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sur 142 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ils sont quelques uns, une poignée, quatre ou cinq, dix, vingt, peut-être trente, guère plus.
Ils ont été recrutés par un certain Adam Thobias, qu'ils sont croisés ici ou là, à l'occasion de leurs études en Angleterre, d'un colloque, ou par d'autres voies encore. Adam est un homme extraordinaire – certains diront génial, d'autres fou – et il a été placé à la tête de la « CICC », soit la « Commission Internationale pour le Changement Climatique, et pour un nouveau contrat naturel » : tout est dans le titre.

Ils sont réunis au coeur d'une vaste entreprise, quelque chose qui pourrait peut-être sauver la planète. Adam est secondé par la sympathique Chloé Tavernier, belge de nationalité, et recrute son équipe.
Ils sont ingénieurs, chercheurs, botanistes, photographes, ou simplement conscients des dangers du changement climatique. Ils doivent observer, raconter, photographier, rendre compte de l'état de la planète, et renvoyer le tout via une application au nom prometteur : Télémaque.

On suit ainsi June, partie loin de chez elle jusqu'à Calcutta, où elle va croiser – par hasard ? – Mia, envoyée par Adam pour la recruter, qui va partir en direction de la Birmanie. Ce ne sera pas une partie de plaisir : l'aventure va tourner au drame.
Mais finalement la jeune June va s'en sortir.

On suit en parallèle, Nathan, un jeune prodige scientifique, parti à la recherche de LA plante qui pourrait tous nous sauver. Mais Nathan souffre d'un mal étrange. Une tâche dans l'oeil, qui grandit et ne disparaît pas. Effet du stress ? Somatisation ? Elle va subitement disparaître alors qu'il va faire une expérience extrême lors d'une plongée sous-marine.

On va aussi suivre un instant Arthur Bailly, le photographe. Qui se fera arrêter parce qu'il fait, sur commande de Adam Thobias, des photographies d'endroits tenu secrets.

Mia et June vont découvrir l'amour des corps. Avec Nathan, ils vont vivre d'amitié. Mais bientôt June repartira pour rejoindre une petite communauté, au pays de nulle part, qui tente d'appliquer tous les principes qu'ils ont listé sur Télémaque.

On y apprend aussi beaucoup de chose à propos du pétrole, de la façon dont il s'est déposé, pendant un temps infini, et ce que les hommes en ont fait, pendant un temps très court à l'échelle de la planète.

Polar ? Fiction ? Fable écologique ? Manifeste collapsologiste ? Dystopie ?
« le grande vertige » est un peu tout à la fois. Et vertigineux, oui, plutôt.
On pense à Richard Powers et à son roman choral « L'Arbre monde ». Ou à d'autres essais liés à la thématique de l'effondrement – Babelio en fournit d'ailleurs de bonnes listes.


J'avais beaucoup aimé « L'invention des corps », son précédent récit, avec le plaisir de découvrir un nouvel auteur, et de lire un récit mené tambour battant. le rythme ici est un peu plus ralenti, et mon intérêt un peu moindre, même si Pierre Ducrozet pose les vraies bonnes questions : y a-t-il une chance d'inverser le cours des choses ? Des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent-ils agir et transformer le monde ? Faut-il agir pacifiquement, en informant les populations, ou bien accepter des actes de l'ordre de la désobéissance civile ?

Si le titre n'était pas déjà pris, « le grand vertige » aurait pu s'appeler « Un autre fin du monde est peut-être possible ». Mais pas sûr. Parce que la fin laisse peu d'espoir – juste une lueur.
Mais maintenant, c'est à nous de nous poser les questions que pose ce roman.
Parce que tout ce n'est plus de la fiction : le constat est bien là.
Alors à nous de jouer.
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Une équipe de choc pour sauver la planète

Dans le droit fil de ses chroniques pour Libération, Pierre Ducrozet prend le pouls de la planète dans son nouveau roman. le grand vertige retrace le projet fou du «réseau Télémaque», bien décidé à changer le monde.

