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3,87

sur 2969 notes
D'abondantes formules ; une flopée de personnages dont on subit d'interminables portraits psychologiques. Des images approximatives : "Un dernier rayon de soleil entêté, s'est glissé sous la couche sombre pour donner un coup d'éclat au gris des tuiles de Paris." Les couvreurs-zingueurs parisiens apprécieront... Un ton critique, revendicatif, révolté, un naturalisme caricatural, tant les clichés sont exacerbés à l'endroit du tout-venant, ringards, bobos, bourgeois, couples mariés.... qui font pourtant la cohorte des lecteurs de l'écrivaine. On y retrouve un peu du style de Houellebecq, de Céline (tout de même), à cette différence que ces auteurs bien que critiques, ne cultivent pas de façon aussi cynique cette forme d'agressivité sociétale. On apprécie davantage la dame lorsqu'elle pratique l'humour à la manière de Michel Audiard :
" - Et ta petite copine, quand elle ne manifeste pas, elle est comment ?
- Très mignonne, bombasse. Elle a vingt-cinq ans de moins que moi. En gros, dans la vie, elle attend, tandis que je me souviens."
Une vision lucide et sans concession de notre monde hyper connecté où il est déconseillé de vieillir :
"Ça ne doit pas être marrant d'être vieux. Ils sont une vingtaine à se rassembler là, tous les jours, une horde de préretraités - il n'y a pas que des obsolètes dans le tas, mais la moyenne d'âge, quand-même, c'est des ancêtres [...] des périmés qui piquent-niquent en parlant de rock aux Buttes-Chaumont."
Précisément, de l'ardeur chez Rosa Bonheur (la cantine -bobo - du coin) mais des longueurs sur les hauteurs du parc (contrairement au premier tome où, phrases courtes nerveuses et rythmées, ça dépotait sec).
On comprendra que tout cela est un peu foutraque, mélo, parfois manichéen.

Et cependant, nonobstant ces réserves, l'alchimie fonctionne, la magie opère (comme on dit), on se prend des claques, on marche, on en redemande, on est ému par la poésie des mots, une forme de tendresse et d'humanité que Despentes sait habilement distiller (comme on dit encore). On imagine des plans cinématographiques style les bandes de potes à Sautet (une référence de vieux). On est heureux, au-delà d'une certaine facilité faite d'un mix d'humour, de trash, d'obscène (genre Johann Zarca), de voir apparaître une autre dimension, celle de la grande littérature, un autre ordre, celui de l'imaginaire et du merveilleux, un rythme souverain, celui du talent :

"Il établit le contact avec les absents. Mentalement, il cherche les parois mobiles - les passages secrets dans le temps et le solide des choses. Des volutes de lumière de lune s'ouvrent, entre les gens. [...] Tout autour des vivants dansent les morts et les invisibles, les ombres se confondent et ses yeux se ferment. Autour de lui, le mouvement est déclenché."
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Un deuxième tome toujours aussi incisif, percutant et intransigeant sur l'époque mais ô surprise : on a rallumé la lumière. SDF planant et roi du lâcher prise, Vernon cristallise autour de lui l'aéropage des gueules plus ou moins cassées rencontrées dans le premier tome et longuement abordées une à une dans ce deuxième, et de l'alchimie qui en résulte on se remet à penser partage, insouciance, solutions, alternative. Jouissif et addictif !
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Vernon Subutex s'habitue peu à peu à la vie de SDF. Il se fait des amis dans ce milieu où on peut être généreux, mais où on aussi peut se battre pour la possession d'un coin tranquille. En parallèle, ses anciens amis le recherchent et les fameuses bandes vidéos du chanteur seront enfin visionnées.

Dans ce deuxième tome, on retrouve la même diversité de personnages, avec une large gamme d'opinions qui représentent sans doute des tendances sociales, des milieux particuliers.
On y trouve de la musique et des beaux sentiments, mais aussi des violences physiques qui ont laissé des séquelles et des traumatismes psychologiques, comme celle de la jeune musulmane très religieuse à qui on apprend que sa propre mère a travaillé dans le cinéma X.

On se demande comment tout cela va finir et peut-être aussi que madame Despentes s'est aussi posé la question… Mais elle a trouvé une fin heureuse bien qu'aussi peu improbable que les étranges alliances qui se nouent entre les personnages disparates de son roman.



