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EAN : 9782376863496
636 pages
Editions ActuSF (19/03/2021)
3.6/5   85 notes
Résumé :
Quelque part dans le futur.

La terre est sèche. Des grappes d’humains survivent dans les dernières oasis. Terminé les ruisseaux, terminé les animaux, terminé… la domination masculine. Parce qu’elles semblent être les seules à survivre à une maladie qui décime l’humanité, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes sont relégués au rang de reproducteurs.

Rim, jeune sorcière élevée au convent, voit son premier saut dans le passé approche... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre qui n'est pas d'un abord facile. Il faut le premier quart du livre pour une lente mise en place, avant que l'ensemble commence à faire (un peu) sens. Et c'est même pire : si je n'avais pas d'abord lu le synopsis, je n'aurais rien compris ! Ce n'est pas que ce synopsis dévoile l'intrigue outre mesure, mais les choses sont présentées d'une manière fort décousue : les divers petits événements semblent n'avoir aucun lien les uns avec les autres, les personnages parlent de notions dont le lecteur n'a aucune idée - amusez-vous avec les chasseresses, finalement assez identifiables, ou les nornes, quant aux semeuses je cherche encore qui elles sont vraiment... Certes, on comprend assez vite qu'on est dans un certain futur, pas tellement lointain, mais assez pour que le réchauffement climatique ait eu fini de faire son oeuvre : la terre est devenue désertique, l'eau est une denrée rare (en tout cas il n'y a plus de rivières, plus de pluie), les abeilles ont disparu. Avec elles, la biodiversité également a disparu, les arbres sont rarissimes et rabougris. Dans cet univers qui a un petit côté apocalyptique, plusieurs destins s'entrecroisent, entre histoires d'amour ou d'amitié, de secrets, de trahisons, de limites longtemps floues entre bons et méchants… tandis que le sentiment de ne pas avoir toutes les cartes en mains pour une bonne compréhension de l'intrigue est persistant.

De plus, on ne sait jamais précisément où on est ! On est bien sur Terre, l'autrice n'a clairement pas placé son histoire dans une quelconque autre galaxie, mais dans ce monde sans eau, toute notion de désert « traditionnel » pourrait être n'importe où sur la planète. Or, pour moi, c'est très frustrant, car par ailleurs l'autrice sème quand même un certain nombre d'indices sur des lieux possibles qui auraient traversé le temps… si bien que je n'ai cessé de me creuser la tête à essayer de savoir dans quelle ville de notre monde on a les différents éléments évoqués.

Par ailleurs, l'autrice évoque des sujets forts, comme par exemple les conséquences du réchauffement climatique quand il est devenu irréversible ; ou la dénonciation de la domination d'un genre par un autre, pris ici complètement à l'envers comme pour mieux l'accentuer (ce sont les hommes qui travaillent dans les maisons closes, ce sont les hommes qui craignent de se retrouver seuls le soir dans certains quartiers, etc.), mais tout cela manque singulièrement de profondeur – peut-être, à nouveau, à cause de cet aspect généralement décousu de l'écriture ? En tout cas, pour ne citer qu'un exemple, j'aurais envie de voir les protagonistes rêver de prendre une douche… mais à aucun moment tout ce sable ne m'a semblé insupportable!

Ainsi donc, ce mélange de notions d'un futur désolé auxquelles le lecteur n'accède que lentement et partiellement, cette géolocalisation impossible et frustrante, et le fait que le lecteur (moi en tout cas) ne parvienne pas à vraiment ressentir les choses, tout cela crée une certaine confusion qui ne s'en va jamais tout à fait… Si on ajoute à ça que, lors de leurs "voyages", les jeunes héroïnes se retrouvent dans des contextes historique ou plus actuel précis et brûlants, mais qui sont tout juste effleurés alors qu'ils mériteraient un réel appronfondissement, on a l'impression d'une surenchère de digressions et on se perd vraiment de plus en plus. Oh ! rassurez-vous : à partir des 80% de la lecture, on a tout à coup une flopée de révélations diverses et variées, qui donnent sens (ou pas) à ce qu'on avait deviné – un peu comme dans certains mauvais policiers, où tout est résolu à la fin, sans que l'auteur ait jamais donné le moindre indice tout au long de la lecture…

