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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cinq décennies ou presque à la tête des renseignements, forcément ça en fait des révélations à faire. Et cela devient carrément passionnant quand elles le sont de Clyde Tolson l'amant de John Edgar Hoover, patron intraitable du FBI. L'assassinat des Kennedy, de Martin Luther King, la guerre sans merci contre le communisme, les liens avec le milieu mafieux, les manipulations, les trahisons, la soif de pouvoir, le portrait est glaçant. Un homme en proie à ses démons, prêt à tout pour garder les ficelles du pouvoir. le lien indéfectible entre les deux hommes est très bien rendu. On est bien loin du rêve américain.
Dugain mène son récit avec une maitrise impressionnante, difficile de lâcher son roman tant son talent de narrateur fait merveille. Depuis « La chambre des officiers », Marc Dugain s'affirme comme un excellent romancier. Go to USA, le voyage vaut le détour.
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La malédiction d'Edgar retrace 50 ans de vie politique américaine occulte et 50 ans de vie privée paranoïaque et compliquée… Ce livre est donc doublement fascinant !

Le personnage principal, Edgar Hoover, patron du FBI pendant 48 ans sous différents présidents, l'est tout autant. On le découvre ici dans le journal apocryphe de son adjoint et partenaire de malédiction, Clyde Tolson.

Avec ce binôme assez retors et très amateur d'écoutes téléphoniques, on va découvrir les secrets des Kennedy, les dessous des attaques à Cuba ou de la chasse aux sorcières communistes, la collusion avec la mafia, le rôle de la CIA…

Le tout avec le point de vue de Clyde Tolson, convaincu de leur mission donc prompt à justifier toutes leurs compromissions, entêtements ou cruautés. le passage avec l'universitaire camusien est à ce titre tout à fait savoureux, de même que leur dernière entrevue avec Kennedy père.

La malédiction du titre, qu'on découvre à l'avant-dernier chapitre même si on l'avait pressentie bien avant, est bien innocente pour nous aujourd'hui… pour autant, tous les personnages évoqués semblent bien loin de l'innocence, ils penchent tous plutôt du côté de la malédiction.
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Avant de lire ce roman de Marc Dugain, j'avais une image très négative d'Edgar Hoover. Je le voyais comme un homme prêt à tout pour le pouvoir, un manipulateur sans foi ni loi, sans scrupules.
Je dois reconnaître qu'après ma lecture, j'ai du revoir mon jugement.

Dans La malédiction d'Edgar, Marc Dugain retrace la carrière d'Edgar Hoover à la tête du FBI, carrière débutée sous Roosevelt et terminée sous Nixon, voyant défiler les présidents là où il a su conserver son propre fauteuil durant toutes ses années.
Peut-être a-t-il pensé à viser lui-même la Maison Blanche mais il s'est vite rendu compte que le véritable pouvoir n'était pas dans les mains de l'occupant du bureau ovale.

J'ai finalement découvert un homme attaché à ses principes, à sa patrie, à ses idées et ses valeurs. Il avait une certaine conception de son pays et lui a consacré sa vie. Ses actions, décisions ou choix étaient principalement orientés vers un but : l'intérêt du pays, en tout cas, à ce qu'Edgar estimait bon pour son pays. Pour y parvenir, il a compris que sa place lui permettait de tirer toutes les ficelles nécessaires d'où son acharnement à la conserver.

« L'électeur nous laissera toujours le sale boulot. Il sait bien que là-haut les choses ne sont pas si claires. Mais il ne sait pas toujours à quel point. Quand il le découvre, il fait mine de s'en offusquer. Mais tant qu'il est devant son téléviseur avec une bière bon marché et qu'il y a de l'essence dans le réservoir de sa voiture, il est plutôt satisfait que d'autres fassent ce sale boulot à sa place. Il est comme tout le monde, pris entre le rêve et la réalité. le rêve c'était Kennedy, mais notre pays n'avait pas les moyens de rêver plus longtemps. Il y a toujours eu deux types de personnes dans nos métiers. Ceux qui veulent se faire aimer et ceux qui s'en moquent. Edgar et moi avons fait partie de la deuxième catégorie. le pouvoir au fond, c'est faire ce qui est dans l'intérêt de la nation et ne lui faire savoir que ce qu'elle peut entendre. »

