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EAN : 9791026202899
425 pages
Librinova (12/02/2017)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Après son exclusion du Collégium de magie,Daoine gagne chichement sa vie en pillant les tombes enfouies sous les sables rouges du désert de Sarkadame. Il est finalement contraint à accepter une mission pour l’ordre religieux des Cent Félicités. Un dragon a pris possession de l’un des temples de la congrégation, s’emparant des richesses qu’il contenait. Des licornes ailées seraient certes idéales pour combattre le Grand Ver Volant, mais encore faut-il parvenir à les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Monde féérique, humour et élégance du style, pour cette Fantasy riche en rebondissements.

Avec un sens raffiné de la parodie, l'auteur nous entraîne dans les aventures et mésaventures d'un héros malgré lui, plein de ruse et de faconde.
En effet, Daoine a l'art de se mettre dans le pétrin, souvent inspiré par son seul désir de faire de bonnes affaires ou de galantes rencontres.
Peu soucieux de moralité et toujours prêt à servir mensonges éhontés et contes à dormir debout à ceux qui sont victimes de ses manigances, c'est cependant un type sympathique. Audacieux, plein d'esprit, séducteur, brillant débatteur, toujours positif, faisant preuve d'optimiste dans les pires situations, c'est justice de lui reconnaître également la possession de vertus essentielles tels que courage, sens de l'honneur et altruisme.

L'argument de départ est simple, mais assez fort pour maintenir la tension du récit tout au long des 400 pages : dès le début, dans des circonstances montrant qu'il souffre d'une paradoxale naïveté, Daoine ingurgite un poison traitreusement offert par un dignitaire de la confrérie des Cent Félicités.
La potion est mortelle et aussi sournoise que la main qui la lui a tendue.
Il ne pourra en recevoir l'antidote qu'à condition de remplir le contrat que la confrérie lui impose. Il s'agit bien sûr d'une mission quasi impossible, à mener en moins de 30 jours, délai au-delà duquel il n'aura plus aucun souci à se faire, l'action létale du philtre étant alors irréversible.

Luc DidierJean est un auteur très imaginatif, armé d'une belle écriture, ample, rythmée, moqueuse, teintée ici d'une jolie patine médiévale, offrant un lexique vaste et précis, des tournures de phrases volontiers emphatiques et précieuses, dont les acrobaties réjouissent l'oeil et l'oreille.
On suit donc le personnage savoureux de Daoine dans une cascade de mésaventures qui l'emporte à travers des contrées décrites avec un soin de paysagiste sur porcelaine.
Le décor de cette épopée est un véritable patchwork de régions pittoresques qu'on dirait prélevées dans le monde entier, mêlant orient et occident, et on a le sentiment de glisser dans les différentes facettes d'un kaléidoscope.
C'est drôle, inventif, le charme du vocabulaire farci de néologismes cocasses, mais aussi de termes précis appartenant – entre autres – au champ de la botanique, fait scintiller le texte de mille attraits.

Je ne compte plus les séquences dont je me suis régalé. Cette profusion d'événements et de rencontres fabuleuses, est marquée selon moi par une inspiration fédératrice de nature LewisCarrollienne. Une façon fantaisiste de traiter les personnages, les situations qui les opposent, les scènes où ils négocient et s'affrontent, en jouant avec les mots et la logique qui décale tout joyeusement – même la violence – vers un certain absurde, plein d'humour et de poésie.

Le cadre général du livre, à peine suggéré tout au long du récit, est une anticipation post-apocalyptique où subsistent quelques ruines de vieilles civilisations détruites depuis des millénaires par les guerres thaumaturgiques. Ainsi Daoine aperçoit-il, lors d'un vol inoubliable en aéronef, l'étrange toupie de l'Oreille des Dieux…
Dans ce monde où l'homme moderne technologique, tel que nous le connaissons, a disparu, les forces élémentaires s'expriment librement et gaillardement, parfois incarnées par des êtres prodigieux. Dans les campagnes comme dans les citées capitales, l'irrationnel domine et ses apôtres y jouent un rôle de premier plan.

