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Anne Plantagenet (Traducteur)
EAN : 9782493206329
336 pages
Le bruit du monde (06/04/2023)
3.91/5   17 notes
Résumé :
Comment une oeuvre de 38 tonnes peut-elle disparaître de l'un des plus prestigieux musées du monde ? Une enquête haletante, une fiction littéraire inspirée de la disparition réelle d'une sculpture de Richard Serra au musée Reina Sofía en 2006.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le vol d'oeuvres d'art, y compris au sein de grands musées nationaux, n'est pas exceptionnel. Même si l'on se demande toujours comment les dispositifs de sécurité que l'on imagine drastiques peuvent être déjoués, force est de constater que l'imagination et l'habileté des malfaiteurs connaissent peu de limites. Mais parvenir à subtiliser une sculpture en acier de plusieurs mètres d'envergure et pesant 38 tonnes laisse pour le moins incrédule...

C'est pourtant ce qui est arrivé au musée d'art contemporain Reina Sofia de Madrid. En 2005, son personnel administratif s'aperçoit en effet que la pièce de Richard Serra considérée comme un chef-d'oeuvre demeure introuvable. Elle s'est purement et simplement volatilisée de l'entrepôt où elle était stockée ! Comment une telle chose défiant l'entendement a-t-elle pu être possible ? On dit souvent que la réalité dépasse la fiction : Juan Tallon s'est emparé de cette rocambolesque affaire pour la transmuer en matière romanesque.

Le récit prend alors la forme d'une enquête nourrie par une succession de témoignages allant de celui du sculpteur à celui de policiers de la brigade du patrimoine, en passant par des galeristes, des ingénieurs, des collectionneurs, des artistes, des critiques d'art, des agents de sécurité, des directeurs de musée, des responsables du ministère de la Culture, de simples fonctionnaires, des chauffeurs de taxi ou de poids lourd… ou encore l'écrivain lui-même ! Chacun de ces individus prend la parole à tour de rôle, et parfois à plusieurs reprises, pour apporter un éclairage particulier sur l'histoire de cette oeuvre et tenter de reconstituer son parcours, afin peut-être de la retrouver.

Le dispositif narratif est assez singulier puisqu'il n'y a pas de narrateur unique, pas plus que de narrateur omniscient ; le récit progresse au fil des multiples prises de paroles se succédant à un rythme effréné. Pour autant - et en dépit de permanentes ruptures chronologiques - on n'est jamais perdu. Au contraire, on découvre peu à peu toutes les pièces d'un puzzle qui permet de dépasser la tentative de résolution d'une déroutante énigme pour se voir ouvrir les portes d'un univers peut-être plus mystérieux encore, celui de l'art contemporain.

On découvre ainsi les conditions de création de certaines oeuvres faisant désormais intervenir des matériaux que l'on aurait crus étrangers au domaine artistique, allant jusqu'à nécessiter le recours à des ingénieurs pour garantir la faisabilité et la sécurité d'un projet ; mais aussi la démarche intellectuelle qui préside à leur création ; les conditions d'organisation d'une exposition ; les enjeux politiques et de communication qui entourent les commandes artistiques et la gouvernance des musées ; les enjeux économiques d'un marché devenu spéculatif... En un mot, tout l'éco-système de l'art contemporain.

Juan Tallon nous propose ainsi un roman assez étonnant et fort intéressant qui suscite certainement plus de questionnements - tout à fait passionnants - qu'il n'apporte de réponses. Mais n'est-ce pas là le propre de l'art, et peut-être plus particulièrement encore celui de l'art contemporain ?
Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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En voyage, j'aime beaucoup visiter les musées, en particulier les musées d'art contemporain, autant pour l'architecture que pour les expositions. J'oublie trop souvent le nom des artistes, mais au cours d'un séjour en Californie j'en avais noté quelques-uns dont les oeuvres m'avaient particulièrement impressionnée. le sculpteur Richard Serra en faisait partie.

J'ai naturellement tout de suite été intriguée par ce roman qui repose sur un fait divers stupéfiant, la disparition d'une oeuvre de Serra, une sculpture imposante (38 tonnes d'acier !) appartenant au musée Reina Sofía à Madrid.