Et pourtant… on continue de tourner les pages ! car l'écriture est très agréable, avec un petit côté presque poétique parfois, et on a envie de savoir, quoi qu'il en coûte, ce qu'il va advenir des personnages ! Eh oui : on passe outre le fait que le contexte manque de clarté et/ou de profondeur, car les personnages sont quant à eux plutôt bien travaillés, et on s'attache réellement à eux : Rim et Alex ont bien sûr ma préférence, mais Ulysse et Antho sont également très touchants ! Leur évolution est suivie avec un intérêt grandissant. C'est même plus fort encore : on s'attache aussi à quelques-uns des méchants, car ils interpellent d'une façon ou d'une autre ; jusqu'au bout en tout cas, on rêve d'un destin heureux pour Olympe… et même Magda a réussi à m'émouvoir par moments !

Au final, c'est un peu comme si toute cette histoire était une immense énigme, que le lecteur doit résoudre alors qu'il lui manque la majorité des clés pour y parvenir. Quand tout à coup l'intrigue se dénoue, après quelques péripéties certes mais de façon quand même très abrupte, on est déjà trop loin dans le livre pour s'en réjouir vraiment, et ce sentiment d'avoir lu un ouvrage décousu s'accentue peut-être encore davantage ! Il ne reste plus qu'à tout relire, avec ce nouvel éclairage, qui aurait dû venir (ne serait-ce que par bribes) beaucoup plus tôt dans l'intrigue – malheureusement je n'en ai plus vraiment envie, malgré toute la sympathie que les personnages ont pu susciter, et de toute façon j'ai bien trop d'autres lectures prévues prochainement… Ainsi, la note est mitigée, alors que le talent de l'autrice est clairement là, mais trop caché à force de vouloir faire des effets qui gâchent la cohérence de l'ensemble.
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Biotanistes d'Anne-Sophie Devrièse m'avait intéressé pour deux raisons : la première était que le résumé évoquait un monde dominé par les femmes, le second était que la couverture était fort belle. Et puis j'aime toujours découvrir de nouvelles plumes francophones. Alors je me suis plongée dans ce récit entre futur apocalyptique et voyage dans le temps.

J'ai bien aimé l'univers de Biotanistes : l'histoire se passe dans un futur lointain. Après une catastrophe naturelle, un fléau ravage la planète sous la forme d'une maladie grave qui semble tuer les hommes en particulier. En infériorité numérique, ils se retrouvent dominés par les femmes. Mais le plus intéressant est que l'autrice construit un monde désertique où la survie est difficile. Les ressources sont rares et quelques groupes d'humains, survivent dans des villes ou des communautés isolées. Il existe plusieurs factions qui s'opposent, notamment les convents de l'Ordre, peuplés de sorcières aux nombreux secrets, face aux Nornes, une autre communauté mystérieuse.

On suit un convent où sont envoyées les jeunes filles qui survivent au fléau. L'endroit fonctionne comme un centre de formation pour des “sorcières”. Elles sont plusieurs spécialités qui sont très bien exploitées : il y a par exemple les arpenteuses, qui sont capables de voyager dans le temps et sont envoyées pour trouver des graines et d'autres éléments utiles. Mais j'ai trouvé très intéressant les biotanistes, qui sont capables de réparer le vivant avec des éléments mécaniques ou biologiques. L'univers mélange donc avec un certain succès différents éléments de l'imaginaire pour créer un monde inédit : voyage dans le temps, post-apo, dystopie, fantasy… C'est assez agréable à suivre.

L'autrice prend un grand soin à surprendre son lecteur ! Anne-Sophie Devrièse construit un scénario aux multiples rebondissements et évite la facilité. En plus de cela, cela n'est jamais vraiment confus malgré un grand nombre de personnages et d'événements, qui s'enchaînent parfois assez rapidement. L'autrice joue beaucoup sur son univers complexe pour jouer avec les attentes. Elle parvient à surprendre à de multiples reprises, notamment en construisant des faux-semblants. Biotanistes nous invite notamment à déconstruire la façon dont nous avons été éduqués et les croyances qui nous semblent immuables pour devenir plus complets, et surtout ne pas agir contre nos valeurs.