Quelques extraits illustrant le style :

« Il marchait d'un pas vif, et sa cape grise, que soulevaient par intermittence les bourrasques du vent marin, lui donnait l'aspect singulier d'un échassier arpentant fiévreusement les laisses à la recherche de son déjeuner. »

°°°
« — Je vous prie d'excuser mon intrusion fortuite sur votre propriété, monseigneur. Mon nom est Daoine, je suis un honnête voyageur égaré par la malice de cette forêt. Mes provisions sont bien maigres, et vous m'obligeriez beaucoup en me permettant de cueillir quelques-uns des magnifiques champignons qui croissent dans votre parc. J'ai aperçu un rond de morchellots excellents... le visage de Tchamatz se fit impassible, et il dit d'une voix glaciale :
— N'y songez pas. Ce ne sont pas des morchellots excellents, mais des hybrides de morchellot et de golmote à pied de troll. N'avez-vous pas remarqué la volve napiforme et le tronc scroboculé ? »
°°°

« — Pensez-vous qu'il me suffise de dire "muscade" pour me projeter où bon me semble ? L'archimage Pilandoss a lui-même énoncé le principe d'Incertitude de Transfert, après avoir malencontreusement téléporté sa jambe gauche et ses organes génitaux à cent lieues de son laboratoire ; et cependant ce n'était pas un novice dans cet art. »

°°°
« Bientôt, les collines s'abaissèrent lentement et une végétation plus riche recouvrit le sol : graminées diverses, lin sauvage et bouillon blanc se dressant au-dessus des bouquets de sanguisorbe ou de chélidoine à lutin. Ils atteignirent finalement la ligne d'arbres, lesquels se révélèrent être de gigantesques cyprès élevant haut dans le ciel leurs quenouilles noires. »
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De l'excellente fantasy comme je l'aime

