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sur 1082 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis un peu plus de quatre ans, Paul Katrakilis vit sur un petit nuage. Exilé en Floride, il fait partie du cercle de professionnels de la pelote basque au Jaï-alaï de Miami, malgré ce pourquoi il semblait tout droit destiné, à savoir devenir médecin, après de brillantes études, tout comme son père. Seule famille qui lui reste depuis le suicide de sa mère, asphyxiée au dioxyde de carbone dans le garage de la maison familiale, peu de temps après le suicide de son propre frère, avec qui elle avait une relation fusionnelle. Si Paul n'a pas eu de nouvelles de son père depuis son installation à Miami, il est étonné de voir arriver, ce jour, deux simples photos de sa part, l'une de sa Triumph, l'autre de son compteur kilométrique. le jour-même où il reçoit un message du consulat lui demandant de se présenter au plus vite. Là-bas, un employé l'informe du décès de son père, Adrian. Lui non plus n'a pas dérogé à ce qui semble être la règle générale chez les Katrakilis, il a sauté du toit d'un immeuble. Paul n'a pas d'autre choix que de retourner à Toulouse pour s'occuper des formalités...

Paul Katrakilis a fui son pays natal et un lourd héritage familial pour devenir pelotari. Pourtant, le suicide de son père, bizarrement orchestré, va l'obliger à revenir sur ses terres toulousaines pour s'occuper de la succession. Car, bien que médecin de formation, il n'est nullement question pour lui de reprendre le cabinet de son père. Mais peut-on réellement échapper à son destin ? C'est bien la question que se posera Paul, durant de longues années. Lui qui aura fui cette famille pour le moins dysfonctionelle et un avenir de médecin, tout comme son père et son grand-père. Teinté de nostalgie, ce roman oscille habilement entre humour et tragédie, entre espoir et fatalité, entre légèreté et gravité. Truffé d'anecdotes étonnantes mais abordant aussi des thèmes plus profonds tels que le deuil, l'héritage familial, la fin de vie. Avec son anti-héros désabusé et désoeuvré mais ô combien attachant, qui n'aura de cesse de chercher son chemin et un sens à donner à sa vie, Jean-Paul Dubois nous offre une histoire à la fois belle, triste et poignante.
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Quel plaisir de retrouver l'écriture de cet auteur élégant !
Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années où il tente de jouir intensément de la beauté du monde et de l'instant --la lumière du petit matin sur la mer ou le regard énamouré de son chien- dont l'auteur a l'art de si bien faire vibrer la fragilité et la grâce.
"Je prenais chaque jour comme un bonheur simplifié" écrit le narrateur tout en se souvenant de la parole apparemment anodine et prémonitoire de son oncle Jules qui ne l'a jamais quitté "Il ne faut jamais se tromper de vie.Il n'existe pas de marche arrière".
Las! Il devra s'arracher à cette vie vouée à un univers méconnu celui de la "cesta pinta" qu'il pratique en professionnel à Miami, pour retrouver la grande maison familiale en France , à la mort de son père, retrouvé écrasé , au pied d'un immeuble de 8 étages , le visage emmailloté de ruban adhésif, mâchoires et lunettes scotchées serré, comme s'il avait voulu voir jusqu'à l'ultime instant et ne pas crier........

Cette image , effrayante et grotesque irradie ce roman, masque hideux de la mort " Masque de pitre, de piètre père ."
L'auteur a l'oeil et le verbe acérés , un sens aigu du dérisoire de l'existence.
Comment porter le fardeau de l'hérédité et ne pas sombrer ?
Il interroge avec un humour caustique , entre légèreté , rire, pleurs et gravité doublés d'une certaine cocasserie aussi: Paul le dernier de la lignée , le porteur intranquille d'un vécu où tous ont volontairement quitté" le théâtre avant la fin de la pièce" un vécu familial voué passionnément à sa propre extinction! .......

Un roman nostalgique, sensible et profond, sombre et grimaçant, mélancolique, entre humour noir et verve , sentiment de l'absurde porté au plus haut et quête existentielle .