Plus que l'histoire d'un homme, ce roman raconte aussi l'histoire des Etats-Unis mais du point de vue des hautes sphères : guerres mondiales, chasse aux sorcières et maccarthysme, guerre froide, crise de Cuba, assassinats des Kennedy etc… le lecteur entre dans les coulisses, voit l'envers du décor : magouilles, écoutes illégales, dossiers et enquêtes sur tout le monde, entente avec la mafia, le véritable visage de la famille Kennedy …

« Dans le cercle du pouvoir, il n'y a aucun secret, seulement des types qui font semblant de ne pas savoir. »

« Faire de la politique, c'est se mettre bien avec ceux qui mènent le monde, ceux qui décident, ceux qui ont le pognon. Si tu veux les ignorer, il ne te reste plus qu'à conquérir le peuple avec des grandes idées. Mais quand tu l'as endormi avec des leçons de morale de merde, il faut que tu sois toi-même irréprochable, tu comprends ? »

L'histoire, la grande comme la petite, nous est narrée par le bras droit d'Edgar Hoover. Marc Dugain utilise le procédé du livre dans le livre. Son roman s'ouvre donc sur la mise en scène d'un homme chargé d'effectuer des recherches pour un film, il s'intéresse alors à un manuscrit dont l'authenticité n'est pas attestée : les Mémoires de Clyde Tolson, numéro deux du FBI, mémoires insérées dans le roman.
L'ennui c'est qu'à la fin de ma lecture, je m'attendais à retrouver cet homme mais le roman s'achève avec les Mémoires de Tolson. J'ai eu donc comme un léger goût d'inachevé.

Malgré ce petit bémol, j'ai beaucoup apprécié cette lecture qui permet de réviser l'Histoire contemporaine sous un angle différent. le roman est richement documenté, Marc Dugain s'étant appuyé sur de la documentation d'époque et sur une solide bibliographie. Bien entendu, il faut garder à l'esprit que certaines révélations dans le roman restent de l'ordre de l'hypothèse et que le point de vue narratif choisi par l'auteur ne révèle que subjectivement et partiellement la personnalité de Hoover.
Et bien que ce dernier ait été une crapule misogyne, raciste et antisémite, le portrait qu'en fait Marc Dugain, forcément positif car vu par une personne qui l'admirait, le rend plus humain et presque sympathique. En tout cas, je ne le considère plus du tout de la même façon.

Lien : http://0z.fr/8SgBD
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Réjouissant, hilarant, truculent, jouissif, jubilatoire, délicieusement cynique ... et abominablement consternant !
Edgar Hoover ou un goût effréné de pouvoir ... mais de pouvoir dans l'ombre, le pouvoir de l'araignée qui tend ses fils et attend sa proie pour l'anéantir à son aise, ou plutôt, concernant ce personnage, la museler et la réduire à quia.
Edgar Hoover ou quarante-huit ans de pouvoir absolu à la tête du FBI, tenant la dragée haute aux huit présidents qu'il a servis, constituant des dossiers extrêmement documentés pour utiliser les tonnes d'information qu'il détenait afin de mater ses ennemis, jugeant la mafia très utile en tant que collecteur d'informations et de ce fait, la laissant impunément commettre ses méfaits !
Edgar Hoover, chantre du Maccarthysme, ayant aidé l'infect sénateur du Wisconsin dans sa répugnante "chasse aux sorcières", croisade contre le communisme et les malheureux suspectés à tort ou à raison d'avoir adhéré au parti, et ayant participé de très près à l'arrestation et à la condamnation des époux Rosenberg !
Edgar Hoover, garant de la morale puritaine la plus étroite, collectant fiévreusement et par tous les moyens (y compris des mouchards judicieusement placés dans les chambres d'hôtel et propriétés privées !) des informations croustillantes sur tous ceux susceptibles d'acquérir un jour ou l'autre une certaine importance au niveau national, afin de pouvoir les contrer, si besoin.
Edgar Hoover et le "dégommage" de la "geste" Kennedy ! entrepris dès les années 30 avec le patriarche Joe pour s'achever avec les deux fils John et Bob, pris très tôt dans la ligne de mire du redoutable chef du FBI ! et tous tenus par leurs travers, les deux premiers principalement par leurs innombrables frasques sexuelles !
Edgar Hoover dans toutes ses basses-oeuvres, ou le danger de laisser un seul homme, incontrôlable, décider de tout selon son bon vouloir et en fonction de son unique point de vue, agir en tyran absolu pendant pratiquement un demi-siècle. On pourrait presque dire de lui, qu'en dehors de Fidel Castro, il a été le dictateur à la longévité la plus grande !

