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3,87

sur 2928 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fin du précédent tome laissait Vernon Subutex dans la rue, en proie à une fièvre violente et à un délire qui ne le quittera plus. le voilà étrangement libéré. « Il aimerait se faire pitié, ou horreur. Quelque chose. Mais rien. Que cette tranquillité absurde. » (p. 9) Fini de lutter contre les moulins à vent. Fini de vouloir remonter une pente dont il n'atteindra jamais le haut. Vernon est à la rue et il s'y sent étonnamment bien. « À sa façon, il perd connaissance, mais au lieu de convulser et de souffrir, il est radieux. » (p. 234) Les protagonistes du premier volume l'ont retrouvé, ainsi que les enregistrements inédits d'Alex Bleach. Tout le monde a écouté les délires sous acide de la rock star décédée dont chacun espère pouvoir tirer profit. Mais au milieu d'un fatras de considérations foireuses sur la vie, Alex Bleach a lâché une bombe que certains ne veulent pas voir étalée dans la presse.

Pendant que d'aucuns s'agitent pour gérer les merdes du passé, les Buttes-Chaumont deviennent le rendez-vous quotidien de la bande à Vernon : tous ses vieux amis, ses potes SDF et un tas de connaissances par alliance se réunissent sous un arbre, autour du clodo devenu une sorte de gourou. « Ils ont commencé par être lourds : Mais qu'est-ce que tu vas faire ? sur un ton concerné. Ça lui donnait envie de répondre : Et toi, ta misère, tu la gères comment ? » (p. 139) Vernon, apôtre du renoncement et du lâcher-prise, ça fait un peu bizarre, mais finalement, ça colle assez avec l'esprit rebelle initial du rock, avant qu'il se vende au capital. « le rock convenait à la langue officielle du capitalisme, celle de la publicité : slogan, plaisir, individualisme, un son qui t'impacte sans ton consentement. » (p. 96 & 97) Plus que gourou, Vernon est reconnu pour ses talents de DJ : quand il mixe, il place toujours le bon morceau au bon moment, dans le bon enchaînement. Et tout le monde danse au cours d'étranges cérémonies musicales.

Ce deuxième volume est plus politique : l'univers de Vernon est un creuset où tout se mélange avant l'explosion. le racisme, la précarité et la quête familiale seront les détonateurs. « On a beau affirmer ne croire en rien, merde, on finit toujours par admirer l'impeccabilité de l'agencement du bordel. Comme si un scribe bourré, dans un coin, avait comploté le truc depuis des mois. » (p. 68) Vernon reste la figure tutélaire de l'intrigue, mais on le voit moins, au profit de personnages secondaires qui ont vraiment gagné à être développés. La jeune Aïcha, fille de pornstar et d'universitaire, étudiante studieuse et convertie à l'Islam, incarne une problématique moderne et porte de nombreuses interrogations. Est-il possible de croire sans être fanatique ? La foi n'est-elle pas le pendant chic de la violence et du terrorisme ? À la recherche d'une figure maternelle à restaurer, Aïcha est sans aucun doute un des personnages les plus couillus de ce roman.

J'ai depuis longtemps cessé de trouver un quelconque intérêt au name-dropping, mais je reconnais que Virginie Despentes le manie avec élégance. Et je lui trouve un style plus mature, plus apaisé que dans Baise-moi ou Les jolies choses. Ça ne veut pas dire qu'elle a perdu de son mordant, mais qu'elle n'attaque plus le premier jarret qui passe, ce qui est vraiment reposant et permet de mieux saisir les enjeux et la portée de son texte.
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Je continue la trilogie Vernon Subutex avec le tome 2, dans la lignée du premier opus : même titre, nous retrouvons les personnages là où nous les avions laissés…
Je n'ai pas grand-chose à ajouter par rapport aux grandes lignes développées dans mon billet publié pour le tome 1…

La langue de Virginie Despentes ne me surprend plus : je m'y replonge sans surprise et m'attache davantage à des accents poétiques qui m'enchantent immédiatement autour par exemple de Baudelaire et Verlaine pour les ciels parisiens, une poésie urbaine qui me touche et m'émeut. Je sais à présent à quoi m'attendre et je me laisse aller, porter par le style de l'auteure.
La légende urbaine autour de Vernon, devenu SDF, prend forme tandis qu'en parallèle, l'auteure nous livre un récit de vengeance dont le dénouement m'a rappelé des péripéties de Millenium de Stieg Larsson : plus qu'une copie, j'y ai lu un hommage peut-être.
À ce niveau de l'histoire, l'intrigue devient un peu plus complexe et se démarque du roman de moeurs proprement dit. Virginie Despentes ratisse moins large et la narration s'inscrit dans le quotidien des SDF, dans le monde des rave partys ou free partys et autour des protagonistes qui vont se regrouper autour de Vernon.
J'ai apprécié le travail sur les personnages dont les personnalités sont davantage creusées et mises en avant. Vernon gagne en aura mais prend du recul par rapport à l'intrigue : il sert de révélateur, de catalyseur.