L'écriture concise, sobre , allégre, entre éclairs permanents : deuil, fin de vie, filiation, folie, humour et humilité des personnages, surprise des secrets d'un père, nous livre une oeuvre douce- amère peu à peu grignotée par la nuit.......qui traite subtilement du délitement des choses, du poids de fantômes délétères ,de la douleur infinie liée à la tristesse de la perte !
Une très belle oeuvre sensible ,qui fait réfléchir !
Bravo l'artiste !
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Un père désaxé, une mère indifférente, un oncle collé à sa mère, un grand-père très spécial…Il n'a pas eu de chance, ce pauvre Paul, avec une famille pareille !
Après avoir fait des études de médecine comme son père et son grand-père, et le suicide de 3 membres de cette famille excentrique, il décide de partir de Toulouse pour Miami afin de s'adonner à sa passion, la pelote basque et d'en faire son métier. Passion pour laquelle il est rempli de talent. Ah, Miami, le paradis des parieurs, de l'océan ! (on y trouve même un chien en plein milieu). Paul y passe les 4 plus belles années de sa vie. Il nage dans le bonheur le plus total, et tombe même amoureux d'une Norvégienne beaucoup plus âgée que lui, mais « gorgeous » !
Ce bonheur prendra fin avec l'annonce du suicide de son père, dernier survivant des hurluberlus.
Survivra-t-il à cette lourde succession ?


Que voilà encore un roman de Dubois savoureux ! Bon, soyons honnête : les descriptions de parties de pelote basque m'ont franchement ennuyée, et le vocabulaire technique employé itou. Mais que j'ai ri durant la première moitié de l'histoire ! Quel ton caustique, quel humour noir ! Et quel style flamboyant, plein d'à-propos !
Bref, trêve de points d'exclamation, car passée cette première moitié, l'humour s'envole pour ne plus revenir du tout. Mais vraiment plus du tout. Nous tombons dans le noir le plus complet, dans le marasme psychologique. Cela m'a fait penser au seul roman de cet auteur que je n'avais pas adoré car vraiment trop désespérant : « Hommes entre eux ».


Ce roman n'est donc pas mon préféré, mais je reste une inconditionnelle de Dubois, il n'a pas son pareil pour nous trousser une situation absurde en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.


« Enfant, je ne savais pas ce que je faisais parmi ces gens-là, et visiblement, eux non plus » : voilà le drame. Quand l'enfance a été flouée, l'adulte se sentira toujours flou.
Et Dubois, pour nous raconter cela, sera tout sauf flou.
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"Mon père, posé sur l'étagère, dormait dans son urne..."

Voici le genre de phrase un peu absurde qui résume bien la plume si personnelle de Jean-Paul Dubois et le plaisir que je retrouve intact à me plonger dans ses petites histoires.
Pourtant celle ci est engluée de tristesse et de morosité et son personnage, un clown triste qui passe à côté de sa vie jusqu'au final prévisible.

Entre Toulouse, pays basque et Floride, un fils expatrié se voit rattraper par le devoir filial, seul descendant encore vivant d'une famille de suicidés à répétition. Finie, la parenthèse enchantée de son statut de joueur de pelote sur les frontons de Miami Beach, la douceur du climat des Keys et la liberté d'un jeune adulte sans attaches. Il convient de rentrer, d'assumer l'héritage des fantômes familiaux et remettre en route un cabinet médical.

Avec aisance, l'auteur utilise le cocasse pour parler de désespoir, et sait manier les digressions, sans jamais perdre son lecteur. On passe de l'autopsie de Staline aux grandes grèves de la ligue américaine de pelote, avec un détour par l'histoire des succulents pastrami de Wolfie's et la rencontre avec une amoureuse norvégienne. Il nourrit son propos de personnages joyeusement décalés, maniant avec désinvolture un sens aigu de la formule et du dérisoire. Pour autant le propos reste grave et intime sur les thèmes de la filiation et de la recherche du bonheur.

Un excellent roman entre sourires et mélancolie.
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Paul Katrakilis aurait pu continuer à oeuvrer à des milliers de kilomètres des siens comme star reconnue de la cesta punta.
Homme complexe, presque inadapté au monde qui l'entoure, il trace son sillon en tentant d'échapper à un héritage familial particulièrement dérangeant.
Son égoïste de père, dans un dernier élan mortifère du 8e étage, se rappelle alors à son bon souvenir.
Un enterrement à organiser, une surprenante succession à assumer, le poids d'un passé honni qui le rattrape pour le meilleur, merci au paternel pour son amour absolu des voitures anciennes, mais surtout pour le pire.