Une quête, un héros, un univers, tout est mis en place avec brio et une imagination fertile. Autour des nombreuses péripéties passionnantes du personnage principal, un garçon sympathique, débrouillard et astucieux, délicieusement imparfait, courageux mais pas téméraire, l'intrigue principale est émaillée de nombreuses aventures secondaires et d'historiettes savoureuses, bien trouvées, qui donnent toute sa consistance au monde d'Erewhon. Chacun des chapitres présentent un ou plusieurs aspects classiques des différents sous-genres de la fantasy, toujours assaisonné d'un humour subtil, savamment dosé, et dépeint avec un vocabulaire stylisé et un talent évident.
Avec l'aide d'un esprit hautain, aux tendances moralisatrices et aux conseils -selon lui- bénéfiques, Daoine ira se frotter à un nombre impressionnant de créatures diverses, des plus habituelles comme le thaumaturge condescendant, aux plus incroyables. le bestiaire de cet univers, ainsi que la flore, sont proprement hallucinants de diversités, et, tout comme les paysages, décrits avec précision, fluidité et sans jamais lasser un lecteur avide qui se laisse entraîner par la plume quasiment poétique de l'auteur. Si mages et prêtres sont régulièrement égratignés par son ironie mordante, il n'en reste pas moins qu'en filigrane, l'injustice, l'oppression et le ridicule des puissants sont régulièrement questionnées, sans pour autant alourdir le ton léger et l'ambiance fantastique de l'ensemble. Dans des tombereaux d'alcools et de nombreux repas exotiques (ça vous dit un mélitan frit farci aux morchelots excellents arrosé d'alcool de sapin?) notre héros devra, bien à contrecoeur, mener une quête palpitante aux quatre coins de l'univers entre science délirante, magies de tout poil et cultes étranges dans un suspense bien emmené jusqu'à une fin surprenante.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde à lire les lignes élégantes et enlevées de Luc Didierjean, et je ne peux que vous conseiller d'entrer dans l'alcôve aux côtés du gobelin, sans hésitation !
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« le gobelin dans l'alcôve » est un truculent pavé à la sauce magique, concocté par Luc Didierjean en personne.
Mis à part le fait que le titre laisse un tantinet dubitatif, on se régale de la page 1 à la page 427. On voyage, on s'amuse, on frémit, on s'inquiète, on visite et on apprend à connaître un grand nombre de choses et d'êtres qui, pour le cartésien moyen amputé de ses rêves, ne sauraient exister.
L'auteur nous propose un univers qui n'appartient qu'a lui, malgré ses illustres prédécesseurs. On pourrait évoquer le maître du genre, Tolkien et sa terre du milieu, Jack Vance, ses dragons, son archipel imaginaire dans lequel se côtoient hommes et peuple féerique. En fait, on pourrait évoquer moult auteurs :
Ursula le Guin et les aventures du jeune Ged.
Robert Jordan auteur d'une série mêlant quête, magie, monde médiéval et pouvoirs cachés,
Thomas Burnett Swann et ses textes mythologiques… Ce dernier nous amenant tout droit à Homère et à son odyssée…
On pourrait citer l'ensemble de ces grands noms en les rapprochant de l'oeuvre de DidierJean… Mais ce serait inutile, car ce livre n'est pas du untel ou du machin chose, c'est du Luc Didierjean qui, avec ce roman, inscrit son nom au tableau d'honneur des grands auteurs de Fantasy…
Son imagination est sans fin. de chapitre en chapitre, d'épreuve en épreuve, le héros nous catapulte dans des situations toutes plus délirantes les unes que les autres. Encore un autre univers auquel on pense, le cycle d'Ananké, imaginé par le regretté Henri Verne, le père de Bob Morane, héros qui au passage n'a rien de commun avec celui de Didierjean.
Ordinairement, dans ce genre de voyage initiatique, nous avons affaire à des personnes jeunes, courageuses, loyales, fidèles, de nobles conditions, des gens de qualité, des combattants qui vivent leur voyage initiatique avec humilité… Eh bien, tout ça, ça n'est pas le cas de Daoine, le héros de ce roman, qui est loin de posséder les qualités d'un futur chevalier Jedi.
Il est voleur, roublard, parfois pleutre. Intéressé, vénal. Il magouille, il ment, il trompe, il convoite la majorité des femmes qu'il croise, il a aussi peu de paroles qu'un homme politique et la quête qu'il mène est plus que discutable.
Et pourtant il est sympa. Enfin, ce qui s'avère également peu commun, Didierjean ne nous fait pas le coup du héros malgré lui ou du filou repenti… Daoine demeure ce qu'il est… c'est-à-dire un homme intelligent, pas vraiment méchant, mais privilégiant son propre intérêt. Un bonneteur cafi de ressources, servi par une baraka pas possible, qui n'hésitera pas, si ça peut arranger ses petites affaires, à laisser son meilleur ami dans la plus inconfortable des panades.
Le genre de relation que l'on a tendance à rayer de son agenda.
Dernier détail et pas des moindres… Sous prétexte de contes, d'aventures folles et épiques, certaines situations, certains comportements, certaines descriptions, m'ont étrangement fait penser à de puissantes critiques en forme de flèches affûtées, ciblant un monde bien moins imaginaire que le pays des dragons, à savoir, celui des requins en tout genre, le nôtre.
Volonté de l'auteur ou pas ? À vous de répondre, après avoir lu bouquin, bien sûr.

