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3,37

sur 395 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Raison et sentiments...

J'ai des accointances avec JP Dubois et lire un de ses livres me donne invariablement la banane, même et surtout si le personnage principal se débat dans sa famille dysfonctionnelle et éprouve le besoin irrépressible de changer de vie.

Sur une année,on suit donc Paul Stern,la cinquantaine désabusée, de Toulouse à Hollywood,pour échapper à son épouse dépressive et à son père fantasque.
Là-bas, un autre monde l'attend,celui des apparences,de la décadence et du bling-bling.De l'injustice sociale aussi :

"On ne dit pas assez la violence extrême et quotidienne que ce pays inflige à ses ressortissants, aux plus pauvres, aux plus faibles d'entre eux.Pour survivre, payer leur loyer et leurs soins médicaux, un nombre croissant d'hommes et de femmes cumulent deux emplois.Le jour ils embauchent dans des supermarchés ou des compagnies de nettoyage et,la nuit,les hommes gardent des parkings tandis que les femmes servent dans des diners ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La ville,le pays tout entier usent ses vieux jusqu'à la corde,puis les jettent à la rue quand ils n'ont plus les moyens de se payer un logement. "

Miroir de l'époque,l'actualité se fond dans l'histoire. Paul va croiser une galerie de personnages excentriques et excessifs mais aussi émouvants à leur façon.
Il fera aussi un retour vers le futur avec le sosie de sa femme de 20 ans plus jeune...
On rejoue souvent la même partition, même loin de chez soi.Et ,à la fin,on retrouve l'ordre des choses.

L'auteur déploie une nouvelle fois son talent d'observateur du monde avec son style à la fois plein d'esprit et de lucidité.
Pas son meilleur roman,parfois invraisemblable et farfelu, pour aficionados only,quoique on ne s'ennuie pas je trouve et c'est ce qui fait le charme du récit.

"Les accomodements raisonnables que nous avions tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l'abri d'un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous,derrière chaque porte,prêt à resurgir.
Il existait une grande variété de fins du monde.Chez les Stern comme dans toute famille. Et à l'image de Wade,triturant le bord de son chapeau,l'on pouvait passer le restant de sa vie à se demander comment cela avait pu se produire. "