Il n'y arrive pas, le Paulot.
Tel le sparadrap du capitaine Haddock qui vous colle aux basques, ce père, qu'il voua aux gémonies, continue de le narguer par-delà la tombe.
Deux carnets noirs accidentellement découverts dans la maison familiale et c'est une vision totalement biaisée de l'être répudié qui se désintègre au profit d'un parfait inconnu.

Il n'est jamais trop tard pour découvrir qui l'on est vraiment et ce qui a déterminé cet état de fait.
Les secrets, les non-dits, tout ce qui a pu gangrener une cellule familiale au point de la faire exploser et qui n'était que la partie immergée d'un personnage bien plus complexe.

Parfait combo entre cesta punta et filiation, cette succession séduit de par l'originalité sportive de son propos couplée à une découverte du "moi" profond particulièrement bien torchée.
Un cheminement insolite que notre héritier se fera fort d'effectuer pour enfin se trouver, lui qui semblait perdu pour sa pomme (aux pépins innombrables) et la société.

Le vernis craque, les fêlures apparaissent, la vérité vraie - dixit Enrico - se fait jour, cruelle, éclatante, insidieusement révélatrice d'un tout que l'on appréhendait vaguement sans vraiment pouvoir en définir les contours.

Dubois écrit sur l'Humain. Son héritage spirituel. Les secrets de famille et leurs conséquences dévastatrices. Mais avant tout, il écrit pour comprendre. Rien de tel qu'un orfèvre en la matière pour apprendre...
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Ce n'est vairment pas le genre d'histoire dont j'avais besoin en ce moment... mais l'écriture particulièrement brillante a su m'accrocher.
Une écriture brillante, mais éclatante d'une sombre lumière.

Totalement désabusé, Paul essaie vainement de récupérer quelques vapeurs du bonheur qu'il connut avec la cesta punta.
Plutôt que d'exercer la médecine, il a choisi de jouer à cette pelote basque en tant que professionnel, aux États Unis. Mais la grande époque des Jaï Alaï ¹ n'est plus ce qu'elle était avant les mouvements de grève des joueurs de 1960.
À la mort de son père, sans envie, il revient au pays basque.
Le cabinet médical, héritage de ce père grotesquement suicidé, ne lui procure qu'une tenace mélancolie.
Affronter des malades et parfois "soulager" les mourants ne l'aident pas non plus, et ce ne sont pas les souvenirs de sa parentèle au comportement étrange et plutôt indifférent à son endroit, tous suicidés aussi, qui lui insuffleront l'optimisme nécessaire.
Verra-t-il une fin à cette lutte perpétuelle contre la désespérance ?

Situations grotesques, anecdotes cocasses, sourires doux amers sauvent le lecteur de la déprime totale et nous mènent presque allègrement vers la fin.
Sans hésitation, je reviendrai vers Jean-Paul Dubois... mais en attendant, il me faut une lecture plus optimiste.

1 - Jaï Alaï : Installations où l'on pratique la pelote basque et qui, aux États Unis (qui savent tout "embellir"), sont devenues des sortes de casinos où l'on parie sur les joueurs.
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Quelques titres de Jean-Paul Dubois : La vie me fait peur • Si ce livre pouvait me rapprocher de toi • Tous les matins je me lève [formulation typique d'un dépressif] • Maria est morte • Les poissons me regardent • Une année sous silence • Prends soin de moi...
Sachant qu'ils annoncent bien les 50 000 nuances de blues du contenu, et que d'autres romans de l'auteur sont tout aussi sombres sans que le titre l'annonce clairement, on se dit que JP Dubois n'est vraiment pas en forme. Ce mal-être affiché à longueur d'ouvrages est-il sincère ? outré ? est-ce une posture ? posture vendeuse, façon O. Adam qui ne change pas sa recette qui gagne ?

Dans 'La succession', on en est déjà à trois suicides (grand-père, oncle, mère) à la troisième page, et c'est pas fini.
Des suicides mis en scène de façon sordide, comme si l'acte ne suffisait pas, et abondamment détaillés par le narrateur/auteur. Un remake dilué de 'Suicide mode d'emploi'.

L'idée de succession évoquée dans le titre est double : hériter des troubles psychiatriques des lignées maternelle et paternelle, mais aussi reprendre le cabinet du père, médecin généraliste à Toulouse.
La première perspective effraie Paul - Delphine de Vigan, Florence Noiville et Marie Sizun l'ont très bien (d)écrit aussi.
Et la deuxième ne l'enchante guère, lui qui gagnait sa vie comme pelotari à Miami depuis quelques années. D'autant que le défi s'avère difficile à relever lorsque Paul s'aperçoit que ce père, qu'il prenait pour un salaud sans coeur, était très apprécié de ses patients, notamment parce qu'il les 'aidait'.

