L'ouvrage de
Catherine Durandin, c'est du lourd, c'est du gros travail d'historienne, qui suit une structure plutôt chronologique ayant comme fil rouge la question d'une "roumanité" comme identité nationale. Vingt-ans après sa parution et en l'absence d'ouvrages plus récents, les derniers datant grosso modo des années 2007-2008, ce livre reste un ouvrage de référence malgré ses proportions décourageantes. Je signale ici que, pour les lecteurs pressés il y a, bien que difficile à trouver, le "Que sais-je ?" de
Georges Castellan. Pour ceux qui écoutent France Culture, le nom de
Catherine Durandin ne devrait pas être étranger, puisqu'elle y est régulièrement invitée, pour des questions de géopolitique et même d'armement. Si je déplore sa présence trop discrète sur des tribunes et manifestations visant à faire connaître la Roumanie, en tous cas ces derniers temps (il est à espérer que son travail d'écriture entre autres lui procure davantage de gratifications), je ne peux que vanter les mérites de cet ouvrage, ou si vous le permettez, je convie Edgar Reichman à le faire :
"Un demi-siècle de tyrannies vient de s'écouler, de même que cent cinquante ans de discours politiques souvent empreints de romantisme réducteur et de nationalisme xénophobe. Ces positions dressent encore, après l'effondrement du national-communisme, les porte-drapeaux de l'enfermement contre les partisans de la modernité. Certes,
Catherine Durandin récuse un peu vite le rôle mythique accordé à la paysannerie par l'historiographie officielle, mais elle souligne avec justesse la non-pertinence des prises de position passéistes qui désignent les Roumains comme d'éternelles victimes, insulaires au milieu d'un océan d'hostilité. Un autre mérite de son ouvrage serait la mise en évidence d'une société suffisamment dynamique et pugnace pour dépasser vieilles mentalités et nostalgies stériles." (extrait d'un article d'Edgar Reichman, le Monde, 17 Mai 1996).
La maturation démocratique me semble malheureusement bien plus lente que prévu. À en juger par ce qui nous intéresse au fond au plus haut degré, la Roumanie continue à briller par son absence. Est-ce trop demander prochainement un bref opus (en réédition tout du moins) dans les nombreuses collections de découverte plus spécifiquement sur l'histoire d'un pays francophile ?