Le Livre des Baltimore est mon roman préféré, et
La Vérité sur l'affaire Harry Quebert fait sûrement partie de mon top 10 également. Et malgré ça, je me suis rendu compte récemment que je n'avais pas lu le tout premier roman de
Joël Dicker, intitulé
Les derniers jours de nos pères. Je viens de le terminer, et il faut avouer que je ne m'attendais pas du tout à ça ! Je me demande ce qui a poussé l'auteur à écrire un livre sur ce thème en particulier. Seulement 2 ans plus tard, il écrivait
La Vérité sur l'affaire Harry Québert, dans un style et à une époque totalement différents. Avant de le lire, je ne m'étais volontairement pas trop renseigné, j'avais à peine survolé le résumé, je voulais me laisser surprendre. Je m'étais dit, c'est un
Joël Dicker, je vais forcément apprécier. Alors, oui, j'ai adoré, mais j'ai aussi été très étonné.
Les derniers jours de nos pères, c'est l'histoire d'un groupe d'agents des services secrets anglais chargé de mener des opérations sur le sol français pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce n'est pas une énième romance se déroulant pendant cette guerre comme on en trouve à la pelle, non, c'est une histoire construite d'une façon bien spécifique et très détaillée. Celle-ci se découpe en plusieurs parties.
La première porte sur le cycle de formation des agents dans différentes écoles d'Angleterre : ce n'est clairement pas ma partie préférée ; certes, elle permet de découvrir les personnages et de comprendre les difficiles conditions de travail des agents, mais on a l'impression de se retrouver dans un livre d'histoire du lycée avec beaucoup d'explications sur toutes les techniques de guerre, de combat, d'espionnage, etc. J'ai trouvé que cela manquait d'un quelque chose pour être moins technique. Les personnages principaux nous sont présentés, Pal, Claude, Stanislas, Laura, Faron, Gros, Aimé, … mais à ce moment-là de l'histoire j'ai encore du mal à m'attacher à eux, ils me semblent très distants.
Dans les parties suivantes, les agents partent en mission et l'intrigue commence enfin à se mettre en place, avec également l'arrivée de nouveaux personnages. Un peu lassé par la première partie, j'ai été happé par l'histoire à partir de ce moment-là. Les personnages se développent, on découvre les particularités de chacun. Gros, surnom de guerre d'Alain, m'a particulièrement captivé. Tous ont des caractères et une façon d'aborder la guerre bien différents. Il ne faut pas oublier de parler d'un personnage important, à la fois très présent et très absent dans l'histoire : le père de Pal, ou devrais-je dire le père « tout court ». Il reste mystérieux avec un caractère peu développé. Présent de façon récurrente tout au long du livre, il brille par sa naïveté et semble être une représentation de tous les parents dont l'enfant est parti à la guerre.
Je ne m'appesantirai pas sur les rebondissements de l'histoire ici pour ne rien révéler, mais malgré tout, ils restent assez prévisibles. Je ne pense pas que ce soit ça le plus important.
Joël Dicker dépeint avec brio les relations humaines en temps de guerre, et plus particulièrement les relations père-fils. Au-delà du quotidien des soldats et agents, il nous transmet ici leurs pensées et la façon dont la guerre influence leur esprit et leur représentation de l'humanité. On ne saura jamais comment on aurait réagi à leur place dans les mêmes situations, mais on entrevoit ici quelques possibilités. Et c'est tout ceci que l'auteur veut faire passer, l'émotion, le ressenti, l'importance des autres, et la vitesse à laquelle tout peut changer. Je recommande la lecture de ce roman, mais attention, l'expérience est totalement différente des autres
Joël Dicker.