AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,37

sur 398 notes
Paul Stern, français, la cinquantaine, part pour Hollywood où il est engagé pour écrire un scénario, le remake d'un film français. Il fuit sa femme dépressive, ses enfants trop absents et des histoires de famille. Il va faire une rencontre, celle de Selma ressemblant étrangement à sa femme.
Au delà de l'histoire, le contexte social, historique et politique est très bien rendu.
Commenter  J’apprécie          60
L'éphéméride de Paul Stern débute en février 2007, lors de la crémation de son oncle Charles, oisif et flambeur de son vivant : « Charles Stern me faisait honte. Sa mort aujourd'hui me laissait totalement indifférent. » Il se clôt en janvier de l'année suivante. Entre temps, la vie du neveu Paul, scénariste flottant dans sa cinquantaine désabusée, va se trouver chahutée. Un contrat inattendu l'entraîne en Amérique, l'éloignant de sa femme Anna qui sombre au plus profond de la dépression depuis longtemps déjà, distançant sa famille dont le père, Alexandre Stern, héritier de son frère détesté, met son ancienne vie réglée cul par-dessus tête. Adieu le labeur et la foi ! Voici venu le temps des jouissances ! Paul ne comprend rien aux autres. La proposition hollywoodienne tombe à pic : recomposer le scénario d'un nanard français intitulé Désarticulé, (tout un programme !), afin d'en faire un remake américain. Seulement, dans « l'usine à rêves » californienne, Paul croise Selma Chantz et croit reconnaître sa femme Anna bien des années auparavant quand l'amour était radieux. Il retrouve l'envie de continuer à vivre par cette femme inattendue, sosie parfait, dans cet amour décalqué de son passé mais bien ancré dans son présent. A mesure que sa passion le consume, sa femme Anna sort de son état comateux, là-bas, en France.
Jean-Paul Dubois possède l'art de tailler dans la couenne. A travers des alter ego romanesques, l'écrivain ne se fait pas de cadeau. La « désabusion » est de son monde et le lecteur averti ne peut pas lui donner tout à fait tort. On peut regretter parfois des phrases à l'emporte-pièce qui accumulent autant les termes techniques abscons que les molécules de synthèse inutiles. Soudain, inattendue, jaillit une phrase d'écrivain : « Je n'avais rien oublié de ces trente années, rien sacrifié, rien négligé. Et pourtant il me manquait l'essentiel : la mémoire du moment, la trace des jours invisibles où les choses avaient commencé à déraper, où Anna s'était discrètement éloignée sans que je m'en aperçoive. » La noirceur n'exclut pas l'humour, noir, évidemment. le récit est ancré dans la réalité de l'année 2007 et les événements politiques se font tailler des croupières. L'inénarrable Sarkozy en prend pour son grade d'omniprésident : « Je veux le monde, Chico, et tout ce qu'il y a dedans. » le monde va selon des desseins sibyllins que l'humanité ne sait déchiffrer, toute percluse qu'elle est par le temps qui lamine tout et « modifie l'intérieur de nos vies que l'absence assèche ». Composer pour ne pas sombrer, trouver les « accommodements raisonnables ». Dans cette poix de vie, parfois, des « marqueurs de bonheur » surgissent alors qu'on ne les attendait plus. le roman se termine sur une note optimiste et le lecteur trouve qu'il n'a pas perdu son temps.
Commenter  J’apprécie          53
Très bon roman qui nous emmène avec des allers et retours de Toulouse à Hollywood. L'auteur a de tels talents de conteur que l'on ne voit pas passer l'histoire.
un raccourci rapide me ferait dire que Jean Paul DUBOIS est le côté positif de M HOUELBECQ. D'une analyse sans concessions des rapports sociaux, JP DUBOIS nous emmène vers des lendemains sinon plus chantants, plus optimistes.
Commenter  J’apprécie          50

Paul Stern est « script doctor », scénariste capable de « réanimer et guérir des films donnés pour morts », il a une femme Anna en pleine dépression et noyée sous les médicaments, trois enfants et deux petits enfants avec lesquels il a noué une tendre connivence, et un père, Alexandre qui, quand s'ouvre le livre, enterre un frère honni dont la vie et les principes ont toujours été aux antipodes des siens.