Bref, cinquante ans d'histoire états-unienne, revisitée par la plume inquisitrice de l'auteur, qui s'appuyant sur une masse d'archives importante, régale le lecteur d'un panorama époustouflant de l'Amérique, de Coolidge à Nixon, de 1924 à 1972 !
On n'apprend rien de véritablement neuf, mais tout cela est conté avec un tel luxe de détails plus ou moins scabreux que le lecteur jubile en guettant par le trou de la serrure, comme le fit Edgar Hoover durant tant de décennies ! Réjouissant, hilarant, truculent, jouissif, délicieusement cynique ... et abominablement consternant au regard de l'irresponsabilité manifestée par certains !
A lire !
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Biographie romancée de John Edgar Hoover, Directeur du FBI pendant 5 décennies, inspirée des mémoires de son bras droit et amant Clyde Tolson. Cet ouvrage nous donne un aperçu de ses méthodes de travail : une administration qui met en place une violation endémique de l'intimité au nom d'une stratégique morale vertueuse. Chaque personnalité de premier plan doit être écoutée et fichée. La moindre faille sera peut-être un jour exploitée pour combattre le communisme ou ce qui est jugé puritainement amoral, mais surtout pour conforter le pouvoir de John Edgar Hoover. Une homophobie revendiquée professionnellement contrastant avec une homosexualité dans le privé. Des rapports troubles avec la mafia. Une soif de pouvoir perpétuelle. Cette lecture s'est avérée intéressante.
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Sans doute par frustration de n'avoir pas pu trouver Avenue des géants à la bibliothèque, je me suis lancée sur un Dugain plus ancien en poche. le patron du FBI John Edgar Hoover m'intriguait aussi, personnage restant dans l'ombre, controversé et manipulateur, voici l'image que j'en avais. Marc Dugain a choisi d'adopter le point de vue de Clyde Tolson, fidèle numéro 2 du FBI pendant les longues années Hoover, et compagnon de celui-ci. Je n'ai donc pas retrouvé tout à fait le style qui m'avait plu dans L'insomnie des étoiles, le récit de la vie de Hoover étant censé être de la main de Tolson, revenant à la fin de sa vie sur leur parcours commun. Toutefois, le récit au passé est entrecoupé de dialogues, de compte-rendus d'écoute, qui en font une lecture facile et agréable.
L'inamovible John Edgar Hoover a eu un rôle d'une importance énorme aux Etats-Unis, a côtoyé huit présidents américains de 1924 à 1972, les a épiés, manipulés ou influencés, ne s'est jamais laissé évincer. Etrangement, il a toujours été partisan de préférer la lutte contre le communisme à celle contre la mafia. Bien sûr, l'auteur, puisqu'il prend la voix de Tolson, ne lui donne pas tort, mais tente d'expliquer ce partis-pris, ainsi que d'autres tout aussi contestables. Les chapitres concernant les Kennedy prennent beaucoup de place dans le livre et donnent un éclairage légèrement différent de ce que j'avais pu lire ou voir au cinéma jusqu'alors, au sujet de l'affaire de la Baie des Cochons, la mort de John Kennedy, celle de Maryline Monroe ou celle de Robert Kennedy. Un roman solide à lire pour qui s'intéresse à cette période l'histoire américaine.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Retour de lecture sur "La malédiction d'Edgar" de Marc Dugain, publié en 2004. Il s'agit d'un roman biographique qui raconte la vie de J.Edgar Hoover pendant toute la période où il était le directeur du FBI, soit quasiment un demi-siècle de 1924 à 1972. C'est une période qui démarre à la prohibition et s'arrête au moment du scandale du Watergate de Nixon, en passant par la deuxième guerre mondiale, le Vietnam, l'assassinat des frères Kennedy et la mort de Marylin. Étant très intéressé par l'histoire des Etats-Unis j'étais déjà bien renseigné sur le sujet et le livre ne m'a pas appris grand chose, il existe notamment d'excellents documentaires sur le sujet. Ce livre offre par contre un point de vue tout à fait original, le roman étant présenté comme les mémoires écrites par Clyde Tolson, numéro 2 du FBI, le plus proche collaborateur de Hoover et son amant supposé toutes ces années. Dugain prévient son lecteur d'entrée en précisant que le manuscrit de Tolson, qui est à la base de ce roman, est peut-être un faux. Mais cela n'a que très peu d'importance, cela rappelle que c'est avant tout un roman, le but étant de pouvoir raconter cela de l'intérieur, par les protagonistes eux-mêmes, puisque Tolson était considéré comme l'alter-égo de Hoover, celui qui a droit à toutes ses confidences, celui qui sait tout. Il y a dans ce livre deux histoires qui évoluent en parallèle, celle des Etats-Unis et celle de Hoover, tout ça vu par quelqu'un qui n'est absolument pas objectif, et qui fait passer Hoover pour le gardien du temple, pour celui qui a préservé le pays de la décadence. le procédé de Dugain est très intéressant puisqu'on a ainsi accès au plus près, à tout le côté sombre de cette période, aux détails de toutes les magouilles, des luttes de pouvoir, et de la vie cachée souvent hallucinante des dirigeants de ce pays, notamment des Kennedy, père et fils. Hoover était le premier flic du pays, mais il était surtout celui qui s'arroge tous les droits pour la bonne cause en mettant sur écoute tout ce qui, de près ou loin, menace ses intérêts ou ses idéaux : noirs, communistes, politiciens, artistes, homosexuels (oui, aussi)… À travers le témoignage de Tolson on a accès à toutes les informations ainsi qu'à l'analyse et aux réactions de Hoover. On a forcément un portrait de Hoover qui dénote par rapport à ce que l'on peut voir généralement dans les documentaires. Tolson étant son amant, totalement fasciné par le personnage, il n'a de cesse de justifier tous ses débordements et en ayant accès à son intimité, il peut donner une profondeur psychologique nouvelle au personnage. le roman traite bien sûr des années 60, qui est la période la plus intéressante. On a là aussi une toute autre image de ces années que celle généralement véhiculée, beaucoup plus sombre et avec moins de paillettes. Elles symbolisent la fusion entre Washington et Hollywood, une époque ou les Etats-Unis donnaient une image ultra moderne et dynamique en opposition à celle de la vieille Europe ennuyeuse et épuisée suite aux guerres et à la décolonisation. Ce livre est bien sûr une simplification de l'histoire, mais il est très intéressant pour comprendre ce pays, comprendre les mentalités très différentes qui y cohabitent. Il montre à quel point ce pays a toujours été divisé et plein de paradoxes, en mettant notamment en avant la vertu, tout en arrivant à mettre au pouvoir un obsédé sexuel lié à la mafia. Il permet aussi de mieux comprendre le contexte actuel des Etats-Unis et comment ce pays est capable d'accoucher d'un énergumène comme Trump. le livre est bien documenté sans aller trop loin dans les détails, c'est très bien écrit et raconté avec beaucoup d'humour, de précision et de rythme. Un livre qui, même si on sait déjà beaucoup de choses sur le sujet, reste passionnant, c'est un très bel exercice littéraire et historique.