Face à la montée des revendications et aux craintes de l'opinion sur les questions environnementales, le gouvernement décide d'appuyer la création d'une «Commission internationale sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel». Sollicité pour en prendre la tête, Adam Thobias, qui lutte depuis des décennies pour davantage d'écologie, accepte de relever le défi, même s'il ne semble pas se faire trop d'illusions sur la concrétisation des idées qu'il soumettra aux politiques. Autour de lui, il va rassembler une équipe d'ingénieurs, de professeurs, de voyageurs, de botanistes, d'architectes, de géologues et écrivains d'où émergent quelques personnages haut-en-couleur qui Pierre Ducrozet va nous présenter successivement.
Nathan Régnier, malgré des ennuis de santé récurrents, accepte de se joindre au groupe parce qu'il «est hanté, dès ces jeunes années passées dans les massifs du Labrador, par un mystère. L'organisation en rhizomes des sols, des plantes, des champignons, de l'air, de l'ensemble du vivant et des morts est proprement sidérante, il y a là un mystère et une clef auxquels il sait déjà qu'il devra consacrer son existence».
Mia Casal rejoint fait aussi partie de l'aventure. Anthropologue «post-punk,
écoféministe néo-sorcière», elle est d'une «beauté presque effrayante, des yeux qui vous rentrent dans le crâne, harmonie sévère et mélange mystérieux de gènes qui lui a été légué par une ascendance complexe, père d'Osaka fils d'une Russe et d'un Japonais, mère Brésilienne fille d'un Allemand et d'une Carioca.»
Arrêtons-nous aussi sur June Demany, sa vie faite de familles recomposées, de petits boulots, de grandes révoltes. Un jour, elle prend un avion pour Buenos-Aires où elle a failli se perdre avant de partir pour Ushuaia. «Elle se découvre une montagne de défis: voyager seule, voyager durable, se perdre, se trouver, se ressaisir, ne pas laisser de traces.» Elle se veut libre et renonce à rejoindre l'équipe.
Jusqu'au jour où elle va croiser la route de Mia. Entre les deux jeunes femmes c'est peu de dire que le courant passe. Après une nuit torride, June va se laisser convaincre de faire partie de l'aventure.
Disons enfin un mot sur Tomas Grøben à qui on a confié la mission d'explorer la planète sans bouger de chez lui. Il passe ses journées devant Google Earth à scruter la planète dans ses moindres détails.
Et puis il y a Arthur Bailly, le photographe. « Il dit qu'il est là pour ça. Il observe tout ce qu'on ne voit pas, toutes les misères et les flux qu'on s'échange pour deux sacs, toutes les têtes qui tombent en arrière, les quartiers des vagues à l'âme et des regards absents, les mains qui se tendent et prennent, il voit ce qui s'y échange, quelques grammes d'infini, la mer noire derrière, tous les petits trafics sans nom et les rêves qu'on garde serrés dans la paume.»
Pierre Ducrozet a construit son roman en détaillant d'abord l'équipe du projet avant de passer aux missions qu'Adam Thobias leur confie, tout en restant vague sur la finalité des tâches confiées aux uns et aux autres. Une série de photos à faire pour Arthur, une plante, l'Echomocobo, dont l'étude est confiée à Nathan, l'étude du trajet d'un nouvel oléoduc qui passe en Birmanie pour Mia, accompagnée de June.
Au fur et à mesure que les choses se précisent, le récit gagne en densité. Au projet écologique un peu vague du début - enfin changer le monde - viennent se greffer les services secrets et les grandes manoeuvres géopolitiques. La dimension globale du projet commence à inquiéter, les fouineurs à devenir gênants. En retraçant la grande histoire de l'or noir, on découvre aussi combien cette matière première a charrié de convoitises, de guerres, de coups bas. le tout débouchant sur "un bordel international, état d'alerte maximum".
De la fable écologique, on bascule dans le roman noir mêlé d'espionnage, le tout agrémenté de machinations politiques pour s'assurer la mainmise sur les matières premières. Un combat de coqs qui «font avancer les choses vers leur inévitable cours, celui de la bêtise et de la destruction».