Et voilà que le père rigoriste qui avait « toute sa vie prêché la valeur du travail, la tempérance et la discrétion » , ayant hérité de la fortune de son frère, entame à 78 ans une « carrière de branleur antipathique, de sauteur de banlieue, de gigolo des mers ». de quoi sidérer et déstabiliser encore un peu plus le pauvre Paul ! Quand lui arrive une proposition de travail à Hollywood, il décide donc de l'accepter.

Commence alors un récit fait d'allers-retours entre la terre toulousaine où la «  vraie vie » continue et le monde d'apparence et de fiction qu'est Hollywood. C'est l'occasion, pour JP Dubois, de nous dépeindre une Amérique qu'il connaît bien et un microcosme qui soigne tous ses maux et ses névroses avec un champignon asiatique , le kombucha....
Côté français, nous suivons par bribes, grâce aux coups de fils réguliers et à toute heure du père de Paul, la campagne présidentielle de 2007 , la victoire puis le divorce de Sarkozy. Une façon de ramener un peu d'actualité mais aussi de légèreté dans un récit par ailleurs assez désabusé qui s'interroge sur le vivre ensemble et les « accommodements raisonnables » que nous sommes prêts à faire pour rendre la vie en société et en famille plus acceptable.

Même si ce n'est pas pour moi le meilleur Dubois ( je n'ai pas trop adhéré au personnage de Selma notamment) , j'y ai retrouvé avec plaisir ces êtres fragiles et désabusés , cette écriture fluide , recherchée sans être pédante, et ce ton caustique qui sont la marque de fabrique d'un auteur que j'apprécie beaucoup.
Commenter  J’apprécie          40
e pensais avoir déjà mis des romans de cet auteur sur mon blog mais puisque je ne l'ai pas encore fait, je vais commencer par celui-là qui a eu le grand mérite de m'occuper pendant deux jours pendant cette horrible période de confinement au printemps 2020. Nous sommes en 2008, et le narrateur un Paul Stern qui doit avoir quelques points communs avec l'auteur, est accablé par une famille assez lourde. Son oncle Charles et son père se détestent. Son père a formé avec sa mère un couple traditionnel, catholique très conservateur qui a un peu étouffé leur fils unique Paul. le père a eu bien des déboires financiers et a mené une vie assez étriquée, Charles est tout le contraire, il est très riche, vit avec une femme sans être marié qu'il appelle John-Johnny et a de nombreuses maîtresses. Il cherche par tous les moyens à écraser son frère en particulier en achetant des bateaux à moteur très puissants. Ce frère meurt, et le père du narrateur hérite et avoue à son fils qu'il n'a jamais eu la foi et qu'il n'a jamais aimé sa femme… Dans sa propre famille Paul ne comprend pas pourquoi sa femme Anna est dépressive au point de ne plus avoir envie de rien et de dormir toute la journée. En revanche, ses trois enfants ont l'air d'aller bien. Paul Stern part une année à Los Angeles pour rédiger le script d'un film tiré d'un mauvais film français. L'intérêt du roman vient de la peinture du monde de Los Angeles, d'Hollywood exactement et c'est vraiment terrible de voir comment ce grand pays maltraite sa population vieillissante et pauvre. Evidemment la peur de vieillir est encore plus terrible pour les acteurs. Son année aux US est ponctuée par les coups de fils de son père qui n'arrive pas à se mettre dans la tête le décalage horaire, et l'on voit cet homme que son fils a connu toute sa vie très coincé se lâcher dans les plaisirs du sexe et de l'argent. Paul reviendra en France et retrouvera une Anna plus en forme et on l'espère pour lui, une vie familiale plus épanouie.