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Un roman dont on ne sort pas indemne, quand on a sensiblement l'âge du narrateur, Paul Stern. Son monde se défait : sa femme Anna est dans une dépression profonde, elle passe ses journées couchée, ailleurs, inaccessible, ne partageant plus rien, ni avec lui ni avec ses enfants. La maladie est ici décrite avec finesse et sensibilité et on perçoit bien qu'elle laisse les uns et les autres complètement démunis. le personnage du psychiatre est bien vu, en surplomb, pas vraiment aidant pour le reste de la famille. La dépression, dont personne n'est à l'abri, qui s'abat sur vous sans crier gare. Anna met d'ailleurs en garde son époux :" Ce n'est pas une maladie, c'est une modification des perspectives. Sache que tu n'es pas très loin de l'endroit où je me trouve, tu es vraiment à deux pas. Mais tu ne t'en rends pas compte". Son détachement est glaçant...
Il y aussi son père (personnage très drôle, ma foi, qui apporte un peu de légèreté à l'ensemble) qui, héritant de son frère haï, oublie tous les principes qu'il avait alors érigés (et imposés) en ligne de conduite et qui se comporte comme un "nouveau riche", dépensant avec jubilation et plus encore...
Paul est donc un peu déboussolé et accepte avec soulagement la proposition d'un producteur de travailler sur le remake d'un scénario à Hollywood. le travail en lui-même est peu attractif, il s'agit d'une commande prétexte, mais permet à Paul de prendre un peu de champ. Il va faire une rencontre - qui va beaucoup le troubler - avec Selma, jeune femme qui ressemble à s'y méprendre à Anna quand il l'a rencontrée.
L'histoire entre Selma et Paul ne constitue pas pour moi le coeur du livre. Elle est un prétexte à l'introspection, à la recherche d'une nouvelle direction à donner à sa vie. Elle est l'occasion pour Paul de réinterroger qui il est - entre un père qui dans les dernières années de sa vie donne un cap inédit à sa vie et une femme à qui plus rien ne l'attache. Reste ses enfants et surtout ses petits enfants, avec qui il partage une complicité vraiment touchante.
Ce n'est pas un livre très gai pour dire la vérité. Les accommodements raisonnables dont il est question ici, ce sont tous les petits compromis que nous faisons avec nous-mêmes et les autres et qui nous éloignent de nos désirs les plus profonds, de nos aspirations initiales. Ces accommodements qui nous coûtent mais sans qui il est impossible de vivre en société, qui constituent un peu le deuil de l'idéal de chacun. Heureusement, le propos est aussi plein d'humour et certaines scènes sont irrésistibles, notamment celle de l'enterrement de Charles, très réussie je trouve.
A lire quand on est en forme !
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Jean-Paul Dubois est, pour mon mari et moi, une valeur refuge dans la littérature contemporaine. Jamais déçus par aucun de ses livres lus jusqu'à présent, ma tendre moitié est allé rafler tout ce qui restait à lire à la bibliothèque municipale. Maintenant, nous voilà embarqués pour une série Jean-Paul Dubois tous azimuts.
Les accommodements raisonnables, un terme qui est souvent associé au débat sur la laïcité de l'État, ici se transpose dans la vie conjugale et familiale de Paul Stern. Auteur réputé pour remettre sur les rails des scénarii en difficulté, Paul se définit lui-même ainsi : « J'étais un travailleur de l'ombre, un saboteur de propositions, corrigeant en douce des versions pour le compte d'un patron qui, par tactique, avait décidé de ne plus s'opposer frontalement à ses scénaristes. »
Son séjour d'un an à Los Angeles dans le milieu du cinéma hollywoodien lui offrira l'occasion de transformer le cours de son existence mais aussi de prendre conscience de ses manquements marital et parental.
Jean-Paul Dubois est un fameux conteur doublé d'un écrivain de haut vol; apparenté à Michel Houellebecq par les thèmes traités dans ses romans, il me semble néanmoins plus optimiste et plus débonnaire que ce dernier dans son analyse humaine.
Et un humour ironique toujours présent en filigrane ; j'ai beaucoup ri de sa description du Kombucha, « sorte de champignon plat évoquant un pancake, flottant dans une infusion brunâtre à base de thé », dont « le jus de ces entrailles, une sorte de mauvais cidre » « puait la vinaigrette avariée », un « jus tiédi, méduse théinée », « vieux viscère dans du formol frelaté ». Une pure délectation de lecture!
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Paul Stern s'envole pour Hollywood pour raisons professionnelles au moment ou sa vie familiale traverse de sérieuses turbulences (son père quitte la France et son épouse plonge dans une profonde déprime). Mais Stern ce laisse emporter par cette vie d'artifices et de faux-semblants, surtout lorsqu'il rencontre Selma, sosie de son épouse quelques années en moins.. Jean-Paul Dubois n'a pas son pareil pour nous embarquer dans ces histoires tragi-comiques, il distille une petite musique mélancolique qui fait mouche à chaque fois, sans oublier comme toujours de parler de tondeuses à gazon et autres obsessions de l'auteur.
Un excellent Dubois, comme souvent.
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Paul Stern vit à Toulouse, entouré d'une famille en mutation : son père, Alexandre change de mode de vie du jour au lendemain, suite au décès de son frère, dont il hérite de sa fortune, de ses bateaux ainsi que de sa femme ; son épouse, Anna, s'enfonce dans une dépression qui l'amène à être internée. Face à ces destins qui lui échappent, Paul profite d'une occasion professionnelle – redonner vie au script d'un film – pour se rendre plusieurs mois à Hollywood. Il découvre une nouvelle vie, faite d'apparences, d'apparat et de faux-semblants. Jusqu'au jour où il croise subrepticement Selma, le sosie parfait d'Anna quelque trente années plus jeune…