Et alors qu'Adam dévoile son vrai visage et le réel but de son «Réseau Télémaque», l'équipe découvre qu'elle a été manipulée. L'épilogue de cette géopolitique de l'écologie vous surprendra sans doute. Mais Pierre Ducrozet aura ainsi réussi haut la main son pari: vous faire réfléchir aux enjeux qui vont déterminer l'avenir de la planète et celui des générations futures.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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L'accumulation des ressources a façonné l'histoire du monde : le charbon au XIXième siècle et le pétrole au XXième (une magnifique épopée racontée pages 137-154 – ça vaut « La face cachée du pétrole » d'Éric Laurent). Et au XXIième ? le lithium ! La Bolivie peut commencer à trembler (Elon Musk a dit qu'il était prêt au coup d'état, si nécessaire). Il faut présager le pire car un des grands enjeux de demain, c'est l'exploitation et le stockage de l'énergie « propre ». Pierre Ducrozet pose la question avec son roman : les hommes joindront-ils leurs forces pour garantir l'avenir du plus grand nombre ? Votre tendance à répondre oui ou non déterminera votre caractère : optimiste ou pessimiste.
Mais à la lecture du Grand Vertige, on verra le verre à moitié vide. L'appât du gain freine les ardeurs écologiques. Pourtant, le désir d'une ère nouvelle est fort : « Elle voudrait trouver une manière d'être au monde qui ne soit ni prédatrice, ni autoritaire, ni arrogante ». On retrouve le thème cher à Michel Serres (p191) et qu'il avait développé dès 1990 dans son livre « le contrat naturel » : l'homme a désormais la capacité de scier la branche sur laquelle il a niché.
Personne n'écoute, on désespère… cette envie de tout faire péter, de tout réinventer, comme au premier jour : « Sur ces bâtiments détruits ou simplement mis hors d'usage, nous pourrions bâtir quelque chose de neuf ».
Le salut pourrait venir d'une invention, d'une plante qui mange le soleil par exemple, mais pourquoi toujours souhaiter la rupture technologique alors qu'il suffirait de s'inscrire dans le mouvement du monde. Se fondre dans le décor, au lieu d'y foncer.
On pourra regretter quelques facilités dans l'intrigue, quelques largesses dans l'action (comme dans un James Bond). Une broutille au regard du plaisir de lecture procuré par ce roman. On voyage, on s'instruit, on réfléchit, et on passe un excellent moment.
Bilan : 🌹🌹
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Roman qui nous délivre un constat réaliste et étayé de l'état de l'écosystème Terre.
Un homme reconnu et apprécié, Adam Thobias, est las des recommandations non appliquées malgré les seuils écologiques franchis et les signaux d'alarme envoyés par le système Terre. Devant l'inertie des gouvernements et des citoyens et face à l'urgence de la situation, il met au point un plan et choisit une voie extrême espérant déclencher une réaction collective.
Le style est agréable et cela donne un bon moment de lecture. Par contre, j'ai moyennement adhéré à l'intrigue qui souffre à mon goût d'un faux rythme.
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Un grand roman écolo-global. Parfaitement dans mes valeurs. Je suis donc partial. À se demander en suivant ce commando du changement, s'il faut être un peu frappadingue pour tracer de nouveaux itinéraires et coucher de nouveaux récits à l'assaut du réchauffement climatique et de ceux qui l'engendrent.
Certains mandataires m'ont agacé, je me suis identifié à d'autres. le style hume parfois trop l'air du temps, habillant d'une touche franc parler des protagonistes un brin stéréotypés, abusant des énumérations déjantées et de phrases dans la phrase. Qu'importe, la cause est belle et le dépaysement assuré. Recommandé par Philosophie magazine dans sa sélection de livres à offrir en fin d'année... ou tout de suite. Un peu surfait au final.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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le grand vertige
Pierre Ducrozet
roman, Actes Sud, 2020, 367p


