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EAN : 9782070385478
288 pages
Gallimard (02/10/1992)
3.39/5   31 notes
Résumé :
Bottom, trente ans, est par essence un «rada», c'est-à-dire un paumé. Pourvu que la Providence lui donne ses six canettes de bière quotidiennes, il patauge avec complaisance dans l'horreur de vivre.

Recueilli par la patronne, il lui sert de nurse et de chauffeur, car elle a les jambes brisées. La patronne passe tout à Bottom, et leur amitié tourne parfois à la tendresse sexuelle. Mais lui aime d'un grand amour sans espoir Juba, qu'il appelle son peti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est dommage que dévadé ait un style si maniéré, parce que dans le fond, tout le reste est génial. C'est dommage parce que je suis un fervent admirateur de Réjean Ducharme, mais là, il pousse la chansonnette un peu trop loin. Un peu comme dans les derniers livres de Beckett, pas à ce point, mais l'engrenage est mis en marche. C'est le plaisir/désir de faire des rimes, des mots qui sautillent, qui fendillent ou qui frétillent, qui ont la malencontreuse conséquence de fragmenter le récit et de le faire bégayer. Il suffit de lire à haute voix pour s'en rendre compte. C'est surement dû à l'époque, fin des années 80, où la tempête déconstructiviste frappait encore, du bout de la queue.

Ce désagrément de lecture, qui fait qu'on ne lit pas ce livre d'une traite, peut être défendu en disant que ces effets de style sont les lubies du personnage principal, que c'est lui qui vrille sur la glace avec la vieille Oldsmobile, saoul, sans casque ni pantalon, et par conséquent, la forme est cohérence avec ce personnage haut en couleur. Peut-être. Mais c'est dommage parce que ce Pierre Lafond, au fond, la pierre au fond du lac, que tout le monde appelle Bottom, est un personnage hors du commun, avec de la répartie aux kilomètres, capable de retourner toutes les balles qu'on lui lance, son malheur est inébranlable et il y tient.

Derrières cette virtuosité renversante, Ducharme nous peint des personnages touchants, les poches pleine de contradictions. Tu m'aimes - tu m'aimes pas - tu m'aimes pas comme je t'aime - pardon, on dit plutôt je t'aide comme tu m'aides.

On pourrait voir cette histoire comme une sorte de triangle amoureux où Bottom se trouverait à l'extérieur, courant d'une femme à l'autre, avec l'espoir de recevoir un peu de tendresse. le problème pour Bottom, c'est que lorsque la tendresse arrive, s'approche, il ne peut s'empêcher de l'éviter, parce que ça peut faire mal la tendresse : quand elle s'en va, elle ne revient pas. Pour cette raison, Bottom ne peut s'empêcher de blesser, de fuir avec l'Oldsmobile pour avaler ses 6 bières quotidiennes. Pourquoi 6 ? parce qu'il n'en supporte pas tant ! Ça y est, on comprend, Bottom aime entretenir des relations torturées, il y tient, comme ceux qui aime leur steak saignant. Bottom a aussi la manie de parler au téléphone. Quand il est chez l'une, il appelle l'autre, et vise-et-versa. La troisième est là lorsque la ligne est occupée, c'est Nicole le pot de colle, qui a toujours la porte ouverte. Elle se laisse si facilement amadouer cette Nicole, par tout le monde, sauf par lui, elle lui résiste, ce sera trop facile. Pauvre Bottom, qui court d'une à l'autre, avec l'espoir du désespoir.

Au final, c'est peut-être mieux comme ça, que dévadé ne lise pas d'une traite, on est heureux de retrouver soir après soir ce Bottom qui semble dire que c'est seulement quand on souffre vraiment qu'on sait qu'on est bien en vie.
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Ce roman met en scène Bottom, un paumé. Il est heureux avec ses six canettes de bière et il travaille pour une dame appelée la patronne. Il exerce le métier d'homme à tout faire (chauffeur ou encore infirmier).  Cet univers permet au lecteur de rencontrer des êtres perdus qui à leur façon racontent la vie… la vraie, celle qui a un sens, car sinon, comme le mentionne Bottom, la vie est une poubelle… Évidemment, les jeux de mots sont encore à l'honneur dans ce roman. Grâce à ces derniers, le lecteur oscille entre le rire et les larmes…
Chochotte comme elle est, elle lisait des lettres de Nietzsche. Refermant le bouquin sur son doigt pour ne pas perdre sa page, elle se tasse pour me faire de la place. «Viens un peu t'asseoir pour voir.» Elle me donne la main, pour que je lui fasse un serrement. Je la lui prends avec le reste du bras puis avec tout ce qui va avec le bras. Pour la serrer toute, livre inclus, jusqu'à ce que sous la pression des mamelons sa philosophie s'imprime dans mon coeur, et que je contracte les maladies de l'auteur, y compris la schizophrénie.
https://madamelit.me/2017/02/03/madame-lit-une-ecrivaine-ou-un-ecrivain-par-mois-2/