Il arrive souvent que, dans une trilogie, les volumes soient d'inégale qualité. Ici, je salue la constance, l'approfondissement, la solidité de l'ensemble.
Naturellement, le tome 3 est dans ma PAL, mais avec moins d'urgence ; je le garde pour le mois prochain… J'ai persisté dans la version audio, admirablement lue par Jacques Frantz et la reprendrai avec plaisir.
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Quel plaisir de retrouver sous la plume de Virginie Despentes, l'ancien disquaire Vernon devenu SDF et sa nuée de papillons de nuits, d'amis et de faux-amis, qui vont graviter autour de lui, dans cette nouvelle aventure.


Une histoire que j'ai trouvé autant captivante, mais plus sombre et plus mélancolique.
L'auteure s'est attachée à brosser une galerie portraits saisissants et stupéfiants, et cette fois-ci il n'y a aucun personnage plus en avant qu'un autre, même Vernon s'est un peu mis en retrait.
Virginie dépeint aussi la société où elle vit, d'un grand réalisme et sans compassion, sans complaisance et sans apitoiement.
Une société parfois violente, très amère, avec les frustrations des uns, avec les envies et jalousies des autres, une société qui ne fait aucune place aux losers, une société qui dans certains milieux, a ce souci continuel de seulement paraitre.


Virginie Despentes est peut-être trash, mais elle a tout de même une belle plume très maitrisée, nerveuse et parfois acide.
Ses histoires, ses descriptions du monde du show-biz, de la faune de la nuit, sentent le vrai, sentent le vécu.
Et c'est grâce à cette authenticité que je me suis attaché aux personnages de ce roman, à Pamela Kant, cette ex-star du porno, à Laurent Dopalet, ce dangereux producteur, à Anaïs, son assistante ou à La Hyène, cette spécialiste du lynchage cybernétique.
Qu'importe si certains de ces personnages sont parfois infectes ou pourris !


Vernon Subutex 2 est un roman surprenant, décapant presque dérangeant, mais qui tient toutes ses promesses par ses histoires entrecroisées et denses.
Il contient beaucoup de rebondissements jusqu'aux dernières pages. C'est ce qui m'a rendu « accroc » pour savoir la suite de tous des évènements tragiques qui furent racontés.

Allez vite au troisième tome !
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C'est avec un plaisir non feint que j'ai retrouvé l'ancien disquaire et toute sa clique. L'ex star du porno, le transgenre, le facho, la bourgeoise, la folle sdf, le mari violent, le scénariste râté, la journaliste, la tatoueuse, la voilée, la paumée... Vernon a le don pour fédérer autour de lui, regrouper des personnes qui, sans lui, ne ce seraient jamais rencontrées. Il est un gourou de la musique. Quand il mixe, on assiste à une sorte de grand messe où les esprits s'échappent, les corps s'affranchissent. Une ambiance mystique flotte autour de lui, tout au long du volume. Il devient le dieu de ces personnages.
On a ici un volume très mystique, étrange. On dirait qu'une puissance inconnue mantient tout le monde autour de Vernon, qui doit bien être le seul sdf à créer un tel engouement !
Après la découverte du monde glauque parisien, c'est un autre versant que j'ai aimé ici parcourir !
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Rock et proustien, tel est la teneur de ce 2ème opus. Vernon est devenu un clochard céleste du côté des Buttes de Chaumont, autour duquel tourne une galaxie de personnages aussi perdus qu'attachants. Déjantés, cabossés par la vie, ils cherchent chez leur héros un peu de rêve ou les restes d'une jeunesse flamboyante alors que la Hyène et Aïcha mènent l'enquête pour connaître la vérité sur la mort de Vodka Satana, ex star du porno, maîtresse du mythique Bleach, un temps mère d'Aïcha.
Fresque sociale contemporaine, « Vernon Subutex 2 » nous dit l'innocence et les illusions perdues, le vieillissement des anciens rebelles alors que le Front national gagne du terrain. Renoncer au matérialisme du temps pour rester libre, oser le féminisme peuvent être des alternatives. Ceci dit, rien n'est asséné, ni obligé. Un brin désenchanté, le regard sur les oubliés de notre société reste néanmoins juste, sans concession, jamais cynique. Vernon épisode 2 ne s'amollit en rien. Rugosité et intransigeance sont bien au rendez-vous, même si le désenchantement pointe le bout de son nez. On en gagne en humanité. Virginie, je vous embrasse et attend la suite avec impatience.
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Moins foisonnant et moins Enfants du Rock que le premier tome. Mais l'ambiance solidaire, sans doute un peu utopique mais rassérénante porte ce tome et m'a emporté moi. Je n'ai aucune des réserves lues dans d'autres critiques de lecteurs. Les 2 livres se complètent car ils n'ont clairement pas la même ambition.
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Moi aussi je flash sur « Vernon Subutex ». Avec ce deuxième volet de la trilogie de Virginie Despentes, je me suis éclatée !
Vernon Subutex est un marginal ancien disquaire d'une cinquantaine d'années qui se retrouve SDF presque par hasard. À la fin du tome 1 il n'allait pas très fort. Sa seule richesse était la possession des cassettes de confession de son ancien pote Alex, star du rock parti un peu trop jeune.
C'est donc un Vernon à la rue que nous trouvons dès le début de ce tome 2. Installé dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris, il va devenir le personnage central d'une communauté éclectique. Ses anciens amis et ceux qu'il a connu plus récemment ne vont pas le laisser tomber et pas seulement par intérêt.
Parcours qui se croisent, personnages qui cherchent et qui se cherche, les retrouvailles vont avoir lieu dans un cadre que je trouve prestigieux, le parc des Buttes-Chaumont dominant Paris. Une aventure hors du commun dont l'apogée est le visionnage en groupe des fameuses cassettes recherchées.
Ce roman est une réflexion sur ce que deviennent nos idéaux et nos rêves de jeunesse. C'est aussi un roman social au réalisme cru qui change notre regard sur les autres, ceux qui dérangent, les laissés-pour-compte que l'on croise quotidiennement à Paris et devant lesquels on se sent mal à l'aise.
Rien que pour cela, ce roman est extraordinaire. D'ailleurs, je le trouve encore meilleur que le premier tome car j'ai particulièrement aimé sa construction, la convergence des nombreux protagonistes dans une unité de lieu. C'est très fort !