J'ai adoré cette proposition littéraire aussi érudite et intelligente que drôle et divertissante. Polyphonique, le roman réunit, comme dans un rapport d'enquête, les témoignages de dizaines de personnages impliqués dans l'affaire de près ou de loin. Tallón suscite des réflexions captivantes sur le sens de l'art et sur les mécanismes qui soutiennent sa production. Une lecture géniale !
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Le jour officiel où une statue est dévoilée il y a du monde pour applaudir et féliciter.
Un jour quelqu'un s'est aperçu qu'une sculpture monumentale, qui avait été oubliée quelque part, avait disparu sans laisser de trace. A partir de là elle a changé de statut, passant de l'oubli à mystère à dévoiler.
C'est un sujet sérieux duquel on pourrait très bien ne se sentir en rien concerné. Mais si les éditions le bruit du monde ont choisi de nous présenter ce livre de Juan Tallón c'est que notre esprit y gagnerait à être titillé.
C'était malin : confronter un fait réel avec un geste d'illusionniste. C'est finalement exploité en accentuant le caractère grave à cause de tous ceux, connus ou inconnus, qui gravitent autour de l'oeuvre et de l'incident. Ce sera sujet à bien des questions et réactions sur ce qu'on apprend en soupirant ou en souriant. Et l'auteur, qui s'inclut, par facétie ou coquetterie, dans les personnages, nous laisse avoir une petite idée sur ce qu'est le chef d'oeuvre du titre.
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Étonnant ! Une longue enquête qui n'aboutit à rien. Une oeuvre d'art qui disparaît du musée d'art moderne de la reine Sophie à Madrid. Je l'ai visité il y a quelques années : bel endroit, Guernica, mais j'avoue que l'art moderne me laisse dubitative. Enfin, ici, il s'agit de la disparition d'une sculpture monumentale en acier de Richard Serra qui malgré son tonnage, a disparu. L'auteur fait des aller-retour dans le temps, fait intervenir différents interlocuteurs très variés. Je ne dois pas être réceptive à l'art moderne. J'ai préféré le musée Thyssen à Madrid et à l'époque le Prado m'a semblé sinistre (l'influence du peintre Le Gréco sûrement).
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critiques presse (6)
LaTribuneDeGeneve
19 juillet 2023
Intrigant et documenté, ce livre éclaté s’avère aussi assez éclatant.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
17 juillet 2023
Roman vif, intelligent et drôle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
10 juillet 2023
À la frontière du réel, l’écrivain espagnol mène une enquête polyphonique sur la disparition au Musée Reina Sofía de Madrid, d’une œuvre monumentale de l’artiste américain Richard Serra, dans les années 2000.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Culturebox
26 juin 2023
Chef-d’œuvre, un grand roman polyphonique inventif. Et Juan Tallon, un chef d’orchestre redoutable et créatif.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
13 juin 2023
L’écrivain espagnol signe une œuvre magistrale sur la disparition d’une célèbre sculpture de l’artiste Richard Serra. "Chef-d’œuvre" est une aussi une réflexion sur la place de l’art contemporain.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
12 juin 2023
En partant d’un fait divers réel survenu à Madrid, ce roman choral nous plonge dans l’univers de l’art contemporain, avec un humour et une finesse jubilatoires.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les gens veulent entrer au musée et travailler pour le musée. Ils parlent des espaces, et non des œuvres. Avant, quand on réalisait une œuvre, du moins c'est ce que je croyais, on ne savait jamais ce qu'elle allait devenir. Si elle allait vous rester sur les bras, dans votre atelier, ou si, au contraire, on allait la vendre, ou encore, peut-être, de manière très hypothétique, si un musée allait l'acheter. Je crois que c'est foutu. Peut-être que je pense ça parce que je suis un vieux grincheux, intolérant, insupportable, qui continue de peindre à l'huile. Ce qui, par ailleurs, ne devrait plus se faire : ça pue.
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Ne pas dire sincèrement ce qu'on pense devrait être considéré comme une cause directe de décès, comme certains accidents ou maladies.
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Les grandes nouvelles, comme les pires, arrivent souvent à des instants absolument ordinaires.
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