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3,34

sur 1639 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au beau milieu de la nuit, ils vont se croiser sur une aire d'autoroute sans se connaître. Il font partie d'un instantané, des inconnus à une intersection dont la trajectoire de leur existence continuera de filer peu après. Qu'ils soient Chelly, professeur de pole dance, Victoire, mannequin qui hait les dauphins, Loïc, dépanneur de nuit et dragueur compulsif, Alika, philippine « esclave-aide-ménagère », Sébastien, employé de la station essence et les autres, ils sont tous des accidentés de la vie et portent en eux les cicatrices morales ou physiques des catastrophes qu'ils ont vécues.
« Kérozène » est entre le recueil de nouvelles et le roman. L'imagination débordante d'Adeline Dieudonné lui autorise tous les excès narratifs. L'auteure n'a pas de limite pour surprendre le lecteur et l'invraisemblance des situations, le détachement avec la violence de certaines scène arrachera forcément un sourire au plus constipé de ses lecteurs ou lectrices.
Le style est sobre et d'une efficacité redoutable. le livre d'Adeline Dieudonné se lit d'une traite, presque en apnée.
P.S. : Penser à rayer de sa liste de courses les chips aux pickles.
Editions L'Iconoclaste, 258 pages.
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23h12, un soir d'été sur une aire d'autoroute
Ils sont quatorze personnes,
Si on compte le cheval
-Drôle de comptabilité-
Quand le cri retentit
…..

23h14, même soir, même aire
Ils ne sont plus qu'onze personnes,
Le cheval compris,
-Toujours cette comptabilité suspecte-

Ami lecteur, pourras-tu
Deviner qui a disparu ?

Adeline Dieudonné nous convie à une sorte de Cluedo géant à l'envers, où il s'agirait de trouver non pas le coupable, mais la(les) victime(s), sur les bords de l'autoroute des Ardennes. Et croyez-moi si vous ne la connaissez pas, cette autoroute mal entretenue (mais est-elle seulement entretenue ? ne souffre-t-elle pas d'être éloignée de la capitale ou des régions économiquement actives et donc plus prospères que cette Ardenne agricole ? Un peu à l'image de la si belle Calabre ? Ou encore de la si lointaine Sibérie ?) qui traversent de sombres forêts, a un côté assez glauque par endroits …

Elle dresse le portrait sans concession des quatorze protagonistes, comme ces photos des automates où on a toujours le teint maladif, les traits tirés ou les yeux cernés. le scalpel de Dieudonné agit sans aucune retouche et sans pitié, au plus près de la chair. Il y a Chelly, l'influenceuse d'Instagram, véritable mante religieuse, Victoire, la mannequin qui a horreur des dauphins et de l'eau, Gigi, la septuagénaire qui espère crever avant son gigolo piteux. Des hommes aussi, paumés, dragueurs ou tristes sires. Ma préférée, c'est Julie, l'esthéticienne, qui subit un étrange examen par ses beaux-parents avant d'être présenté à son futur mari, et se venge des petites manies de son mari de façon très perfide.

L'auteur a le sens du rythme et nous embarque tout de suite dans son histoire. Il faut dire qu'une aire de repos au bord d‘une autoroute est particulièrement propice aux rencontres improbables, et ce d'autant plus en pleine nuit. Toute cette faune d'humains en chasse ou en fuite …. Tous ces coeurs blessés, ces âmes perdues, … Là où certains n'ont vu qu'une succession de portraits, un exercice littéraire banal, j'y ai perçu (mais c'est un avis personnel et vous avez tout à fait le droit de ne pas le partager, bien sûr) un sens aigu du rythme et de la tension dramatique, grâce notamment aux liens parfois très légers, tissés entre les différents portraits. Dieudonné confirme ici son formidable talent de scénariste qu'elle avait déjà démontré dans « la vraie vie ». Y a pas à dire, on sent la femme de théâtre là derrière.

Le ton est tranchant, le tout est épicé d'humour noir, voire mauvais genre, et tout ceci n'est pas exempt d'une certaine vulgarité. Mais comme tout grand roman noir (en tout cas c'est selon moi le critère essentiel d'un roman noir), Adeline nous dresse le portrait de notre société. Une société de sexe sans amour, où on abandonne les nounous philippines sur les aires d'autoroute, où les vieux sont considérés comme des problèmes qu'il faut gérer. Une société où nombreux souffrent d' ultra moderne solitude, comme chantait Souchon.