Les personnages sont fouillés et intéressants à suivre. J'ai bien apprécié Rim et Ulysse, qui ont des personnalités marquées. le reste des protagonistes, comme des antagonistes, est composé de personnalités fortes et variées. L'ensemble évolue au fil du temps et des apprentissages, ce qui permet d'éviter d'avoir affaire à un casting statique et sans personnalité. C'est le cas d'Olympe, qui garde une personnalité forte et opposante, mais a autant de qualités que ses défauts sont présents. L'alternance des points de vue permet d'avoir les réactions de plusieurs personnes et ajoute à la richesse de l'action comme de l'univers.

J'ai toujours envie de lire des histoires qui parlent d'inversion des pouvoirs entre les genres. Je suis cependant rarement convaincue par les propositions. Ici, je retrouve ce travers de baser les inégalités sur les mêmes dynamiques : dans le monde de Biotanistes, les hommes sont victimes de préjugés très présents. Ils sont considérés comme faibles et chouineurs, trop sensibles. Un reproche qui est habituellement fait aux femmes. Biotanistes se contente donc d'inverser les comportements en gardant certains éléments comme dévalorisants, ce qui manque un peu de finesse dans l'exécution et se révèle parfois caricatural.

Je l'ai un peu ressenti par moments, il y a parfois quelques longueurs dans le récit. C'est souvent inévitable dans ce type de romans qui explore un univers complexe. La mise en place est notamment un peu longue, précisément la fin de la formation de Rim qui traîne un peu. de même, certains événements peuvent sembler un peu dispensables.

Biotanistes a plein de bons éléments ! J'aime beaucoup le système de science et de magie qu'utilisent les sorcières. Les personnages sont variés et ont des personnalités bien dessinées, ce qui rend l'ensemble très agréable à suivre. le récit a plein de rebondissements bien pensés et présente un univers original et bien décrit. Il est cependant dommage que l'univers matriarcal soit parfois un peu caricatural dans son traitement, ainsi qu'il y ait quelques longueurs qui parsèment le roman. Sinon, c'est une très bonne aventure qui tient ses promesses !
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Alors, par où commencer ?

Je ne regrette pas d'avoir acheté ce bouquin, mais... Voilà, ce n'était pas fou du tout, du tout du tout même. Une demi-déception ou une petite déception. Pas mauvais au point où je me refuserais de l'offrir à un/e jeune ado qui commence la lecture, mais pas suffisamment bon pour le garder dans ma bibliothèque malgré une toute belle couverture. Parce que, oui, c'est un joli bonus sur ce coup là.


Les points négatifs pour débuter.

* Les personnages ne sont, à mes yeux, pas du tout attachants. Franchement cons, superficiels et imbuvables même. En-tout-cas, me concernant, j'ai eu du mal à me sentir mal ou soulagé pour eux à x ou y moment de l'histoire. Leurs sorts m'indifféraient complètement. Rim, Alex, Ulysse, Antho et cie, j'en avais au fond, rien à carrer et quelque part, c'est triste d'en arriver à ce constat. La mort d'un jeune personnage en milieu, et même en fin de lecture ne m'a pas ému d'un iota.

* L'écriture est survolée. C'est mon impression. La plume vole, mais sans jamais s'attarder dans les détails de quelque sorte que ce soit. Potentiellement que le manque d'empathie/d'attachement pour les personnages vient de là. Sans compter certains passages qui sont tout bonnement incompréhensibles même en relisant à deux ou trois reprises. Je me suis retrouvée à plus d'une fois en train de me dire « C'est qui, là, qui dit ça ? » avant de poursuivre au risque de m'arrêter tout simplement.