Qu'est-ce que le grand vertige ?
C'est d'abord cette loi universelle selon laquelle tout se meut dans tout, éternellement. Exemple : la plante crée l'atmosphère dont se nourrit le vivant, animaux, bactéries, humains ; l'air se meut dans l'espace qui se meut dans le temps. C'est la révélation que reçoit Nathan, visage blanc-oeuf, oeil inquiet, qui a trouvé en Amazonie septentrionale (Brésil) la plante magique, l'Echomocobo, qui ne perd absolument rien de l'énergie du soleil, pas comme les panneaux voltaïques.
C'est ensuite l'hypercapitalisme qui exploite tout au profit de quelques grands dirigeants de sociétés. du coup, les ressources s'épuisent, le climat change, le désert progresse, on court à la catastrophe.
Enfin, c'est le cerveau d'Adam Thobias, prononcez A-dame, un pionnier de la pensée écologique, qui est contacté, de nombreux pays ayant pris conscience des dérèglements causés par la cupidité des grands (on est en 2017) pour prendre la tête d'une Commission sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel. Il s'entoure des meilleurs spécialistes dans chacun des domaines, collecte des informations, se livre à des analyses et à des études ; il crée un réseau qu'il appelle Télémaque (pourquoi ce nom?) pour que des spécialistes hors-normes effectuent des missions secrètes en allant voir sur place les failles et l'état du monde ; comme les détenteurs du pouvoir ne font pas mine de changer leur façon de voir les choses, il accomplit des actions terroristes afin de provoquer d'autres points de vue ; et enfin il s'isole avec un petit groupe sur les rives du lac Turkana, berceau de l'humanité, au Kenya pour expérimenter une société utopique, sans hiérarchie et collective, au sein de la nature ici rouge grenat. Mais toutes ces expériences et leurs échecs ont chaviré l'esprit du scientifique. Cependant l'espoir d'un autre monde est bien présent. Les jeunes générations à qui les plus âgés, à cause de leur passivité, n'ont pas laissé grand-chose, ont un rôle à jouer.
On voyage beaucoup dans ce livre, on prend aussi beaucoup, énormément, l'avion, on n'a d'ailleurs aucun souci d'argent, et il est franchement intéressant de se trouver dans la jungle birmane à la recherche d'un pipe-line, de voir Shangai avec d'autres yeux, de goûter le calme du lac avec ses flamants roses. Tout à côté se tiennent des Rohingyas obligés de fuir, des Ethiopiens qui veulent installer des champs d'agriculture intensive sur les berges du lac. le rythme est rapide, les chapitres courts, et on a du plaisir à retrouver sous la plume de l'auteur de nombreuses citations. le livre est gros d'énergie, de souffle. Il est aussi hétérogène avec des bouts de récits de voyage, d'aventures, de romans d'amour ou d'espionnage, de vulgarisation scientifique également.
Les personnages ne m'ont pas beaucoup attirée, notamment June, 23 ans, le crâne rasé, la fille d'Adam en fait et non un ami de la famille, et Mia avec qui elle découvre l'amour féminin. le personnage du photographe amoureux des lieux désolés et glauques serait plus attachant, mais il cède aux tentations de l'argent. La vie d'explorateur ne paraît pas réjouissante avec de longues phases d'ennui, des moments très intenses de danger.
Peut-être ce livre survole-t-il les choses, et nous laisse-t-il sur notre faim. On n'a pas le temps de bien voir ce qui se passe ; et la fin ne permet pas de pousser plus loin l'expérience utopiste. Puisqu'on revient sur le temps plus lent et moins complexe des chasseurs-cueilleurs, nomades vivant dans le mouvement, qui intéresse actuellement Eric-Emmanuel Schmitt, peut-être aurait-on pu découvrir plus à fond certaines expériences au lieu de s'apaiser chaque soir avec du rhum.
Pierre Ducrozet, né à Lyon en 1982, se présente comme un écrivain de la modernité qui s'interroge sur la façon d'habiter le monde, et corollairement sans le détruire.
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Ce livre s'approche d'un paradoxe, celui d'une espèce, qui en usant du monde a le voulu le figer à son image, alors que le vivant n'est qu'un éternellement recommencement, de la défaite de vieillir à l'invention de grandir. Il s'approche du paradoxe et bien entendu, ne le résout pas. Il laisse à chacun, chaque état intérieur le choix de tomber et laisser tomber ou celui de relever et inviter à inventer. Et d'ailleurs est-ce vraiment un choix ? N'est ce pas celui d'un cycle ?
Mes pages préférées ont été celles de ces résumés historiques, celle de l'alliance du capital et du pétrole, celle des grandes migrations qui ont conduit l'homme du berceau de l'humanité, près d'un lac d'Afrique à son tombeau près de ce même lac. Avant que de (tout) recommencer.
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"Le grand vertige" est un roman qui m'a beaucoup plu et ce en partie parce qu'il aborde un.sujet qui me tient à coeur : la dégradation de l'environnement et l'apathie dont les hommes font preuve face à la.question.
Pour qui aimerait mettre le.pied à l'étrier, comprendre les enjeux, faire naître son empathie, ce roman choral, au style coulant, enrichi de questionnements pertinents, c'est un livre idéal.
Je ne dévoilerai pas l'histoire, qui nourrit habilement son propos de faits documentés, mais je dirai que l'auteur parvient avec beaucoup de talent à entrecroiser grandes questions et petites aventures.
C'est un roman original, hybride, qui sensibilise à la question d'un monde à reinventer, entrechoquant aventure, politique et questions existentielles.
Un beau défi relevé avec talent.
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Ce livre m'a, à la fois, marquée, chamboulée et mise mal à l'aise.

