Il n'existe pas beaucoup de romans sur la Première Guerre mondiale et «
La Chambre des officiers » de
Marc Dugain est sûrement un des livres essentiels à lire sur ce thème.
En 1914, la Première guerre mondiale débute tout juste.
Adrien Fournier, la vingtaine, ingénieur des Ponts et Chaussées, est mobilisé comme de nombreux autres jeunes hommes de son âge. Alors qu'il part en opération de reconnaissance sur le front qui n'en est pas encore un, un obus éclate près de lui, le laissant vivant mais totalement défiguré. Il n'a plus de visage : sa mâchoire supérieure est partie en morceaux dans l'explosion et il n'a plus de palais. Transféré au Val de Grâce, la guerre est pour lui terminée avant même d'avoir commencé. Pourtant, un combat d'un autre genre débute pour le jeune homme : dans «
la chambre des officiers », au côté d'autres « gueules cassées », Adrien va devoir lutter pour ne pas sombrer comme tant d'autres qui préfèrent le suicide au regard qu'on leur porte. Les cinq années de guerre, il va les passer entre les doutes et les inquiétudes, porté par le souvenir de ses amours passées mais surtout encouragé par de nouvelles amitiés.
Dans son premier roman,
Marc Dugain nous livre un pan de son histoire familiale et un épisode de notre Histoire. Cette guerre qu'il nous décrit n'est pas celle des tranchées et des héros morts au combat mais elle est tout aussi violente. le destin tragique de ces hommes défigurés est extrêmement fort et émouvant. Leur souffrance morale atteint – voire dépasse – leur souffrance physique et chacun, lorsque cela est possible, doit trouver une raison de se raccrocher à la vie. de l'abattement le plus total au réconfort fraternel des « esquintés de la trogne », les hommes doivent lutter pour survivre à leur propre désespoir.
Dans un style sobre, sans tomber dans le pathos et la compassion,
Marc Dugain dresse dans ce roman un portrait d'hommes blessés pour qui la dignité, l'amitié et les valeurs humaines restent les plus fortes.