À suivre!
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Quand il s'agit de principe, je n'en ai plus. Perdu en chemin. Faut savoir lâcher du leste. Mais là j'avoue avoir tourné deux ou trois tours de craie dans ma caboche pour me dire : faut pas louper la réception du deuxième, parce que le deuxième doit pas être mal gaulé... non plus.
Reçu, emballé, pas pesé, déballé, effeuillé et dévoré ! Toute la bande était là. Les mêmes, en chair en vrai. Les mêmes, mais pas pareils. Normal ça tourne le réveil.
« Greenrock » version française et sans besoin de sous titrer. La France d'en haut d'en bas, sous les cartons, dans nos beaux draps, celle qui se rase plus, celle qui se rase trop, celle qui chlingue, celle qui boit trop, celle qui danse, celle qui se tape sur le ventre, et pis dans le dos. Celle à loto, à beaux lolos, celle qui a du boulot, celle qu'y a jamais cru, la France aux quatre coins du parc de notre drôle de figure (j'ai recompté... y en a pas huit, ... de coins). Un bonheur de lecture. Alors, où est ma craie… ? Ah alors voilà, c'est tatoué sur la peau fine de mon cerveau : le prochain faudra pas le louper !

Astrid Shriqui Garain
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C'est marrant les préjugés, les idées préconçues etc. Je m'étais dit avant de lire du Despentes que j'allais forcément détester ça. Je m'étais dit que c'était trop commercial, que c'était mal écrit etc. Non, pas tant que ça, pour ce qui est de l'écriture même si OK, ça reste proche d'un style oral mais ça va, au moins, c'est pas un style génital et c'est pas un style anal non plus même s'il y a des ex-actrices porno dans le bouquin. Certes, il y a deux trois passages trash, mais qui sont comme des flash dans le bouquin, du coup ça passe, cash.
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Deuxième tome de Vernon Subutex et le plaisir de lecture est toujours au rendez - vous .
Vernon Subetex rien que le nom du roman c'est déjà tout un programme , le Subutex étant le médicament que l'on donne aux toxicomanes qui font un sevrage d'héroïne , un substitut légal de l'héroïne donc , Vernon mais l'a ce n'est pas moi qui le dit , j'ai trouvé l'info sur le net , c'est le prénom que Boris Vian se donnait dans certains de ses écrits , il fallait oser comme seule Virginie Despentes sait le faire pour accoler ces deux noms .
Vernon Subutex c'est le portait d'une génération qui ne reconnaît plus le monde qui l'entoure , génération désabusée mais qui heureusement espére encore .
Qui aurait cru dans les années 70 que nos chers vinyls disparaîtraient , reviendraient tout de même bien des années plus tard mais nos chers magasins de vinyls , de disques comme on disait lorsque j'étais adolescente fermeraient leurs portes définitivement has been .
Qui aurait pu prévoir la fin de ces années de prospérité , puis vint dans le désordre , le sida , le chômage , le difficile parcours du combattant des jeunes à la recherche du premier emploi .
C'est tout ça que nous raconte Virginie mais avec quel talent , je ne m'attendais pas à tant de nuances de sa part .
Il y a des passages qui m'ont émue c'est tout dire , elle vise juste quand elle parle des valeurs des jeunes , fils et filles de soixante - huitards revenus de tout .
Et puis dans ce deuxième tome l'espoir même très mince pointe le bout de son nez , oh ce n'est pas mièvre , loin de là
Enfin moi je ne peux que vous recommander cette lecture , c'est un livre super bien écrit , qui fait réfléchir et ça ce n'est pas tous les jours que ça arrive .
Oui Virginie Despentes mérite largement son succès et elle écrit très bien .
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"Nous ne parlerons jamais à égalité avec ceux qui n'ont jamais fait l'expérience d'une vie en tout point conforme à leurs rêves." Cette phrase, je n'en suis pas l'auteure, je n'aurais pas pu la prononcer à l'adolescence, mais depuis que je l'ai lue dans Vernon Subutex, c'est officiel : j'appartiens à une génération.