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"Il se sait responsable en grande partie de la mort de son frère et il court à la sienne sans la moindre hésitation. Il veut se suicider dans l'honneur. Nous allons l'aider. Nous lui offrons une fin digne de ces tragédies grecques dont il s'est toujours vanté d'être un fervent amateur. Dans l'orchestration de sa mort, personne ne joue de partition dissonante. Et lui moins que tout autre ?"
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C'est un roman qui se lit d'une seule traite. On me dira sans doute que le style en est trop lisse et que les tics langagiers par exemple ne sont pas suffisamment marqués, d'un protagoniste à l'autre. N'empêche : l'intrigue tient la route et Dugain parvient à restituer cette étroitesse d'esprit et cette terreur-panique de l'Autre qui devaient caractériser aussi bien John Edgar Hoover que Clyde Tolson.
Après une brève introduction contemporaine sur la chasse au manuscrit menée par le narrateur principal pour se procurer celui qu'aurait laissé l'ancien N° 2 du FBI et amant de Hoover, le lecteur est projeté sans autre forme de procès dans les mémoires de Tolson.
C'est Joseph Kennedy Sr, cet ambitieux requin, qui ouvre le bal alors que Roosevelt vient de l'envoyer dans cet exil doré que sera pour lui l'Ambassade des Etats-Unis à Londres. La famille Kennedy occupe d'ailleurs l'arrière-plan de ce roman pratiquement du début jusqu'à la fin.
Il faut dire que L Histoire elle-même s'est chargée depuis belle lurette de ratifier la théorie qui veut que Hoover ait été, d'une façon ou d'une autre, lié à l'assassinat de John Kennedy, puis à celui de son frère, Robert, en 68. Il faut bien dire qu'il est impossible d'imaginer un seul instant que Hoover et le FBI ignoraient tout des événements qui se tramaient. Qu'ils y aient prêté la main, c'est une autre histoire. En tous cas, ils fermèrent les yeux et laissèrent faire ...
Pour Dugain, dont Tolson est ici le porte-parole, ce sont la CIA, les anti-castristes que Kennedy avait déçus et bien entendu certains pontes de la Mafia qui organisèrent l'attentat de Dallas, en novembre 63. Les lecteurs d'Ellroy y retrouveront, en plus soft et en moins romancée, la théorie défendue dans "American Tabloid." le Texan Lyndon B. Johnson aurait également largement aidé à évincer Kennedy - et ce ne sont pas les actuels jours de gloire d'un George Bush Jr et de sa "moral majority" qui risquent de nous faire changer d'avis ...
D'un autre côté, les Kennedy étaient loin d'être des anges. Qu'il s'agisse de leur père, de John ou de Bob ou bien de Luther King et de Malcom X (je vous citerai plus tard certains passages très intéressants de ces deux "apôtres des opprimés" sur les droits de la Femme, c'est on ne peut plus révélateur ...), Dugain, par la voix de Tolson, n'y va pas de main morte.
Mais il sait prendre son lecteur et le captiver tant et si bien qu'on passe la nuit à terminer son roman. Il fait mieux : à certains moments, on est tenté de passer dans le camp de Hoover dont la souffrance profonde (ce conflit entre son éducation puritaine et ses pulsions homosexuelles) n'est jamais niée. Pas plus qu'elle n'est décrite comme un justificatif des actes accomplis ou autorisés par Hoover.
Un ouvrage de plus sur la déliquescence du "rêve américain", me direz-vous. Peut-être. Mais l'amertume glacée qui le nimbe à chaque ligne prouve au moins que, derrière les comportements rigides et à oeillères d'un Hoover ou d'un Tolson, la sensibilité n'était pas tout à fait morte. Leurs adversaires par contre ... En tous cas, tous ces hommes, alliés ou adversaires, apparaissent comme bizarrement coupés de la Mère (et partant déshumanisés) soit qu'ils l'aient trop idéalisée (Hoover), soit qu'elle les ait rejetés (les Kennedy). Aux mafiosi, pour lesquels une femme ne peut être justement qu'une prostituée ou une mère, revient le rôle du choeur qui ne se pose aucune question et soutient tour à tour l'un ou l'autre des récitants.
On soulignera l'intéressante analyse que fait Dugain de la volonté de mourir qui, après l'assassinat de son frère aîné, accompagna partout Robert Kennedy. La vision très spéciale qu'avait Hoover de la psychanalyse et de son fondateur est aussi très révélatrice de l'homme - et de sa négation absolue du Père au bénéfice de la Mère phallique. ;o)
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C'est le genre de bouquin difficile à "noter", car,
1. il s'affiche comme un roman,
2. or, il est écrit comme le journal de l'un des deux protagonistes (l'ami et amant de Edgar),
3. il serait donc un témoignage, ou un récit, puisque le roman met l'ami d'Edgar comme narrateur, ce qui renforce la thèse du témoignage.
4. Mais, mais, Edgar et son ami ont été les deux directeurs du FBI pendant très longtemps, des années 30 à la fin des années 60, ce qui représente pour les Etats-Unis, une période considérablement intense.
5. D'où, l'important de ne pas raconter n'importe quoi, que ce soit sous la forme d'un roman ou d'un témoignage, ou d'un récit, ou d'une thèse, bref, ce que l'on voudra, pourvu que nous soyons un tantinet sérieux.
Lecteur, lectrice, prochain, prochaine de ce livre, prenez- le comme vous voudrez, car je n'ai pas la réponse.
Mais si vous voulez lire un "roman" qui détruit complètement le mythe des Kennedy et même, hors mythe, les Kennedy, allez-y, vous trouverez tout pour.

