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EAN : 9782374270418
67 pages
éditions Faï fioc 2020 (11/05/2020)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Toujours entre deux portes, les saisons vastes, vivantes, les saisons d'enfance.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Écrit alors que Pierre Dhainaut fait un long séjour pénible à l'hôpital, ce recueil est particulier dans son oeuvre, plus épuré encore. Il explique lui-même à la fin :" On a été si nu dans l'abandon qu'il n'est plus possible , quand on en réchappe, de tolérer ce qui s'ajoute et définit, masque, étouffe. "

Les textes sont en effet très courts, composés souvent de cinq ou huit vers, eux-mêmes fort brefs. le désir est bien d'aller à l'essentiel, et une porte après l'autre :

" A l'aide
des paroles,
elles seules,
arracher
les verrous".

Cette recherche de sobriété extrême, ce choix minutieux des mots donnent aux poèmes une intensité, une densité, que l'on ressent profondément. J'ai beaucoup aimé entrer, en poussant doucement la porte, dans cet univers pur et vibrant.

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« Il y eut un ciel » /…/ « continuer… » Entre l'ouverture et la fermeture de son recueil, le poète Pierre Dhainaut retrace « une épreuve limite » qui l'a mené de l'absolue nudité à la ré-appartenance à soi-même et au monde.

Le titre dit assez le cheminement de reconquête, porte après porte, modeste et phénoménal à la fois, depuis la première suite intitulée « À la merci du coeur » jusqu'à la quatrième « Quatre éléments plus un ».
Tout débute en hiver sur un lit d'hôpital où le poète se retrouve nu, abandonné, survivant emprisonné en lui-même avec « Rien à quoi / s'accrocher dans / la poitrine le temps / a le temps / de tomber. » Seuls restent le souffle ténu, les battements du coeur fragile, la douleur. La poésie elle-même a déserté les lieux « sous le masque à oxygène », elle souffre d'« absence d'air ». Elle ne sauve de rien, juste laisse-t-elle le poète retourner à l'origine de toute parole.
Après la vie reliée à un cathéter vient le temps du lent réapprentissage qui passe en premier lieu par la reconquête des sens : l'ouïe, la vue… Les couleurs peu à peu reviennent au bord de « la marche du seuil si bleue ».
Poèmes du souffle court, balbutié (quatre vers et peu de mots, cailloux posés pas à pas), la parole avec « l'embellie de mars » se redresse légèrement dans la deuxième suite « Verticale d'instants » (six vers au corps frêle qui essaient de tenir debout, le poème devant lui aussi « tenir bon »). Dès lors chaque détail de la vie minuscule devient vital : une pie qui sautille, un chat qui dort, un arbre, un lilas, un enfant qui joue, une épaule, il y a « tant de passages » vers l'unité retrouvée, vers cet « or qui coule » et revivifie les veines…
Les herbes,
les pierres,
les nuages,
un seul
monde
à dire,
en croissance,
en gloire.

Priorité aux vibrations, à la libre résonance, les mots font leur retour petit à petit « sans savoir », comme le lilas du printemps qui par contagion colore la couverture du recueil. de la lettre au mot, du mot à la phrase, le langage patiemment se reconquiert et avec lui le « goût de l'énigme ». Chaque mot est à retracer dans ses courbes premières « comme à l'école. le poète doit tout ré-apprendre, tout re-cartographier pour se sentir à nouveau inclus dans un « nous » qui le relie au monde.
L'inconnu
commence
où vont les mouettes
à l'intérieur
des terres.

Dans cette troisième suite « Lexique réinventé » (avec retour aux 5 vers), les mots sont vécus comme des particules d'énergie vitale, des quantas, aurait dit Guillevic, qui libèrent les « verrous », ouvrent le sens vers un horizon qui s'agrandit « à perte de vue » jusqu'au ciel, jusqu'à la mer.
Le livre,
la gorge,
tout se dénoue,
la nuit se charge
du courant d'air.

Liens dénoués, souffle plus ample, place à la reconquête des quatre éléments : l'eau « à la proue de l'haleine », l'air qui « n'en aura jamais fini », le feu pour « le relais des paroles », la terre toujours « de connivence » et enfin ce « plus un » annoncé dans le titre : le poème qui conjugue à lui seul tous les sens, la poésie demeurant ce qu'elle est par essence : un souffle en suspens, conditionnelle comme tout arbre confié à l'avenir.

Nous publierions un poème
comme on plante un arbre
sur la berge d'un fleuve, nous aurions plusieurs vies
pour l'accomplir, toucher terre
dans l'élan, incarner, rayonner,
continuer…

« le poème nous met au monde », écrivait Guillevic, puisse-t-il nous y remettre lorsque tout semble perdu. L'écriture de Pierre Dhainaut, de l'extrême point nu à la pleine transparence, rapporte avec délicatesse, justesse et précision une expérience fondatrice de renaissance, un passage où la poésie, goutte à goutte décantée, se donne aussi pure que la neige, aussi fragile qu'un rai de lumière, aussi forte qu'une attente.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Oui
au poème
couleur
de lilas
sans savoir
s'il est
blanc
ou mauve.

( Ce poème, je le dédie à ma petite Lilas...)
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Personne…



Personne
au-dehors,
au-dedans,
puis de nouveau
dehors.

Non pas muette,
patiente,
l’attente
d’une parole
dans un visage.
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Le livre…



Le livre,
la gorge,
tout se dénoue,
la nuit se charge
du courant d’air.
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Les herbes…



Les herbes,
les pierres
les nuages,
un seul
monde
à dire,
en croissance,
en gloire.
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Oui / au poème…



Oui
au poème
couleur
de lilas
sans savoir
s’il est / blanc
ou mauve,
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Videos de Pierre Dhainaut (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Dhainaut
À l'occasion de l'édition 2021 (Auteur/lecteur) du Festival Résonances, les rencontres du patrimoine littéraire et de la création, nous vous proposons ici "Trajectoires d’écoute", une série d'entretiens avec Pierre Dhainaut, par Thomas Demoulin.
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