Nicolas le philosophe

Nous voyons le ressort de l'aventure venir à dix lieues, nous, pas Nicolas le héros et cela promet sans doute pour les lecteurs d'être savoureux.

Nous parcourons les chemins avec cet ancien domestique qui, finissant son service au bout de plusieurs années, revient chez lui.

Tournant les pages, nous savons d'avance que l'expérience des rencontres promet de ne pas être triste.

Pourquoi?

Et bien parce que c'est Nicolas et que le héros n'a pas la même philosophie que ceux qu'ils rencontrent et ses décisions nous feront rire.

Nous évitons tout raccourcis et Nicolas n'est peut-être pas un nigaud.



De quoi jugeons-nous?

Et bien pour exemple, chers lecteurs, le jeune homme repart donc chez lui à pied mais la route commence à lui peser dans les jambes, le dos et les souliers.

Son lingot d'or donné en gage de services rendus lui rappelle sa bonne fortune comme un éléphant sur l'épaule.

Que fera t-il en rencontrant un cavalier?

Il échangera son lingot contre le cheval.

Qu'auriez-vous fait à sa place?

Auriez-vous donné plusieurs années de salaire pour ménager votre santé?

Un terrible dilemme.



On ne sait vraiment si l'auteur des "Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, se rit un peu de serviteurs d'une autre époque, certains peu sagaces ou si son individu est un vrai personnage de composition, un véritable bienheureux.

Les situations imaginées suscitent de nombreuses émotions contradictoires, un peu comme dans les contes de sagesse ou facétieux.

Nous ne savons encore si "Nicolas le philosophe" est l'un ou l'autre, sage ou fou, et nous attendons de voir en lisant ce que nous réserve la morale de l'histoire.



L'intrigue est ménagée doucement et elle est très bien amenée par l'auteur.

Oui, le doute est multiple et à chaque rencontre, nous nous posons cette même question, sage ou fou, également pour ceux qui sont en face, tellement leur réponse au nouveau souci de Nicolas nous étonne à chaque fois.



Quelle est la bonne marche à suivre dans la vie?

Contrairement à Nicolas, Alexandre Dumas nous inspire à nous, lecteurs, la méfiance, voire même la paranoïa tant il est difficile de juger parfois de la vérité à chaque situation. Sommes-nous toujours équipés de bons sens dans le besoin ou dans le sentiment d'une bonne affaire?

Alexandre Dumas saupoudre le chemin du retour de roublards qui auront leur propre philosophie, une vraie foire.

Le vieux paysan, troquant sa vache contre le cheval d'un Nicolas qui ne sait pas tenir dessus, ne se prive t-il pas d'un gagne-pain, d'un peu de lait et de fromage au quotidien?

Y a t-il une autre raison à sa générosité? A-t-on encore un cerveau lorsque l'on a fait un vol plané par dessus un cheval?

Peut-être est-ce mieux ainsi, se montrer naïf et philosophe comme Nicolas, car la route est longue.



C'est une vraie comédie, chers lecteurs, notre Nicolas est presque attendrissant, ne jugeant pas au gain à chaque affaire conclue mais plutôt à ce qui ferait plaisir en rentrant à la maison.

Nicolas est finalement un généreux naïf qui prend soin de lui, c'est le moins que l'on puisse dire et sa capacité à lâcher prise est à mourir de rire jusqu'à la fin.



Un vieux récit qui finalement n'aura pas pris une ride.

Après sept ans de bons et loyaux services envers son maître, Nicolas décide de le quitter et de retourner auprès de sa mère. Il part donc, avec en main ses gages, enveloppés dans un grand mouchoir : un lingot d'or. le voilà sur le chemin. Un chemin qui s'annonce long, riche de rencontres et d'étonnants échanges.

Qu'il envie le cavalier sur son cheval, lui qui est si fatigué de marcher, ployant le dos sous le poids si lourd de son lingot ! Suite à une petite conversation, le cavalier repart avec l'or et Nicolas est tout heureux de monter sur le cheval… mais très vite il se retrouve au sol, incapable de diriger l'animal! Heureusement, un paysan arrive avec sa vache… qu'il troque contre le canasson… mais Nicolas ne parvient pas à la traire et il a tellement soif que lorsqu'il voit venir à lui un charcutier tirant sa charette avec à son bord un porc… vous devinez la suite!! Et c'est ainsi, chemin faisant, cahin-caha, que Nicolas se fait déposséder de ses biens. Il arrive finalement chez sa mère, léger et libre de toute charge, les mains dans les poches, sifflotant, l'air heureux.

Un conte drôle et philosophique construit sur le principe de l'accumulation, un conte randonnée où une formule est inlassablement répétée. Un album qui favorise la réflexion autour des notions de liberté, de possession, de rapports à autrui, de bonheur. Les illustrations de Christophe Merlin sont tendres et amusantes et les couleurs élégantes.

Dans la même collection – belle et pertinente qui mêle avec délicatesse la littérature classique et l'illustration contemporaine -, je vous invite à lire Histoires Naturelles, Petit jardin de Poésie et Valse de Noël.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..

Nicolas quitte son maître après sept années de loyaux services pour retrouver sa mère. Il part sur les routes avec ses gages rassemblés en un étincelant lingot d'or. Pendant tout le chemin qui le mènera à sa mère, Nicolas fera de nombreuses rencontres l'allégeant peu à peu de son fardeau qui changera au fur à et à mesure pendant son voyage.
Arrivant enfin chez lui plus léger et plus heureux.

Ce conte nous l'avons tous déjà lu au moins une fois, mais je suis ravie de le retrouver grâce à une réédition de Grasset et aux illustration de Christophe Merlin rappelant un peu celles des vieux ouvrages. La morale de cette histoire est bien évidemment le bonheur et la liberté par delà les possessions que l'on peu accumulées.
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