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EAN : 9782914659390
Elytis (15/11/2004)
5/5   2 notes
Résumé :
C'est l'histoire véridique d'un destin extraordinaire, de Jeanne Rambaud, née en 1886 à Lyon, qui deviendra Jeanne de Lyon de par sa plume...
Que lire après Mon mariage chinois : Lettres de Chine, 1922-1924Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Coup de coeur d'une originalité séduisante et stylée.
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Danielle Dufay, l'auteure de « Mon mariage chinois » est la petite fille de Jeanne Rambaud, elle nous confie ici l'histoire de sa grand-mère née à Lyon en 1886, à travers les lettres que Jeanne adressa à sa soeur Laurence à partir de 1922 lorsqu'elle quitta l'Europe pour la Chine, long voyage en mer vers un Extrême-Orient colonial, mystérieux et attirant.
*
Jeanne rencontra un étudiant chinois Phan lors d'un séjour en Angleterre. Sensible à son charme intellectuel, bel esprit, et son éducation raffinée, elle va l'épouser en 1913.
Jeanne de Lyon ignore encore qu'étant mariée à un chinois, elle en devient chinoise et sa nationalité française lui est retirée. « Elle se déclasse » dit-on alors.
Mais la Première guerre mondiale éclate et Phan est déjà retourné dans l'Empire du Milieu sans qu'elle ne puisse partir avec lui.
« La distance et le temps ne sont-ils pas deux prismes trompeurs à travers lesquels toute réalité se décompose ».

En 1922, pour Jeanne, c'est un voyage-aventure vers un inconnu, pays dont elle ignore tout et mari dont elle a oublié les traits.
Un voyage où elle est émerveillée, charmée ; l'enchantement ne va-t-il être qu'éphémère ?
« Où vais-je ? Qu'est-ce qui m'attend là-bas ?, pauvre petite française, perdue dans cet immense pays inconnu ? »
Qu'en sera-t-il de sa vie nouvelle dans cette Chine mystérieuse et millénaire.
« M.W me fait remarquer qu'il existe à Singapour, comme dans tous les grands ports d'Extrême-Orient, un vaste quartier chinois […] je ne perçois qu'une humanité surpeuplée, prête aux plus basses besognes pour survivre. Pas un seul instant, je n'imagine vivre dans un tel cadre ».

Une histoire atypique d'une jeune femme sensible, loyale, fidèle à ses principes d'éducation, sous forme d'écrits de voyage, tel un journal intime où des sentiments contradictoires la chahutent, admiration, curiosité, mélancolie, morosité…

Arrivée à Hongkong, Jeanne sera envahie de sentiments ambivalents, effrayée de retrouver après sept années, son mari – cet inconnu, « autres lieux, autres moeurs […] nos cultures sont différentes, je dois l'accepter » ; intriguée par la singularité de ce lointain stupéfiant.
« Voici la ville de Victoria dans l'île de Hongkong, l'île aux Sources Parfumées, le port du monde ».
Descriptions magnifiques de paysages sublimes.
Que d'inattendu en perspective !
« Je suis la femme légitime de Phan, je respecte les convenances, les traditions et le mariage, j'ai un rôle héréditaire de passivité à servir l'homme en ma qualité d'épouse de cette génération d'avant-guerre ».
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J'ai aimé découvrir ce tableau de la Chine des années vingt, Empire Céleste, énigmatique, aux us et coutumes à la fois dépaysants et consternants.
Un dédale d'antagonisme, populations cosmopolites, « humanités contrastées », véritable monde hétérogène.
« Goût asiatique, pensée asiatique, moeurs asiatiques, sont à l'extrême pôle des nôtres ».
Une écriture élégante et passionnante.
Le récit épistolaire d'un destin extraordinaire et fascinant.

Merci à mon amie Véro pour cette belle découverte d'un coin d'Asie qu'elle connaît bien pour y avoir vécu, un partage enrichissant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La mer est immobile et infinie, du ciel doux et profond, tombent les pâles, mystérieux et pathétiques reflets d'un énigmatique croissant de lune dont les jeux opalins traînent amoureusement sur la soie frissonnante de sa surface. Je me recueille devant cette beauté émouvante. Dans sa splendeur opaque et suspendue, la veilleuse céleste, éternelle et douce flamme, préside au sommeil des mondes endormis, berce la mort dans l'harmonie suprême. Alors en moi, tout se tait, tout se fond, mon être s'apaise. Je me souviendrai longtemps des rives de la mer Jaune et de son clair de lune !
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Que suis-je venue faire sur ce continent qui n'est pas le mien, dans une société qui me désavoue, affublée d'une nationalité chinoise ? Je ne comprends pas la bouffonnerie d'une telle situation ! Des regards minces et obliques chargés d'ironie se posent sur moi. Les Cantonais sont ahuris par ma présence et surpris de me voir auprès d'un Céleste.
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Je me penche sur les œuvres incomparables d'un art inégalé, dont l'ancienneté impressionnante, la rareté inestimable, résument la grâce suprême, l'élégance raffinée, la recherche torturée d'une civilisation artistique profonde, innée et incontestablement supérieure. [...]
A chaque pas la richesse surprenante de leurs sculptures et la symphonie de leurs coloris chatoyants me fascinent. Ce Palais d'Été enchanteur me charme par son harmonie et sa mesure.
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Ce voyage éveille en moi une ardente curiosité, un désir aigu d'approcher des lieux et des peuples lointains. J'aime l'espace et les horizons illimités ; respirer le grand vent du large me donne une impression de liberté et de force. En dépit de ma tristesse et de ma solitude morale sur ce bateau rempli de passagers, je trouve des sources inépuisables de joie dans mon amour de la découverte.
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Sous sa calotte conique de satin noir à bouton rouge, dans sa longue robe de soie sombre qu'accompagne son petit boléro de damas noir, il a l'apparence d'un ancien mandarin.
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