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4,14

sur 1231 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Exil... voici un mot souvent employé dans notre époque mais rarement avec justesse, souvent avec des a priori mais rarement de façon à se mettre à la place de la ou des personnes concernées. Qu'est ce que signifie le mot culture, que cela représente t-il de devoir abandonner la sienne ?

Dans ce roman, Négar Djavadi nous raconte une histoire d'exil et nous montre qu'il peut prendre bien des formes. Dans un récit riche et plein de justesse, elle nous raconte l'histoire d'une famille prise dans les tourments de l'Iran du vingtième siècle.

Ce serait injuste de résumer ce livre à ces seules questions tant il contient de thèmes différents. Dans un superbe style, l'auteure aborde tant d'autres choses : la maternité, le deuil, l'homosexualité, la politique... On suit la narratrice qui distille avec humour ses pensées, avec délicatesse ses sentiments et qui nous rappelle l'histoire de l'Iran bien souvent méconnue.

Un très bon livre écrit dans un style magnifique (prix du style 2016) et qui vous réserve plein de surprises.
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Splendide roman que ce Désorientale de Négar Djavadi. L'auteure est née en Iran en 1969, de parents opposants au régime du Shah puis à celui de Khomeiny, et elle a fui son pays avec sa famille pour échapper à la répression et aux exécutions. Son histoire a dû fortement imprégner son récit, et les événements et changements politiques qu'elle évoque ont bien eu lieu, au point que l'on se demande à plusieurs reprises quelle est la part de fiction et de réalité dans ce qu'elle raconte. Est-ce que ce Darius Sadr, le père de la narratrice, a réellement existé ? Est-ce que ce livre écrit par Sara, sa mère, se trouve dans une bibliothèque ? Kimiâ, la narratrice, alterne le récit entre le présent d'une salle d'attente dans un centre de procréation médicalement assistée, et le passé en Iran, avec ses traditions familiales et l'histoire de ses ancêtres. On est tour à tour en Europe (France, Belgique, Pays-Bas…) au gré des pérégrinations d'une Kimiâ adolescente puis jeune adulte qui se cherche, et en Iran, sur les traces d'une famille iranienne haute en couleurs. J'ai adoré ce roman, du début jusqu'à la fin.
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Très beau roman sur la recherche de soi au travers le personnage de Kimîa, la narratrice. Elle nous raconte sa famille, son histoire, les révolutions en Iran, celle du Shah, celle Khomeini, ses parents en guerre contre ces régimes, la fuite, l'exil, la violence, sa vie après l'exil, en France, en Angleterre,en Belgique... Comment se retrouver avec cette histoire, comment se construire....?
C'est une belle fresque familiale, qui parcourt l'Histoire en même temps que l'histoire personnelle de Kimîa. Les sauts temporels et les temps actuel se mélangent et expliquent au fur et à mesure.
J'ai vraiment aimé le style, l'histoire et la narration. Je recommande vraiment ce livre, un plaisir de lecture!
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Un véritable coup de coeur, j'ai dévoré ce roman qui contient pour moi tous les ingrédients de la fresque familiale et historique de qualité, de celle qu'on n'oublie pas.
La construction de l'histoire ménage un suspense avec des aller-retour entre le passé, le présent et la mention d'un EVENEMENT dont on sent qu'il est fondateur (il faudra attendre le dénouement ou presque pour savoir de quoi il s'agit). Kimiâ se trouve dans la salle d'attente d'un service de procréation médicalement assistée. Elle est assaillie par les souvenirs et profite de ce moment pour se remémorer l'histoire familiale, de la naissance de sa grand-mère Nour dans un harem, au départ clandestin d'Iran, via la Turquie pour arriver en France.
Les parents de Kimiâ, Darius et Sara, sont très engagés dans la vie politique iranienne, ils militent sans relâche contre la dictature du Shah et voient sa destitution comme une chance pour leur pays, jusqu'à l'arrivée de Khomeiny. L'enfance de la fillette et de ses deux soeurs est rythmée par l'activisme militant de ses parents et par l'omniprésence d'une famille haute en couleurs – les 5 oncles paternels représentant chacun des symboles d'un Orient mythique.
Désorientale, c'est l'histoire tragique d'un Iran qui passe d'un obscurantisme à un autre, d'un pays qui est le théâtre d'enjeux internationaux, dont les pays européens se partagent les richesses au mépris de toute justice politique, sociale. Je connaissais très vaguement les dessous de l'arrivée de Khomeiny – j'ignorais qu'il avait été accueilli en France avant de prendre les rênes du pouvoir. J'avais 13 ou 14 ans à l'époque et écoutais en boucle l'album de Trust (Répression) dans lequel se trouve le titre Monsieur comédie qui relate cet épisode. C'est mon seul souvenir de l'événement dont je ne comprenais pas alors vraiment les répercussions pour le peuple iranien.
Désorientale, c'est aussi le récit d'une construction identitaire rendue difficile par l'exil mais pas seulement. L'auteur décrit finement comment Kimiâ, dès sa naissance, peine à se reconnaître en tant que fille. Elle évoque différentes explications qui se conjuguent pour que notre narratrice éprouve un mal-être qu'elle traînera jusqu'à l'âge adulte. de fait, au fil des pages, se développe une empathie, une réelle tendresse pour l'héroïne, traversée par de multiples influences dont elle cherche à se défaire et qui pourtant participent à la construire.
La qualité du roman tient aux différentes émotions qu'il génère : on passe du sourire à la tristesse, on compatit, on accompagne les tribulations de la famille en s'inquiétant parfois de ce qu'il peut advenir comme drame. On approche aussi la culture perse, ses traditions, l'histoire politique complexe du pays. Enfin, le style a de l'envergure, du souffle, il nous embarque complètement.
A lire sans modération !
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Coup de coeur absolu pour ce livre dont on ne peut se détacher !
Roman exceptionnellement ambivalent, ce qui donne au récit une richesse incroyable, attention une avalanche de « tantôt » dans cette critique, juste pour montrer à quel point l'histoire est nourrie par ces multiples aller retours entre Iran et France, tradition et modernité, enfance et vie adulte, passé et présent…

