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sur 1663 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça y est, nous y sommes presque !
Le week-end noir de Fison Futé, le grand chassé-croisé estival approche.
Bientôt nous serons des milliers à prendre le volant, et presque autant à faire des haltes sur les aires de repos. Certains rouleront de nuit, certains dans les Ardennes, certains peut-être s'arrêteront même dans la station-service tenue par Juliette et Sébastien. À ceux-là je conseille d'ouvrir l'oeil : si l'on en croit Adeline Dieudonné, il s'en passe de belles ici !

La romancière belge orchestre en effet nuitamment, sur cette aire d'autoroute, le télescopage de quatorze personnages complètement improbables, chargés de névroses, d'angoisses et de vices, qui pour la plupart ne se connaissent pas et auxquels on peut ajouter, si l'on cherche l'exhaustivité, un cheval dans son van et un cadavre encore chaud dans le coffre d'un hummer aux vitres teintées.
Oh le curieux panel que voilà !

Douze de ces voyageurs nocturnes ont une histoire à raconter, et nous proposent pour ce faire douze chapitres noirs, parfois sanglants, toujours intenses et plutôt trash, aux allures de nouvelles nerveuses et singulières, quasi indépendantes les unes des autres.
Grâce à la plume alerte d'Adeline Dieudonné, le tout se lit avec facilité et sans déplaisir, mais quelques situations aussi farfelues que dérangeantes (sur lesquelles je ne m'étendrai pas pour ménager l'effet de surprise) et quelques personnages carrément tordus (idem), provoque inévitablement sur le lecteur un vague sentiment de malaise…
Solitudes, misères affectives et sexuelles, vieilles fêlures intimes jamais cicatrisées, problèmes familiaux en tous genres : chacun des protagonistes porte sur la route un lourd bagage, et chacun semble s'être retrouvé là par un funeste hasard, comme échoué sur la bande d'arrêt d'urgence de sa vie. Dommage que l'auteur se soit contentée de juxtaposer ces douze portraits sans chercher à établir de liens entre eux, sans créer de véritable interaction entre ses personnages, sans conclure son roman (si c'en est un ?) sur le final espéré, celui qui aurait tout justifié et conféré au texte une plus grande unité.
Si l'idée de faire se croiser, en un lieu de passage propice aux rencontres les plus inattendues, des personnages éclectiques aux trajectoires diverses, Adeline Dieudonné n'explique jamais pourquoi elle a tenu à réunir cette poignée d'âmes à la dérive en ce carrefour précis du temps et de l'espace.
Dans un genre très (TRÈS !) similaire, j'avais trouvé le roman "Aires", signé de l'excellent Marcus Malte, beaucoup plus abouti.

J'ai néanmoins passé un bon moment avec ce roman plutôt décoiffant (dont le titre et sa faute d'orthographe restent pour moi assez énigmatiques) qui m'incitera peut-être, à l'occasion d'un prochain arrêt sur une aire d'autoroute, à porter discrètement un regard nouveau sur mes compagnons de voyage !
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Après avoir adoré son premier roman « La vraie vie » et son dernier « Reste », je n'avais qu'une hâte, lire « Kérozène ». Je dois dire que je suis partie totalement à l'aventure, sans lire, ni la quatrième de couverture, ni aucune critique.

Ce roman se présente sous la forme de courts récits juxtaposés qui forment dans la toute dernière page un ensemble.

*
L'histoire se déroule une nuit d'été, dans les Ardennes.
Sans compter un cheval et un cadavre, ils sont douze à se trouver au même moment dans une station-service, le long d'une autoroute.

Il est 23h12, il fait encore chaud. Et tout va basculer d'un instant à l'autre.

*
J'aime beaucoup l'écriture franche d'Adeline Dieudonné : elle est mordante et agressive, acerbe et cruelle, colorée et vive, fragile mais assez crue aussi. Comme dans « Reste », l'autrice a réussi à rendre le récit intrigant et addictif par un incipit dynamique surprenant. J'ai aussi ressenti une froideur dans l'écriture compensée par un humour ironique, une mise à distance qui m'a paru nécessaire au regard des souvenirs douloureux évoqués, parce qu'il faut bien avouer que certaines scènes sont un peu brutales, voire « trash ».
Ses descriptions sont précises, les mots font mouche et en seulement quelques pages, l'autrice dresse des portraits très différents, vivants, réalistes ou totalement déjantés. Chaque histoire est souvent déroutante, sombre et triste, parfois absurde et un peu forcée, mais elles ne sont pas dénuées d'un humour noir grinçant qui m'a beaucoup plu.