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La suite des aventures de Vernon, qui est désormais à la rue.
Un style toujours aussi incisif et efficace.
Une histoire surprenante et finalement qui donne la pêche.
En un mot : formidable !
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Nous retrouvons avec plaisir les personnages de Vernon Subutex dans ce tome 2.
Toujours la même finesse d'analyse de la part de Virginie Despentes dans ses personnages.

Chaque profil est très bien cerné, c'est vraiment ce qui fait la force du livre selon moi.

Je doutais du second tome en me demandant comment l'histoire allait rebondir après la fin du premier, eh bien il ne fallait pas! :)

Je recommande cette série Vernon Subutex !!
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C'est génial Vernon Subutex : quand y en n'a plus, y en a encore !

Il y a moins de tension dans ce deuxième tome, et son rythme est moins intense, mais il n'en est pas moins passionnant. Les (nombreux) personnages du premier tome sont de retour et gravitent autour de Vernon qu'ils considèrent un peu comme un prophète – musical – parce que Vernon sait mixer comme personne. Il hypnotise, électrise les foules avec ses mix et le tout va se terminer en apothéose, façon Woodstock des années 2010.

Mais avant ce bouquet final, certains mystères vont s'éclaircir, comme la mort de la pornstar Vodka Satana et le tempérament caractériel du chanteur Alex Bleach. On apprend aussi ce que contiennent les cassettes « testament » qu'il a laissées à Vernon peu avant sa mort. Dans ce tome deux, on va également retrouver les personnages du premier tome, une bande très éclectique puisqu'on va du trader sous coke qui a fait fortune au sans-abri qui a trouvé refuge dans un recoin du parc des Buttes Chaumont. Si éclectique que ça la bande à Subutex ? Pas tant que ça finalement ! Au début, oui, bien sûr : il y a un monde entre une ancienne pornstar et une jeune fille pieuse qui a décidé de porter le voile, au grand dam de son père universitaire et athée. Mais c'était sans compter le pouvoir de Vernon d'attirer à lui toutes sortes de personnes, aussi différentes les unes des autres, et de les faire danser et entrer en transe sur ses mix. Là, les différences s'effacent comme par magie. Ne restent plus que des corps et des âmes envoûtés par le talent de l'ancien disquaire. L'univers est donc bien différent du premier tome, mais les personnages sont tout aussi intéressants et ce Vernon est attachant, même s'il est devenu un peu « perché »…

Je commence tout juste le troisième tome de cette saga et je redoute déjà le moment où je vais tourner la dernière page du livre. Je ne sais pas à quoi m'attendre, je n'ai pas lu les critiques le concernant pour ne pas me le spoiler. Tout ce que je sais, c'est que j'aurai passé un très bon moment avec Subutex et sa bande.
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