C'est presque une saga familiale qui est racontée par Kîmia, qui se déroule tantôt en Iran au sein d'une grande famille tantôt traditionnelle avec des ancêtres et une histoire familiale profondément ancrée dans une vie orientale solide, tantôt révolutionnaire car portée par le couple moderne et libre que forme les parents de Kîmia, tantôt en France après leur immigration afin de protéger le père des réels risques d'assassinat pour avoir défier le pouvoir en place. Et puis tantôt l'histoire se déroule dans un présent immédiat, avec une Kîmia adulte qui se retrouve dans un centre médical dans la peau d'une bluffeuse professionnelle, tantôt durant les années de son enfance, jalonnée par les crises et déménagements en lien avec les activités de son père.
Forte d'une histoire et d'une famille singulière, Kîmia raconte toute cette vie balancée sans relâche entre deux pôles, ponctuée par des événements historiques Iraniens réels qui ont profondément marqués la narratrice. Car aussi moderne et soudée que soit cette famille, Kîmia ne se sent pas à sa place, peine à se trouver, à savoir qui elle est, ce à quoi elle aspire, ce qu'elle veut devenir…Tout cela afin de nous faire comprendre pourquoi et comment elle se retrouve là, dans ce centre médical pour un projet de PMA avec un homme dont elle ne semble pas être proche, ni connaître réellement… Alors pour savoir qui est Kîmia, il faut nécessairement reprendre son histoire, trois générations avant elle, en passant par les années rock et débauche de la jeunesse de Kîmia dans les grandes villes d'Europe, jusqu'à aujourd'hui.