« Elle se voyait comme un animal évoluant dans un écosystème soumis à la loi du plus fort. Les gagnants, les perdants. C'était simple à comprendre. Même un gosse de quatre ans était capable de palper cette réalité : tu bosses, tu survis, tu bosses pas, tu crèves. La sélection naturelle, les plus forts s'en sortent, tant pis pour les autres. C'est la loi de la nature. Limpide, nette et implacable. C'est si simple à comprendre. »

Chaque chapitre introduit un des personnages présents au moment où tout bascule. Certains protagonistes ont des attaches et sont liés, d'autres sont des inconnus, des gens de passage. Pourtant, l'autrice tisse avec finesse des liens entre eux sans qu'ils ne s'en rendent compte. Ces attaches sont ténues mais leurs destins sont imbriqués.
A tour de rôle, de manière fugace mais détaillée, on entre dans leur vie personnelle, leur intimité, et on découvre les évènements qui les ont conduits à se retrouver dans cette station-service au moment du drame. Si certains nous apparaissent sympathiques, touchants, abimés par la vie, d'autres apparaissent plutôt égoïstes, décalés, excentriques, sans filtre, vulgaires, voire dérangés.
L'autrice a réussi à m'emporter dans chacune d'entre elles, en croquant ses personnages avec dureté, espièglerie, humanité ou tendresse.

Ainsi, « Kérozène » est une véritable mosaïque de voix, de personnalités, des pensées, de souvenirs qui amène un flot d'images, de sensations, d'émotions, d'horreur.

« Je crois qu'elle s'était prise d'affection pour moi. Au moment de payer, elle disait toujours à ma patronne : « Vous avez de la chance de l'avoir, c'est une gentille fille, bien propre. » Je me sentais comme un épagneul breton qu'on caresse entre les oreilles. »

Même si ces histoires qui s'ajoutent les unes aux autres composent au final un tableau visuel global, je me suis tout de même demandée à plusieurs reprises où m'emmenait l'autrice, comment elle allait raccrocher tous ces récits. En effet, aucun des personnages n'a de rôle central dans les évènements qui se jouent. Ils défilent, se croisent, souvent de manière fortuite.

L'épilogue, très court de moins d'une page, m'a fortement surprise et m'a demandé une relecture moins empressée pour comprendre sa finalité. Elle pourrait se résumer dans la dernière phrase du roman :

« Ici on ne fait que passer. »

*
Avec sensibilité et profondeur, « Kérozène » nous parle du sens de l'existence et de la quête d'identité, de la fragilité de l'enfance et de l'innocence perdue, des relations au sein de la famille et de la violence domestique, de leurs conséquences dévastatrices et de la capacité de résilience face à la brutalité de la vie.

« L'idée de rejoindre Nicolas dans la cuisine la séduisait autant que la perspective d'un tête-à-tête avec un cadavre de phoque en décomposition. »

Il est aussi question de domination dans sa relation avec les autres, mais aussi avec les animaux.
Un chapitre est en effet consacré au cheval Red Apple, il nous est livré de son point de vue. C'est étonnant, déroutant, choquant, touchant, émouvant et j'ai adoré.
Par ailleurs, d'autres animaux sont mis en scène : un cochon, un chien, un loup, un dauphin, l'occasion de montrer la violence que les hommes leur font subir.

*
Pour conclure, Adeline Dieudonné relate des tranches de vie dérangeantes, provocantes, sordides, malsaines et satiriques. La galerie des personnages est incroyable, surréaliste.
Il y a de l'humour, du sexe, de la férocité.
Un roman original, une écriture étonnante qui fuse, une autrice que je continuerai à lire.
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Je termine mes lectures d'Adeline Dieudonné avec Kérozène.

15 inconnus, une station-service, 15 moments de vie. Certains interagissent, d'autres non et en une minute, le destin bascule pour une personne…

C'est sans doute celui qui dans son intrigue m'aura le moins plu même si je reste un très grand fan de cette plume légère qui met les bons mots à la bonne place et traduit de facto si admirablement les émotions des protagonistes…

Du grand art…
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Après son premier roman « La Vraie Vie », j'avais hâte de continuer à découvrir l'écriture d'Adeline Dieudonné puis j'avoue que la maison d'édition L'iconoclaste ne m'a jamais déçue alors je n'ai pas hésité à me lancer dans celui-ci !

« Kérosène » est unique, son écriture me fait penser au cinéma de Dupieux. Extravagant mais qui marche remarquablement bien !

Le livre s'ouvre sur une scène dans une station-service, il s'agit plutôt d'une description d'ailleurs.

Puis chaque chapitre est consacré à une personne : à son histoire ou ses traumatismes, sa vie actuelle ou des anecdotes.
Le seul lien entre les chapitres est leur présence dans cette station-service ce jour-là à 23h12. Et c'est vrai qu'une fois qu'on referme ce bouquin on se dit que c'est fou tous ces gens qui se croisent chaque jour dans des lieux aussi communs mais qui ont une vie aussi différente les uns des autres.

Il n'y a pas d'enquête, il n'y a même aucun suspens, pourtant durant toute la lecture, je suis restée scotché. J'avais envie de faire les liens entre les personnages. Et dès que je comprenais qui était qui par rapport à la scène initiale je me disais systématiquement « qu'est ce que c'est brillant » !

Donc tout comme son premier roman, j'ai adoré, la noirceur de ce qu'elle raconte. C'est vraiment une écriture bestiale qui fonctionne complètement.