* Les facilités scénaristiques. D'une part, certains points étaient à ce point prévisibles ou sus à la première ligne que je m'interroge quand même de la raison d'en faire une espèce de suspens à long terme. Il y aussi les questions sans réponses ou les trucs un peu « faciles » et « absurdes » en même temps tels que : les hommes sorciers, c'est mal, mais y a jamais eu, visiblement, de visites médicales pour contrer tout simulacre. Et la pomme d'Adam et la pilosité, ça se cachent visiblement sans soucis, c'est le scénario, quoi. Interdiction de filer, mais et ? S'il suffit de s'endormir au final et de se concentrer, comment on l'empêche ? Olympe est l'exemple même de cette « légèreté » dans le scénario. « Non tu peux pas. » « Ok. » Et puis... Les sorcières peuvent filer, mais les sorciers, non, ou seulement en s'accrochant à une sorcière... Hummmmmmmmmmmm. Soit. Après, ça se laisse lire. Je n'ai pas accroché plus que ça, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de choses qui étaient mal ou peu exploités aussi. Les voyages dans le temps et l'espace, pour simple exemple, auraient mérités un traitement tellement mieux, plus approfondis plus, je sais pas moi, intéressants.

Les points positifs.

* Les idées. le contexte tous simplement. le fait de pouvoir 'filer' le temps. le climat. L'inversion du "sexe fort". Les références aux livres (Le nom de la Rose, merci !). Ce livre regorge de bonnes idées ! Des idées à taper des mains. Et c'est bien le manque « d'exploitation » de ces idées qui fait taper du poing au fond.

* Une autrice très TRÈS sympathique.

* Une couverture très jolie, par contre le titre... "Biotanistes" étant le métier de deux personnages qui, si on part du principe que Rim et Alex sont les héros de l'histoire, ne sont pas les personnages principaux, alors je ne comprends pas. « Les Fileuses » ou « Les Sorcières du Convent. » ou même tout simplement « le Fléau » auraient davantage trouvé sens à mes yeux.


Enfin comme dit, l'écriture étant assez accessible malgré certains passages, et les idées étant bonnes, je peux me voir l'offrir à un/e jeune ado de ma famille qui débute la lecture sans me sentir coupable de quoi que ce soit.
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Le roman s'ouvre sur le sauvetage de Rim par Ulysse alors que son village finit de brûler. Il la retrouve au fond de la tour au vent, captant les quelques gouttes d'humidité flottant dans l'air pour en faire de l'eau. C'est ainsi que débute pour la jeune fille sa vie de sorcière avant qu'elle ne se poursuive au convent où toutes les femmes survivant au fléau sont amenées afin d'y recevoir soin, éducation et formation. Parce que les sorcières sont les femmes les plus précieuses qui soient. Ce sont elles qui vont ensuite arpenter le temps, filer des siècles plus tôt, et rapporter des savoirs ancestraux, centenaires, destinés à les sauver de la désolation. C'est grâce à elle que les quelques humains ayant survécu au plus fort de l'épidémie, continuent d'être nourris, continuent de vivre. C'est bercer par ces dogmes que Rim grandit, entourée d'Antho, une biotaniste surprenante créant des prothèses et des tenues vivantes, et d'Ulysse, le colporteur et conteur qui lui sert d'oncle.

Au fil des pages, d'autres points de vue se superposent à celui de la jeune femme et des dizaines de personnages font leur apparition : Magda, Olympe, Circé, Yseult, Imogène, Alex… Des prénoms principalement féminins puisque les hommes sont désormais relégués au simple rôle de reproducteurs entre prostitués, esclaves sexuels et homme au foyer. Un renversement des rôles qui fait le principal atout de ce roman. Loin des clichés qu'une telle situation engendre nécessairement, l'autrice s'amuse à replacer des remarques, des comportements et des scènes mille fois vécus par les femmes du monde entier. Ce léger décalage, ce « pas de côté », offre un regard étrangement neuf et révélateur aux lecteurs qui se retrouvent à prendre parti et à réfléchir à ce que cela signifie. Est-ce qu'à force d'en entendre parler, de le voir, de le vivre, ne sommes nous pas en train de banaliser tout cela, de le remettre au simple rang d'habitude ? de normalité ? Autour de ces situations, l'autrice tisse tour à tour des comportements dérangeants, des défenseurs, mais aussi des interrogations simples : les femmes auraient-elles fait mieux ?