Il manque de la profondeur à ce roman, en particulier sur les malaises de sa propre famille. On a aucune explication au mal-être d'Anna mais ce n'est sans doute pas ce que voulait faire l'auteur. En revanche l'auteur ne manque pas d'humour et son livre est riche d'impressions hélas trop justes sur l'envers du décor de la réussite américaine.
Lien : https://luocine.fr/?p=11959
Commenter  J’apprécie          40
Un roman qui me laisse bien perplexe: fini par désoeuvrement (un train en retard, et pas d'autre livre avec moi), et l'ennui qui s'étire de mois en mois, d'un février au janvier suivant. Et non, jamais je n'ai réussi à m'intéresser à la vie des Stern, au narrateur qui joue au scénariste à Los Angeles et rencontre un sosie toxicomane de sa femme , laquelle est en cure de sommeil à Toulouse, au père du narrateur qui épouse la veuve (et la fortune) de son frère. Mais qu'ils fassent ce que bon leur semble! le premier chapitre commence bien pourtant, avec une crémation plutôt, une fois n'est pas coutume, drôle, et c'est tout, les onze mois suivants sont languissants. Une lecture qui sera vite oubliée.
Commenter  J’apprécie          40
Il y a des livres dont on se souvient de quelques images, de quelques descriptions, et des émotions ressenties, des années après la lecture. Les accommodements raisonnables fait partie de ceux-là.
Toulouse est un homme ordinaire, marié à Anna, une vie classique, sans histoire. D'un seul coup, le voilà coupé en deux entre la France et les Etats-Unis, entre deux femmes qu'il aime différemment, pour des raisons différentes, même si elles se ressemblent étrangement.
A travers l'histoire de Toulouse, Jean-Paul Dubois nous emmène outre-atlantique et nous en fait découvrir un pan très humain, on ne peut plus quotidien. Une belle histoire qui pourrait sembler assez banale mais qui nous émeut et nous transporte, grâce à la si belle plume de l'auteur. Un très beau livre.
Commenter  J’apprécie          40
Je savoure l'art de la description de cet auteur. Son humour est délicieux. Ce roman se passe dans le milieu du cinéma américain où un scénariste français est embauché pour réécrire des scénarios avec une touche française. Il rencontre le sosie de sa femme en plus jeune. Sa femme qui en France est internée pour troubles psychiatriques. Roman sur ce milieu et sur ses états d'âme. Sujet moyen mais écriture toujours impeccable.
Commenter  J’apprécie          40
Le premier mot qui me vient à l'esprit après avoir refermé le livre est "ennui". Ce n'était peut-être pas le bon moment pour cette lecture mais je pense plutôt que je n'ai pas réussi à m'intéresser aux personnages et à leurs histoires. J'ai trouvé le tout très nombriliste, sans le second degré, le cynisme et l'humour que je m'attendais à retrouver dans un roman de Jean-Paul Dubois.
Commenter  J’apprécie          43
Connaissez-vous un auteur français, obsédé par les mêmes questions, les mêmes lieux et qui fut récemment prix Nobel?
Ce n'est pas Jean Paul Dubois et pourtant ça pourrait.
Des tondeuses, des couples qui battent de l'aile, de la dépression, de l'humour, des enfants (souvent méprisés alors qu'ici, ils sont si précieux), des relations père/fils compliqués...
Cet auteur tourne toujours autour des mêmes thèmes, fait plus ou moins le même livre depuis 30 ans et reste inimitable.
La preuve qu'il est l'un des tous meilleurs? Personne n'a réussi à l'adapter au cinéma!
Un futur Nobel j'vous dit..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (759) Voir plus



Quiz Voir plus

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Paul Hansen, le personnage principal du roman, a été incarcéré à la Prison de Bordeaux à Montréal ...?...

Le jour de l'élection de Barack Obama
La jour de l'élection de Donald Trump

12 questions
124 lecteurs ont répondu
Thème : Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul DuboisCréer un quiz sur ce livre

{* *}