Raison et sentiments...
J'ai des accointances avec JP Dubois et lire un de ses livres me donne invariablement la banane, même et surtout si le personnage principal se débat dans sa famille dysfonctionnelle et éprouve le besoin irrépressible de changer de vie.
Sur une année,on suit donc Paul
Stern,la cinquantaine désabusée, de Toulouse à Hollywood,pour échapper à son épouse dépressive et à son père fantasque.
Là-bas, un autre monde l'attend,celui des apparences,de la décadence et du bling-bling.De l'injustice sociale aussi :
"On ne dit pas assez la violence extrême et quotidienne que ce pays inflige à ses ressortissants, aux plus pauvres, aux plus faibles d'entre eux.Pour survivre, payer leur loyer et leurs soins médicaux, un nombre croissant d'hommes et de femmes cumulent deux emplois.Le jour ils embauchent dans des supermarchés ou des compagnies de nettoyage et,la nuit,les hommes gardent des parkings tandis que les femmes servent dans des diners ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La ville,le pays tout entier usent ses vieux jusqu'à la corde,puis les jettent à la rue quand ils n'ont plus les moyens de se payer un logement. "
Miroir de l'époque,l'actualité se fond dans l'histoire. Paul va croiser une galerie de personnages excentriques et excessifs mais aussi émouvants à leur façon.
Il fera aussi un retour vers le futur avec le sosie de sa femme de 20 ans plus jeune...
On rejoue souvent la même partition, même loin de chez soi.Et ,à la fin,on retrouve l'ordre des choses.
L'auteur déploie une nouvelle fois son talent d'observateur du monde avec son style à la fois plein d'esprit et de lucidité.
Pas son meilleur roman,parfois invraisemblable et farfelu, pour aficionados only,quoique on ne s'ennuie pas je trouve et c'est ce qui fait le charme du récit.
"Les accomodements raisonnables que nous avions tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l'abri d'un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous,derrière chaque porte,prêt à resurgir.
Il existait une grande variété de fins du monde.Chez les
Stern comme dans toute famille. Et à l'image de Wade,triturant le bord de son chapeau,l'on pouvait passer le restant de sa vie à se demander comment cela avait pu se produire. "