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3,73

sur 1982 notes
J'étais très jeune quand je l'ai lu pour la première fois, trop jeune pour en saisir toute la portée, mais j'ai immédiatement été fasciné par cette oeuvre. Au point que pendant longtemps je me suis refusé à la relire de crainte de ne plus y retrouver le même plaisir, de crainte d'être déçu. J'ai donc attendu, largement plus d'une décennie, avant de m'y replonger. Et je n'ai nullement été déçu. Bien sûr, il n'y avait plus la même surprise, car je me rappelais cet incipit insolent et provocateur, cette manière d'interpeller le lecteur qui m'avait tant étonné. Mais le plaisir était toujours là, différent bien sûr parce qu'enrichi par des connaissances que je n'avais pas durant mon adolescence.
L'extrême plaisir que j'y ai pris lors de mes deux lectures, plus tard je n'en ai relu que des extraits, ne serait-ce que pour des raisons professionnelles, ce plaisir répété donc vient sans doute de cet art du dialogue et de la suspension : Jacques, le valet, raconte à son maître ses amours, et nous le raconte donc aussi à nous lecteurs. Mais son récit sera sans cesse interrompu par leurs rencontres et les quelques mésaventures qu'ils vont connaître au cours de leur voyage. Il sera aussi indéfiniment étiré par les détails et les digressions que se permet Jacques, en différant toujours l'issue. Aussi, l'un des thèmes de ce roman est le désir, pas seulement le désir sensuel, cependant présent, mais aussi de cette fameuse libido sciendi : le désir de savoir…
Et bien d'autres thèmes jalonnent le voyage des deux principaux protagonistes : la relation maître/valet, qui a inspiré Hegel quand il écrivit La Phénoménologie de l'esprit, les relations compliquées entre la liberté et la prédétermination (Spinoza avait beaucoup influencé les hommes des Lumières), cette relation est d'ailleurs constamment représentée dans l'histoire elle-même, qui parfois vient heurter les convictions de Jacques, qui ne connaît d'ailleurs Spinoza que de seconde main…
Ce récit est assez caractéristique d'une sorte de renaissance du baroque, que l'on appelle plutôt aujourd'hui rococo : c'est en effet un récit à tiroirs, avec ce long épisode de l'histoire de Madame de la Pommeraye, adaptée plusieurs fois au cinéma, notamment par Bresson dans Les Dames du bois de Boulogne.
Le thème de l'errance est aussi omniprésent, il est d'ailleurs fréquent au XVIII° siècle (Candide, Manon Lescaut…), reflétant sans doute l'état d'incertitude et les changements qui caractérisent ce moment de l'histoire intellectuelle.
Tout m'a enchanté dans ce roman, qui joue avec nos nerfs, et surtout qui fait penser. Il est d'une extrême modernité, bien plus moderne dans sa forme que la plupart des romans du siècle suivant, ne serait-ce que par cet usage du dialogue, certains passages étant écrits comme une pièce de théâtre. Si vous ne l'avez jamais lu, n'hésitez pas, si vous l'avez déjà lu, relisez-le : on y découvre toujours de nouvelles choses.
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Bonjour !
Avis général : Diderot nous offre un livre à l'écriture singulière et caractéristique de l'auteur. Jacques le fataliste nous permet un voyage philosophique sur la société a cette époque !

Pourquoi 4/5 :
Les + :
• Malgré un caractère original, Jacques est attachant, tout autant que son maître.
• Roman assez comique
• Un style d'écriture agréable
Les - :
• Quelques longueurs...
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Un livre vivant, qui raconte le chemin de Jacques, le valet et de son maître. Jacques raconte sa vie. Son discours est sans cesse interrompu par des rencontres et autres aventures. C'est un livre sur la philosophie de la vie, plein d'histoires, de contes et de métaphores. le maître n'est pas à la hauteur.
La vie est-elle écrite d'avance (idée de Jacques, d'où son surnom Jacques la fataliste) ou non ?
Jacques devait raconter son premier amour. Nous ne sûmes la fin de cette histoire que dans les dernières pages.
Un livre qui demande une bonne connaissance du XVIII ème Siècle et de ses auteurs, ce que je n'ai pas.
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"Jacques le Fataliste" est peut-être le roman le plus abouti de Diderot, et il semble inaugurer un type de création littéraire qui se développera au XIX° mais surtout au XX°s, l'écriture expérimentale. Appuyé sur Sterne et sur la tradition picaresque espagnole, Diderot installe le dialogue entre lecteur et auteur au centre même de la narration, et des histoires qu'il va raconter, ou faire raconter à ses personnages. Il ne nous laisse jamais oublier ce que les romans réalistes s'ingénient à dissimuler : un récit est le résultat d'une collaboration entre un narrateur et son auditoire, quand il n'en est pas la résultante. Il nous sera donc impossible de céder à l'illusion narrative réaliste, nous serons toujours placés dans le plus grand inconfort par ce diable d'auteur qui ne nous laisse jamais nous assoupir comme dans une salle de cinéma, à regarder passivement des images et à réagir. "Jacques le fataliste" est donc aussi difficile à lire aujourd'hui, avec nos Musso, Lévy, Coelho et autres vendeurs de rêvasseries, qu'au XVIII°s avec ses romances et bergeries sentimentales. Pourtant, les personnages sont hauts en couleurs, les récits tellement vivants qu'on peut les mettre en scène, et le divertissement que ce roman comique procure est inégalable. Seulement, il ne faut pas dormir, ou plutôt, ne pas avoir pris l'habitude de dormir avec les romanciers somnifères auxquels le Culturel médiatique nous a habitués.
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Certes, c'est complètement voulu par l'auteur, c'est son désir de faire un pied de nez à un roman trop convenu dans sa forme... mais trop pour moi.
De même que pour les milles et une nuit les histoires dans l'histoire dans l'histoire puissance quatre me perdent rapidement... et du coup je décroche.
Je suis arrivée à la fin comme un navire arrive à ce qu'il croit être le port dans le brouillard... pour s'écraser contre les récifs de l'ignorance et non résolution.