L'auteur écrit très bien, jouant avec les contrastes :
- entre humour et désespoir
- Eros & Thanatos
- personnages sympas au langage fleuri (Epifanio ♥) mis en valeur par le manque de relief d'individus indécis (comme Paul)
- fidélité canine vs abandon brutal des humains
- sport de loisir vs pratique 'utile' de la médecine
- austérité de la vie toulousaine familiale (horlogerie, médecine) vs vacances au pays basque, puis ambiance festive et mafieuse de Miami.

Dubois a également des talents de conteur, c'est indéniable, et certains passages sont réjouissants, notamment les anecdotes historiques façon Pierre Raufast ('La fractale des raviolis', 'La variante chilienne'...). L'accumulation donne quand même l'impression au lecteur d'être sur Wikipédia, à faire lui-même quelques vérifs, et ça finit par sonner faux. On peut aussi trouver ch!ants certains détails - ici sur la pelote basque, à l'instar de John Irving avec la lutte.

Mon avis est donc plus mitigé que ceux de la plupart des lecteurs de Babelio, mais j'ai aimé l'humour, le chien, et la facette paternelle qu'on ne découvre qu'à la fin.
___

Merci à Cécile du far-east pour cette LC.
Petit décalage à déplorer. Mea culpa, j'ai pris des chemins de traverse entre Toulouse, l'Euskal Herria et la Floride : suis passée par la forêt du petit loup en slip, et par la vallée de la Roya avec les fermes accueillantes de Cédric Herrou et d'autres 'justes' aussi formidables que lui.
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♫ On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Toulouse ♫, voilà ce que pourrait chanter le médecin et joueur de pelote basque, Paul Katrakilis, le rejeton d'une famille de dépressifs qui ont tous choisi de finir brutalement et baroquement leur vie.

De retour dans sa ville natale après la mort de son père, le dernier suicidé de la famille, Paul doit affronter ce qu'il a fui — en renonçant à son métier pour jouer à la pelote basque à Miami — l'héritage d'une ascendance tragique. C'est avec la découverte de deux carnets de son géniteur, froid et excentrique, qu'il va intégrer finalement le sens à donner à ce lourd héritage.

Quand je le regarde avec cet air un peu triste et fatigué, ce regard tourné vers l'intérieur à peine égayé par un sourire fermé, je trouve que ce livre lui va bien. Jean-Paul Dubois y fait ce qu'il sait si bien faire, nous raconter une histoire qui, entre humour et émotion, nous fait passer de la plus franche gaieté à la mélancolie la plus profonde. Un roman un peu désespéré mais vraiment excellent.
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Un titre sec – La succession – pour une histoire qui en dit plus long sur le sujet que je ne l'aurais pensé. Jean-Paul Dubois réserve des surprises à chaque chapitre de ce récit original, très agréable à lire. Son écriture est au début empreinte d'une touche légère d'humour noir. Sur la fin, elle aura tourné à la noirceur grinçante, sans que je me sois vraiment rendu compte du glissement. du grand art.

Le narrateur est Paul, bientôt trente ans, originaire de Toulouse, docteur en médecine. Il n'a jamais exercé. Il vit à Miami, une ville gaie, animée, ouverte, baignée par l'océan. Il fait beau toute l'année, ou presque. Paul est pelotari professionnel... Nous sommes dans les années quatre-vingt. La pelote basque est très populaire en Floride. Les matches se déroulent à guichet fermé dans des arènes de quinze mille places. On y croise Frank Sinatra, Paul Newman, John Travolta, entre autres stars... C'est un très gros business. On parie des sommes considérables.

Joueur lambda, Paul gagne tout juste de quoi vivre. Mais il est fou de pelote basque depuis l'enfance. La chistera est à la fois sa passion et son métier. Que demander d'autre ? Il est heureux, pleinement heureux. Ce sont les plus belles années de sa vie.

C'est en tout cas ce qu'il déclare dès les premières pages. Son expression est alors enjouée, pleine d'entrain, même si l'on peut y déceler une fêlure. « What's wrong with you ? » s'interroge régulièrement sa petite amie en l'observant.

