Contexte? Que m'a-t-il pris d'aller acheter ce livre d'occasion sur le World Wide Web? L'envie de lire un deuxième
Duras après "
Un Barrage contre le Pacifique" que j'avais adoré. Son écriture m'avait laissé une impression d'accompli, de plénitude, de justesse et de vérité. Une écriture de femme, complexe et cérébrale et en même temps sauvage et brute.
"
Moderato Cantabile" est un tout petit livre d'à peine 150 pages que j'ai décidé de lire dans le cadre du Petit mois de février/Petites lectures, un challenge inspiré par une booktubeuse (Audrey, le souffle des mots). C'est donc un tout petit livre qui est tout simple, tout modeste. Les premières pages se tournent et se lisent comme les vagues de la mer ramènent les écumes sur les rochers (désolée si une chanson vous vient à l'esprit à cet instant précis...)..
Au départ on est intrigué, on se dit "mais quel est cet objet littéraire?", "qui est cette mère qui regarde d'un air passif et las son fils se faire engueuler par la prof de piano?". Ce roman possède sa propre musicalité, son propre rythme, lent, comme une journée qui passe, puis une autre, puis encore une autre, et l'écriture de l'auteur nous fait ressentir ce temps qui passe, et la caresse du soleil sur la peau. La chaleur, la lourdeur, l'odeur étouffante des magnolias.
Et puis arrive ce crime. Une femme meurt dans un bar. C'est son amant qui l'a tuée. Curieusement, la mère de l'enfant s'intéresse à ce cas, cette situation qui sort de l'ordinaire, la sort de son train train quotidien, de la lassitude et de l'ennui. Elle va se saouler au bar où a eu lieu l'incident.
Petit à petit, on sent comme monter un suspens, une sorte d'addiction à la lecture. La plume délicate de
Marguerite Duras n'invente rien, elle décrit les choses telles qu'elles sont et pas telles qu'elles devraient être. C'est sa force.
A la lecture, l'on croit que la mère de l'enfant, Anne, vit en parallèle la même tragédie que la femme assassinée. Ou bien Anne est-elle en fait cette femme? Et puis l'histoire nous mène et comme la marée repart ou le jour revient, l'histoire est à peine commencée qu'elle est déjà terminée. Et l'on se prend à être surpris, parce qu'en fait il ne fallait pas lire de multiples intentions, ne pas interpréter les choses comme des jeux de miroir, des réflexions, des métaphores. Non.
Marguerite Duras a voulu démontrer ce qu'est être romancière. C'est mener le lecteur par le bout du nez, pour lui faire lire seulement et simplement la vérité brute d'une histoire toute simple. Un roman sans déguisement, sans artifice, sans colorant.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais c'est une lecture qui révèle beaucoup de choses sur la littérature en général. C'est comme un petit manifeste à analyser pour comprendre ce qu'est un roman. Modéré et chantant.
A lire pour bien commencer avec
Duras si ce n'est pas déjà fait.
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