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4,16

sur 4179 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me considère comme étant féministe. Et comme n'importe lequel des militantismes, je suis convaincue qu'être féministe, ça se travaille. Il n'existe pas qu'une seule vérité, qu'un seul féminisme. Celui-ci peut prendre plusieurs aspects et varier en fonction de nombreux critères. Je ne me suis pas réveillée un matin avec les idées que j'ai aujourd'hui et n'aurai sans doute pas les mêmes demain. Nos idées et points de vue sont voués à évoluer et se construisent à force de réflexions, conversations, échanges et lectures.

L'essai de Virginie Despentes fait partie de ces ouvrages inoubliables qui m'ont permis d'entamer une réflexion profonde, de revoir certains de mes jugements et opinions.

Drôle de titre pour un essai féministe que ce King Kong Théorie… Et pourtant, dans un chapitre, l'autrice y fait un parallèle avec le film King Kong (2005) de Peter Jackson. Elle analyse l'histoire et la mise en scène pour dénoncer la délicate place allouée à la femme dans une société patriarcale.

Le livre s'organise en 6 chapitres qui traitent chacun une notion importante. Virginie Despentes aborde entre autres la révolution sexuelle, le viol, la prostitution et la pornographie. le tout de manière très personnelle puisqu'elle y injecte des bribes de sa propre histoire.

À la sortie du livre, les critiques n'ont pas toutes été élogieuses et certains lecteurs y ont parfois vu « la haine de l'autre« . Pourtant, le texte ne laisse jamais entrevoir la haine, bien au contraire. Si son autrice s'intéresse surtout à la condition féminine, elle ne laisse pas totalement de côté les hommes à qui l'on impose une "virilité traditionnel, entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité". Que l'on soit d'accord ou pas, King Kong Théorie bouscule, interpelle et permet d'amorcer une remise en question.

Virginie Despentes a su mettre des mots justes, construire sa base de réflexions et les rassembler dans un texte tout à fait abordable. Si la lecture de King Kong Théorie est difficile, c'est davantage parce qu'il y est question de sujets sensibles, de constats alarmants et de vérités criantes. Elle nécessite une part d'introspection qu'il faut pouvoir accepter. Jouer le jeu et se remettre en question.

Un essai que je suis heureuse d'avoir enfin découvert et qui n'est que l'introduction de ma découverte du travail de Virginie Despentes.
Lien : http://ivredelivres.com/king..
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Ce petit essai féministe m'a permis de renouer avec Virginie Despentes. Dans cet ouvrage, l'autrice nous fait part de ses réflexions autour de la cause féminine et aborde des sujets durs qu'on a peu l'habitude de rencontrer, tels que la prostitution ou le viol. Ecrit sous la forme d'un témoignage, il lui permet d'illustrer ses propos par des exemples personnels. C'est un texte qui vous remue, qui peut parfois être dérangeant, mais qui apporte beaucoup au débat sur le féminisme. A lire, assurément !
Lien : https://www.maghily.be/2017/..
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Sans réserve, Virginie Despentes livre un essai intime et virulent sur le féminisme. A travers son expérience dramatique du viol lorsqu'elle avait 17 ans, de ses années de prostitution, de ses errances professionnelles ou de son appartenance au mouvement punk-rock, elle élabore un discours argumenté (qu'elle étaye de ses lectures) éreintant les théories bien-pensantes sur le viol, la prostitution et la pornographie.
De ses mots crus et francs, elle aborde également les relations homme-femme, insistant sur l'infantilisation des femmes dont on entrave le libre-arbitre, la pression subie par les hommes, les supervisions abusives de l'Etat dans les choix que l'on est apte à faire. Elle écrit ce qui se tait, ce qui se cache, ce qui se juge. Elle ose raconter les stéréotypes, les convictions de masse suscitées par les médias (par exemple, le reportage sur la prostitution dont elle critique le manque d'objectivité), l'accueil de ses écrits dans la presse… Elle décortique les idées reçues qui conditionnent le regard de chacun sur le sexe, le couple, la liberté, l'indépendance, la violence, les pulsions. Elle interpelle.
Le discours de V. Despente, pertinent et articulé autour de son vécu – se taire, minimiser le viol dont on tait le mot, culpabiliser mais vivre, se relever – interroge sur les perceptions de chacun et sur les cheminements sociaux et éducatifs qui ont induit ces perceptions, cautionnant les violences faites aux femmes. L'ensemble est complexe. Néanmoins, ce discours peut parfois heurter par son extrême – ou par l'idée d'une pensée juste et unique- lorque V. Despentes aborde la prostitution dont la liberté de jouissance maitrisée et tarifée s'oppose à celle emprisonnée et gratuite au sein du couple. C'est un peu comme affirmer que l'une est libre, l'autre non, sans envisager que tout n'est ni noir, ni blanc, mais qu'une multitude de nuances s'appliquent à chacun de nos choix.
Il est difficile en quelques mots d'écrire ce que cet essai évoque. Je pense qu'il est important de le lire et de s'en faire une opinion propre en fonction de son vécu, de ses choix, de ses expériences, et de réfléchir sur les nombreux sujets d'actualités que les médias révèlent. Je m'interroge surtout sur le fait que cet écrit a été édité en 2006 et que, 10 ans plus tard, la situation des femmes demeure rigoureusement semblable…

Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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Que les choses soient claires, j'aime beaucoup Virginie Despentes. Plus que sa littérature, j'aime sa vie décalée, son côté ex-alcoolique, ex-junkie, ex-pute, ex-sdf, ex-hétéro ; un peu la meuf qui a tout vu tout lu, que rien ne choque, que tout embarque.

J'ai été à la fois très déçue par cet essai, tout en étant complètement conquise par les réflexions qu'il a fait naître en moi. On est bien dans du Virginie Despentes, avec des titres de chapitres aussi classes et provocs' que « je t'encule ou tu m'encules ? » et des argumentations super bien tournées que nul ne peut réfuter. le seul hic – et l'on sait heureusement qu'elle a vieilli depuis – elle est très agressive à l'égard de ceux qui l'ont contrariée dans sa vie, ce qui du coup fait retomber le poids de son essai. Mais qu'importe, une femme qui se bat pour les femmes de façon très différente des autres femmes, ça me plaît, même si je dois dire qu'aussi parfois je trouve qu'elle caricature un peu trop les choses…



Mais que raconte cet essai précisément ?

L'auteure nous livre ses réflexions sur 4 aspects importants : le viol / la prostitution / la pornographie / le chemin des femmes. le tout dans une verve féministe très intéressante et relativement avant-gardiste (comme elle le dit elle-même, elle ne s'excuse pas d'écrire ce qu'elle écrit, à la différence d'une Simone de Beauvoir qui s'excuse auprès des hommes en leur disant que malgré tout elle les aime etc.). Chacune de ses positions est étayée par son expérience personnelle. Parfois, cela sert le propos, et parfois cela le dessert, car on ne peut pas tirer toujours d'un cas particulier une généralité.