Ce récit parle de la douleur que peut occasionner l'appartenance à deux cultures diamétralement opposées, de vivre deux vies dans une, et de cette impossible balance à régler pour n'en oublier ou léser aucune. Or dans la vie, c'est difficile, et l'auteure exprime très bien cela lorsqu'elle dit que pour s'intégrer à une culture, à un pays, c'est forcément devoir se désintégrer, au moins en partie, de celle incorporée depuis la naissance. de ce dilemme d'accepter cette double identité, de cette recherche de soi, qui aboutit ensuite au constat qu'une identité nous est propre, mais qu'elle nous est rarement révélée sans épreuves qui rythment ce long chemin pour se (re)trouver.
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J'ai récemment appris que le mot « paradis » venait du persan. Il signifie : « jardin enclos »... Ah la Perse..., l'Iran... Quelle culture! Quelle Histoire fascinante! Je le reconnais ma recension est assez partiale dans la mesure où j'ai beaucoup d'intérêt pour la littérature iranienne et Negar Djavadi ne m'a pas déçue!

Désorientale est un roman dont l'intrigue n'est pas sans rappeler l'histoire personnelle de son auteure qui a dû fuir l'Iran avec sa famille pour des raisons politiques. Il ne s'agit pas pour autant d'une autobiographie car Kimia - le personnage principal du roman - n'est pas née la même année qu'elle.

En effet, au début du roman on retrouve Kimia dans la salle d'attente d'un cabinet de gynécologie où elle souhaite faire une PMA. L'attente est propice à une rétrospective sur l'histoire de sa famille et plus largement de la Perse de la dynastie Qadjar - en passant par les Pahlavi qui changeront le nom du pays - jusqu'à la révolution islamique promue par celui qui était considéré comme le Mahdi, à savoir Ruhollah Khomeyni. Petite histoire familiale et grande Histoire du pays sont ainsi intimement liées. La trame historique est solide et le lecteur ne se perd pas dans les détails et les différents membres de la famille de Kimia (un glossaire en fin de livre permettant de situer les personnages).

L'ouvrage aborde à la fois les questions de l'identité culturelle et de l'identité sexuelle :

-Comment s'intégrer en France lorsque les gens ont une représentation mystifiée de votre pays?
-Comment se « desorientaliser » lorsque votre accent chantant ne cesse pas de rappeler que vous venez d'ailleurs? ...
-Enfin, comment faire face à son homosexualité lorsque l'on vient d'un pays où celle-ci est considérée comme un véritable tabou ?


Negar Djavadi parvient avec brio à traiter à la fois de sujets historiques (révolution islamique en Iran, fuite des opposants politiques) mais aussi de questions sociales très contemporaines(PMA...)
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Remarquable ! Éblouissant ! Je vous met au défi de lire ce roman sans ressentir une profonde émotion.
L'histoire commence dans la salle d'attente de l'hôpital Cochin, au service de Procréation Médicale Assistée.
On comprendra au fur et à mesure que l'auteure avance dans son récit pourquoi tout prend racine en ce lieu.
Kimiâ, l'héroïne, patiente en attendant son tour. Et son esprit s'échappe. Dans cette salle d'attente remontent les souvenirs de la famille Sadr sur quatre générations. Elle nous conte une petite histoire dans la Grande Histoire iranienne. En s'adressant directement au lecteur, Kimiâ nous aspire littéralement dans ses souvenirs. C'est un livre sur la mémoire....mais c'est également un livre sur l'intégration.
" [...] pour s'intégrer à une culture, il faut, je vous le certifie, se désintégrer d'abord, du moins partiellement, de la sienne. Se désunir, de désagréger, de dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrés à faire des "efforts d'intégration" n'osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nécessaires "efforts de désintégration". Ils exigent d'eux d'arriver en haut de la montagne sans passer par l'ascension."
Depuis son plus jeune âge, Kimiâ se sent différente de ces deux soeurs aînées. Plus proche de son père Darius et inexplicablement mal à l'aise avec sa mère Sara, elle va mettre du temps à comprendre pourquoi. Une quête d'identité personnelle sur fond d'exil...
Pour ce premier roman de Négar DJAVADI, on y trouve une très grande maîtrise d'écriture. Un roman aboutit.
A LIRE ABSOLUMENT !!!
Lien : https://missbook85.wordpress..
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En nous racontant l'histoire des Sadr sur trois générations à travers le récit de Kimiâ, Négar Djavadi aborde une multitude de sujets plus intéressants les uns que les autres. L'histoire tragique de l'Iran, qui remplace un dictateur (le Shah) par une théocratie tout aussi liberticide, le combat de sa famille pour la liberté et ses conséquences, le choc des cultures entre occident et orient, les difficultés des minorités sexuelles en Iran...

