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sur 258 notes
Réjean Ducharme est un auteur culte au Québec. D'abord et avant tout grâce à son oeuvre qui se définit par une prose très riche et inventive, et aussi par son caractère incognito. Il n'a jamais accordé d'entrevues et son image publique se résume à deux ou trois vieilles photographies.

Après un coup de coeur inespéré et inattendu pour L'hiver de force, ma première rencontre avec Ducharme il y a deux ans, L'avalée des avalés, sa première publication et son titre le plus emblématique, se devait d'être lu.

Bérénice, la narratrice qu'on suit de ses neuf ans jusqu'à la fin de l'adolescence, est une grande révoltée. Elle hait les adultes, en premier lieu ses parents qui nourrissent un conflit ouvert, et tout ce qu'ils représentent. Elle voue cependant un amour inconditionnel à son frère. Son enfance se déroule au milieu du fleuve Saint-Laurent sur une île infestée par les rats, où elle vit avec sa famille dans une abbaye désaffectée, un univers magique et inquiétant. À l'adolescence, plus que jamais insoumise, elle est contrainte de quitter son refuge. Son père l'envoie à New York dans une communauté juive stricte dans le but de la mater, entreprise vouée à l'échec qui l'entraîne ensuite jusque dans l'armée en Israël.

Au début du roman, j'étais très emballée de retrouver la plume de Ducharme. Mais, malgré la verve et le volontarisme de la jeune narratrice, j'ai eu du mal à garder le tempo dans ma lecture. Certains passages, des réflexions sur la solitude notamment, sont fulgurants, mais je me suis enlisée dans la noirceur des états d'âme de Bérénice. Un personnage qui frappe l'imaginaire, dans la douleur.
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Ici, la forme est parfaitement cohérente avec le fond.

Le narcissisme et l'égocentrisme de la narratrice sont à la mesure de sa souffrance : exacerbés. Carencée, prise dans la haine de soi et des autres, Bérénice ne peut trouver dans le réel -- réel morcelé, inscrit dans la durée, source d'angoisse -- l'amour fusionnel qui seul pourrait la combler. La seule voie qui s'ouvre à elle est celle de l'enfance permanente, celle de l'imaginaire. D'où le refus de l'âge adulte, de la sexualité. Refus, plus largement, du réel -- net, absolu --, et survalorisation de l'acte volontaire, qui est acte de recréation du monde sur le plan imaginaire.

Or, ce passage vers l'imaginaire (plus on avance dans le récit, plus le délire s'accentue) ne peut s'accomplir que par le langage. Dans ce roman, le langage est le plus souvent performatif ; comme le « abracadabra » des contes pour enfants, il a pour fonction de faire apparaître un monde : « Quand je serai grande, je n'aurai plus en place de coeur qu'une outre vide et sèche. Christian me laissera froide, tout à fait indifférente. Aucun lien ne nous unira que je n'aurai tissé de mes propres mains. Aucun élan ne me portera vers lui : je me porterai vers lui de mes seuls pieds. J'aime imaginer que nous sommes deux pierres que j'ai entrepris de greffer l'une à l'autre avec mon sang. Un dialogue sera établi entre deux pierres. Mon entreprise sera couronnée de succès. Je suis une alchimiste rendue folle par des vapeurs de mercure. J'aimerai sans amour, sans souffrir, comme si j'étais quartz. Je vivrai sans que mon coeur batte, sans avoir de coeur ».

Ce qui fait de cet extrait plus qu'une description fantaisiste, c'est la volonté de Bérénice d'y croire, de s'y projeter entièrement. de s'y projeter, précisément du fait du son invraisemblance, de son excès, ce qui lui permet d'affirmer sur le plan imaginaire son irréductible solitude, envers et contre tous.

Mais le langage ne fait pas que créer, il doit aussi détruire. Comme dans L'Hiver de force -- seul autre roman de Ducharme que j'ai lu --, nous sommes conviés ici à une fête nihiliste du langage. Tout y passe. Les clichés, autant que les formes habituelles du langage littéraire, sont férocement attaqués, dynamités, à chaque page. le mot d'ordre de Cioran semble ici scrupuleusement suivi : « Devoir de la lucidité : arriver à un désespoir correct, à une férocité olympienne ». Il faut dire qu'au tournant des années 1970, la littérature québécoise est ouvertement iconoclaste. Mais, chez Ducharme, l'esthétique de la rupture est portée jusqu'à un extrême auquel je ne trouve pas d'équivalent.
Lien : http://lachambredecoute.blog..
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Bérénice est un être humain dans toute sa splendeur, pleine d'envie (parfois à la limite de la décence), d'ambivalence. Ce qui rend Bérénice unique c'est qu'elle agit selon ses envies, ses pensées mêmes les plus noirs (celles que parfois l'on a et dont est parfois honteux), elle n'a pas de tabou. A travers tout cela il semble qu'elle cherche sans cesse quelque chose sans y arriver. On aime le personnage de Bérénice et on le déteste.
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Moi qui en avais tellement entendu parler. Différent, bien écrit il va sans dire mais oh combien ennuyant. Ai laissé tomber ma lecture à la moitié du livre. Ne m'a clairement pas rejointe ou touchée de quelque manière que ce soit. Déception.
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