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Julie Downing (Autre)
EAN : 9782850317491
32 pages
Ligue pour la lecture de la Bible (17/10/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
C'est le jour de Noël et aujourd'hui le père Martin attend de la visite. Quelle joie pour le vieux cordonnier solitaire ! Mais les choses ne se passent pas comme prévu... Ce conte classique populaire, adapté par Léon Tolstoï du récit de Ruben Saillens, est raconté avec beaucoup de charme pour enchanter une nouvelle génération de lecteurs.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Père Martin
Conte de Noël
Années 1885

Est-ce bien le moment pour parler de ça, puisque l' Avent est loin d'être à ce jour dans notre ligne de mire, la ligne de mire la plus partagée en ce chaud mois de mai se lit dans le fusil des combattants d'Ukraine dont on a envie d'en sortir, voilà ma justification, mais pas que ..

Ruben Saillens, je ne sais pas si ça parle à quantité de gens, ce fut un pasteur baptiste écrivain né dans les années 1855 à Saint-Jean-du-Gard, autrement dit cévenol. Bien des jours il se distingua par la brillance de son verbe et l'ardente défense de sa foi qu'il manifesta non pas par hasard comme on va le voir mais comme l'inéluctable issue de quelqu'un convoqué par son âme désireux de nous inviter à Noël avec : le Père Martin, joli conte religieux.

J'en profite pour adresser un message personnel à un être au combien cher qui était baptiste, fauché accidentellement dans sa jeunesse et qui déchire les coeurs de ceux nombreux qui l'aimaient pour toujours ; quand on y pense et le mois de mai passé bien loin d'ici me donna de multiples occasions d'y penser fortement..

Alors comme un signe du destin, ce Ruben Saillens baptiste, écrivain me parle. J'ai toujours aimé les contes de Noël qui se sont raréfiés dans mes lectures depuis quelques temps. Je n'ai à en faire état ici qu'on se rassure que parce que l'occasion se présente de révéler une anecdote qui traverse le temps comme une chose inattendue qui ne tient probablement qu'au souvenir de Léon Tolstoï que j'admire.

Ruben Saillens écrit au grand écrivain russe le 26 septembre 1888 en l'accusant d'avoir plagié dans une de ses oeuvres le Père Martin ; le pasteur ayant eu entre les mains un volume d'oeuvres de Tolstoï, où se trouvait Là où est l'amour, là est Dieu, récit visiblement inspiré du Père Martin, lui demande des explications.

Pour prétendre connaître dans une large mesure l'oeuvre de l'écrivain russe, je ne me souviens pas avoir noté de plagiat, non seulement ce n'était pas du tout le genre et il aurait préféré laisser en plan tout projet qui s'en inspirât, fier comme il était de son propre art et de son authenticité. Il y a bien eu La Paysanne traduit, annoté par Charles Salomon qui ne fait pas mystère de son intervention pour mettre au propre la version du récit d'une paysanne voisine ayant rejoint son mari dans un camp en Sibérie, écrit recueilli par la belle-soeur de l'écrivain et qu'il n'avait d'ailleurs pas signé, ni revendiqué. Si tel fut le cas, il aurait tout remanié de fond en comble et nulle n'était son intention.

A cette époque, Tolstoï entretient une amitié avec Vladimir Tchertkov que je juge néfaste, toxique, je me répète, et qui rompt l'équilibre de la famille : Sophie Tolstoï en souffre. Tchertkov devient éditeur et disciple de Tolstoï ; il est farouchement opposé au gouvernement de Nicolas II et va insidieusement publier des oeuvres inédites de l'écrivain russe, mais pas seulement, pour vulgariser son oeuvre à un prix modique et atteindre la paysannerie qui en était éloignée jusque là. Il crée la revue L'Intermédiaire..(*)

Voici la réponse de Tolstoï à Ruben Saillens, elle est datée d'octobre 1888 :
"Monsieur,
Je suis vraiment désolé de vous avoir causé de la peine et je vous prie de me pardonner ma faute, qui est bien involontaire, comme vous allez voir. Il paraît en Russie une feuille mensuelle très peu répandue : le Rabochie c'est-à-dire l'Ouvrier (*). Un de mes amis (*) me donna le numéro de ce journal dans lequel se trouvait une traduction et une adaptation à la vie russe de votre récit le Père Martin, sans nom d'auteur, en me proposant de profiter de ce récit pour en faire un conte populaire. le récit me plut beaucoup ; je ne fis que changer un peu le style et ajouter quelques scènes et le remis à mon ami pour le publier sans mon nom. comme cela était convenu, non seulement pour le Père Martin, mais même pour les récits qui étaient de moi. Pour la seconde édition, l'éditeur me pria de lui accorder le droit de mettre mon nom aux récits qu'il avait reçus de moi. J'y consentis sans penser que parmi ces récits, dont huit étaient de moi, le récit Martin ne l'était pas. Mais comme il avait été refait pas moi, l'éditeur y mit mon nom comme aux autres. dans l'une des éditions rédigées par moi, je fis ajouter au titre : Là où est l'amour, là est Dieu, la parenthèse : emprunté de l'anglais, l'ami qui m'avait donné le journal m'ayant dit que le récit était d'un auteur anglais. Mais dans mes oeuvres complètes, on a omis la parenthèse et le traducteur a fait la même faute. C'est ainsi, Monsieur, qu'à mon grand regret je me suis rendu coupable envers vous d'un plagiat involontaire, et c'est avec le plus grand plaisir que je constate ici par cette lettre que le récit : Là où est l'amour, là est Dieu n'est qu'une traduction et une adaptation aux moeurs russes de votre admirable récit Martin.
Je vous prie, Monsieur, d'excuser ma négligence et de recevoir l'assurance de mes sentiments fraternels."

(*) L'Ouvrier mentionné était le numéro 1, 1884 de la publication mensuelle de Packov, oncle de Tchertkov
(*), L'ami est Tchertkov
(*) Là où est l'amour, là est Dieu fut publié dans l'Intermédiaire en 1885, feuille mensuelle de Tchertkov.

Les commandes de textes naturellement venaient de Tchertkov. On note que dans un premier temps, ces textes n'étaient pas de nature à soulever les foudres de Nicolas II, on note aussi que l'obtention de la signature de Tolstoï était le meilleur rempart contre la censure. Ensuite, Tchertkov obnubilé par ses démons fut prié de débarrasser le plancher : ou la Sibérie, ou l'exil, il choisit l'exil en Angleterre où il poursuivit son travail de sape toujours par l'édition.



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