Il s'agit du roman des accommodements raisonnables, c'est-à-dire de toutes les compromissions, conciliations, arrangements pour édulcorer le quotidien, le rendre plus acceptable, à l'image d'Alexandre qui adopte un nouveau mode de vie, après toute une existence passée à dénigrer ce style de vie qu'affectionnait son frère, à l'image de Paul qui préfère fuir sa femme malade pour mieux la retrouver aux Etats-Unis, sous forme d'un reflet rajeuni, mais qui s'avère écorché également. Nous retrouvons dans ce roman le style de Jean-Paul Dubois, avec son humour grinçant et ses obsessions : les tondeuses à gazon, les voitures de collection, la pêche, le vélo, l'avion... L'auteur nous présente une saga familiale désopilante, avec sa panoplie d'anti-héros, dont les situations adressent un clin d'oeil à l'histoire d'« Une vie française » (même prénom, Paul, pour le personnage principal, même prénom pour sa femme, Anna, pour sa fille, Marie, la thématique de la folie et de l'internement…).
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J'ai retrouvé avec bonheur le JP Dubois que j'aime, celui qui, invariablement marié à une femme qui s'appelle Anna a une fille qui s'appelle Marie et qui doute, fuit, s'interroge, observe avec son humour noir, si noir et son esprit caustique, tellement caustique. Toujours borderline entre l'envie de se foutre en l'air et celle d'éclater de rire, je suis fan.
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L'éphéméride de Paul Stern débute en février 2007, lors de la crémation de son oncle Charles, oisif et flambeur de son vivant : « Charles Stern me faisait honte. Sa mort aujourd'hui me laissait totalement indifférent. » Il se clôt en janvier de l'année suivante. Entre temps, la vie du neveu Paul, scénariste flottant dans sa cinquantaine désabusée, va se trouver chahutée. Un contrat inattendu l'entraîne en Amérique, l'éloignant de sa femme Anna qui sombre au plus profond de la dépression depuis longtemps déjà, distançant sa famille dont le père, Alexandre Stern, héritier de son frère détesté, met son ancienne vie réglée cul par-dessus tête. Adieu le labeur et la foi ! Voici venu le temps des jouissances ! Paul ne comprend rien aux autres. La proposition hollywoodienne tombe à pic : recomposer le scénario d'un nanard français intitulé Désarticulé, (tout un programme !), afin d'en faire un remake américain. Seulement, dans « l'usine à rêves » californienne, Paul croise Selma Chantz et croit reconnaître sa femme Anna bien des années auparavant quand l'amour était radieux. Il retrouve l'envie de continuer à vivre par cette femme inattendue, sosie parfait, dans cet amour décalqué de son passé mais bien ancré dans son présent. A mesure que sa passion le consume, sa femme Anna sort de son état comateux, là-bas, en France.
Jean-Paul Dubois possède l'art de tailler dans la couenne. A travers des alter ego romanesques, l'écrivain ne se fait pas de cadeau. La « désabusion » est de son monde et le lecteur averti ne peut pas lui donner tout à fait tort. On peut regretter parfois des phrases à l'emporte-pièce qui accumulent autant les termes techniques abscons que les molécules de synthèse inutiles. Soudain, inattendue, jaillit une phrase d'écrivain : « Je n'avais rien oublié de ces trente années, rien sacrifié, rien négligé. Et pourtant il me manquait l'essentiel : la mémoire du moment, la trace des jours invisibles où les choses avaient commencé à déraper, où Anna s'était discrètement éloignée sans que je m'en aperçoive. » La noirceur n'exclut pas l'humour, noir, évidemment. le récit est ancré dans la réalité de l'année 2007 et les événements politiques se font tailler des croupières. L'inénarrable Sarkozy en prend pour son grade d'omniprésident : « Je veux le monde, Chico, et tout ce qu'il y a dedans. » le monde va selon des desseins sibyllins que l'humanité ne sait déchiffrer, toute percluse qu'elle est par le temps qui lamine tout et « modifie l'intérieur de nos vies que l'absence assèche ». Composer pour ne pas sombrer, trouver les « accommodements raisonnables ». Dans cette poix de vie, parfois, des « marqueurs de bonheur » surgissent alors qu'on ne les attendait plus. le roman se termine sur une note optimiste et le lecteur trouve qu'il n'a pas perdu son temps.
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Très bon roman qui nous emmène avec des allers et retours de Toulouse à Hollywood. L'auteur a de tels talents de conteur que l'on ne voit pas passer l'histoire.
un raccourci rapide me ferait dire que Jean Paul DUBOIS est le côté positif de M HOUELBECQ. D'une analyse sans concessions des rapports sociaux, JP DUBOIS nous emmène vers des lendemains sinon plus chantants, plus optimistes.
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Paul Stern est « script doctor », scénariste capable de « réanimer et guérir des films donnés pour morts », il a une femme Anna en pleine dépression et noyée sous les médicaments, trois enfants et deux petits enfants avec lesquels il a noué une tendre connivence, et un père, Alexandre qui, quand s'ouvre le livre, enterre un frère honni dont la vie et les principes ont toujours été aux antipodes des siens.