Il y a toute une partie bonne à relire mais finalement dans laquelle je n'ai pas appris grand-chose. Les femmes ont intégré jusqu'à l'os l'idée que leur indépendance pourrait être néfaste. Ne pas avoir d'homme dans sa vie, s'assouvir seule, gagner sa vie largement, vivre comme un mec, libre, sans contraintes, c'est « ne pas avoir de féminité ». Aimer boire, rire fort, s'envoyer en l'air quand ça nous chante avec n'importe qui, c'est « ne pas avoir de féminité ». Parce qu'être féminine, n'en déplaise à certaines, c'est in fine accepter d'être sous la coupe d'un ou des hommes. On ne s'en rend même plus compte tellement nous l'avons assimilé. Il faut être belle mais pas trop (parce que les autres femmes t'en veulent et les mecs ne te draguent plus – trop inaccessible voyons !), riche mais moins que ton mari (sinon il perd sa culotte), enjouée et amusée mais pas drôle à se faire pipi dessus (sinon tu es un bon pote), intelligente et cultivée mais sans trop ouvrir ta gueule (sinon « tu es mignonne mais je vais t'expliquer »). En bref, il faut se positionner un cran en-dessous de ce que nous aimerions être. J'entends les commentaires (« oui, non, tu exagères », mais je vous laisse y réfléchir plus longuement avant de rétorquer). Evidemment, il y a eu des avancées énormes en notre faveur, mais enfin le chemin est long, et les hommes restent malgré tout convaincus qu'ils nous dominent un peu, même s'ils n'en ont pas conscience. D'ailleurs au-delà d'une conviction, c'est une réalité !

J'ai 33 ans. Si je suis sympa avec un mec, que je m'intéresse à lui en tant que personne, pas en tant que bête de sexe, il est généralement convaincu que je le dragouille. Je suis l'une des plus diplômées de ma boite, mais je suis moins payée que tous les hommes qui y bossent (à part deux petits jeunes qui viennent d'arriver à la compta), et pourtant je suis dans une boîte dite « avant-gardiste ». Mon mari me dit qu'il s'en fout qu'un jour je gagne plus que lui, mais n'empêche que ce jour-là n'est pas près d'arriver (nous avons 2000 euros nets d'écart !) et ce, bien que je sois plus diplômée que lui également. La société attend de moi que je garde mes enfants quand ils sont malades, plus que mon mari lui-même (qui pourtant le fait et malgré tout, ça me fait culpabiliser). Mais finalement, tout ça, nous le savons. Nous savons qu'il vaut mieux arriver les ongles faits et maquillée pour avoir un poste. Nous savons que le délit de sale gueule existe plus particulièrement envers nous. Nous savons qu'il faut flatter un homme pour obtenir de lui ce que l'on veut. Vous n'apprenez rien, moi non plus.

En revanche, point beaucoup plus marquant, Virginie Despentes aborde la question de la prostitution. Selon elle, et c'est vraiment l'argument que je retiens de l'ouvrage, nous sommes toutes plus ou moins des putes. A peu de choses près, nous acceptons de filer à fréquence régulière notre corps à nos compagnons. Vous allez me répondre « oui, mais je l'aime blabla », sûrement, mais n'empêche, ne le faisons-nous pas pour conserver ce que nous obtenons de lui (les enfants, la maison, les vacances, les voyages, la vie sociale) ? Combien de femmes font l'amour en se disant « bon ben là faut se forcer un peu quand même », comme s'il était acquis dans notre inconscient de femme que OUI, il faut écarter les cuisses sinon il peut nous quitter. Pitié épargnez-moi les commentaires genre « chez nous c'est de l'amour, je ne me force pas ». Virginie Despentes explique que c'est un processus inconscient auquel souvent nous nous plions avec entrain, puisque nous faisons bien ce que nous avons à faire, ce que l'on attend de nous.

Suis-je la pute de mon mari ? Cette question me travaille beaucoup depuis. Un soir, je me suis retournée vers lui et je lui ai demandé : « est-ce que je suis ta pute ? », en lui expliquant bien sûr les arguments derrière. Réponse de l'homme « non, ou alors je suis ta pute aussi ». Oui mais non, parce lui gagne plus et n'a pas été « construit » en femme. Son acceptation dans le foyer familial se joue ailleurs. Mais c'est un homme, il a du mal à saisir ce que je dis, parce que c'est dérangeant quand même.

Les femmes qui ne veulent être la pute de personne, faire carrière et ne rien devoir à un mec sont considérées comme à part, un peu déviantes, viriles. Prenez des exemples autour de vous et regardez ce qu'on en dit.

