C’est vrai qu’elle est belle et séduisante, Jeanne : grande, la taille élancée, des grands yeux verts comme de l’émeraude, une peau mate douce et lisse comme de la soie, des cheveux longs châtain, épais, soyeux qui ondulent en recouvrant ses épaules quand ils ne sont pas coiffés en chignon pour le travail ; elle dégage une sensualité animale qui lui vaut les regards concupiscents des hommes qui la croisent, mariés ou non et donc l’inimitié des épouses dont les maris sont portés sur la chose. Elle en avait d’ailleurs remis quelques-uns à leur place, en leur faisant comprendre vertement qu’ils devaient aller voir ailleurs pour la bagatelle.
Malgré la retenue et la pudeur habituelle des paysans réticents à laisser parler leur cœur, ils savent l’un et l’autre qu’il est possible que leur séparation soit définitive compte tenu d’un contexte plein de dangers et dans cette situation, ils ont besoin de ce moment précieux, quel que soit l’avenir qui les attend.