Une bonne cuvée !


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C'est fou, quand même, comme une jeune auteure au visage angélique, au nom du même acabit, puisse inventer de telles histoires ! Elle est habitée par Satan, c'est sûr 😊

Et j'ai adoré ! Je me suis surprise moi-même à dévorer ce roman (car oui, c'est bien un roman et pas des nouvelles) et ne pouvoir le lâcher qu'après la dernière page.
Avec, au fond de moi, un sentiment diffus de malaise d'où il m'est très difficile de m'extirper.
Et j'ai adoré !

J'ai adoré car tous ces personnages qui se retrouvent ensemble, par pur hasard, sur la même aire d'autoroute du sud de la Belgique, à 23h12 exactement, sont décrits un par un dans chaque chapitre et se montrent sous leur jour le plus glauque.
Il y a même un cheval qui raconte son histoire…
Certaines personnes se connaissent, d'autres pas du tout.
Cela pourrait être des gens ordinaires, pour la plupart, mais sous des dehors clean, ils cachent bien des secrets nauséeux.

Et c'est raconté avec une telle verve, avec une telle autodérision jubilatoire, avec une telle franchise déclarée que je n'ai pu que suivre ces gens, les yeux exorbités (enfin, personne ne me regardait lire, c'est juste une expression), l'haleine en suspension, les doigts tremblants. Euh, j'arrête, vous avez compris.

Et la fin, me direz-vous ? Eh bien la fin est tout à fait cohérente avec l'ensemble en apparence décousu. N'oublions pas qu'il s'agit de gens qui ne font que se croiser, dont le passé (récent et moins récent pour certains) vient d'être raconté, et qui vont redémarrer après cette pause bienvenue (?).

Bref, si la vie vous parait un peu monotone en ce printemps pluvieux, alimentez-la avec un peu de kérozène, vous allez redémarrer en trombe.
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C'est peu de dire que je l'attendais, ce livre ! En fait, depuis Septembre 2018 ! Il y a des auteurs qu'on attend. Fébrilement, mais l'air de rien... le premier roman d'Adeline Dieudonné, "La Vraie Vie", m'avait vraiment marquée. Par son style, et par la façon de raconter cette histoire. Alors, pensez, je l'ai lu d'un trait, cette nuit, , ce "Kerozene".
Plantons le décor:
Une station-service, une nuit d'été, dans les Ardennes.
Sous la lumière crue des néons, dans des odeurs d'essence et d'asphalte, ils sont quinze à se croiser, si on compte le cheval et le cadavre planqué à l'arrière d'un gros Hummer noir. . .Juliette, la caissière, et son collègue Sébastien, marié à Mauricio. Alika, la nounou philippine, Chelly, prof de pole dance, Joseph, représentant en acariens… Il est 23h12. Dans une minute, tout va basculer.