L'essentiel du livre a donc été perdu pour moi.
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jacques le fataliste est de par le projet de son auteur absolument différent des autres textes littéraires et surtout ceux de son époque, ce qui donne une atmosphère très souvent inconnue. l'oeuvre est captivante et j'ai retenu que très peu de critiques qui n'étaient pas encore d'actualité. effectivement diderot dans ce récit en profite pour dénoncer tout les poisons, défauts de notre société en mélangeant l'implicite et l'explicite de manière magistrale.
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Même si ce livre compte parmi les classiques de la littérature française, je n'ai pas aimé. Je trouve que c'est un livre qui a "mal vieilli" .
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Il m'a été difficile de terminer ce livre, la cause étant tant la forme que le fond.
Peut-être est-ce à cause de l'éloignement temporel, mais la langue paraît confuse, peu jolie, et peu construite, à l'image du récit lui-même. Ce dernier point peut être volontaire, il n'en est pas moins gênant. On a l'impression que l'auteur se fiche un peu de son histoire, qu'il l'écrit à la volée, et le lecteur commence perd lui aussi vite intérêt. On s'attache cependant un peu à ce serviteur et ce maître, malgré tout... Mais le sujet du récit, le déterminisme, m'apparaît aujourd'hui trop stérile (ou trop déprimant ?) pour me plaire.
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J'ai reçu cet ouvrage avec l'opération masse critique organisée par Babelio. Si la présentation de l'ouvrage faite par les éditions Liagaran en "grands caractères" n'est pas désagréable, j'aurais aimé une préface pour introduire à la fois l'auteur et l'ouvrage.
Ce qui m'a davantage chagriné, c'est l'histoire elle-même. J'ai abandonné plusieurs fois cette lecture, car j'étais agacée par les interruptions intempestives du narrateur omniscient et que comme le maître de Jacques, j'étais impatiente de découvrir les amours de ce dernier et irritée par les nombreuses péripéties et digressions qui venaient couper trop souvent le récit. Je n'ai pas accroché avec cet ouvrage même si Diderot use parfois d'une ironie qui n'a pas été sans me déplaire. Ainsi, sans vouloir détourner le lecteur de cet ouvrage, je me dois d'être honnête,je n'ai pas apprécié cette lecture. J'ai vite cerné la critique faite à la philosophie "fataliste" de Jacques par Diderot, mais je trouve que ce roman manque un peu de saveur. J'aurais aimé pouvoir prendre le même plaisir à lire DIderot comme à lire Voltaire ou Rousseau mais ce ne fut pas le cas malheureusement. En tout cas l'histoire reste plaisante dans le fond et on s'attache aux personnages mais je n'ai pas supporté les interpellations faites aux lecteurs et les digressions.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération « Masse critique » organisée par Babelio, à l'occasion d'une nouvelle publication par les Editions Ligaran et je me sens donc en quelque sorte obligé de dire quelques mots là dessus avant d'aborder l'oeuvre en elle-même. Il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à dire, étant donné l'absence de préface, si ce n'est qu'il s'agit d'un format « grands caractères ». Un effort supplémentaire apporté à la mise en page aurait tout de même permis d'adopter une typographie un peu moins basique et surtout d'éviter de nombreuses erreurs de sauts de ligne, qui ne gênent cependant pas la lecture. Entrons maintenant dans le coeur du sujet.
Diderot doit être un grand écrivain, puisqu'on en parle en cours de Français. C'est du moins le seul apriori que je pouvais avoir à son sujet, puisque je n'avais jusque-là rien lu de lui. Jacques le Fataliste est un titre inclassable : une longue conversation entre un valet et son maître qui sont sur la route. L'auteur ne donne aucune indication sur le contexte de l'histoire et déclare même s'en moquer en prenant à partie le lecteur. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Pourquoi voyagent-ils ? Comment se sont-ils connus ? Mystère. Mieux, Diderot qui est célèbre pour ses réflexions sur l'art, parodie les conventions des premiers romans avec leur lots de péripéties et de techniques sensées tenir le lecteur en haleine. Il s'ensuit une grande liberté de ton et de forme qu'il faut saluer, mais également un caractère décousu qui peut finir lasser et pour tout dire ce fut mon cas. Trop de retours en arrière, de parenthèses, d'adresses au lecteur et d'anecdotes sans véritable intérêt plombent le rythme et font que cet exercice de style périlleux n'évite pas l'écueil du cabotinage, malgré l'intérêt indéniable de certains passages. Pour réussir ce tour de force, il aurait fallu que des thèmes plus profonds et sous-jacents au récit donnent une cohérence d'ensemble à l'oeuvre. Je pense même aujourd'hui ce défaut de structure lui serait tellement reproché que le livre ne trouverait pas d'éditeur. Pourtant ma réserve n'est pas due à l'époque, car je lisais en parallèle le Traité sur la Tolérance de Voltaire, qui est son presque exact contemporain et que j'ai adoré. En conclusion mon avis est mitigé. Je ne dénie pas les qualités de cet ouvrage, à la fois plutôt intéressant, facile à lire, témoignant d'un esprit libre et indépendant. A contrario il serait hypocrite de ma part d'en faire les louanges alors que j'ai dû un peu me forcer pour arriver péniblement à la moitié. Un lecteur précédent a exprimé dans un commentaire précédent son impression de bien meilleure manière que je ne saurais le faire, c'est-à-dire d'avoir attendu un bus qui n'est pas passé.
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