J'ai beaucoup apprécié rencontrer Adam, personnage charismatique, éminent chercheur écologique dont le travail est reconnu dans le monde entier. Ses travaux pendant de longues années ont été reconnu jusqu'à ce qu'il soit invité à présider une nouvelle entité européenne Commission Internationale sur le Changement Climatique et pour un Nouveau Contrat Naturel”.

Il va recruter ses collaborateurs de manière tout à fait inédite, par le mérite et le fait que ces personnages parcourent le monde et ont des profils atypiques et totalement sensibles aux causes qu'il porte. Leur tâche va être de repérer soit des espèces rares, soit des sites industriels ultra pollueur, dans le but de créer une base de travail, Télémaque. Dans certains pays, les missions sont simples mais souvent les risques de se faire arrêter ou pire leur colle à la peau.

Parti de là, bien sûre rien ne va se passer comme les protagonistes principaux l'avaient imaginé. En effet, des attentats vont pulluler, des arrestations, des incendies, brefs tout un tas d'événements internationaux vont se succéder. On suit certains globetrotters dans leur périple et le lecteur se rend bien compte que plus on avance plus on s'éloigne de « leur mission initiale » et pourtant ils vont essayer de tout mener à bien, jusqu'au jour où ce qui va se dérouler sous leurs yeux va dépasser l'entendement. Et quelles solutions va-t-il leur rester ? A part fuir et se cacher ?

J'ai grandement apprécié la plume poétique de l'auteur, qui nous emporte d'un continent à l'autre, nous embarque aussi dans cette cause très louable de vouloir sauver la planète. le seul ennemi de la nature serait l'Homme, son évolution, jusqu'à la destruction de son propre environnement. L'auteur a su me déstabiliser au-delà de ma lecture, m'a poussé à m'interroger très longuement sur mes propres pensées, quelles sont les différentes solutions afin de faire éclore un Monde qui serait respectueux ?

S'interroger, s'interpeller, c'est surtout à travers le personnage d'Adam que le questionnement est né, j'ignore si c'était le but de l'auteur mais c'est le résultat qu'a eu cette découverte sur moi. Les différents personnages m'ont alarmée, touchée, chacun à sa manière, le retour aux sources de ses envies primaires : survivre. Quand sa vie est menacée pour une cause tout à fait louable, jusqu'où est-on prêt à aller ? Manipuler, trahir ? Franchement, je n'ai pas les réponses et j'ai trouvé que chaque vie humaine compte. Quelles sont les limites que l'on peut sagement établir ?

Une lecture bouleversante à différents niveaux, où s'entremêlent réflexions et questionnements ? L'émergence de la violence n'est pas une nouveauté, mais on se rend bien compte jusqu'où certaines personnes sont prêtes à aller soit pour un idéal, pour de l'argent ou du pouvoir. Nous sommes proches de la folie. Les contextes géopolitiques ici mis en scène sont d'un criant réalisme qui m'ont fait frémir à plusieurs reprises. Je remercie Geneviève pour cette découverte qui m'a totalement sortie de ma zone littéraire habituelle et qui m'a franchement marquée. Une lecture dont je me souviendrai longtemps, très longtemps.
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En 2016, une majorité de chefs d'État décide de mettre en place la Commission internationale sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel. A sa tête est nommé Adam Thobias, un pionnier de l'écologie. Il recrute de nombreux scientifiques, photographes, voyageurs pour parcourir le monde et en faire un état des lieux. Tous communiquent à travers le réseau Télémaque. Certains ont des missions autour de centrales nucléaires, d'usines ce qui finit par inquiéter certains services secrets. Les intentions d'Adam Thobias deviennent de plus en plus opaques, même pour les personnes qu'il a envoyées à travers le monde.

« le grand vertige » de Pierre Ducrozet est un roman ambitieux et très dense sur l'urgence climatique. Contrairement à des romans comme « Dans la forêt » ou « Les sables de l'Amargosa » où la catastrophe a déjà eu lieu, Pierre Ducrozet a la bonne idée de ne pas choisir le genre de la dystopie et situe son action dans un futur très proche. Son livre se situe entre le roman d'aventures et le thriller. Il nous offre une incroyable variété de paysages, de situations et de personnages. Certains d'entre eux sont au premier plan comme Adam Thobias, Nathan Régnier un microbiologiste, Mia Casal une « anthropologue post-punk éco-féministe néo-sorcière », Arthur Bailly photographe et June, une amie d'enfance de la fille d'Adam. Tous sont amenés à se croiser à un moment de la narration et ils portent les questionnements sur l'État du monde. Pierre Ducrozet souligne bien dans son roman les enjeux climatiques qui sont principalement soumis à une réalité économique et à la lenteur des décisions politiques. « le grand vertige » semble alors assez désespérant, il fait le constat d'une forme d'impuissance face à l'ampleur de la tâche. Même la meilleure volonté du monde (celle d'Adam) ne semble pas en mesure de sauver la planète où seulement d'amorcer le mouvement. Avons-nous encore assez d'imagination pour trouver des solutions ? le roman s'achève néanmoins sur une mince lueur d'espoir.

« le grand vertige » est un roman passionnant, à l'écriture fluide et vivante. le propos oscille entre émerveillement face à la beauté du monde et désespoir face à ce que l'homme en a fait. Une fiction malheureusement si juste et réaliste.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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