En réalité, la pelote basque est pour Paul un exutoire. Il n'a jamais été heureux. La faute à une famille qu'il ne supporte pas, qu'il n'a jamais supportée. Des originaux, égocentriques, vivant chacun sur leur planète. « Incapables de vivre, de supporter leur propre poids sur cette terre, (ils) m'avaient fait, fabriqué, détraqué. » déplore-t-il. C'est pour oublier cette famille – du moins ce qu'il en reste, comme on va le voir ! – qu'il s'est exilé à Miami.

Dressons l'inventaire. Ils étaient quatre. Dans la famille de Paul, j'ai d'abord demandé le grand père : un hurluberlu facétieux ; d'origine russe, il prétendait avoir été le médecin de Staline et racontait moult fariboles. Puis j'ai demandé la mère : l'oncle s'est présenté en même temps ; ils ont vécu collés l'un à l'autre comme mari et femme, ou plutôt comme des jumeaux siamois ne quittant jamais leur bulle. Sinistre point d'orgue de l'extravagance de ces trois-là : ils ont mis fin à leurs jours sans raison apparente ni signe avant-coureur. Paul en raconte les circonstances sur un ton de détachement amusé. Comme si leurs suicides étaient une sorte de pied-de-nez burlesque.

Reste le père, Adrian. Un médecin de famille à qui il arrive de recevoir ses patients en short, parfois même en slip ! Quand il y pense, cela met Paul hors de lui... Adrian donne l'impression d'être plongé dans des considérations symboliques très personnelles. Père et fils ne se sont jamais compris, ne se sont jamais supportés. le père n'a pas prononcé les mots qu'aurait attendus son fils. Lui n'a pas compris le sens des messages de son père : « Un jour tu finiras par prendre ma succession ! ».

Ça devait arriver. Un jour, Paul apprend la mort de son père... Oui, lui aussi ; comme les autres. Avec une mise en scène bien dans l'esprit du personnage.

Ça change tout pour Paul ! de fils unique, il devient seul survivant, le dernier des .... Il va falloir devenir adulte et, selon la formule consacrée, liquider la succession… Il ne s'agira pas que de formalités notariales...

Par l'intermédiaire de Paul, l'auteur nous promène agréablement dans les environs de Miami et au Pays Basque. A Toulouse aussi, bien sûr, dans les secrets de la maison familiale et au volant d'une antique Triumph décapotable.

Le fil de l'histoire est entremêlé de digressions étonnantes. le tranchage du cerveau de Staline lors de son autopsie ; la mort du dernier quagga, une sous-espèce de zèbre éteinte à la fin du XIXème siècle ; les aventures et mésaventures de Georges Labit, un grand voyageur et collectionneur toulousain... Des anecdotes distrayantes, mais toutes morbides. Pas aussi sinistres toutefois que le grincement des mandibules des vers xylophages rongeant le contenu des cerveaux malades...

Une pensée enfin pour une grande et belle Norvégienne, beaucoup plus âgée, solide comme un homme, fine comme une femme. Quand on cherche à la fois un père et une mère !...

Un roman superbement construit et remarquablement écrit que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Depuis qu'il est en âge de comprendre, Paul Katrakilis le sait, ça famille est dysfonctionnelle. Un grand-père paternel, au passé trouble, apparu à Toulouse après la mort de Staline. Peut-être un lien de cause à effet ? Pas de trace de grands-parents maternelles. Une mère aimante se satisfaisant de la tendresse de son propre frère, un gros garçon effacé.

Un père secret et fantasque, médecin dévoué à ses patients, uniquement à ses patients. Paul devient médecin par loyauté paternelle et joueur professionnelle de pelote basque, à Miami, par loyauté maternelle. On a le suicide chronique chez les Katrakilis, et c'est justement après la mort choisi de son père que Paul, de retour à Toulouse dans la maison familiale, va devoir faire des choix.

Un drôle de roman triste sur la difficulté d'être un fils, sur la difficulté de survivre à un héritage, à un atavisme que l'on se coltine comme fardeau.

Jean-Paul Dubois a le bon gout d'avoir la neurasthénie accrocheuse, impossible de lâcher son roman, le destin de son héros nous émeut car Paul, comme le reste de sa famille, n'est vraiment pas doué pour le bonheur.

« La succession » nous embarque de Moscou à Miami en passant par Toulouse, sa ville fétiche, sans oublier un petit tour érotique en Norvège, POUR un joli et tendre voyage en mélancolie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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