Et voilà que le père rigoriste qui avait « toute sa vie prêché la valeur du travail, la tempérance et la discrétion » , ayant hérité de la fortune de son frère, entame à 78 ans une « carrière de branleur antipathique, de sauteur de banlieue, de gigolo des mers ». de quoi sidérer et déstabiliser encore un peu plus le pauvre Paul ! Quand lui arrive une proposition de travail à Hollywood, il décide donc de l'accepter.

Commence alors un récit fait d'allers-retours entre la terre toulousaine où la «  vraie vie » continue et le monde d'apparence et de fiction qu'est Hollywood. C'est l'occasion, pour JP Dubois, de nous dépeindre une Amérique qu'il connaît bien et un microcosme qui soigne tous ses maux et ses névroses avec un champignon asiatique , le kombucha....
Côté français, nous suivons par bribes, grâce aux coups de fils réguliers et à toute heure du père de Paul, la campagne présidentielle de 2007 , la victoire puis le divorce de Sarkozy. Une façon de ramener un peu d'actualité mais aussi de légèreté dans un récit par ailleurs assez désabusé qui s'interroge sur le vivre ensemble et les « accommodements raisonnables » que nous sommes prêts à faire pour rendre la vie en société et en famille plus acceptable.

Même si ce n'est pas pour moi le meilleur Dubois ( je n'ai pas trop adhéré au personnage de Selma notamment) , j'y ai retrouvé avec plaisir ces êtres fragiles et désabusés , cette écriture fluide , recherchée sans être pédante, et ce ton caustique qui sont la marque de fabrique d'un auteur que j'apprécie beaucoup.
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e pensais avoir déjà mis des romans de cet auteur sur mon blog mais puisque je ne l'ai pas encore fait, je vais commencer par celui-là qui a eu le grand mérite de m'occuper pendant deux jours pendant cette horrible période de confinement au printemps 2020. Nous sommes en 2008, et le narrateur un Paul Stern qui doit avoir quelques points communs avec l'auteur, est accablé par une famille assez lourde. Son oncle Charles et son père se détestent. Son père a formé avec sa mère un couple traditionnel, catholique très conservateur qui a un peu étouffé leur fils unique Paul. le père a eu bien des déboires financiers et a mené une vie assez étriquée, Charles est tout le contraire, il est très riche, vit avec une femme sans être marié qu'il appelle John-Johnny et a de nombreuses maîtresses. Il cherche par tous les moyens à écraser son frère en particulier en achetant des bateaux à moteur très puissants. Ce frère meurt, et le père du narrateur hérite et avoue à son fils qu'il n'a jamais eu la foi et qu'il n'a jamais aimé sa femme… Dans sa propre famille Paul ne comprend pas pourquoi sa femme Anna est dépressive au point de ne plus avoir envie de rien et de dormir toute la journée. En revanche, ses trois enfants ont l'air d'aller bien. Paul Stern part une année à Los Angeles pour rédiger le script d'un film tiré d'un mauvais film français. L'intérêt du roman vient de la peinture du monde de Los Angeles, d'Hollywood exactement et c'est vraiment terrible de voir comment ce grand pays maltraite sa population vieillissante et pauvre. Evidemment la peur de vieillir est encore plus terrible pour les acteurs. Son année aux US est ponctuée par les coups de fils de son père qui n'arrive pas à se mettre dans la tête le décalage horaire, et l'on voit cet homme que son fils a connu toute sa vie très coincé se lâcher dans les plaisirs du sexe et de l'argent. Paul reviendra en France et retrouvera une Anna plus en forme et on l'espère pour lui, une vie familiale plus épanouie.

Il manque de la profondeur à ce roman, en particulier sur les malaises de sa propre famille. On a aucune explication au mal-être d'Anna mais ce n'est sans doute pas ce que voulait faire l'auteur. En revanche l'auteur ne manque pas d'humour et son livre est riche d'impressions hélas trop justes sur l'envers du décor de la réussite américaine.
Lien : https://luocine.fr/?p=11959
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