Un mec de mon âge me parlait l'autre jour du fait que sa femme faisait énormément de choses pour sa famille et qu'il l'aidait finalement peu ou autrement que ce qu'elle aimerait. Quand je lui ai demandé : « tu fais quoi toi pour aider ? », il m'a répondu du tac au tac, avant de rougir de sa réponse « je paye ». Voilà. On y est, l'homme doit payer, la femme doit sucer. A peu de choses près, c'est ça. Alors bien sûr, tout le monde n'est pas comme ça, évidemment, mais grosso modo, ça reste le fonctionnement de la société pour laquelle nous oeuvrons !

Tout ça pour en conclure qu'autant faire la pute pour des inconnus et gagner du fric ! Bon, Despentes dit toujours les choses de façon un peu cash mais ce n'est pas faux. En quoi ce serait grave de légaliser la prostitution ? En vrai, l'auteure dit beaucoup mieux les choses que moi et je vous présente ici ce que j'en ai retenu, et non forcément ce qu'elle dit stricto sensu.



Concernant le viol et les agressions sexuelles, Despentes reprend les idées de la féministe américaine Camille Paglia. Elle invite à considérer ces événements, qu'hélas nous avons toutes plus ou moins vécues (je ne connais AUCUNE nana qui au minimum ne s'est pas fait agressée – vachement réconfortant comme constat) comme le prix à payer de notre liberté et à ne pas sombrer dans une position de victime (attention je ne dis pas que nous ne sommes pas victimes d'une agression).

En gros, dans cet angle de vue, le viol et les agressions sont le prix à payer de notre liberté. Avant, on ne sortait pas, on restait chez papa ou maman ou dans les couvents. On a voulu voir l'extérieur, vivre, prendre des risques, et le risque inhérent à notre condition de femme, c'est l'agression par l'homme. Voilà, c'est dit. Tu joues ou tu ne joues plus ?

Ce constat peut mettre en pétard, ça se conçoit, mais il invite à plus de résilience que les autres positions. En vrai, nous sommes toutes des victimes, et nous faisons toutes avec. Nous savons – ô combien nous le savons – que nos filles vont devoir connaître de près ou de loin cela. Nous flippons, parce que jusqu'à preuve du contraire, c'est un passage obligé.

A 16 ans, un type m'a agressée au couteau en bas de chez moi en voulant me violer, une chance inouïe m'a sauvée de ce mauvais moment. Je n'en ai pas parlé pendant des années à ma mère parce que je savais qu'elle allait avoir peur, m'empêcher de sortir. J'ai eu peur longtemps, très longtemps, mais ça m'a permis de mieux me protéger, reconnaître les situations à risque. Cet évènement fut indéniablement traumatique, mais pour autant, mes 16 ans restent une année de fêtes et de rires incroyables. Ce que pointe Virginie Despentes, c'est que l'on n'apprend pas aux filles à se défendre. Lorsque l'on se fait agresser, on ferme les yeux, on serre les dents, on attend que ça passe. L'enjeu est de rester en vie, pas d'empêcher l'agression. Virginie Despentes s'est fait violer dans une voiture par trois mecs, un viol immonde. Elle avait un cran d'arrêt sur elle, et n'a pas du tout pensé à s'en servir, sa seule crainte était que les mecs le trouvent et la tuent. Je la comprends tellement. Mais comme elle le dit elle-même : « le jour où les mecs auront peur de se faire lacérer la bite à coups de cutter, ils sauront brusquement mieux contrôler leurs pulsions masculines ».

En gros, si je schématise ses propos, la société n'apprend pas aux filles à se défendre parce que cela convient au sexe fort que l'on ne sache pas se défendre. La société créé des aides a posteriori, où l'on peut appeler si drame il y a ou il y a eu. Mais si l'on apprenait à nos petites filles à se défendre, ou plutôt à nos petits garçons à avoir peur de mourir s'ils nous agressent, le monde irait (peut-être ?) différemment.