Pourtant, je suis née en 1970. Si j'étais venue au monde 20 ans plus tôt, j'aurais appartenu à la génération 68 ; 20 ans plus tard, à la génération Y. Mais quand on est née en 1970, on n'appartient pas à une génération : personne n'a imaginé de chiffre ou de lettre pour la singulariser. Et puis il faut bien dire que la décennie 1980, celle de mon adolescence et de mon entrée dans le monde des jeunes adultes, ne ressemble pas à un âge d'or... on pourrait parler de génération Mitterrand si le terme n'était déjà pris pour ceux qui sont nés avec l'accession de la gauche au pouvoir ; ou alors, on pourrait se souvenir de ce qui a prévalu au cours des années qui ont suivi : l'argent, la finance, la frime. Mais génération fric ? Bof...

Donc je n'appartenais à aucune génération, jusqu'à ce que je lise Vernon Subutex. Autant le dire : j'aime Despentes, je lis Despentes, alors j'ai aimé Vernon Subutex. Mais j'en ai lu les deux premiers tomes (pour l'instant) avec un brin de nostalgie pour l'époque de Bye bye Blondie, en me disant qu'elle avait glissé de l'autre côté, celui où elle n'écrit plus ce qui sort de ses tripes, mais où elle règle des comptes avec des personnages qu'elle a croisés dans sa vie. de l'écriture active à l'écriture réactive : elle a franchi la ligne qui sépare les romans à fleur de peau des bons romans d'auteurs reconnus. Bons, mais de l'autre côté de la frontière de l'émotion.

Sauf que Vernon Subutex n'est pas d'un seul tenant. Bien caché au milieu du deuxième tome, il y a le septième chapitre, qui commence p. 135 (édition de poche). Celui où Vernon visionne la cassette que tout le monde cherche, celle du dernier enregistrement d'Alex Bleach, star du rock décédée brutalement.

Alors là, j'ai eu la très nette impression que ce chapitre n'avait pas été écrit comme les autres : celui-là, l'auteure l'a directement sorti de son journal intime, du plus profond d'elle-même, directement sorti d'un jour où sa révolte était intacte. D'ailleurs, il est écrit à la première personne : il retranscrit les propos d'Alex Bleach, qui parle à la façon d'un journal intime car il s'adresse fictivement à Vernon, qui s'était endormi à côté de lui le jour où il a filmé. L'auteure fait d'un homme le vecteur de ses pensées les plus personnelles ? Mais pourquoi pas ! Elle est blanche, cet homme est noir ? Justement ! Il en parle, de cette surprise de se découvrir noir dans le regard des autres, et c'est le regard de surprise que je devine chez Virginie Despentes quand elle se découvre étrange dans le regard des autres. C'est le regard qui est au coeur d'un autre roman, Americanah - j'ai eu l'occasion d'en parler en écrivant une chronique sur ce livre.

Virginie Despentes et moi avons des points communs : femmes, nancéiennes, nées l'une en 1969 et l'autre en 1970. Mais sur ce terreau proche, elle a eu le parcours que l'on sait, tandis que j'ai fait comme ceux dont Alex Bleach dit "Je croise aujourd'hui des gens qui, à vingt ans, apprenaient la compétitivité à l'école ou le marketing en entreprise, et qui veulent me faire croire qu'on a vécu la même jeunesse. Je ne dis rien. Mais oublie, mec, oublie."

Alors d'accord, j'oublie. C'est vrai : personne parmi mes amis ne peut me dire "Souviens-toi, Vernon, on entrait dans le rock comme on entre dans une cathédrale". Je ne sais de qui dire "On s'en foutait des héros, ce qu'on voulait c'était le son. Ca nous transperçait ça nous terrassait, ça nous décollait. Ca existait, ça nous a tous fait cette même chose au départ : merde, ça existe ?". Et j'aurais aimé pouvoir écrire à la première personne, "C'était une guerre qu'on faisait. Contre la tiédeur. On inventait la vie qu'on voulait avoir et aucun rabat-joie n'était là pour nous prévenir qu'à la fin on renoncerait".