Ce roman est vraiment original et particulier. Il a réussi à me faire revoir ma vision des dauphins ou des chevaux... Adeline Dieudonné parle de tellement de sujets à travers ces personnages. J'adore !

Juste petite précision à tous les futurs lecteurs, pas mal de sujet durs sont abordés et il reste assez dérangeant psychologiquement.

Maintenant il me tarde de lire son dernier roman paru aussi aux éditions de L'iconoclaste « Reste » !
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Adeline Dieudonné nous offre un second roman à la hauteur du premier.

Douze personnes, un cheval et un cadavre sont réunis un soir d'été dans une station service. L'occasion pour l'auteur de nous présenter leur destin, tous différents les uns des autres mais qui pourtant les aura mené au même endroit, au même moment.

Un roman coup de poing, que vous lirez d'une traite.
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Oeuvre très originale puisque constituée de 14 chapitres indépendants pouvant se lire comme de petites nouvelles, correspondant chacun à un personnage, un chapitre supplémentaire pour le personnage de Victoire, ainsi qu'un chapitre introductif et un conclusif. Et pourtant, il ne s'agit pas d'un recueil de nouvelles à proprement parler, puisque Alice Dieudonné fait converger, pour une nuit, tous les personnages sur une même station-service, le long de l'autoroute. Sans prendre de gants, sans ménager le lecteur, Alice Dieudonné dépeint d'une manière aussi crue que la lumière des néons de cette station-service une société qui semble aller mal, une société au bord de l'implosion, une société au « Kérozène  »…
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HAHA !

(oh boï, y'a quelque chose qui croustigratte dans ce bouquin, comme de bouffer ces grains de sable dans un sandwich pâté hénaff, et ça m'a toujours fait marrer alors qu'on pourrait prendre la chose avec un peu plus de gravité- again, comme dans le roman)

Comme quoi si la littérature française t'emmerdes y'a moyen d'élargir tes horizons francophones ; j'ai un rapport affectif tendre à la Belgique, je crois que peu importe le sujet, ça me percute mieux.

Je note souvent plus de précisions et d'intentions dans les plans cinématographiques, et je retrouve ces mêmes intentions dans la littérature belge. le souci du détail, des vrais sociologues qui tirent sur tout ce qui bouge, le tout raconté avec un second degré grinçant et hyper bien calibré…

Adeline Dieudonné troque une caisse de vitriol contre une bonne dizaine de jerrycans de kérozène et en éclabousse les portraits, en courts chapitres courts, d'usagers d'une station service - se téléscopant ou non pour former un tableau aussi déroutant qu'il en est drôle.

Pourtant, sous couvert d'humour, planent les spectres de sujets beaucoup plus sérieux ; massacres à la kalach', viols en tous genres, objetisation du corps des femmes, maltraitance animale, …

Et c'est ce que j'ai trouvé de grand dans ce petit roman. C'est fait sans méchanceté mais avec cet humour rentre-moi-dedans malgré tout. L'autrice arrive à faire passer des messages graves afin qu'ils restent imprimés dans le cortex et c'est (aussi) une bonne façon de se déconstruire, nan ?

Booyah !

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Un ovni littéraire….je suis restée assez bouche bée pendant cette lecture.
Si vous voulez de l'originalité vous allez être servis. Une galerie de personnage qui a chacun son chapitre, chacun avec sa particularité. Je ne sais comment qualifier ce livre. Ce qui est certain c'est que je ne vais pas oublier cette histoire.
Après tout, ce n'est pas ça un bon livre? La force d'avoir marqué la mémoire?
J'ai beaucoup aimé parce qu'on sort vraiment de ce qui se fait, parce que les personnages sont tellement recherchés.
Un livre sacrément audacieux.
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J'avais trouvé son premier roman dur et poignant. Je qualifierais celui-ci de surprenant, déjà par le format, des chapitres sur chaque personnage qui vont se croiser juste un instant de leur vie à une station-service, un lieu tellement anonyme et sans prétention. Qui fait vraiment attention aux gens croisés par hasard en ces lieux, pas moi en tout cas ?
On y rencontre des gens cabossés par la vie, des gens seuls, des gens malheureux.
Encore une fois la plume de l'auteure m'a embarquée pour un moment de lecture plaisant et intense. Certes il y a peu d'action mais l'intérêt est ailleurs.
L'auteure arrive à dépeindre des individus avec tant de justesse dans les émotions qu'on se croirait à leur côté.

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Des personnages réunis par hasard ou presque dans une station service, Julianne, Alika l'esclave moderne, Victoire l'improbable mannequin, Gigi, Juliette, julie, Chelly # Nicolas#Dire Straits#t'avais qu'à la fermer#schaff et schaff, Olivier # nouveau monstre# Comme une reine d'Ettore Scola, Loïc, RED APPLE et Monica comme un fil-flamme rouge, plus un cadavre.
Ok ça fait du monde à entrelacer entre les lignes. Et ça se tient.
Adeline Dieudonné ne ménage ni ses personnages ni son intrigue, c'est du Kérozène qui s'écoule, pas de l'encre. Et s'il doit y avoir du désespoir, il y en aura.
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