J'en étais encore à mes chères études d'histoire contemporaine, pourtant animées par des grands maîtres, et j'avais entendu des choses, sur la crise autour de Cuba, etc...le mec avait sauvé la planète...
Et là, j'ai lu un Président, faible, incompétent, irraisonné, obsédé sexuel, à côté Epstein est un enfant de choeur, débutant... bref....
Mais le livre se laisse lire, il est très intéressant, il remet en place nos croyances sur les élections que nous croyons démocratiques, pauvres de nous... quand on voit les magouilles...
Comme il prend le point de vue de l'adjoint du directeur du FBI Hoover, il autorise un contrepoint,
et c'est aussi un hommage, je pense, à un gars, quoique qu'on en pense, qui a été au service de l'Etat, absolument, totalement, incroyablement, avec un sens des priorités qu'il assumera toujours.
Et, il aborde sincèrement, l'homosexualité masculine, dans cette Amérique qui ne supporte pas ce qui est "déviant". Hoover, parfois haissable, parfois sympathique, parfois admirable, souvent génial, quelquefois infect, est un personnage incontournable de l'histoire des Etats-Unis mais aussi de tout l'Occident, de la deuxième moitié du XXème siècle.
Marc Dugain est formidable. Il remet tout cela dans un roman qui se lit comme du petit pain tout moêlleux.
On déguste, on savoure, on digère, moi pour ma part, j'ai digéré difficilement ces Kennedy,"trous du cul", les arguments de destruction, d'anéantissement du mythe, sont solides... donc...
Marc Dugain écrit allègrement, il fait rire souvent, il manie les images hardiment, à la rigolade, à la dérision, à la bonne humeur. Il sait rendre vivantes toutes les scènes, avec odeur, couleur, humeur.

