Toujours est-il que, parti à la recherche de l’homme, l’Occident ne l’a pas rencontré à la fin. On nous en avertit d’ailleurs de divers côtés. S’attacher à l’anthropologie, ce ne serait plus que répéter, selon autant de variations que l’on voudra, que l’anthropologie est impossible. Passé de l’homme à la Méthode, évincé ensuite par cette dernière, il ne resterait plus à l’anthropologue qu’à vous dire le perpétuel déplacement d’une ombre qui n’est plus celle de l’homme ni celle de la science mais la sienne propre.
Les ouvrages reproduits dans ce volume appartiennent à l’oeuvre de la maturité. Dans la poétique de Fernand Dumont, ce sont des fruits de l’automne, des «parlers de septembre». Il est un âge, confiait Dumont dans ses Mémoires, où l’on ne considère plus les retours en arrière, où l’on poursuit une oeuvre sans trop savoir si c’est par entêtement ou par simple volonté de fidélité.
Qu’est-ce que l’homme? Comment en parler? Existe-t-il? Si l’on devait résumer brutalement l’histoire des tentatives pour constituer en Occident un discours sur l’homme, on pourrait aligner ces trois questions pour marquer les étapes. Sans doute ne coïncident-elles pas avec une évolution linéaire; elles étaient présentes toutes les trois au départ. Mais depuis un siècle, et avec une force croissante ces dernières années, tout le poids s’est porté vers la question finale.