C'est l'été. Une nuit de canicule, la chaleur baisse un peu, mais tout est écrasé de la chaleur du jour. le bitume qui semble fondre, par endroits. L'odeur de l'essence. Les panneaux de pub pour les sandwiches proposés dans la supérette de la station service sont décolorés. La petite terrasse propose quelques tables et chaises, pas vraiment propres. Les parasols sont bien refermés, et sous housse. La fille de la station-service-supérette-cafétéria est derrière le comptoir, et discute avec son collègue. Une vieille dame mange des cerises en soufflant les noyaux. Elle est désespérée, mais ne le montre pas. Tout le monde, chaque personnage détaillé est au point de rupture. Chacun d'eux a un chapitre, titré de son prénom : ainsi on se plonge dans la vie, l'univers de chaque protagoniste, ce qui l'amène jusque là, Chelly, prof de fitness-pole dance, instagrammeuse enragée, avec ses hashtags, elle entretient son image corporelle et virtuelle. Elle sait ce qu'elle veut. C'est une dure. Jusqu'à ce qu'elle craque.
Il y a Victoire, mannequin, allergique à l'eau : elle ne boit que du lait, déteste les dauphins à un point qu'on ne peut imaginer. Alors penser que.... non, pas possible !
Il y a Julie, Olivier, Mauricio, Loïc, Alika, Mike, Gigi.... une galerie de portraits sans fard, à cru.
Les moments qui les ont tous menés là, dans cette station-service du bout du monde. On pourrait être n'importe où, dans les Landes, au Texas, dans le Nevada, tant ce décor de nuit écrasé de chaleur semble universel. le style d'Adeline Dieudonné est clair, étincelant et rempli de chaleur pour chacun des personnages, même si dans leur vie ils rencontrent des choses atroces. Atroces, avilissantes, ou parfois ils ne s'en rendent pas compte.
L'auteure se glisse dans la peau de chacun, et les pensées sont exprimées naturellement, on s'attache à chacun, ou presque. Certains sont trop abimés.
On sait qu'il va arriver quelque chose à la fin.
C'est donc un suspense infernal, une galerie de personnages, un roman noir, un roman social, une photo groupée, peut-être même qu'un astéroïde va leur tomber sur le poil.
On imagine tout. Et on aimerait bien que le livre ne s'arrête pas tant on s'y sent bien, au milieu de ces gens déglingués...
Je ne peux vous en dire plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette lecture, mais je peux dire : "Foncez"!
Dans une librairie, ou en ligne chez Les Libraires, ou dans votre librairie qui a sûrement une page "click and collect", achetez-le, empruntez-le, bref, un roman qui vous emportera loin des histoires qui passent à la télé, confinement, covid et tout le bazar. Grimpez dans cette fusée !
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Aux générations maltraitées par les lectures obligatoires à l'école, que quelques érudits imposaient avec concupiscence aux jeunes âmes naïves, il serait sûrement possible de redonner goût à la lecture en leur permettant de dévorer ce roman détonnant, où les pages qui se succèdent sans qu'on veuille en interrompre la course apportent un vent frais et vivifiant, chargé de mille plaisirs.

Je dis roman, en réalité je me suis parfois demandé si l'autrice n'avait pas glissé vers le recueil de nouvelles, tellement cette galerie foisonnante de personnages dantesques n'est reliée que par une circonstance ténue, celle de leur présence à un moment de l'histoire dans une station service des Ardennes, au bord de l'autoroute.

Il serait inutile de chercher à vous raconter chacune de ces histoires, de vous synthétiser les aventures uniques et le destin collectif des nombreux personnages de Kerozene. Sachez juste que, dans votre lecture fébrile, vous croiserez dans le désordre un cheval à la robe presque rouge, un cadavre de mangeur de chips, une nonagénaire qui aime les cerises, une tête de loup, un éleveur d'acariens, des salves de Kalachnikov et une collection unique de spéculums.

Je partais septique et j'arrivais conquis, à la limite de l'exaltation, avec ce roman unique et incroyable. L'autrice est malicieuse et maltraite le lecteur comme ses personnages qui sont particulièrement éclectiques. Une lecture jubilatoire, à mille kilomètres de ce à quoi je m'attendais : j'en veux encore, c'était gé-nial !

Chronique partagée depuis le compte Instagram de L'Homme Qui Lit. Service de presse adressé par l'éditeur.
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Attention, tous aux abris, le bazooka d'Adeline Dieudonné est de sortie !
Et on se lèche les babines d'avance, de l'humour noir, trash, un regard impitoyable sur la société, les turpitudes des uns, les grandes lâchetés des autres … Toute une galerie de portraits savoureux écrits avec une plume aiguisée … Un délice, même si l'apothéose tant attendue réunissant tous ces personnages ne sera finalement pas au rendez-vous … Je suis un peu restée sur ma faim, en l'absence de cet ultime feu d'artifice, mais cela ne gâche rien au plaisir de la lecture de ces portraits déjantés et acides à souhait.
Kérozène avec un k comme korrosif !
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Une station-service en bordure d'autoroute, 13 personnes et un cheval...
Quand on sait que toutes et tous n'ont jamais eu une vie paisible, loin de là, leur rencontre ne pouvait être qu'explosive !!!
À travers les vies de ces 14 protagonistes, Adeline Dieudonné alterne les instants tragiques et plus légers, il fallait bien cela pour faire digérer autant de drames!!!
Un roman coup de poing !!!
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Adeline DIEUDONNE. Kérozène.