Ce récit touffu est très intelligemment construit. C'est passionnant à lire. Je me suis un peu perdu dans les personnages des ancêtres, mais à part çà j'ai adoré.

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Jusqu'ici je n'avais pas entendu parler de Négar Djavadi. Originaire d'Iran, elle est devenue en France scénariste et réalisatrice. "Désorientale" est son premier roman (paru en 2016). Il m'a été proposé par mon groupe de lecture.
Dans la première partie, « face A », l'auteure nous raconte l'Iran du XXème siècle, à travers la mémoire familiale et ses propres souvenirs datant de son enfance (elle avait 11 ans quand elle a quitté son pays natal soumis à la dictature islamique). Dans la seconde partie, « face B », elle évoque sa fuite, puis la difficile adaptation dans un pays autrefois admiré de loin.
Les grands-parents de Kimia ont une grande place dans le récit, mais ses deux parents ont un rôle encore plus important: Darius, opposant politique au Shah puis aux ayatollahs, et la mère Sara. Dès sa prime jeunesse, la narratrice fait preuve d'un sacré caractère. En France, elle va jusqu'au bout de son tempérament de "garçon manqué", en prenant beaucoup de distance par rapport à sa famille. Ce parcours de vie peut faire penser au personnage et au destin de la jeune héroïne de la BD "Persépolis".

L'histoire m'a semblé particulièrement intéressante, montrant la société iranienne telle qu'elle est: beaucoup plus complexe qu'on ne le croit généralement. Négar Djavadi se charge de la critiquer d'une manière acidulée; elle fait de même pour son pays d'adoption. Toutefois, ce qui me parait le plus remarquable est la façon dont elle use pour ordonner son récit: il y a chez elle une souveraine liberté pour distiller, quand elle veut et comme elle veut, les éléments principaux du livre – à l'opposé d'une présentation platement chronologique. Quoique bien maîtrisé, ce procédé a un petit inconvénient: le lecteur doit rester bien concentré pour ne pas perdre le fil, surtout dans la première partie. (A la fin du livre, il y a un récapitulatif des personnages du livre)
Inutile de dire que j'ai beaucoup aimé ce roman autobiographique, dont l'authenticité ne fait pas de doute et qui s'abstient de se limiter à un sujet "exotique" (l'Iran). Je n'oublierai pas de sitôt le destin de l'héroïne. Et je pense surtout que l'auteure a beaucoup de talent.
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Un vrai coup de coeur : l'histoire de l'Iran à travers celle d'une famille depuis trois générations. La « grande » histoire de la Perse et celle de la famille se confondent.
L'auteure évoque la famille, l'exil, l'intégration, la maternité, l'identité sexuelle avec une poésie et une richesse des mots jubilatoires. le récit nous enveloppe et nous transporte entre Iran, Arménie, Turquie et enfin en France. le tout est subtilement mélangé, la chronologie n'existe pas.
Si le début du récit réclame de l'attention afin s'y retrouver parmi la généalogie de la famille, ce tourbillon nous emmène malgré tout (les petits renvois Wikipedia sont les bienvenus), une joyeuse pagaille à l'image de l'ambiance persane, tout l'inverse de l'individualisme et de la distance polie qui prévaut en occident. J'adore la comparaison entre une salle d'attente en Iran, « joyeux caravansérail » et en France, un l'humour bienveillant à chaque fois.
Aucun jugement humain, l'auteure tire parti de la richesse de ses deux cultures, son pays d'origine et son pays d'accueil dont elle a si bien adopté la langue et qu'elle manie avec virtuosité.
Un grand roman que j'aurai plaisir à offrir en espérant communiquer mon enthousiasme !
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