Ça ne devrait donc pas me toucher, tout cela... alors pourquoi ai-je été saisie d'une telle émotion en lisant ce chapitre ? Sans doute parce que c'est la première fois que j'ai l'impression que quelqu'un parle de la décennie de mon adolescence comme d'un âge d'or, d'un âge où tout était possible, où la liberté était sans limite, avec "des alchimies d'enthousiasmes, des choses dont on ne connaissait encore rien des revers". Or, qu'est-ce qu'une génération, sinon un ensemble de gens qui ont vécu leur jeunesse à la même époque, dont l'un se met à parler comme d'un âge d'or... même si ce n'est qu'une minorité qui s'y reconnaît, même si tout le monde sait que cet âge d'or n'était qu'un leurre : peu importe, car l'âge d'or, c'est une question de coeur, pas de raison... Alors c'est officiel : maintenant, j'appartiens à une génération.
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Dans le premier tome, l'auteure nous présentait une galerie d'individus hétéroclites que l'on rencontrait au fur et à mesure sur le chemin de la décrépitude de Vernon. Dans le deuxième, elle fait avancer le mystère de la vidéo et les protagonistes deviennent un peu plus acteurs. Sans vraiment le vouloir et sans réelles raisons, une communauté se crée autour de Vernon dans des Buttes-Chaumont. Chacun a sa vie personnelle et chacun apporte sa pierre à l'édifice de cette collectivité, où tout semble si mélancolique.

Ce qui faisait la grande qualité du volume 1, est encore présent dans la suite. La plume de Virginie Despentes fait une nouvelle fois merveille. Elle est toujours aussi incisive, toujours sans aucun filtre. Elle donne l'impression de lire dans l'esprit de ses personnages pour en tirer

des réflexions du quotidien et qui nous concernent tous. Là où elle s'appliquait dans le premier livre à nous décrire la diversité de

la société, elle oriente cette fois son récit sur un plan un peu plus politique. On sent qu'elle veut faire passer un message. En accentuant le trait de certains intervenants et en n'ayant jamais peur de choquer, elle laisse des traces et fait réfléchir le lecteur sur sa condition… et surtout sur la condition des autres.

Je ne me suis jamais ennuyé tant le texte regorge de réflexions intéressantes mais à un certain moment, j'ai trouvé que l'histoire tournait un peu en rond et que l'intrigue ne progressait plus vers la fin. Je suis ravi d'avoir continué cette fresque sociale et je mets beaucoup d'espoir dans le prochain roman qui va clôturer la trilogie. J'ai seulement une petite crainte que tout soit déjà dit. Mais je fais confiance à Virginie Despentes pour mettre de nouveau son écriture mordante au service de son imagination et bien sûr de ses idées, afin de me séduire comme elle a su le faire jusqu'à présent.
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Dans ce deuxième opus, on retrouve Vernon évoluant dans une vie de squats, volontairement désocialisé, transparent à la société, quelques âmes vagabondes le prennent sous leurs ailes et lui évite une autodestruction stuporeuse.
Les connexions se poursuivent entre les potes et connaissances de Vernon pour tenter de le retrouver. Pour certains par intérêt, les autres par pure amitié.
Ses nouvelles connaissances de galère, Laurent un marginal endurci et Charles un poivrot épicurien fraichement millionnaire font le pont avec sa bande d'avant et c'est une sorte de retour progressif à une réalité « normale » qui s'opère.
Place au jeu des contraires, rue misère versus pouvoir autoritaire ou parties fines contre esclavage sexuel.
L'intrigue s'installe au travers des révélations sur l'histoire de Satana, défunte travailleuse du sexe et ex d'Alex Bleach. Sa mort soulève une armée hétéroclite de justiciers autour de Vernon et on pense que le récit va tourner vers ce point de jonction.
Arrive les rassemblements des buttes- Chaumont, entre ambiance hippie et dynamique sectaire, soudant ce cercle amical improbable au influences bienveillantes. Butinant leur présent, aimanté par Vernon s'érigeant en gourou malgré lui, on imagine une vendetta fomentée par des amateurs complotistes.
Ce second volet est plus « politisé » me semble –t-il, plus léger à lire aussi et a relancé mon intérêt pour poursuivre cette rencontre de Vernon et son monde.
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Petit à petit, l'identité des personnages de l'opus de Virginie Despentes en deux tomes, prend corps. Vernon Subites n'est pas un héros sur le déclin: Il est le déclin, il est la société toute entière qui a renoncé à ses valeurs dans les années 90. Une bande se crée dans ce livre choral. Qui sont-ils à tous rendre hommage à ce Dieu vivant réincarné qui plane au-dessus deux, en couchant dans le parc des Buttes Chaumont ? Et si ils étaient des apôtres ? Et si la société était en train de se transformer à l'écart de son dogme du fric ? Comme toujours très fine dans l'analyse sociale, Descentes réussit avec Vernon Subutex à dépeindre la Condition Humaine de ce début de millénaire. Heureusement, il reste quelques écrivains pour s'apercevoir qu'on a changé de siècle!
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