Après «  La vraie vie», Adeline nous mène sur une aire d'autoroute, un soir d'été vers 23h. Un lieu étrange pour des rencontres. Des êtres malades, dangereux, maniaques, pervers , etc, vont se croiser, se parler, faire l'amour sous nos yeux . Nous sommes statufiés face à ces personnes qui vont donc se rassembler, se quitter dans ce lieu de transit éphémère. Une quinzaine d'hommes, de femmes vont se mêler à la vie nocturne. Chacune a une bonne raison de faire étape ici. Dans l'odeur de l'essence, de l'asphalte, ils vont faire un arrêt. Pour nous, arrêt sur une image forte. Qu'il s'agisse de Chelly, prof de pool dance, de Victoire, un mannequin, de Loïc, un dépanneur de nuit, d'Alika, la petite employée de maison philippine, de Sébastien, d'Olivier, de Julie, de Red apple le cheval et tous les autres, nous allons de surprise en surprise en lisant les quelques pages narrant leur vie, leur quotidien. Présentés sous forme de portrait pris sur le vif, chaque personne a un profil intéressant. Nous restons sans voix face à leurs histoires… à dormir debout. Quelle imagination ! Une véritable puzzle. Il faut saisir la bonne pièce pour l'encastrer dans la précédente. Un travail d'orfèvre !

Quel univers machiavélique entoure ces gens. Quel enfer subissent certaines âmes. C'est noir, noir, glauque, sordide, malsain, angoissant. Et pourtant nous éprouvons de la sympathie pour certaines figures. Non je ne vous dirais rien ; Je vous laisse faire la découverte. Adeline a une grande notion de la mise en scène. Des situations burlesques, d'autres plus obscures. Comme moi, je pense que vous serez bluffé par ces présentations. Cela ressemble à des nouvelles, mais ce ne sont pas des nouvelles. Des fils partent des uns, vont rejoindre les autres, sont interrompus puis prennent une autre direction et réunissent de nouveaux partenaires. Bonne chasse au trésor. Patience pour réussir a déjouer les chausses-trappes.
( 08/10/2022)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un seul mot ,à chaud de ce nouveau roman d'Adeline Dieudonné : Étonnant, je dirai même surprenant lorsqu' on a en tête son premier roman : La vraie vie.
Là elle a pris un virage à 90 degrés notre Adeline!
Celui-ci pour moi est un ovni: inclassable,oui,elle se joue des codes au travers un tableau de 15 personnages ,dont 2 morts,qui se croiseront ,une nuit,sur une aire d'autoroute.
À chacun ,un chapitre,lui sera consacré ,à chacun ,son vécu nous sera narré.Un tableau de portraits abîmés par la vie et ,si au début j'ai failli lâcher, ayant du mal à entrer dans ce drôle de roman ,j'ai retrouvé " la patte" d'Adeline Dieudonné,: uneambiance lourde, glauque et là ,elle m'a embarqué!
J'ai beaucoup ri sur le portrait de Julie ( voir ma citation)Ce n'est pas du thriller,du terroir ,du psycho, c'est audacieux,oui,et parfois j'ai fait un rapprochement avec Charles Bukowski, ne me demandez pas pourquoi ,je ne sais pas,inexplicable ! À découvrir.
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Juste avant cette minute fatidique, ce sont 15 vies, dont celle du cheval, qui vont nous être racontées : parfois drôles, souvent tristes, parfois tragiques, des vies qui se croisent, des personnes qui se regardent ou pas, qui échangent quelques mots.

Certaines m'ont marquées : ce couple d'hommes qui rend visite à des amis dont l'un travail aux abattoirs et possède un cochon sur lequel il pleure tous les vendredis soirs ; cette mannequin vedette qui rêve de tuer tous les dauphins de la terre ; cette jeune femme mariée à un gynécologue dont les parents sont eux-mêmes gynécologues ; et ce cheval qui pense encore aux yeux d'Avril.

Des vies qui m'ont touchées, émues parce que l'auteure a su les faire sortir de la pénombre le temps d'une lecture. Un kaléidoscope de petits destins, comme le mien.

L'image que je retiendrai :

Celle de la grand-mère qui n'en est pas vraiment une crachant ses noyaux de cerise en rythme.
Lien : https://alexmotamots.fr/kero..
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