Lien : https://madamelit.me/2017/02..
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pas réussi à lire ce texte ; je n'ai pas compris et je n'apprécie pas le style hachuré
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les premières semaines sont les plus dures, mais je serai plus dur qu'elles. Je n'ai pas de courage mais on peut s'en passer quand on a des ongles comme j'ai et qu'il s'agit de fouir, de creuser, de se réchauffer en s'enfonçant jusqu'aux braises de la terre. Cette pâmée ne fera pas de différence quand elle se penchera pour voir comment je crève dans mon trou et qu'elle verra que je m'en fous. Je ne suis pas un lion mais je suis un rada. Au coeur de cet hiver où les muscles des plus forts ne servent qu'à grelotter, je me pelotonne et je dors.
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Maggie lui a mis du Baudelaire sur le signet de Books & Things, de sa librairie : « Tous les malheurs de l'homme viennent de ce qu'il ne se borne pas à ce qu'il connaît de plus élevé. » Les miens viennent de ce que je ne me borne pas à ce que j'ai de foncièrement tronc. Inapte au service humain. A celui des autres comme au mien. Trop taré pour labourer la terre de mon père, pas assez pour exploiter mes tares, m'indemniser en sautant des minettes en levrette dans les toilettes des discothèques, comme les autres tarés. Mais je n'oublie pas dans mes prières (je vous salis Marie pleine de bière) qu'en se plaignant du peu qu'on a on ne l'augmente pas. On se le gâte, on le perd.
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Redonne-moi ta confiance vite, je la mérite. Je suis le dernier de mon espèce, le genre que tu peux appeler en catastrophe un lundi après-midi parce que tu t'ennuies toute seule à l'automatique buanderie, et qui va tout lâcher pour aller te trouver même s'il sait que ça ne sert à rien, que ton lavage va être fini quand il va arriver... Le peu qu'on a de beau et de bon jette une si grande lumière qu'il ne reste plus au sale, au coupable, d'ombre ou se mettre, se conserver assez pour infecter l'amitié. Le plancher s'écroule sous mon poids, le plafond sur ma tête, il n'y a plus rien qui tienne quand il ne repose plus sur toi, quand tu ne tiens plus à moi. Le mal que j'ai de t'avoir fait du mal est plus grand que tout le mal que tu veux me faire en me laissant tomber, tu ne peux plus me blesser, il n'y a plus de place ou porter des coups, je me suis planté des couteaux partout; tout ce que tu peux me faire qui produise un effet, c'est me redonner confiance.
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Chochotte comme elle est, elle lisait des lettres de Nietzsche. Refermant le bouquin sur son doigt pour ne pas perdre sa page, elle se tasse pour me faire de la place.
«Viens un peu t'asseoir pour voir.»
Elle me donne la main, pour que je lui fasse un serrement. Je la lui prends avec le reste du bras puis avec tout ce qui va avec le bras. Pour la serrer toute, livre inclus, jusqu'à ce que sous la pression des mamelons sa philosophie s'imprime dans mon coeur, et que je contracte les maladies de l'auteur, y compris la schizophrénie.
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Chochotte comme elle est, elle lisait des lettres de Nietzsche. Refermant le bouquin sur son doigt pour ne pas perdre sa page, elle se tasse pour me faire de la place. «Viens un peu t’asseoir pour voir.» Elle me donne la main, pour que je lui fasse un serrement. Je la lui prends avec le reste du bras puis avec tout ce qui va avec le bras. Pour la serrer toute, livre inclus, jusqu’à ce que sous la pression des mamelons sa philosophie s’imprime dans mon coeur, et que je contracte les maladies de l’auteur, y compris la schizophrénie
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Videos de Réjean Ducharme (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Réjean Ducharme
"C'est un monstre sacré de la littérature canadienne qui est mort cet été.Réjean Ducharme avait su conquérir le monde francophone avec seulement 9 romans en 50 ans d?existence."
Réjean Ducharme - le conseil d'Emmanuel Khérad https://www.franceinter.fr/emissions/la-librairie-francophone
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