Voici ce que Maurice Blanchot écrit dans L’espace littéraire: «Quand nous regardons les sculptures de Giacometti, il y a un point d’où elles ne sont plus soumises aux fluctuations de l’apparence, ni au mouvement de la perspective. On les voit absolument: non plus réduites, mais soustraites à la réduction, irréductibles et, dans l’espace, maîtresses de l’espace par le pouvoir qu’elles ont d’y substituer la profondeur non maniable, non vivante, celle de l’imaginaire. Ce point, d’où nous les voyons irréductibles, nous met nous-mêmes à l’infini, est le point où ici coïncide avec nulle part.»
Giacometti voit le moi comme espace à parcourir, lieu à traverser, château (palais), où le fil de la conscience sert de fil d’Ariane. En 1933, dans «Réponse à une enquête» de Minotaure, l’artiste fait allusion à un profil féminin qui se déroule «comme un trait continu à travers chaque espace» des chambres auxquelles il s’identifie: «les chambres que j’étais».