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Après avoir lu le Poète où le FBI tient une place importante, je me suis dit que j'allais enfin sortir de la PAL La malédiction d'Edgar, qui raconte l'histoire de John Edgar Hoover, le célèbre patron du FBI de 1924 à 1972. Ou plutôt son histoire vue à travers le témoignage de Clyde Tolson, son second et amant, à partir du moment où la famille Kennedy entre en scène. Clyde est chargé de collecter le maximum d'informations et de surveiller d'abord Joe Kennedy, le père, homme d'affaires d'une ambition sans bornes pour lui et ses fils, en collusion avec la mafia, ambassadeur des Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale (croyant dur comme fer qu'Hitler est une chance pour l'Europe). La suite, tout le monde la connaît : il va reporter ses rêves de présidence sur son fils aîné, qui mourra au combat, laissant ainsi la porte ouverte à John (et à Robert) jusqu'à la mort tragique de JFK. En attendant l'arrivée au pouvoir de ce dernier, les mémoires de Clyde Tolson passent en revue les différents présidents américains depuis Roosevelt en passant par Truman, Eisenhower et évoquera bien sûr les « successeurs » de Kennedy, Lyndon Johnson et Richard Nixon. Plus justement, Tolson raconte les liens entre les présidents et le patron du FBI, qui va tout faire pour rester inamovible malgré l'animosité plus ou moins larvée que tous éprouvent envers lui. le leitmotiv de Hoover et de garantir la moralité des Etats-Unis, un système de valeurs qu'il estime le seul valable, basé sur le racisme, la discrimination sociale, la misogynie, le puritanisme. Tous ceux qui n'entrent pas dans ce moule sont considérés par lui comme des ennemis de l'Amérique, des « communistes » (étiquette commode pour ce vaste fourre-tout « ennemi »).

La force du roman de Marc Dugain, c'est son côté documentaire (très bien documenté, si j'ose l'association de mots), c'est aussi son ambiguïté : qu'a inventé l'auteur sur l'implication de Hoover dans l'assassinat de John Kennedy ? J'ai vu le film sur ce personnage, avec Leonardo di Caprio dans le rôle, il n'empêche que j'étais toujours sidérée par cette personnalité, par ce puritanisme si contradictoire, par ces valeurs qu'on pourrait qualifier d'un autre âge – mais la montée des mouvements nationalistes et la théorie du complot avalisée par un certain président à la mèche blonde n'avalisent-elles pas la présence toujours bien réelle de ce modèle américain ? La leçon que donne Marc Dugain à la fin du roman avec l'exposé sur la pensée d'Albert Camus paraît bien dérisoire face à cette machine de bien-pensance autoproclamée…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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