J’ai lu souvent et souvent j’ai entendu ceci : Pour la critique spéciale il faut des hommes spéciaux, et il n’y a qu’un peintre, un statuaire, qui puisse, en connaissance de cause, raisonner peinture ou sculpture.
— Est-ce vrai? est-ce juste? demanda Lagouette.
— Ce qu’un artiste de mérite pense d’un artiste de talent et de soi-même, voilà ce qui a du prix, ce qu’il serait utile de connaître. Cette opinion intime de François Millet sur Jules Breton, de Baudry sur Bonnat, de Meissonier sur Gérôme, d’Henner sur Carolus Duran, ce qu’ils en disent n’a pas de valeur. Pensez du bien des tableaux que les peintres achètent. Un jeune sculpteur pressait gaiement Carolus Duran : — Vous ne ferez pas d’élève; c’est votre tempérament de coloriste qui vous tient lieu de science. — Vraiment! Eh bien, j’écrirai un livre sur la peinture. — Nous attendons, mon maître.
La vanité de l’artiste est le résultat de l’attitude du public. Pourquoi tant citer les noms des artistes ? Dans les meilleurs, les mieux rédigés de nos journaux, la République française entre autres, on ne signe pas. Qu’il en soit de même en art. Ce qui est important, c’est que l’art en France ait une signification propre, grâce au talent des artistes français.
Mlle Héloïse s’arrêtait devant les portraits d’acteurs; elle disait leur nom tout haut, un peu trop haut. Elle prit aussi quelque plaisir à voir les bonnes têtes de gens bien portants, fleuris, charnus, bonnes gens non dissimulés, reposés, doux ; gens qui ronflent certainement ; bruyants éveillés, bruyants endormis, inoffensifs, tous braves gens.
Qu'il est bien l'ignorant de visiter les musées en compagnie d'une personne sensible aux choses d'art.
Qu'il faut aussi bien respecter les belles déesses que les jolies femmes.