La dernière partie sur la pornographie a beaucoup moins d'intérêt pour moi car Despentes y est trop agressive, je vous laisse le soin de la découvrir si cela vous intéresse mais je n'ai retenu que bien peu d'arguments.

Voilà en gros ce que j'ai retenu de cet essai beaucoup plus riche que ce que j'en présente. Mais je ne prends pas de notes, du coup j'écris à partir de ce que j'en ai retenu, ce qui indéniablement le biais de l'exercice, bien qu'il ne s'agisse pas d'une fiche de lecture… Vous y trouverez également plein d'infos sur la difficile tâche d'être un homme etc.

En bref, un essai féministe intéressant qui contribue à me donner chaque jour l'envie d'agir pour nous, les femmes et pour reprendre les termes de l'auteure herself : « il ne s'agit pas d'opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l'air. Sur ce, salut les filles, et meilleure route… »



Jo la Frite
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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plus qu'un pamphlet feministe une vrai critique de la société du paraitre et consommer, la 4e de couverture donne bien le ton pour une fois
don't believe the hype!
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Je me demande comment ai-je fait pour ne pas lire Despentes avant 2017 ! On prend une claque avec sa plume acérée et qui dérange certains esprits trop conservateurs. Elle dresse un tableau assez juste de la réalité, n'en déplaise...
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Virginie Despentes ose les mots pour le dire. Dire quoi au fait ? La King Kong théorie, c'est-à-dire la réalité des rapports hommes-femmes directement liés au formatage, dès le plus jeune âge, des uns et des autres par une société fondamentalement patriarcale. Ainsi l'homme se doit d'être viril et dominer la femme qui ne connaît qu'une posture : la soumission.

Ceux ou celles qui tentent d'agir autrement, par exemple une femme qui veut être libre doit prendre le risque d'être violée, et si viol il y a, elle doit prouver qu'elle n'était pas d'accord. le viol est donc perçu par la société, et souvent par la femme elle-même, comme un mal inévitable parce que lié à la virilité masculine.

Prenant son expérience personnelle de la prostitution, Virginie Despentes estime aussi que comme la pornographie, celle-ci ne doit plus être organisée par et pour les mâles. Elle revendique pour les femmes le droit de disposer de leur corps pour gagner de l'argent si c'est leur volonté, et ce sans être ostracisées et mises au ban de la société.

Un discours féministe qui peut paraître radical, la forme l'est souvent, qui est une réflexion argumentée, sensible et bien formulée de la condition féminine (et masculine) et de sa nécessaire évolution.
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Le double langage du jeu social, la double contrainte pesant sur les femmes comme sur les hommes, la binarité commode, homme/ femme, à laquelle on tente de renvoyer tout, et qui ne résout rien, Virginie Despentes les balaie d'un grand revers de perfecto clouté…

Place à l'hybride d'avant le chaos!

Place à King Kong, bienheureuse créature d'avant la généralisation de la pensée générique! Et vive le rock punk qui célèbre ce chaos à sa façon!

Soyons sérieux, et revenons à nos moutons..

Son essai – ou plutôt son autobiographie élargie aux concepts d'une condition féminine revisitée par l'expérience- je l'ai dévoré en quelques jours : il m'a fait rire, réfléchir, bondir aussi, mais plus par empathie que par désaccord !

Dans sa langue simple, crue, parfois trash- toujours percutante, souvent caustique et même réjouissante - Virginie Despentes revisite les étapes marquantes de sa propre expérience et même si elle interroge, au passage, les grandes penseuses de la condition féminine- Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Lydia Lunch, Camille Paglia, etc…- ce sont ces étapes qui impriment à l'essai sa structure , déterminent ses chapitres : le viol, la prostitution, le métier de hardeuse, la « conversion » homosexuelle.

Qu'on ne se méprenne pas, cependant : pas la moindre complaisance à la confidence scandaleuse. Ce récit d'une vie est filtré par une réflexion ferme, argumentée, convaincante qui lève un à un les faux-semblants de l'auto-proclamée « révolution sexuelle ».