Lien : https://jeanbjouteur.wixsite..
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Une imagination fertile et des aventures trépidantes...
Les amoureux de Fantasy ne seront pas déçus: tous les ingrédients du genre sont ici réunis pour offrir au lecteur des aventures trépidantes dans un univers fantasmagorique, peuplé de créatures extraordinaires (au sens propre du terme) évoluant dans un milieu si brillamment décrit qu'on se croirait dans la peau de Daoine, (anti)héro malgré lui, luttant contre vents et marées pour accomplir une difficile mission qui ne l'emballe pas plus que ça... L'action est rehaussée par un humour caustique qui raille en filigrane le monde des puissants tout en confrontant science et magies occultes pour mieux brouiller les pistes le style irréprochable et l'imagination foisonnante de l'auteur nous transporte sans temps morts dans une intrigue pleine de suspense. du Fantasy de grande qualité.
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Quelle splendide couverture ! J'annonce de suite la couleur, la Fantasy, ce n'est pas ma tasse de thé et depuis longtemps, je n'avais plongé dans un livre de ce genre.
Surprise ! J'ai accroché dès les premières lignes ! En plus les plans au début de l'histoire m'ont fait penser à des livres que je lisais à mes élèves. On y trouve des héros qui n'en sont pas vraiment comme Daïne, des monstres, des licornes qui volent, bref de la pure Fantasy, mais qui se lit vraiment très bien ! On part dans une quête, on traverse des péripéties. Franchement, c'est un roman à lire même si on n'est pas fan du genre ! On se laisse embarquer et on ne quitte le navire qu'à la dernière ligne ! Bravo à l'auteur ! Ce livre aurait vraiment plu à mes anciens élèves !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tapi contre la roche glacée, Daoine observa la sinistre procession qui s'approchait de sa cachette. Le roulement du tonnerre ne parvenait pas à couvrir l'étrange mélopée qu'ils avaient entonnée, et ajoutait un lugubre contrepoint à la scène. Les hommes-bêtes firent halte, et Daoine découvrit avec horreur qu'ils avaient avec eux une prisonnière : une femme se tenait stoïquement debout au milieu d'eux. Elle aussi était dénudée, et semblait accepter avec abattement son sort, lequel ne faisait malheureusement aucun doute. Son visage aux traits fins était encadré d'une chevelure tressée, et Daoine estima qu'elle sortait à peine de l'adolescence. Il ne pouvait laisser faire ces ignobles hybrides, mais quelle chance avait-il contre une troupe aussi nombreuse ? Cependant, ils ne possédaient aucune arme, ni aucun vêtement susceptible d'amortir un coup ou de détourner le fil de l'épée. L'effet de surprise suffirait peut-être à les faire reculer, le temps d'enlever la jeune fille et de filer au galop... Le cercle des monstres se resserra autour de la captive, qui scrutait maintenant avec une angoisse visible les faces bestiales. Daoine, oubliant toute prudence, bondit hors de sa cachette en hurlant, tel un farfadet désireux d'effrayer des sangliers fourrageant dans ses parterres de champignons. Une vague de panique fit refluer les hommes-bêtes en direction de la sortie, ce qui ne manqua pas de ragaillardir Daoine.
— Libérez la prisonnière si vous ne voulez tâter du fil de ma lame ! ordonna-t-il péremptoirement.
Après un léger flottement, un homme-chat prit timidement la parole :
— Il n'y a ici aucune prisonnière ; Esvild est avec nous de son plein gré...
Daoine, perplexe, lorgna en direction de la jeune fille, laquelle tentait maladroitement de dissimuler sa charmante nudité.
— Est-ce la vérité ?
— Tout à fait, bredouilla-t-elle, en ramenant ses longues tresses sur sa poitrine.
Daoine avança de quelques pas, sans quitter du regard les hybrides.
— Une méprise fort excusable, admit l'homme-ours, à demi rassuré quant aux intentions de ce guerrier fulminant. Nous célébrons ce soir le passage à l'âge adulte d'Esvild, et elle doit choisir son totem.
— Un choix crucial, ajouta l'homme-loup. Tous ses enfants mâles porteront ce totem, lequel verra ainsi croître sa renommée.
Daoine releva ostensiblement sa lame. Il venait de fourrer son nez dans une cérémonie d'initiation, ou quelque autre rite de ce genre. Quelle poisse ! Sans aucun doute, ce lieu avait un caractère sacré, et il allait devoir rendre des comptes à cette troupe hétéroclite de prêtres-animaux dénudés.
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