Au-delà du pamphlet humaniste qu'articule Anne-Sophie Devriese autour de ses personnages, les rendant tour à tour aveugles ou emplis d'une clairvoyance rafraîchissante, elle trace un futur apocalyptique où plus aucune végétation, aucune abeille, ne vient donner vie. Un futur où la terre se serait vengée et aurait obtenu justice. Des étendues désertiques à n'en plus finir, une chaleur accablante, une épidémie chronique, des nornes posant des pièges et sapant le travail des sorcières du convent… Pourtant, si, on devine les bienfaits qu'ont apporté les sorcières on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la quasi absolue autorité qu'elles semblent exercer, leur disparition soudaine, parfois, ou même le contrôle de l'information qui semble s'opérer au sein même du convent sous couvert de protectionnisme. Là encore, on retrouve des réflexions intéressantes finement entremêlées à la trame de l'histoire où l'on va jusqu'à questionner l'essentialité de l'art, de la musique ou de la littérature. Des questionnements bien trop contemporains n'est ce pas ?

Bien sûr, n'y voir qu'une accumulation de revendications sociales, écologiques, humanistes serait on ne peut plus réducteur. Je me suis clairement laissée happer par la plume complexe et poétique de l'autrice, ou encore par ses personnages avec des mentions spéciales pour Antho, Rim et Magda mais bien sûr aussi pour Enora. Quel plaisir de croiser son prénom donné à un personnage qui passe clandestinement des romans dont A La Croisée des Mondes. J'ai adoré me faufiler d'intrigues en intrigues, d'autant plus qu'on voit les bons comme les méchants et que ni les uns, ni les autres ne sont tout blanc ou tout noir, loin du manichéisme dont les romans dits Young Adult sont habituellement friands. D'ailleurs, Rim, que l'on voit sans doute le plus dans ce roman choral est loin d'être exempte de défauts et je l'ai adorée pour cela !

Le rythme est assez lent au début, nous permettant de nous immerger petit à petit dans l'univers, d'en comprendre les travers, de commencer à en apercevoir les ombres et les recoins, avant que l'action ne commence véritablement passée la première moitié du roman. Grâce à Rim et aux sorcières nous retournons dans le passé, lointain pour eux, quasi présent pour nous comme par exemple dans la « djeungeule » de Calais où Rim assistera à sa démantélation mais aussi plus loin, du temps où les femmes étaient considérées comme des sorcières que l'on faisait brûler.

Maintenant que j'écris cette chronique, je me rends compte que l'exercice de vous dépeindre la complexité, la sagesse, la beauté et la brûlure de ces pages est loin d'être aisé. Je pourrais vous écrire des pages que je n'aurais pas écrit suffisamment et que je vous en aurais sans doute trop dit. Aussi, je ne vous parlerai ni des relations amicales, amoureuses, fraternelles, familiales, ni des trahisons, des mensonges, des secrets, ni des animaux mécaniques qui peuplent ce récit merveilleux. Découvrez-le et épargnez moi la honte d'en écrire trop peu.