Merci à Canel qui m'en a recommandé la lecture…même si j'avais déjà dévoré les trois Vernon Subutex et avais une petite idée de ce qui m'attendait. Mais dans son essai, VD m'a mis les points sur pas mal de « i » .

Et dans viol, prostitution, pornographie, féminisme…il y en a, des « i » , si on compte !
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Précédemment dans "la découverte despentes": avant je ne m'aventurais pas chez despentes pensant que l'auteure ne serait pas ma tasse de thé, avant je ne lisais pas de romans féministes, avant j'accordais une attention particulière aux couvertures, mais ça c'était avant.

Depuis, j'ai découvert le premier tome de Vernon Subutex. Depuis, j'ai découvert que des couvertures de livre archi moches pouvaient cacher des petits bijoux. Depuis, j'ai découvert que Despentes avait eu mille vies donnant tout leur relief à ses livres. Depuis, j'ai eu envie de comprendre la façon dont elle vivait ce qu'elle avait vécu. A quoi cela pouvait-il rimer d'être Virginie Despentes?

Je n'ai pas été déçue avec cet essai qui m'a fait découvrir un style auquel je n'avais jamais goûté précédemment: "L'autobiographie critique contemporaine". Nous y découvrons ce qu'être despentes signifie en écho avec une critique ascerbe de la société dans laquelle on vit. Féminisme, viol, pornographie et prostitution font partie des sujets passés au crible.

La lecture de cet essai m'a d'abord semblé fastidieuse. C'était il y a une semaine et j'y réfléchis encore. Comme quoi, Despentes, c'est comme le vin. Elle s'apprécie avec le temps.
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La Despentes aux enfers
Dans cet essai autobiographique, Virginie Despentes dynamite toute la conception de la femme dans notre société actuelle. A défaut d'avoir eu le cran de se défendre lors de son viol, elle prend ici sa revanche à coup de mots bien pesés et d'une plume incisive et intelligente. Exaspérée par les diktats des conventions masculines, elle écrit un véritable plaidoyer punk-féministe dans lequel il met un grand coup de pied dans la fourmilière en touchant les thèmes du viol, de la pornographie et de la prostitution. Parce que les femmes n'ont pas à être naturellement soumises aux hommes, parce que « l'idée que notre indépendance est néfaste », et qu'elles n'ont pas à subir de viol. Parce que la pornographie est un art comme les autres et parce qu' « 'il tape dans l'angle mort de la raison ». Parce que la prostitution peut résulter d'un choix conscient et individuel, d'une volonté de vivre sa sexualité comme elles l'entendent.
Son but ? Faire agir les femmes / faire réagir les hommes. Fervente défenseuse des droits des femmes, de l'égalité des sexes et de la libération sexuelle, elle voit dans sa descente aux enfers une révélation de sa singularité, de l'individualité que toutes les femmes devraient être en droit d'obtenir, afin de lutter contre la violence des minorités. En partant du je, de sa propre expérience, elle parvient à rédiger un texte universel.
L'oeuvre de Virginie Despentes, proche des mouvances punks et dans la veine des écrits de la féministe provocatrice américaine Camille Paglia, est électrisée d'une critique sociale et de la libération des moeurs et s'érige en combat littéraire. Publié en 2006 aux éditions Grasset, ces derniers revendiquent l'ouvrage comme « un manifeste pour un nouveau féminisme ». Et bien qu'il ait déchainé la presse à sa sortie, Virginie Despentes est considérée depuis comme l'une des porte-paroles du néo-féminisme. Preuve ultime de son poids littéraire, les mots de ce pamphlet ont été plusieurs fois transposés au théâtre, pour que la voix de l'auteur porte bien plus loin encore, se fasse entendre et nous guide vers la voie de l'indépendance.
Alors êtes-vous prêts à « tout foutre en l'air » ?

Lien : https://lullyfabule.wordpres..
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