus

Virginie Despentes

Virginie Despentes est un pseudonyme. A quoi fait-il référence ?

au nom de jeune fille de sa mère
à l'anagramme du nom de son chanteur préféré
au quartier des pentes de la Croix-Rousse à Lyon

10 questions
278 lecteurs ont répondu
Thème : Virginie DespentesCréer un quiz sur ce livre

{* *}