En résumé

Magie, fantasy et post apocalyptique se mêlent avec brio pour servir les propos de l'autrice, formant un roman dense et vivifiant aux limites des genres. Entre un pamphlet humaniste, féministe, écologique et un roman choral aux personnages attachants, poignants, Anne-Sophie Devriese nous plonge avec talent dans un univers original et déstabilisant où les relations hommes / femmes sont totalement inversées donnant lieu à des réflexions d'autant plus fortes que notre regard n'est plus confiné à l'habitude. Un conte poétique, effrayant en un sens, mais qui pousse sans cesse à interroger nos propres dogmes, notre société, et notre futur incertain. Un coup de coeur.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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« Biotanistes » est un roman Young Adult qui combine plusieurs thèmes très actuels. Un très chouette roman avec une couverture qui reflète bien l'atmosphère que l'on va trouver à l'intérieur : nature, sorcières et une pointe de steampunk. J'avais hésité à me l'offrir car j'avais eu peur de ce que le résumé annonçait. Et c'est en lisant quelques avis que je me suis finalement laissée tenter. le roman est directement ouvert sur l'action. le lecteur a donc, dans ce rôle d'observateur opportuniste, un peu de mal à comprendre chaque subtilité dans un premier temps. Mais cela est d'autant mieux que l'on découvre l'univers par nous-même.
Une des thématiques centrales est le changement climatique et ses conséquences dans le futur. Nous sommes à une époque où la Terre a subi tous les cataclysmes liés aux abus de l'Homme. Ce point qui est largement représenté dans la littérature actuelle est abordé de manière originale. On parle notamment des inspirations de la science dans la nature. A cela est ajouté un petit aspect steampunk avec des insectes mécaniques par exemple. Cela fait référence au biomimétisme : manière de copier le vivant pour innover. C'est un sujet très intéressant et il n'est qu'effleuré dans l'histoire. C'est un peu dommage car davantage de détails auraient encore plus enrichi l'univers ! On voit toutes les séquelles qu'ont pu causer les catastrophes climatiques dans l'histoire sans vraiment les aborder de front puisqu'elles sont distillées dans le récit.
La thématique de l'égalité homme/femme est le second élément d'importance dans le roman. J'avais peur que le traitement de ce sujet soit juste un renversement de la situation féminine. On voit parfois des femmes qui veulent presque se venger des hommes. Et inverser une domination ne permet pas d'atteindre une situation d'égalité. C'est le message véhiculé également dans le livre. Pour cela, l'autrice dépeint une situation où l'homme est soumis à la femme. Une petite déception cependant vis-à-vis de cela : les qualificatifs, les gestes ou situations que l'on peut retrouver vis-à-vis des femmes sont justes transposés aux hommes sans adaptation. Les hommes deviennent donc des êtres doux avec des attributs très féminins. J'aurais préféré une vraie adaptation des caractères généraux des hommes et pas juste une féminisation de la gente masculine…
Cet aspect du roman est renforcé par les personnages féminins qui sont en majorité des sorcières. Elles prennent, quant à elles, un caractère plutôt masculin… le récit rebondit sur le destin sombre qui était réservé aux sorcières pour en faire ici une caste privilégiée. J'ai beaucoup aimé ce jeu sur l'inversion de la position de sorcière en prenant en compte l'Histoire.
La place de la culture est importante dans le texte. Bannie car jugée inutile, l'autrice nous démontre avec force son intérêt par le biais des voyages dans le temps dont il est question dans le roman.
On pourrait se dire que cela fait tout de même beaucoup de thèmes sur un unique roman. Et c'est ce que je me suis dit au début. Néanmoins chaque élément trouve sa place sans donner une impression d'accumulation de thématiques. le récit est orchestré de manière à ce que l'ensemble soit harmonieux et que chaque thème accompagne, complète l'autre. Les personnages sont complets et les portraits dressés ont beaucoup de caractère, particulièrement ceux des héroïnes.
J'ai donc beaucoup aimé ce roman qui distille la magie des sorcières modernes et met en avant un mode de vie où la nature est vénérée. Une sorte de dystopie post-apocalyptique…
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
22 juin 2021
Roman young adult, Biotanistes ets un mélange subtil de post-apo, de steampunk et de voyage dans le temps.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Regarde autour de toi, voyons ! Ce qui était échangeable ou multipliable l'a été depuis belle lurette. Entre l'éradication des semences sauvages et des abeilles, les OGM et la surpopulation, il n'a pas fallu longtemps pour que la sécheresse détruise tout.
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L’histoire de l’humanité est jalonnée de catastrophes, et le schéma est infaillible ! Les survivants cherchent des coupables dans la différence, de préférence une minorité.
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Les jugements en disent souvent plus long sur la personne qui les pose que ce sur quoi ils portent.
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Comment peut-elle rester impassible face à tant de misère ? Comment ne pas s’identifier, se fondre dans ces chairs pour un bain de violence que l’empathie suffisait à rendre insupportable.
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